«
Comment ça si on peut monter ? Il n'y a personne. J'ai l'impression que tu m'en crois pas capable alors que je t'ai montré quand même des trucs plus audacieux que monter sur une échelle. »
Si bêtement berné. Tu sais user de tes sortilèges pour le sortir du cauchemar. Il ne te suffit pas de beaucoup de mots. Tu ne les choisis pas forcément mais ce garçon, il est susceptible ; tu le sais. Il prend les mots qu'il veut. Il prend ça comme un défi alors que ce n'était qu'une invitation. Il faut lui préciser, tout le temps, et il te croira. Est-ce que ça ne deviendra pas fatiguant, à force ?
Est-ce que tu peux tenir le rythme de Cassian, tous les jours ?
Il croira que oui, tu es prévenant, si seulement tu lui dis.
Et il croira que c'est lui s'est montré trop romantique à t'embrasser juste après.
Ouais, c'était peut-être lui qui est devenu trop niais d'un coup, désolé. Il te fait confiance. Il a laissé échapper son baiser. C'était trop naturel et ça ne va pas. Erreur de calcul. Bizarrement, le fait de tout prévoir, c'est plus son fort. Il aime la spontanéité, prêtant l'être mais échoue.
À l'inverse, tu n'élabores pas des plans. C'est vrai, pourquoi il en faudrait ? Tu fais juste selon ce qui te passe par la tête. (Il t'envie, vraiment.) Selon ce qui est marrant, tu clames.
Alors il répond avec un air blagueur à ce défi qu'il se lance, au bout du compte, tout seul. Ouais en effet, c'est plus marrant. C'est plus dangereux. C'est plus ce qu'il aime et ça ne part pas d'une énième intense réflexion, un chemin parfait.
Alors fini les pensées nocives qui le fatiguent. C'est bien comme ça qu'il a fini dans un état lamentable, dépendant de toi. (Plus jamais.)
Il faut juste arrêter de raisonner, juste déconner. Votre relation est pas si compliquée que ça, pourquoi est-ce qu'il vient subitement y mettre trop d'ambiguïté à se prendre la tête sur un baiser, sur une main enlacée ?
Il y a pas de manière sensée de faire, c'est censé aller droit au but vos aventures. Vous allez toujours en dehors des sentiers battus, il y a pas à se prendre autant la tête. Alors, foncez tout droit, sans but.
«
Pourquoi tu veux prendre prendre une échelle quand on peut escalader ? De toute façon, on la trouvera jamais ici. T'en aurais probablement trouvé une dans le grenier, justement. »
Ta main quittée, il se sépare. Sans prévenir de ce qu'il compte faire mais tu le connais, c'est mauvais signe. Il s'éloigne même, de toi, de la maison pour finalement courir vers le caniveau et l'attraper à peine à mi-hauteur. Coincé là comme un incapable, ses mains qui tremblent encore. Ça va pas le lâcher, il s'énerve tout seul dans l'ascension grotesque puis finit inévitablement par se ramasser par terre, dans un buisson ; sans trop de mal, heureusement. Il en ressort, les cheveux en bataille et couvert de feuilles, complètement hébété. Aucun insecte à déplorer dans les fourrées, par chance. Oui, il a fait un check rapide. Ça se voit qu'il est alerte pour réagir sur ça en premier plutôt que sa chute.
Il a trop de bol puisque son appareil photo est accroché en bandoulière et n'a rien.
Il finit par te fixer. C'est sûr qu'il a une tête de con, puis essaye de rigoler (ses yeux ne rient pas autant, fatigués encore par les pleurs) avant que tu ne le fasses parce qu'il faudrait pas s'inquiéter. Il ne veut plus t'inquiéter, il s'est promis parce qu'on retournerait à la situation précédente.
«
N'essaye pas de monter, ça glisse et toi, je pense que ça céderait sous ton poids. »
Rire plus insultant que drôle, il le pense, hélas, un peu. Altan est quand même plus lourd que lui. Une remarque pas nécessaire, c'est lourd sa manière de vouloir te faire croire qu'il n'a plus peur, de défier autant pour se montrer « courageux ».
Provocateur, Altan pourrait quand même y arriver, il l'en défie et il aimerait le voir faire même si, à nouveau, il serait un peu jaloux de te voir réussir. Cassian aimerait être meilleur en parkour pour s'aventurer seul sur les toits tokyoïtes. Par les toits, par les tuyaux, que des passages dangereux. Tu penses bien que lui se fiche d'aller chez le croquemort, il ne se pose même pas la question.
Pas de place pour l'inquiétude. Le risque prime toujours.
Il se risque à ne plus rien redire sur ce qui se passe entre vous.
Tant que tu ne le mènes pas vers un chemin tout tracé.
Notes
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ça peut pas être brillant tout le temps.
Cass pense qu'il a été un peu niais. Il veut arrêter d'inquiéter Altan en se comportant de manière "courageuse" et plus "indépendante" et essaye d'escalader la maison par un tuyau mais finit par se ramasser la gueule. Il rit avant qu'Altan ne dise quelque chose et le défie lui aussi. (Mais bon Cass a toujours ses recoups de sa crise et fait genre ça n'existe pas, of course)