T’y crois tellement dur comme fer que vos jolies phrases mielleuses allaient attendrir l’ascenseur, mais c’était oublier l’épithète de ces monstres de transporteurs : démoniaque.
Le rouquin râle sans conviction mais c’est ça que tu aimes bien chez Rory, c’est tranquille. Il en fallait bien un pour avoir de la patience pour deux car si tu fais le mariole, c’est bien pour cacher le sifflet de ta cocotte-minute qui commence à tourner plus vite.
« Je trouve que ca te va bien le teckel, ça fait saucisse sur pattes, un peu comme toi. » Échange de regards malicieux à travers le miroir, et sans crier gare, voilà le bro qui échappe à tes mains pour appuyer sur un bouton (tu ne sais pas lequel).
T’y crois plus tellement dur comme fer que vous alliez arriver à votre destination (quelle qu’elle soit). Parce que si les compliments ne marchent pas, il y a peu de chance que la violence aussi (no kink shame petit ascenseur, on respecte les goûts de tout le monde ici).
Tu tires la langue en retour en lui pinçant le nez, le secouant de gauche à droite.
« Tu me commandes une pizza dégueu et je te la crache à la figure ! » Fausse menace, on t’a pas élevé en gros dégueu.
Blague de bro à part, voilà le
TING de l’ascenseur qui sonne et c’est tel un labrador (hôpital qui se fout de la charité ? oui) que tu te retournes vers la porte.
Et t’attends.
1 seconde.
2 secondes.
5 secondes.
10 secondes.
La porte ne s’ouvre toujours pas.
« Mais c’est pas vrai ! » Tu t’exclames un peu trop vivement.
Peut-être était-ce coincé ? La tentative de forcing est infructueuse. A croire que le design des ascenseurs était fait exprès pour que les doigts ne puissent pas prendre de prise dans la porte.
C’est dans ces moments-là que tu regrettes de ne pas avoir un pied de biche et un cric. Ou de ne pas avoir demandé autour de toi s’il y avait une astuce pour accélérer votre sortie (de prison sur câbles).
Mâchoire serrée derrière ton sourire, tu te tournes vers Rory.
« Allez c’est reparti. Peut-être que le jeu c’est de faire tous les boutons. »Tu soupires, craques tes doigts tel un maestro concentré et, armé de tes deux index, te voilà à appuyer sur tous les boutons les uns à la suite des autres : ceux des étages, d’ouverture et fermeture des portes, et même la cloche d’appel d’urgence qui de toute façon ne marchait pas. Aucun risque de détraquer plus que de raison l’ascenseur déjà complètement j’té.
Mais c’est ta patience qui allait finir par être détraquée.
Notes
449 mots
il commence à être tendax quand même, ça ne l'amuse plus du tout la situation