Ici et là. Très spécifique.
Parce que oui, ça me dis totalement où tu bosses, tiens !, ose-tu penser. Il te demande comment te joindre. Il a ton numéro, c'est pas suffisant
1 ? Bon, puisqu'il insiste, autant les lui donner. Après tout, tu vois difficilement comme ça pourrait se retourner contre toi. Ah, innocent imbécile.
— « Alors, je travaille au Café Cupid, tu peux les appeler, leur numéro est sur leur site ! Et pour mes adresses, j'ai qu'une adresse mail et- » arrêt net. La raison te serait-elle revenue ? « Attends, je vais te la noter. »
Visiblement, non. Tu le regardes dans les yeux. Ses yeux bruns qu'il planque, qu'il laisse plissé. On dirait quelqu'un qui a besoin de lunettes
2. Ses yeux, là, encore légèrement rougis par l'émotion d'avoir perdu un être cher, objet important depuis un moment. Tu ne saurais dire pourquoi, mais il y avait un quelque chose de sincère dans son regard. Une envie qu'il te regarde. Peut-être tu as tout simplement envie d'être vu.
Malheureusement pour toi, Koichi, tu es très mauvais juge de caractère
3.
Tandis que tu tapes ton adresse sur son téléphone, tu ressens le besoin de préciser quelque chose.
— « Pour le moment, j'habite à l'Agence, mais je risque de déménager d'ici quelques temps, on m'a parlé d'un appart qui était libre et du coup, je suis dis que ce serait bien de changer d'air et- » Arrêt net. « Enfin, voilà, je vais pas rester longtemps ici.4 »
Toi-même, tu sais pas pourquoi tu lui dis ça. Peut-être cet air timide qu'il a essayé d'éviter de croiser ton regard, ses joues rosies. Quelque chose de doux, tu te dis, mais tu te trompes. Phineas n'est pas comme ça. Phineas est un rat
5, tu l'apprendras bien tôt ou tard. Te connaissant, probablement plus tard que prévu. À ses crasses, tu le pardonneras, parce que c'est tout ce que tu sais faire. Pardonner et demander pardon.
Tu n'avances pas dans la vie, comme dans la mort, tu fais juste semblant.
Intimité étrange, comme seul au monde, parce qu'il t'a conduit loin du possible regard des autres, abandonnant les morceaux éclatés au sol. Comme si la console n'existait déjà plus. Non, Phineas s'est trouvé un nouveau jouet, Koichi. Et il s'agit de toi. Outil, c'est ton avenir. Tu n'est qu'objet de passage pour tant de monde.
Félicitation, tu as un nouveau propriétaire ; ne tombe pas amoureux de lui, cette fois.
Il sera jamais ton ami, jamais ton allié. Tu sais, il te lâchera à la première seconde. Mais ça, tu ne le vois pas. Trop occupé par une façade involontaire, tu te laisse berner par une ruse qu'il n'avait pas vu.
Koichi, mon garçon, je te l'ai dis, je te le répète : fuis. Mais ce mot-là, tu refuses de l'entendre. La raison n'est pas avec toi. Tant pis.
Et ensuite... silence. C'est la première fois que tu es dans cette situation, étonnement. Tu as déjà dû rembourser des gens, tu avais déjà cassé des trucs, mais ça se terminait toujours le jour-même.
— « Et maintenant, on fait quoi ? »
Comme à un premier rencart, tu ne savais pas trop quoi faire. Une chose était sûre : la meilleure option n'était pas le baiser
6.