La boule qui se forme dans sa gorge, déglutie de travers. Comment ça il ne s'est pas zombifié ? Tous les indices sont là pour le lui témoigner. Un instant à fixer l'autre homme, à jauger si ça tient du mensonge rassurant ou non. Mais de ce qu'il sait, du peu de conscience qu'il lui reste, Hisa n'est pas comme lui. Il n'a pas besoin de prendre de pincettes pour essayer d'être rassurant.
Et Cassian, il est comme ça : crédule, du genre à croire les gens plutôt que son reflet dans le miroir ; ou son propre avis.
Quand les gens n'en ont pas, il se fie toujours au sien, envisageant le pire ; Cassian naissant du mal.
Un rire gêné, c'est tout ce qui sort de sa gorge qui finalement, n'est effectivement pas plus rauque que d'habitude. Caractéristique reconnaissable de sa zombification. Un petit test en passant sa main contre sa trachée, qui a décidément du mal à avaler qu'il ait pu s'avouer aussi facilement. Et il n'a aucune excuse à faire gober, pris entre la panique à peine descendante (juste changée) et par les effets de la potion. Fatigué n'est pas le terme même s'il accepte cette vieille excuse que tout le monde se donne. Il n'aime pas dire qu'il l'est mais si ça peut éviter de jouer une fois de plus en sa défaveur.
«
Me zombifier ? Ah, j'ai pas dû être super super clair. Je dois être fatigué, c'est ça. C'est sûr même. »
Alors qu'en réalité, les premières humeurs qu'il donnerait pour qualifier son état seraient beaucoup d'anxiété et de gêne. S'il pouvait fuir, il le ferait. Mais Hisa aura sitôt fait de le rattraper au vu de sa vue vacillante encore, qui l'empêche de se déplacer aussi rapidement qu'à l'origine.
Idiot qu'il est, il se frapperait le front pour ne pas avoir sauté sur l'occasion de simuler une visite solo chez le croquemort est rentré chez lui en premier lieu. Pourquoi Cassian demande de l'aide, au juste, si c'est juste pour venir se plaindre pour attirer l'attention et n'en repartir qu'avec des problèmes. Parce que oui, une personne supplémentaire qui connaît son secret est un problème.
Hisa, c'est maintenant un problème. Dans le fond, son côté taciturne était pas si mauvais. Pas sûr de finalement autant apprécier la douceur qu'il cache. La relation client - vendeur un peu défaite. On risque de le prendre en pitié. Sans doute même Hisa. On risque de s'interroger sur pourquoi il est devenu ainsi, sur les origines, alors que lui-même n'en sait rien ; il voulait juste flinguer sa mort dès les premières secondes parce que Cassian est habitué des catastrophes, jamais à les réparer.
À des kilomètres, ça se sent qu'on voudra réparer à sa place, le consoler encore sur sa nature. Ça l'énerve, et ça, ça le fatigue.
«
J'suis même pas sûr de pouvoir marcher... Si tu veux vraiment faire gaffe à si je vais bien, laisse moi piquer un somme, là. Tu peux travailler tranquille, je bougerai pas promis. J'vais rester calme cette fois. »
Sur la chaise disponible du bureau, il prend place pour clore les paupières en même temps qu'une conversation malaisante qu'il aurait dû avoir avec Hisa lors du retour à son appartement qui n'est pas tout près. S'il simule le repos, on le laissera probablement tranquille et il pourra repartir, simplement.
Il aime en faire des tonnes. Tant de stratagèmes qui se veulent intelligents mais infructueux quand il s'agirait juste d'en discuter en trois phrases.
Notes
630 mots
BEAUCOUP DE MOTS pardon. Cassian croit Hisa mais craint qu'on s'inquiète pour lui donc préfère interrompre les éventuels questions en piquant un somme dans le bureau... Enfin une fausse sieste.