Commence par lui faire les yeux doux

Une déception, sans doute. La hâte, le commentaire. Beaucoup d'indices laissent entendre Cassian qu'il n'en fait pas assez. Aux remarques d'Altan, c'est comme une impression de ne pas être à sa hauteur. Alors que son baiser est si délicat. Sans doute, après tout. Même si le soupçon de rose sur le joue le rassure un petit peu pour qu'il ne perde pas la face. Son visage reste positif, pas de là à ruiner l'instant mais c'est vrai, ça manque. C'est trop facile, c'est pas génial.
T'es pas génial, Cass.
Une concrétisation alors que l'incertain aurait été plus de connivence entre eux. Alors qu'il n'a fait qu'avoir peur de cette concrétisation. À se demander s'il n'a pas fait capoter un truc entre eux à aller trop vite.

Alors les étapes ne seront pas brûlées. On le provoque mais en dépit de son impatience, Cassian sait se tenir si on lui dit de mieux apprécier. S'il doit apprécier, il sait être un garçon sage et apprendre.

« Ça ne t'a pas plu ? »
Rire léger pour dédramatiser, ça n'attend pas de réponse.
« Je suis patient, je peux essayer différents endroits plutôt que ce qui est trop simple, si tu veux. Je peux tout tester. »

De sa jambe qui caressait déjà la voisine depuis le goût de déception, Cassian finit par apprendre de l'autre. Sa main également dans la nuque de l'autre mais un seul geste suffit. Il n'a pas besoin de regoûter à cette saveur maltée parce que, ah, c'est trop classique.
Le baiser, pourtant édulcoré par la joie de vivre sucrée et l'acidité du citron, est resté
trop salé.
Tendre, curieux et intéressé. Ça ne veut pas dire qu'il ne reviendra pas.

Mais il est salé.

« Je t'ai déjà gagné, c'est le principal pour moi. »

Mais s'il pouvait gagner dans la bataille, ça ne serait pas désagréable. Ça ferait bisou sur les blessures,
plutôt que les saler.

Tout ce sel.

De ses doigts aventuriers, il découvre les boucles brunes qui ondulent le cadre de son visage et tâtonnent les délicates oreilles du jeune homme. Pas besoin d'un murmure pour faire frissonner, ça peut suffire. Cassian instaure, parmi les autres, une ambiance un peu trop intime qui n'est pas forcément en adéquation avec le reste du décor ; qui n'est même pas en adéquation avec eux deux, même.

Ambiance avec chandelle, est-ce que ça, ça te fait rougir de malaise ?

Ça ne t’a pas plu ?
Bien sûr que cela t’avait plu. Un baiser, même aussi court, même si tu aurais préféré en faire mille autres, plus longs, pourquoi cela ne te plairait pas. Pourquoi Cassian posait-il cette question. Peut-être n’avais-tu pas fait passer le bon message ? Ça n’a pas l’air d’être le cas.

« D’autres endroits ? » Tu souris, t’approchant un peu plus alors que tu sens cette jambe espiègle contre la tienne. « Ça m’intéresse. » Alors que tu apprécies cette main sur ta peau. Peut-être un peu trop. Tu fermes les yeux quelques secondes pour mieux toucher cette paume. C’est doux, t’aimes bien.
Ah oui, il t’a complètement gagné. Il n’en fallait pas beaucoup.

« J’avoue tout. Je suis un menteur. Tu m’as eu la seconde où je t’ai embrassé. Je voulais simplement te taquiner. »

Un aveu et un rire calme. Ça ne sert à rien de se fourvoyer. Tout ce que tu as voulu faire, c’est le provoquer. Ton petit mensonge t’avait donné tout ce que tu voulais, au risque de le froisser. Mais il n’avait pas l’air vexé, tant mieux. Tu aimais bien les personnes capables de résister à tes plaisanteries. Aussi provocatrices pouvaient-elles parfois l’être.

Tu laisses Cass’ s’amuser avec tes cheveux, en apprécies les doigts contre ton oreille. Si tu pouvais avoir toutes ses tendresses en même temps, c’était le meilleur moyen de te faire rester. C’est ta main maintenant qui vient chercher la sienne pour qu’elle quitte tes cheveux. Tu l’accompagnes simplement vers ta joue où il pourrait sentir tes pommettes bien chaudes, au cas où cela ne se verrait pas à la lumière du bar. Un simple baiser sur sa paume et ta main qui glisse le long de son avant-bras dans une caresse. C’est peut-être ringard, mais t’en avais envie.

« Hm… Ça serait encore mentir si je te disais que je ne voudrais pas être ailleurs, là maintenant, avec toi. »

La patience ? Tu n’as pas envie d’être patient.
Si Cass est d’accord, tu voulais écrire l’histoire d’une nuit, et pourquoi pas d’autres à l’avenir ?

Le jeu d'imitation qui ne se termine pas, se répète chez l'un et l'autre ; comme s'ils se comprenaient alors que les désirs sont égaux. Alors qu'il avoue rougir, dans la pénombre l'autre contrefaçonne, à son tour, la couleur cramoisie. Elle ne se repose pas, alors que la main est chatoyée d'autres baisers et que sa main, à lui, embrasse le carmin et le rend toujours plus chaud.
Cassian accusera le rhum et la bière alors que désormais, il n'a plus autant d'effet qu'auparavant. Il pense qu'on ne peut plus lui faire tant d'effet, non plus.
(Fait-il lui, assez d'effet ?)

Refusant de croire qu'il succombe aussi facilement, il sait néanmoins que c'est charmant. Car lorsqu'on lui avoue ne pas lui résister, il ne résiste pas à un énième sourire, peut-être plus franc cette fois ; son objectif étant de plaire. C'est qu'il aime intéresser et que ses efforts ne soient, finalement, pas si mauvais qu'il le pensait.
Altan, comme une pommade pour le masser.
Altan sait prendre les devants, il n'a visiblement pas besoin de faire chaque fois les premiers pas,
il est rassuré.

En dépit de sa susceptibilité, Altan sait le rassurer et même s'il a eu besoin de temps, sait où il souhaite en venir. Il répond à ses attentes, même celles qu'il n'a ni formulées, ni pensées.
La proposition de l'étudiant le ravit. Après tout, le bar n'est effectivement pas propice à toutes les tendresses qu'il lui a promis. Alors sa réponse se fait attendre mais on peut deviner la hâte de l'américain lorsqu'il finit son verre si précipitamment et qu'il se redresse subitement.

« C'est d'accord. Mais prévois la lance, pompier. Il fait déjà chaud dans ma chambre et je dois avouer que tu pourrais m'enflammer. On va éviter l'incendie. »

La blague est graveleuse, signe les intentions mais Cassian ne force pas. Plusieurs options sont à prendre.

Sa main ne fait qu'inviter,
lorsqu'elle s'adresse à lui pour partir ensemble.