Vous êtes vraiment les pires. Entre toi qui attises l’imagination et Cass’ qui la rend plus vocale encore, vous voilà duo comique rivalisant avec l’humour de la France entière. On le sait même en Allemagne, c’est celui qui est bien en dessous de la ceinture.
Les bougres vous laissant tranquille, te voilà dans de jolis draps, car Cassian s’est fait une idée bien fausse de tes intentions.
« Pressé ? Non. Je pensais que c’était toi. J’ai mon petit confort tu sais. Ici, c’est pas super excitant et c’est crade. Et puis j’espérais prendre un vrai verre tranquillement avant. »Outre le fait que un, si tu t’en tenais au superficiel, Cass’ ne dormirait pas dans ta baignoire mais plutôt dans ton lit, et deux, il te suivait dans tes bêtises et ça, ça te plaisait beaucoup. Et t’avais à nouveau confirmation de son côté.
« Petit flatteur. J’aurais pu être modèle lingerie, t’en sais rien. » Ton haussement d’épaule nonchalant accompagné d’un sourire ne présage que le mensonge. Mais Cassian avait tapé dans le mille. Tes cicatrices bien rouges t’ont encore une fois vendu. Tu pourrais toujours dire que tu faisais de la meth à la Breaking Bad et que tout t’a explosé à la tronche. Ça expliquerait les bras, peut-être pas le dos.
Tu penses à une bonne excuse quand tu t’appuies sur le lavabo. S’il pensait être malin à te parler de secourisme de chats ou ton inutilité dans cette mort, le voilà qui détourne bien vite ton attention sur votre situation. Tu suis son regard vers la fenêtre en te disant que tu ne passeras jamais par-là, les chiottes sont situées à l’opposé de l’entrée du bar. Et apparemment, Cass’ était une victime qu’il fallait sauver. Ça au moins, tu savais faire.
Et pour sortir de là, il n’y avait qu’une solution.
Illumination dans ton regard. Une idée de génie dans le chaos.
Tu sautes du lavabo pour mieux dérouler l’énorme rouleau de papier toilette à côté de Cassian.
« Tu veux qu’on joue aux pompiers ? On va jouer. »T’es un enfant quand tu tires ta pauvre victime de la cuvette et que tu l’enroules de PQ jusqu’à ce qu’il ne voie plus rien. Pour ta part, tu t’en fous d’être vu comme un des membres du duo de crados. Méconnaissable victime dont tu te fiches des protestations éventuelles
(allez, ça va être drôle), tu déverrouilles la porte, attrapes ta chemise et le hausses sur ton dos dans un
oof – d’accord, ça faisait longtemps que tu n’avais pas porté qui que ce soit et ce n’était clairement pas la façon homologuée de sortir une victime. Pour quelques secondes, ça ira.
« On y va ! » Tu le préviens.
Porte ouverte du coude, te voilà à hurler des « Laissez-place, brigade de secours aux victimes ! » tout en imitant les
pimpoms d’un véhicule d’urgence. Ta comédie fait professionnelle et convaincante, et votre spectacle surprend tellement tout le monde que ça vous laisse place ou que tu slalomes entre les piquets trop pris sur le vif pour bouger. On vous ouvre même la porte quand tu continues dans la rue avec tes
pimpons s’atténuant à mesure que vous vous éloignez. Ruelle tranquille, tu le poses enfin à terre, essoufflé, le dos au mur et les fesses au sol, mais riant de ta propre bêtise.
Notes
562 mots
je t'ai promis du chaotic good, te voilà avec du chaotic good