Dorina se sentit soulevée dans les airs. Elle s’introduit dans l’étroit conduit et rampa comme un serpent. Le boyaux se rétrécissait s’assombrissait au fur et à mesure qu’elle avançait et elle commençait à sentir la peur monter mais elle n'en revenait toujours pas d'être dans les entrailles de l'agence. Après quelques mètres, la lumière réapparut. Elle était blanche et aveuglante, si bien que la jeune fille mit quelques temps à s’habituer. Quand elle arriva au niveau du puit de lumière, elle s’aperçut qu’une plaque de fer grillagée barrait le passage et en dessous, il y avait ce qui semblait être un couloir. Elle trouverait bien un moyen de passer. De toute la force qu’elle put, elle appuya sur la plaque.

1 – La plaque tombe.
2 – La plaque ne bouge pas.
3 – Dorina se blesse puis se rends compte qu’elle devait tirer la plaque.
4 – La plaque ne bouge pas mais Dorina se blesse.
5 – La plaque tombe sous le poids de Dorina mais l’adolescente chute et se blesse gravement.
6 – La plaque tombe sous le poids de Dorina et l’adolescente chute et se blesse légèrement.

La jeune fille prenait de l’élan comme elle pouvait et se jetait sur la plaque, mais rien n’y faisait, elle ne bougeait pas d’un pouce. L’adolescente ne voulait pas pour autant s’avouer vaincue et réitéra l’opération. Un coup donné plus fort que les autres fit vaciller la plaque mais ne la fit pas tomber. Mais quand elle donna ce coup d’une force qui l’avait elle-même étonnée, Dorina sentit l’os de son épaule craquer et avait pu l'observer prendre un angle des plus étranges. La douleur lui broya le bras et l’esprit. Elle laissa des larmes couler sur son visage enfantin et elle attendit. Elle n’avait plus aucune notion du temps. Elle regardait par les interstices de la plaque la pièce qu’elle surplombait mais celle-ci avait beau être éclairée, personne ne passait. Personne, donc aucune aide.

Dorina se dit qu’elle ne pouvait pas rester coincée là et avança, bravant la douleur lancinante qui lui tailladait le bras. Elle n’eut pas à avancer longtemps avant de rencontrer un croisement. Dorina n’avait que très peu envie de se perdre dans ces étroits conduits d’aération et décida de rebrousser chemin. Malgré son désir de se retourner, elle n’y parvenait pas et du reproduire tout le chemin qu’elle avait déjà parcouru à reculons. En dessous d’elle, la jeune fille sentit un liquide poisseux. Elle ne se plaignait pas de sa présence car il lui permettait de glisser facilement mais elle se demandait tout de même ce qu’il pouvait bien être. L’adolescente renifla cet étrange liquide et s’étonna de comprendre que c’était un mélange de son sang et de ses larmes de douleur. Elle porta la main à son épaule et tâta craintivement son épaule ensanglantée sous son sweat déchiré qu’avait impitoyablement laminé les barreaux de fer.

Pendant un moment qui lui parut durer une éternité, Dorina rampait en marche arrière. Sa lente progression lui arrachait de temps à autres de petits cris : elle serrait les dents pour tenter de ne pas hurler mais cela ne suffisait pas. À son grand soulagement, elle finit par sentir ses jambes passer sur un trou. Cette même entrée qu’elle allait maintenant emprunter dans le sens inverse, pour sortir. La frêle adolescente se laissa tomber dans le placard sans tenter d’amortir sa chute, haletante, en sang et en larmes.

Dorina se laissait faire. Cette fois-ci, Eden arriva à ouvrir la porte et l’adolescente fut surprise par le singe pirate qui s’agitait en hurlant à l’intérieur du bureau. Elle n’avait jamais vu ça avant, et d’ailleurs… D’où est-ce qu’il sortait ?
Ça fit vraiment bizarre à Dorina de se faire soigner ainsi, avec tant d’attention : elle ne s’était jamais vraiment blessée auparavant et elle avait l’habitude de se débrouiller toute seule. Mais là, c’était différent. Elle n’aurait pas eu si mal, elle aurait peut-être savouré ce moment. L’homme lui dit quelques mots mais elle entendait des sons sans parvenir à y accrocher un sens. Il s’éloigna, et Dorina le vit fouiller dans les dossiers. Elle ouvrit la bouche péniblement et parvint à articuler doucement :

Entre le poisson fonctionnaire et le singe alarme, Joshua doit avoir un sérieux problème avec les animaux.

En entendant le nom de son maître, l’animal s’approcha de Dorina. Il monta sur son épaule encore valide et commença à grogner. L’adolescente ne bougea pas, cherchant à comprendre l’attitude du macaque. Celui-ci approcha sa tête de son sweat taché de sang et renifla bruyamment. Puis brusquement, il enfonça ses dents pointues dans le bras de la jeune fille et elles transpercèrent le pull, les bandages et la chair de la jeune fille qui hurla. Ce n’était vraiment pas son jour de chance ! Tout en se débattant, elle parvint à attraper la queue de l’animal et tira dessus. Elle n’arriva pas à le faire dégager et il s’était retourné, l’attaquant à coup de griffes. À force de se secouer dans tous les sens, Dorina envoya la bête valdinguer à l’autre bout de la pièce. Lorsqu’il se releva, elle le fixa avec son regard le plus méchant mais le singe ne fut pas intimidé et se rapprocha rapidement de la jeune fille qui tenta de garder son calme. L’animal s’accrocha à la jambe de l’adolescente qui le repoussa de nouveau. Elle s’adressa au mammifère :

Mais arrêteuh ! Ça fait mal !!

Aucune réponse. En même temps, c’était normal, l’animal ne devait pas être doué de parole, déjà qu’il servait d’alarme, c’était bien assez !