my lady of mercy // ft. Lolly!!

Ici, elle sait que personne ne pourra la trouver. Ici, ce n’est pas le genre d’endroit qui intéresserait Lolly d’habitude, ce n’est pas le genre de passion qu’elle pourrait mentionner aux autres. De toute manière, elle n’est pas vraiment ici pour observer les étoiles, pour contempler le ciel, synonyme d’avenir. Elle est là pour se cacher, pleurer de l’avenir qu’elle a perdu, parce qu’elle a tout perdu.

Elle s’est cachée là. Elle s’est blottie là, loin du regard des autres, dans l’obscurité. Ce planétarium est devenu son refuge, là où elle sait qu’elle ne connaitra personne, là où il n’y aura que les étoiles pour la regarder pleurer.

Mais Lolly ne veut pas pleurer même si elle a du mal à retenir les sanglots qui se coincent dans sa gorge. Elle a déjà trop pleuré ces derniers jours, depuis que tout a changé, depuis que tout s’est brisé. Pourtant, la détresse reste trop douloureuse, Lolly ne se défait pas de la souffrance qu’elle peut encore ressentir, au plus profond de son être.

Elle a pu trouver des potions pour cacher sa terrible apparence, elle peut de nouveau se regarder dans le miroir et enfin se reconnaitre, comme si rien n’avait changé, mais elle ne peut pas oublier. Elle ne peut plus nier, elle sait ce qu’elle cache, elle sait qu’elle se cache, elle qui voulait normalement tant se montrer.

Elle voit au loin les quelques personnes présentes finalement quitter les lieux, il commence à se faire tard et il faudra bien qu’elle finisse par partir aussi. Mais pour le moment Lolly reste dans son coin, là où personne ne peut la trouver, là où elle est bien obligée de rester seule avec elle-même, avec ses pensées qui ne cessent de la torturer.

Elle qui pensait que personne ne la trouverait ici, elle qui pensait qu’elle resterait solitaire jusqu’au bout dans sa peine, elle entend finalement qu’on l’appelle par son prénom, peu après avoir eu tant de mal à retenir un énième sanglot.

Elle relève péniblement les yeux et rencontre le regard, celui d’une personne bien familière, mais qu’elle n’a plus vu depuis un moment déjà, des mois, peut-être presque une année déjà. Lolly ne sait pas comment réagir, elle est trop surprise pour détourner le regard, trop fragile pour ne pas pouvoir retenir la larme qui coule le long de sa joue face à la main tendue, face aux mots prononcés.

Ça n’a pas l’air d’aller, dit Polar. Et ça, Lolly ne peut définitivement pas le nier.

Mais Lolly ne peut pas s’avouer vaincue, elle ne veut pas se montrer vulnérable à qui que ce soit, même si c’est déjà trop tard. Plutôt que de saisir la main toujours tendue, elle essuie nerveusement ses joues et son expression se ferme brusquement.

Elle ne peut pas se montrer ainsi.

Non, ça va… Je ne pensais pas te recroiser, Polar. Mais je suis très bien toute seule.

Les mensonges sont brulants, elle ne réfléchit pas à ce qu’elle dit et tente simplement inespérément de repousser l’aide proposée. Pourtant, elle ne fuit pas pour autant, elle reste là, incapable de toute façon de s’en aller, immobilisée par la détresse.

Quelque part, elle est hésitante. Après tout ça, elle a beau dire ce qu’elle veut, rien ne pourra être convaincant parce qu’elle ne pourra pas supporter tout ça en restant toute seule bien longtemps.

Malgré elle, Lolly repousse.
Malgré elle, elle refuse l’aide qu’elle souhaite tant.

Elle a peur, c’est vrai, elle ne veut pas paraitre si fragile alors que pourtant elle est si vulnérable, d’autant plus suite à cette terrible mésaventure. Comme un signe du destin, le passé le rattrape, représenté par Polar qui la trouve puis qui se présente face à elle. Les mots qu’elle prononce face à son refus font mal, ils lui rappellent à l’ordre aussi. Lolly n’a jamais accepté le côté un peu trop maternel que Polar pouvait avoir, mais en même temps, elle le désirait tant sans vraiment le savoir.

Elle la regarde, un peu trop émue, surtout perdue sans savoir comment réagir maintenant. Il n’y a pas de fuite possible, pas avec Polar. Elle a pu le faire une fois, mais maintenant qu’elles se retrouvent, Lolly se sent bien embêter. Elle la voit s’accroupir face à elle, se mettre à sa hauteur, comme pour être son égale. Seulement Lolly se sent bien plus en dessous de quiconque depuis sa zombification. Elle n’est pas la seule à l’être, bien sûr, mais personne ne le sait alors la solitude l’accable tellement. Tout le monde autour semble si mieux qu’elle désormais. Incomprise, elle ne se sent aucunement légitime de raconter ce qu’il ne va pas, de réussir à poser des mots à ce qu’il s’est passé.

Seule la douleur indéfinissable persiste.
Mais Polar est là pour rassurer. Là pour tendre la main, figurativement, mais quand Lolly la voit se lever, elle attrape la main de sa comparse automatiquement, sans vraiment y réfléchir.

Comme une façon d’accepter l’aide qui lui est proposée. Après tout, elle en a tant besoin. Elle ne peut plus survivre seule. Le fait que Polar lui affirme qu’elle n’a pas besoin de s’expliquer la rassure, le fait de ne plus à avoir à rester seule la console.

« Désolée… » avoue-t-elle dans un murmure, sans vraiment savoir de quoi elle est désolée, de son départ suite à sa démission, de sa réticence et de son mensonge ; Lolly n’est absolument pas bien seule. « Je veux bien aller aux toilettes pour me rafraichir le visage. »

La voix est cassée par les nombreux sanglots qu’elle a retenus pour ne pas se faire remarquer, se faire voir. De toute façon, c’est raté maintenant que Polar l’a trouvée. L’émotion grimpe encore, sans avoir la définir et la comprendre, puis les larmes coulent silencieusement sur le chemin jusqu’aux toilettes. Lolly finit par ronchonner en s’essuyant les joues de sa main libre.

Elle déteste se voir ainsi, encore plus de se montrer ainsi à qui que ce soit, mais surtout :

« Voilà comment ruiner un maquillage… »

Elle ferait mieux d’opter pour du waterproof la prochaine fois.

Arrivé·es dans les toilettes, Lolly relache la main de Polar et s’approche des lavabos, observe son reflet dans le grand miroir face à elle. Elle arrive à se regarder, reconnaitre son apparence habituelle, merci les potions, mais elle sait aussi éperdument ce que ce physique cache finalement. En réalité, elle n’a plus rien de joli ou d’éclatant, elle cache quelque chose d’immonde, quelque chose qui la ronge au fond d’elle même si elle n’en montre presque rien en apparence.

Finalement, ces yeux rouges et ces larmes qui ont gâché font pale figure face à la réelle raison de son chagrin. Elle soupire et entend Polar parler derrière elle, faire preuve d’honnêteté, encore une fois. Elle se retourne vers elle et hésite un instant, ne sachant pas vraiment quoi lui dire. Cela ne sert à rien d’attaquer encore, elle a bien compris qu’elle était là pour l’aider, sans arrière pensée et Lolly ne pouvait plus nier ce besoin de compagnie, cette nécessité à obtenir de l’aide.

« Franchement… Je m’étais jamais vu dans cet état non plus. » À ce point en tout cas, Lolly avait déjà beaucoup souffert auparavant, mais aujourd’hui, elle n’était plus si sûre de savoir comment remonter la pente. « C’est sûr que je n’ai plus rien à voir avec celle que j’étais, quand on s’était rencontrées et quand je travaillais pour toi… Disons que des problèmes sont arrivés, et qu’il m’est plus difficile de faire semblant. Je voulais surtout me cacher ici, je pensais pas que quelqu’un que je connaissais me trouverais ici pour être tout à fait honnête. »

Elle se retourne de nouveau pour faire face à son reflet dans la glace, elle attrape du papier pour pouvoir l’humidifier et essuyer le maquillage gâché et étalé sur son visage. Ça lui donne mal au ventre, elle ressent la crainte qu’enlever le maquillage pourrait finalement montrer la terrible vérité derrière tout ça. Elle sait que les potions vont continuer à faire effet, mais après s’être fait avoir pour de bon, elle n’est plus sûre de quoi que ce soit.

Lolly se fixe encore dans le miroir et s’imprime dans son esprit cette vision d’elle, cette apparence qui ne montre rien de zombifié, si seulement elle pouvait rester ainsi pour toujours. Malheureusement, son impatience aura tout gâché. Elle se force à regarder ailleurs, repose son regard sur Polar, et elle lâche finalement :

« Pourquoi est-ce que tu veux m’aider, Polar ? Alors que tu n’as aucune raison de le faire, même au contraire puisqu’on peut clairement dire que je t’ai lâché, à l’époque. »

Elle tend clairement le bâton pour se faire battre, Lolly le sait. Elle veut autant être rassurée qu’on lui confirme qu’elle accumule les erreurs. Elle ne sait plus vraiment.