Oh, a rinky tinky tinky
« Oui, je me doute. Et je respecte bien sûr sa personnalité et qu'elle soit juste comme toi et moi.
C’est fort aimable de ta part. »La malice est absente. Il pense sincèrement ce qu’il répond à Lucy ; après tout, il est possible de rencontrer des personnes qui ne comprennent pas l’importance de laisser les animaux vivre. Cela peut-être parfois compliqué et il est le premier à le reconnaître car après tout, il lui a fallu du temps pour s’habituer après l’adoption d’Aliénor. Compréhensif, il essaye de rester ouvert à la discussion et de trouver des compromis lorsqu’un problème survient en rapport avec Agnès.
« Non, je n'ai jamais eu d'animaux. Vous savez, les histoires où les parents n'en voulaient pas.
Oh, je vois. »Elle sourit doucement et en réponse, Guillaume hoche la tête avec un air empli de compassion. Cette histoire, il l’a entendu maintes fois de la bouche d’enfants mais également d’adultes -souvent avec un soupçon de regret. Ou de tristesse. Il ne perçoit rien de cela dans la voix de Lucy mais après tout, il ne serait pas étonné qu’une actrice de sa stature sache camoufler ses émotions au plus profond de son cœur. Il ne la juge pas, lui-même cache tant de chose sous un monticule de pierres et de terre, des trésors à de la mélasse qui s’accroche au cœur. Chacun·e mérite son jardin secret et ses non-dits, tant que cela ne nuit à personne. Il saisit l’hypocrisie de sa pensée, mais il se contente de poliment l’ignorer.
« Donc je n'ai jamais pensé à en avoir. Je pense que c'est peut-être pour ça que la cohabitation avec est une nouvelle aventure pour moi.
C’est d’autant plus compréhensible. Tu as de la chance que cela tombe sur Agnès, c’est une vieille dame et il est assez facile de s’y faire. »Cette fois-ci, il accompagne ses mots d’un sourire doux. Sourire qui s’efface à la suite des mots de Lucy. Elle désigne les portes qu’il observe d’un œil avant de reposer son regard sur l’actrice. Il … ne saisit pas parfaitement sa demande. La nuit, Agnès est parfaitement isolée du reste de l’appartement dans sa chambre et la journée il lui arrive effectivement fréquemment de la laisser se balader plus librement. Ce qu’il considère comme normal : après avoir vécu presque deux cent ans dans une grand maison, le changement fût compliqué pour elle. Et le minimum qu’il puisse faire est de lui laisser un peu de liberté. Seule exception sont les jours où il ne rentre pas
à l’heure habituelle, dans ce cas précis il préfère la laisser dans sa chambre. Il croise les bras sur son torse, son visage légèrement moins souriant que quelques instants auparavant.
« Puis j'aurais peur qu'elle abîme le mobilier, je ne sais pas. Ce n'est pas toujours propre.
Agnès est parfaitement éduquée et propre. Les rares accidents remontent à bien longtemps, si longtemps que la plupart des humains eux-mêmes ne vivent pas aussi vieux. »Il ne lui rend pas son sourire, n’aimant que très peu ses sous-entendus qu’il commence à percevoir à travers des phrases tournées habillement. L’agacement s’installe et il commence à réfléchir à comment couper court à cette conversation qui ne l’intéresse plus vraiment.
« Si ce n'est juste avec les poils. J'ai déjà retrouvé des habits remplis de poils, un calvaire, tu sais ? Et j'imagine que tu connais les prix de mes habits. Ce serait dommage de les gâcher à ce point, hm ?
Lucy. »Sa voix, bien que neutre, se teinte de la couleur de l’agacement. Elle paraît plus froide et pourtant, il accompagne ses mots d’un haussement d’épaule comme jouant de la désinvolture pour cacher l’énervement qui monte petit à petit.
« Agnès et moi nous vivons ici depuis 1974. J’ai vu passer nombre de colocataires, de tout type, humains comme animaux. Il n’y a jamais eu de problème majeur avec qui que ce soit et Agnès a toujours été d’une propreté et d’une douceur exemplaire. Si certains de tes vêtements se sont retrouvés dans cet état, je m’en excuse mais c’est malheureusement le risque lorsque ces derniers se retrouvent dans un espace partagé. Notamment avec un chat. »Petit silence.
« Elle passe bien assez de temps enfermée entre quatre murs, je ne peux décemment pas faire plus sans compromettre son bien-être. Je pense que nous serons d’accord sur ce point. »