Randonnaissance d'une amitié
ft. Junko la plus corbeau
C'était un peu sortir de ma zone de confort, mais en même temps retrouver une zone de confort. Une sorte de transaction étrange, j'arpente des sentiers naturels, foule la terre où la nature me laisse poser le pied. On appelle ça une randonnée, dans le language courant, moi j'appelle ça une quête. Partir au loin, vers l'inconnu, avec ma bravoure pour seule guide. Le fait que je ne puisse plus mourir aide.
Naturellement, je suis accompagnée. Croyez-le ou non, j'ai su me trouver une sorte de compère, à l'âme très corvidée également. Enfin, le hasard a fait les choses surtout, mais j'avais senti au premier coup d'oeil qu'un lien intangible nous unissait. Comme un synchronisme des âmes. J'avais évidemment tout de suite saisi l'occasion, capté son attention, fait preuve de patience, et tenté de nouer des liens. En retrospective, la maneuvre avait été assez soudaine et brutale, mais forcé de constater que ça a marché. La suite logique des choses menait irrémédiablement à cette journée, à nos deux carcasses se traînant entre arbres et lierres.
Je ne sais plus vraiment si je l'avais prévenue que je n'avais parfaitement aucune idée d'où nous allions finir, le but véritable étant de découvrir par hasard des endroits. La chance sourit aux audacieux. Des échos discrets d'eau circulante nous viennent, du loin, je me retourne.
"On va rejoindre une rivière, je crois. On pourra se tremper les pieds."
Se reposer, aussi, je n'avais pas vraiment tenu compte de l'heure mais une eternité semblait s'être écoulée depuis la sortie de la ville.
"Tu tiens le coup?"
Elle n'a pas l'air franchement plus athlétique que moi, et mon souffle m'échappe presque. Je crois qu'on serait pathéthiques si un grand marcheur venait à nous juger.