Visite sur crise - [Ishtar & Espe]

very good bad thing

esperanza et ishtar

Ishtar avait émergé tard dans l'après-midi après avoir passé une soirée mouvementée la nuit dernière - iel n'en avait retenu pourtant que quelques bribes, les moments les plus exaltants s'étant fait rares.
L'appartement se faisait alors plus vide et silencieux que d'habitude, ce qui lui permit de distinguer la légère musique jouée sur le palier ; intrigué, le vampire fit l'effort de se lever de son fauteuil pour aller ouvrir.

C'est son amie à la porte, l'air affreusement vulnérable - Ishtar ne prit pas la peine de cacher son sourire face à cette image qu'il n'avait pas souvent l'occasion de voir.
Les paupières rougies par les larmes n'échappent pas à son regard vif, se plongeant immédiatement dans l'air grave de la lémure pour tenter de saisir un soupçon de vulnérabilité dans l'éclat de ses yeux. Un long moment s'écoule avant qu'iel ne s'écarte pour la laisser passer.

Je t'en prie. La porte de l'appartement se referme alors sur eux, le vampire étant piqué par la curiosité mais attendant calmement qu'Esperanza s'exprime d'elle-même, le silence se faisant plus efficace pour obtenir des réponses que les questions impatientes.

Sans un mot, le rouquin se dirigea vers sa chambre pour qu'Esperanza puisse lui parler sans inconvénient extérieur - aucun risque que ses colocataires se mettent à épier leur conversation, mais iel préférait changer de pièce afin qu'ils ne soient pas dérangés.
Bien qu'iel ne le montre pas, Ishtar était particulièrement fébrile à l'idée de ce qu'allait lui confier sa camarade de manigances : Esperanza, si assurée d'habitude, avait l'air éprouvée par les événements - une politesse insoupçonnée s'exprimait chez elle, estompant quelque peu son aspect ferme et impassible habituel.

Le vampire se rendit dans son antre, son capharnaüm favori, et attendit que la lémure le suive avant de les calfeutrer précautionneusement à l'intérieur. Iel se fraya habilement un chemin jusqu'à son lit ; habitué au désordre, il ne fit pas tomber une seule pile de livres ou d'objets sur son passage.

Une fois sur le matelas, Ishtar croisa les jambes et posa le coude sur son genou, l'air anormalement enthousiaste pour quelqu'un qui se trouvait face à une fantôme accablée par sa situation.

Tu as toute mon attention.

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esperanza et ishtar

Esperanza choisit de faire comme si il était tout à fait normal pour elle de débarquer à son appartement sans prévenir, avec sa flûte et ses yeux rouges qui ne trompent personne, l'air encore fier et vaniteux malgré les déboires qu'elle venait sûrement de vivre. En fin de compte, c'était mieux ainsi pour Ishtar, qui préférait largement qu'elle cache avec peine son inconfort - le moment où elle finira par craquer en sera d'autant plus satisfaisant.


Après tout, la lémure savait pertinemment bien que ce n'était pas auprès du vampire incapable de la moindre once de compassion qu'elle trouverait de la gentillesse ingénue et sincère ; iel savait la prétendre à merveille, cependant.

Ishtar hausse alors les épaules à l'annonce de ses cohabitants d'appartement avec un air désintéressé, irrité que le sujet de leur entretien se dirige vers sa personne.

Moi ? Je n'ai rien d'intéressant à te signaler. Encore moins avec mes colocataires, je les vois à peine, tu le sais bien.

C'est qu'Ishtar ne faisait pas vraiment d'efforts non plus pour apprendre à les connaître ; iel les trouvait généralement assez calmes, étant moins sûr.e de cela pour les nouveaux arrivés, dont il n'avait pas encore parfaitement cerné le tempérament.

Il recentra la conversation sur Esperanza qui dissimulait sa souffrance d'un sourire forcé, plongeant ses yeux dans les siens en espérant la dissuader d'éviter à nouveau ses questions.

Ça n'a pas l'air d'aller fort avec les tiens, en tout cas. Qu'est-ce qui est arrivé pour que tu les traites de sauvages ? Tu peux vider ton sac, profites-en.

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esperanza et ishtar

Ne dis pas n'importe quoi, tu sais très bien que tu finirais par t'y ennuyer. Tes colocataires ont l'air considérablement plus distrayants que les miens.

Ishtar ne regrettait pas que la plupart de ses colocataires se montrent calmes la plupart du temps - ses distractions tant désirées, iel pouvait facilement en trouver à foison ailleurs. Les rares fois où iel retournait à sa chambre, c'était pour se reposer et rester tranquille.

Tu sais très bien que j'aime pas parler de moi.
Alors pourquoi étais-tu venue ramper à sa porte, sachant pertinemment ce qui allait se passer par la suite ? Ishtar était pire qu'un ami : c'était ton reflet dans le miroir, la face opposée de la même pièce, un sosie décalqué par la raison. Vous partagiez les mêmes vœux de gloire et infligeaient les mêmes illusions vermeilles à vos semblables, faisant fi des conventions arbitraires de bienveillance.

Il ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire clair dont les échos se perdent dans le capharnaüm de sa chambre, délecté de la part de récit que tu daignes bien lui donner. 

On dirait que les derniers jours n'ont pas été de tout repos pour toi, en tout cas.

Un ton faussement compatissant est employé alors que le vampire te transperce du regard, à présent très impliqué dans ton histoire. Sa curiosité était assez piquée pour qu'il insiste davantage ;  et non, rien de ce que tu lui avais dit ne lui suffisait, c'était évident.

Et qu'est-ce que tu leur as fait exactement pour que ça se finisse ainsi ? Lâcha-t-il le sourire aux lèvres, l'air de te faire comprendre avec évidence que tu ne pouvais pas te chercher des excuses avec lui.

L'hypocrisie crame la crédibilité de ton récit et Ishtar te brûle de sa curiosité meurtrière, ne craignant pas ta froideur face à son indiscrétion assumée ; au contraire, elle attisait tout autant son brasier. Ishtar se doutait bien que ce n'était pas tant le mal qu'ils t'avaient fait qui te déplaisait autant, mais le fait que tu aies autant perdu le contrôle de la situation. Iel aimait l'ire impudente que ta voix trahissait, nullement attendri par ta position de victime dans l'histoire - iel n'était pas assez imbécile pour boire la moindre de tes paroles, après tout.

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esperanza et ishtar

Tu étais pleine de ressources, pour le plus grand plaisir d'Ishtar - jusqu'au bout, tu ne lâcheras pas cette façade ridiculement fière que tu arbores, l'amour-propre blessé par l'outrage de tes colocataires mais l'intention ferme de ne jamais en laisser paraître plus qu'il ne le fallait.
Vous veniez d'entrer dans un jeu silencieux, une bataille âpre, fière et cruelle, où celui qui obtiendra victoire couvrira d'une imperceptible humiliation son compère malgré le semblant d'amitié qui vous lie. Ishtar sourit, l'air de vouloir te faire comprendre que son interrogatoire soi-disant innocent ne faisait que commencer.

Il se montrait patient face à ta ténacité - le vampire avait eu affaire à pire que toi, Esperanza, si vulnérable face à lui malgré toi, ne parvenant à retenir tes larmes qu'à grand peine. Ce qui fascinait d'autant plus le rouquin, c'était la raison pour laquelle tu étais venue te jeter dans la gueule du loup alors que tu avais besoin de réconfort ; tu appréciais certainement le venin du serpent malgré sa morsure, en dépit de ce que tu déclarais.

On dit que les meilleurs artistes sont les plus incompris, après tout. C'est ça qui fait la différence, non ? J'aimerais bien savoir ce qui t'a inspirée pour provoquer de telles réactions chez eux - je ne les pensais pas si violents, railla le vampire en te souriant.

Ishtar se mit debout sur le lit après ta remarque, les mains sur les hanches. C'est vrai que tu as l'air d'avoir besoin d'un verre ou deux. Lae vampire descendit pour s'accroupir en bas de son matelas ; en-dessous de ce dernier se trouvait quelques bouteilles entamées, attendant patiemment qu'on daigne bien les finir.

Iel se dirigea ensuite vers un petit buffet pour y saisir deux verres, qu'iel remplit d'alcool sans prendre la peine de l'identifier pour toi. Au moment où le récipient trouva tes mains, iel leva son verre en ta direction, un sourire mesquin insolemment arboré sur le visage.

À ton amour-propre.

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esperanza et ishtar

Ishtar lâche un rire cristallin lorsque tu t'énerves ainsi, nullement perturbé par les insultes et les injonctions que tu rêves d'ajouter à tes paroles déjà abruptes.
Iel jubile lorsque le verre s'écrase à l'autre bout de la pièce dans un léger bruit de fracas ; les débris se mêleront au bric-à-brac déjà présents sur le sol et y prendront probablement la poussière, jusqu'au jour où lae vampire aura l'infortune de poser le pied dessus.

Perdre ton sang-froid revient à lui accorder la victoire, Esperanza - et tu sais très bien à quel point ton courroux l'enchante. Le rouquin ravale de justesse un ricanement de plus face à ton emportement - toute réaction de ta part était bonne à prendre, mais celle-ci lui était particulièrement réjouissante.

Loin de moi l'envie de te remémorer de mauvais souvenirs, mon amie.

Ishtar ne prend pas la peine de cacher un sourire comblé, agréablement distrait par tes histoires - il savourait particulièrement le fait que c'était toi qui étais venue le rejoindre, probablement mue par le désir traître de te confier afin d’alléger ce que tu avais sur le cœur.

Lae vampire songea qu'iel aurait aimé assister à ces événements désagréables - être témoin du carnage, de ton humiliation sans doute, et de ta riposte, il l'espérait. Iel se fit la remarque silencieuse de passer plus souvent à ton appartement, ravi d'apprendre que tu le rendais aussi divertissant.

Donc il t'a suffi de jouer un morceau pour t'en mettre un à dos ? Iel s'esclaffa, de plus en plus amusé.e par la situation qu'iel s'imaginait. Tu en bats, des records.

Ishtar t'aimait particulièrement parce qu'il savait à quel point vous étiez similaires. Glorieux, vous l'étiez ; mais la grandeur se fait souvent synonyme de solitude : à vouloir le monde dans sa main, on finit sans amis, sans cœur, sans rien d’humain - mais vous aviez déjà été déchus de cette nature il y a bien longtemps.

J'aimerais bien savoir comment quelqu'un a pu t'atteindre ainsi, je te pensais pourtant toujours sur tes gardes.  Dis-moi, comment est-ce que tu t'es fait avoir ?