Tourne, tourne, tourne et retourne.
Sur la gauche. Sur la droite. Sur le dos. Sur le ventre.
T’as mal au crâne. T’as mal au bras. T’as mal à la nuque. T’as mal aux lombaires.
Il n’y a rien qui va.
T’as pas 30 ans, t’es mort, mais ton corps a décidé de te rappeler toutes les douleurs de la vie.
Peut-être que tu n’aurais pas dû abuser hier soir, mais rentrer chez toi avait été le cadet de tes envies.
Quand tu ouvres des yeux fatigués par cette nuit beaucoup trop courte, c’est avec vue sur la respiration tranquille de ton partenaire particulier, et l’ouïe à demi-opérationnelle concentrée sur son satané animal que tu entends à travers la porte. ((Un jour, tu vas en faire des nuggets.))
Impossible de te rendormir et tu grognes au son de cloches sur tes tempes. Tu restes quelques secondes au bord du lit, la tête dans tes mains, pour trouver le courage d’enfiler un t-shirt et te lever.
C’est que tu avais une soif de chameau.
Et ça cogne toujours quand tu débarques lentement dans le salon/cuisine. Une main passe sur ton visage alors qu’une tête rose apparait dans ton champ de vision. T’es bien certain qu’il n’y avait pas de personne aux cheveux roses dans cette coloc, à moins d’avoir des nouvelles potions qui trainent.
Peu sûr de tes yeux devant ta gueule de bois, tu les plisses en te rapprochant de l’intrus visiblement sur le départ.
« T’es qui. Qu’est-ce que tu fais là. » T’es pas convainquant avec ta voix enrouée, la barbe naissante et les cheveux du saut du lit. « Bah ! Qu’importe. Il est trop tôt pour ça. Ne pars pas comme une voleuse. Viens, je vais faire du thé. »
Tu supposes que si l’intruse était là (maintenant que tu arrives à mieux réfléchir, tu l’as enfin remarqué), c’était qu’elle était autant invitée que toi tu l’étais. Tant pis pour ton caleçon à motifs de paresseux à l’air et ta sale tête.
Tu t’affaires à la cuisine pour chauffer de l’eau et sortir le thé, deux tasses, un verre pour boire un bon litre d’eau en attendant l’ébullition. Tu grognes en voyant l’heure sur le micro-onde. C’est trop TÔT.
((Il ne dort donc jamais ce fichu perroquet !?))
Passant outre l’envie de te faire un kebab exotique, tu te retournes, l’air un peu plus réveillé bien que tu ne le seras entièrement qu’une fois ton thé avalé.
« On se connaît non ? J’ai pas souvent vu des gens aux cheveux roses aussi longs. Cours de Japonais ? Si c’est ça, j’ai oublié ton prénom. Mais moi c'est Altan. »
Elle pardonnera ta gueule de bois.
Notes
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donnez-lui du sommeil