Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

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dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

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TerminéMer 31 Juil 2019 - 1:26

[Solo - Abel] Même des mots peuvent tout faire voler en éclat Dcc0c04cda0e74637a0a97d8eb163187--google-search-kagerou-project

Solo | Même des mots peuvent tout faire voler en éclat

    La nuit était déjà tombée depuis bien longtemps, lorsque Abel ouvrit les yeux.
Et il n'avait même pas éteint la lumière vive qui animait son appartement. Sans doute le sommeil l'avait-il emporté plus rapidement. Il soupira. Il s'était encore endormi sur son canapé... à vrai dire, il commençait à en avoir l'habitude. Le vampire ne s'était presque jamais reposé dans sa chambre, depuis qu'il vivait ici. Ce n'était pas qu'il cherchait à éviter cet endroit, c'est simplement qu'il était trop négligé, et ne portait pas vraiment d'attention particulière à ce qu'il faisait. Doucement, il se redressa pour se caler contre un oreiller, son livre ayant glissé à ses pieds. Il se sentait trop engourdi pour le ramasser. Il entendit un petit couinement qui lui arracha un sursaut, alors que Shiva s'approchait de lui. La shiba paraissait inquiète, parce qu'elle n'aimait pas qu'Abel s'endorme de manière si soudaine. Elle appuya sa tête contre lui et il lui ébouriffa les oreilles, un sourire triste gravé sur son visage. Son regard se perdait au delà de la fenêtre, dans la ville noyée d'une lumière qui lui aveuglait les yeux. Depuis combien de temps n'était-il pas réellement sorti ? Lui-même ne le savait même pas. Il avait été submergé, dépassé par les événements, et il avait longtemps refusé de mettre les pieds dehors. Sa nourriture, il la commandait. S'il avait besoin de quelque chose, il le commandait. Il n'avait vu presque personne depuis des semaines, déjà. Il n'avait plus de travail, et à vrai dire, il s'en fichait. C'était comme si plus rien ne comptait à ses yeux, ou que tout le dépassait. Près de lui, sur la petite table basse, se trouvait ce qui avait toujours été sa hantise. Un verre à moitié plein. Une bouteille à moitié vide. Et il la regardait comme si elle ne représentait rien, comme s'il avait l'habitude de la côtoyer au quotidien. Sa guitare reposait dans un coin de la pièce, attendant qu'on finisse par lui porter de l'intérêt. Toutes ses consoles étaient éteintes, mais ça lui arrivait souvent de les allumer. Tout était toujours autant en désordre, négligé. N'importe qui, en le voyant comme ça, se serait demandé ce qui lui était arrivé.

   Et Abel aurait mal au cœur de le raconter.

   Il avait juste essayé. Essayé d'aller au delà de ses craintes, de changer les choses, de faire un pas en avant plutôt que de continuer de se lamenter. Il ne voulait plus vivre avec des remords, simplement tourner la page et profiter de la mort comme cette nouvelle existence qu'on lui avait accordée. Il pensait en avoir la force. C'était juste un petit espoir auquel il s'était raccroché. Alors... alors sur terre, il avait décidé de retourner le voir. Gabriel. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, il n'en avait même pas le droit, mais... mais il était certain qu'il fallait qu'il le fasse. Comment arriverait-il à avancer, autrement ? Il était persuadé qu'il lui en voulait, et il n'avait jamais cessé de culpabiliser pour l'avoir abandonné aussi lâchement. Il devait lui dire ce qu'il avait sur le cœur, quitte à ne plus jamais le revoir après. Et s'il devait le mordre pour ne pas qu'il révèle l'existence du monde des morts, alors il était prêt à le faire. Mais... comment est-ce qu'il arriverait à le trouver ? Le monde était si vaste... et même en s'étant renseigné, il n'était pas sûr d'y arriver. Il savait juste qu'il n'avait jamais quitté leur petite ville d'origine et qu'avec un peu de chance, c'est là-bas qu'il l'y trouverait. Quitte à errer une journée, une semaine entière, il y était préparé. Mais il voulait juste le revoir une dernière fois. Il le devait.
    Et il ne sait toujours pas par quel coup du destin il l'avait retrouvé.
    Ses pas, ses souvenirs lointains l'avaient conduits jusque dans un petit café où ils avaient l'habitude de se rendre, de son vivant. Il se revoyait encore avec Éloïse et Gabriel à ses côtés, discutant de tout et de rien, se charriant mutuellement sur les relations qu'ils entretenaient. Peut-être que si les choses s'étaient passées autrement, il n'aurait pas gardé enfouis autant de remords. Peut-être que s'il n'avait pas abandonné Gabriel, il aurait simplement accepté. Peut-être que s'il n'avait pas blessé Éloïse et qu'elle n'avait pas dit qu'elle le détestait, leur amitié aurait continué. Peut-être qu'il ne serait même jamais mort ? Il n'aurait pas souffert, et la vampire ne l'aurait alors jamais tué... mais le destin en avait décidé autrement. Les choses étaient ainsi, il ne pourrait jamais les changer. Seulement les faire avancer. Quitte à mourir, il aurait préféré ne jamais pouvoir revenir.
   Et quand il avait mit les pieds sur la terrasse de ce café, son cœur s'était serré. Gabriel était là. Bien vivant, et il n'avait pas changé, si ce n'est qu'il était un adulte, maintenant. Il était toujours aussi grand, toujours aussi assuré, et la douceur qu'il lui connaissait ne semblait pas avoir quitté un seul instant son visage. Abel aurait espéré qu'il soit seul. Mais il ne l'était pas. Il y avait une jeune femme à ses côtés, dont les traits auraient pu rappeler à Abel Éloïse. Mais elle n'était pas comme elle. Parce qu'Éloïse, elle, elle était unique. Et il ne pourrait jamais l'oublier. Alors en rabattant sa capuche sur sa tête, il s'était assit non loin, avec le seul souhait de ne pas se faire repérer. Personne d'autre que Gabriel ne pouvait le reconnaître, et pour l'heure, il ne voulait pas être vu. Il devait attendre, en espérant que cette jeune femme s'en aille et qu'il puisse parler à celui qu'il avait aimé. Il essayait de ne pas les écouter parler, mais il n'y arrivait pas. Il aurait sans doute dû ne jamais remettre les pieds ici. C'est ce qu'il a continué de penser. Contrairement à Abel, eux n'étaient pas vraiment discrets. Il les entendait.

-Gabriel, tu es sûr que... que tu m'aimes vraiment ? Que ça ne dérangera pas ton ancien petit ami... Abel, c'est ça ? Tu en as tellement parlé alors, je me dis qu'il doit te manquer, et je me sens un peu triste...

   Le vampire se raidit. Tremblant, il avait enfoncé sa tête dans sa capuche. Il aurait voulu partir, mais quelque chose le retenait. De toutes les journées où il aurait pu le retrouver, il fallait que ce soit celle-ci. Il n'oublierait jamais l'air gêné qu'avait eu Gabriel, avant de semblé lassé, presque plein de mépris. Un mépris qui était faux, mais qu'Abel n'avait pas comprit.

-I-Il me manquait, oui... mais je peux être honnête, maintenant que j'ai confiance en toi. Abel... est mort quand j'avais 18 ans. On ne sait pas ce qu'il lui est arrivé, mais il a dû avoir un arrêt cardiaque ou alors, sa maladie l'a simplement achevé.

    La jeune femme eut l'air attristée, mais n'ajouta rien.

-Il m'avait laissé tomber, avant ça, peu après que j'ai eu mon accident. Je lui en ai voulu, et j'ai même pensé qu'il était comme son père, un lâche qui laissait tout tomber quand les problèmes le rattrapaient. Il savait qu'il n'était coupable de rien mais il n'a pas voulu me voir. Alors j'ai pensé qu'il m'avait rejeté. Ce qu'il a du faire. Il... n'a jamais été très courageux ni même fort...

    Abel avait fermé les yeux, alors que le vide dans son cœur s'agrandissait. Il avait mal, tellement mal qui ne se sentait plus la force de bouger. Il entendait les mots par bribe, et chaque parole était comme un pieu qui s'enfonçait un peu plus dans sa chair et le brisait peu à peu. Il y avait quelque chose qui sonnait faux, dans les paroles de Gabriel. Où était passé le garçon doux et affectueux qu'il avait connu ? Mais il fallait qu'il se rende à l'évidence... les gens changeaient. Ils changeaient tous, sans exception. Et il avait été aveugle de croire que celui qu'il avait aimé l'aimerait toujours en retour, au bout de dix ans.

-Je t'aime, maintenant. J'aimais Abel, mais ce n'est rien par rapport à toi.

   Ces mots suffirent à l'achever. Peu importe si son visage était trempé de larmes, ou si Gabriel le voyait. Il s'en fichait. Il voulait juste partir. Il voulait juste oublier. Il avait été naïf de croire que les choses pourraient changer. Il était pathétique.



    Abel avait continué d'errer dans la ville, les jours qui suivirent. Il n'avait le cœur à mordre personne, mais il le devait. Il en allait de sa survie, après tout. S'il s'était écouté, il aurait pu se laisser tomber en poussière... mais même cette idée le terrorisait. Il se sentait perdu, accablé par un poids que ses épaules trop minces avaient du mal à supporter. Il avait mal, tellement mal que la douleur, il avait fini par complètement l'accepter. Pendant ces quelques jours, il apprit que son père avait eut des problèmes à cause de l'alcool et qu'on avait dû momentanément l'arrêter. Auparavant, il ne se serait pas sentit touché. Mais... les paroles de Gabriel lui restaient dans la tête comme un poison. Est-ce que... est-ce que c'était de sa faute, si son père était devenu comme ça ? Est-ce que c'était à cause de lui, de sa maladie que son père ne s'était jamais occupé de son fils, que sa mère était morte dans un accident ? Peut-être qu'au lieu de s'enfermer, il aurait pu... il aurait pu tout simplement aider son père. Alors... il n'aurait jamais été blessé, et rien de tout ça n'aurait jamais eu lieu. Rien.

Il ne savait plus quoi penser.

C'était un incapable.
Un lâche.
Avec sa maladie, il n'avait jamais rien été d'autre qu'un poids.
Il n'avait su que causer des problèmes, parce qu'il n'avait jamais été en mesure d'aider.
Il n'était pas fort, il ne possédait pas le moindre courage, si un jour il en avait eu.
Il était triste, sans talent, sans rien pour le valoriser.
Parce qu'Abel ne valait pas grand chose. Ça, il le savait.
Mais il avait été prêt. Prêt à tourner la page, à s'accepter comme il était et ce, même s'il n'avait pas toujours reçu de l'aide. Parce qu'il avait trouvé des personnes qui l'aimaient. Et il ne pouvait s'empêcher de penser à Irina, elle qui ressemblait tant à Éloïse. Est-ce qu'elle aussi, à cause de ce qu'il était, il finirait par la perdre ? Peut-être qu'un jour, elle dirait qu'elle le détestait. Et il eut même l'horrible pensée qu'elle ne faisait que supporter sa présence qu'il lui imposait. Il se haït d'avoir songé à ça. Au point où il en était... il n'arrivait pas à s'imaginer d'autres choses que tout ce qu'il y avait de pire pour lui.

    Il n'eut que la musique à laquelle se raccrocher. Les jours qui suivirent son retour, il ne mit plus la même passion à jouer, mais il continuait parce que c'était tout ce qu'il lui restait d'important. Il était maussade, triste, était désagréable et ne parlait presque plus, se contentant de répondre par des signes ou des gestes. Ses collègues continuaient de s'en prendre à lui, de le pourrir, et tout ce qui jusque là n'avait été que taquinerie avait tourné en véritable harcèlement. Mais il ne voulait plus se laisser faire. Alors il se défendait, quitte à insulter, à rendre les coups. À quoi bon ? S'il ne valait pas grand chose, autant préserver le rien qu'il gardait en lui. Il ne pouvait plus se laisser marcher dessus sans répondre. Et ça lui valut de perdre son boulot, tout en gagnant la peur de jouer. Il se souviendrait toujours de l'humiliation qu'on lui avait fait vivre alors qu'il était simplement venu avec sa guitare, histoire de se changer les idées. On avait gâché sa musique, on s'était moqué, on l'avait hué, insulté, on lui avait craché au visage et sa guitare, on avait même fini par la lui briser. S'il n'avait pas retrouvé Gabriel, peut-être que ça ne l'aurait pas marqué. Mais cet événement suffit à le traumatiser. Même s'il récupérait un nouvel instrument, il ne serait plus capable de jouer devant les autres. Il continuerait d'écrire et de chanter seulement pour lui-même.
    Il s'était jeté vers les collègues qui l'avaient rabaissé, empli de rage et de haine, décidé à les faire regretter ce qu'ils avaient fait. Mais il les avait blessé trop violemment et le patron du bar n'avait pas pu tolérer cet accès de violence d'Abel.
    Alors il l'avait renvoyé.

Et le vampire finit par s'enfermer.
Pendant des semaines, il ne quitta plus son appartement, récupérant ce dont il avait besoin en se contentant de commandes. Il ne voulait plus voir personne, peu importe de qui il s'agissait. C'était comme si plus rien n'avait d'importance. Il se sentait vide, à l'intérieur. Il avait l'impression que rien ne pourrait l'aider. Dans sa négligence, il laissa même ses cheveux pousser, et refusa de les couper, se contentant de les attacher.

Et il se mit à boire.

    Lui qui avait déjà su apprécier l'alcool par le passé, il avait fini par complètement se laisser absorber. Après tout, il était déjà mort. Ça ne pouvait pas lui faire plus de mal. Et s'il valait autant que son père, alors ça ne pourrait rien lui faire. Il ne deviendrait jamais plus pathétique que ce qu'il était déjà.


    Son regard finit par quitter la ville qu'il fixait depuis quelques minutes. Il avait recommencé à sortir, depuis deux jours. Sortir pour pas grand chose, il avait simplement eu besoin de réparer sa guitare. Il devait admettre que prendre l'air lui faisait du bien, sans pour autant calmer le mal qu'il avait dans son cœur. Il commençait à se remettre, mais c'était toujours dur. Il avait comme l'impression que rien ne pouvait l'atteindre, et qu'en même temps, sa carapace était de verre, si facile à briser... il avait cessé de jouer de la musique pour les autres, parce qu'elle n'avait d'importance que pour lui. Même jouer au parc le tétanisait. Il était bien plus prompt qu'avant à céder aux émotions.
    Il continua de caresser la tête de Shiva, doucement, alors que la shiba s'était blottie contre lui. Thor, l'autre chien qu'il avait récupéré, l'observait de loin d'un œil interloqué. Lorsqu'il promena un œil sur son appartement, il se rendit compte à quel point il était vaste. Il ne se sentit jamais aussi perdu que maintenant.

C'était de sa faute, tout ce qui était arrivé. Il ne pouvait en vouloir qu'à lui-même.
Quelques jours plus tôt, il avait fini par se dire qu'il devrait continuer, même si c'était dur et que ça lui déchirait le cœur. Il ne pouvait pas continuer à se lamenter éternellement. Maintenant, il savait se défendre. Il arrivait à s'exprimer. Il avait gagné de l'assurance, mais perdu de la confiance. Comme si on était venu exploser le peu d'estime qu'il lui restait.

Quelque part, il y avait un vide dans son cœur et il était sûr qu'il ne pourrait jamais le combler.