Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

Bienvenue

dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

News

Personnages attendus

Yvan, son ex-compagnonpour Abraham Zakarian

起死回生

❝Have a good death
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Page 1 sur 2 1, 2  
Invité
Anonymous
Invité
évolution
#1
Terminé12.07.19 15:29
Peut-on mourir une seconde fois ?
Leone ∞ Kaori
Je n'y arrive plus.
Je suis revenu au même stade d'avant ma mort, c'est pire que tout. Je dors à peine, je mange à peine, je bois beaucoup, mais pas de l'eau. Évidemment je bois beaucoup d'alcool pour tenter d'oublier. Oublier ne serait-ce que quelques minutes. J'ai même appris qu'il y avait des potions d'amnésie mais je n'ai jamais trouvé personne pour me les vendre. C'est dommage, et bien à la fois. Je crois que je ne pourrais pas m'en passer, si bien que cela deviendrait une drogue pour moi.
Mes pensées sombres sont de nouveaux présentent, plus fortes que jamais. Et ce qui me rend encore plus malheureux, c'est que cette fois je ne peux rien faire pour en finir. En arrivant dans cette nouvelle vie, on m'a dit que je devais m'amuser, et j'y ai cru. J'ai recommencé à prendre goût à la vie, j'ai recommencé à dessiner par plaisir, j'ai recommencé à rencontrer des gens qui me respectaient. C'était si bon de pouvoir sortir, admirer les fleurs, respirer l'air étonnement frais. C'était si bon de retrouver une vie paisible et heureuse, une vie faite de rire et d'émerveillement comme lors de cette anniversaire surprise, faite de spontanéité et d'émotion comme avec Rizzen, ce sportif si fort. Ou encore ces moments intenses comme avec Tsukuyomi-sama, où je me suis rendu compte que certaines personnes me ressemblaient plus que je ne le pensais.
Et puis |i]il[/i] est arrivé. Et puis il est mort pour je ne sais quelle raison.

Ah si, c'est de ta faute Kaori.

Il m'a dit que suite à mon suicide, les gens avaient commencé à parler de mon mauvais traitement.

Bande d'hypocrites

Après mon suicide, les gens ont commencé à dénoncer la violence au sein du travail qui m'a mené à la mort.

Pourtant vous y avez participé vous aussi...

Suite à ma mort, mon chef aurait tout perdu, les actions en bourse auraient chuté.. Comme si cela m'intéressait dans le fond...
Mon visage est beaucoup moins marqué aujourd'hui, les bleus disparaissent au fur et à mesure et c'est tant mieux. Mais mon cœur lui est gravement malade. Ma tête est gravement malade.
Je n'y arrive plus.
Lorsque je ferme les yeux, c'est son visage que je vois en train de me frapper, de m'insulter. Toute cette haine dans son regard, comment l'oublier. Je n'ai jamais vu quelqu'un me haïr autant et c'était horrible à voir. Je ne pensais pas que cela était possible, et pourtant il voulait me tuer.

Si seulement il pouvait.

Je ne lui en voudrais même pas. Je voudrais en finir avec cette seconde vie... Déjà.



Cependant, le barman a fini par me conseiller d'aller voir quelqu'un. C'est sûr que de voir quelqu'un venir aussi souvent que moi, en train de boire et pleurer sans arrêt, ça a de quoi alerter. Je n'ai jamais voulu voir quelqu'un, de peur qu'il se moque de moi comme a pu le faire la police lorsque je parlais de mes agressions.  Je ne l'aurais pas supporté, encore appeler à l'aide pour n'avoir aucune réponse. Mais peut-être que je devrais cette fois. Vu que je n'ai pas d’échappatoire, je devrais peut-être essayer. Je ne suis pas obligé de lui dire que j'aime les hommes... Je n'en sais rien.
Alors me voilà, dans la salle d'attente d'un homme qu'on m'a recommandé. Je n'ai pas envie de parler, et pourtant je sens que je n'en peux plus. J'ai besoin d'aide parce que je ne vais jamais m'en sortir comme ça...
La porte finit par s'ouvrir et je me redresse comme je peux. Je prends mes béquilles et avance dans la salle comme il me le demande. Je m'installe sur le siège indiqué et je regarde partout autour de moi. Une salle plutôt neutre, certainement pour ne montrer aucun jugement. Il s'installe à son tour et je sais que c'est à moi de parler, mais je ne sais pas vraiment quoi dire...

Comment je vais ?

Quelle question...
- J'en suis arrivé à un stade où une seule question ne cesse de tourner dans ma tête... Est-ce qu'il y a vraiment aucun moyen de mourir une seconde fois ?..
Oui, j'en suis là, et cela montre certainement à quel point je suis désespéré, fatigué, épuisé, dégoûté, à bout... Si cela ne répond pas à sa question franchement, c'est qu'il est mauvais finalement.
Je suis un suicidaire, dans le monde des vivants comme dans ce monde. En fait je n'ai plus goût en rien, tout ce qui gît en moi et une frayeur profonde, impossible de m'en défaire.
Je soupire en baissant la tête, les lèvres tremblantes alors que les larmes me montent déjà aux yeux. Non, je ne voulais pas pleurer, je pensais l'avoir fait suffisamment, mais il faut croire que c'est impossible pour moi de m'arrêter maintenant... Peut-être que lui pourra me donner des potions d'amnésies, ça serait si doux... Si apaisant même...
Oui... J'aimerais être apaisé... Toujours...
Code by Silver Lungs
Invité
Anonymous
Leone J. Chiaramonte
évolution
#2
Terminé13.07.19 1:21
burning pain.
Il y a des moments où Leone a du mal. Il a du mal à mettre de l’ordre dans ses propres pensées, dans sa propre vie, conscient qu’il lui faudrait quelqu’un pour l’aider, lui aussi. Mais il demeure dans ce permanent déni, choisissant de ne plus penser à ses cauchemars, d’alléger son esprit à grand renfort de nicotine et d’alcool.

Mais en semaine, pas possible de s’enivrer comme il le fait le week-end. Pas possible de terminer ses nuits dans les doux bras de Gabrielle, à moins d’arriver en retard à l’Agence. En semaine, il n’a que son œil unique pour pleurer des larmes douloureuses tant elles refusent de pleurer, et le tabac qui semble lui embrumer l’esprit.

Ce matin, pas de réveil. Tout simplement parce qu’il n’y a pas eu de sommeil. Pas de répit pour les braves, comme on dit. Sauf que cela fait un siècle que cela dure. Ayant passé la nuit à l’extérieur, Leone s’arrête à la terrasse matinale d’un café dont le propriétaire est habitué aux escapades du Sicilien. Bienveillant et toujours souriant, les deux hommes tapent la causette une heure, avant que le borgne ne se décide à rentrer pour mettre de l’ordre dans son apparence.

S’enfonçant dans les entrailles de l’Agence, le psychologue pénètre l’appartement silencieux pour prendre une douche avant de s’habiller dans sa chambre, parfaitement à l’aise avec le fait de se trimbaler à moitié à poil lorsque personne n’est là pour regarder - et même lorsqu’il y a des spectateurs, ça ne le gêne pas vraiment, tant qu’ils ne glapissent pas de terreur en avisant son orbite vide. Il fera chaud, il paraît, en cette journée d’été. Leone opte donc pour un top blanc léger, au col en V, qui lui permettra de ne pas suer dans son bureau - il a abandonné la cravate depuis quelques semaines -, qu’il surplombe pour le moment d’un petit gilet gris dont les manches s’arrêtent à ses coudes. Décidant de se parer de couleurs estivales, il opte pour un pantalon de toile vert d’eau dont il replie l’ourlet au-dessus de ses chaussures de cuir bleu marine.

Attrapant le grand mug de café qu’il a laissé refroidir dans frigo avec des glaçons, la veille, pour un effet frappé maison, Leone passe en revue son planning du jour. Rien de très rempli pour la matinée. Juste un lémure parfaitement inconnu et qu’il ne semble pas avoir croisé auparavant. Pour la première séance, il a réservé tout le créneau de la matinée et n’enchaîne qu’à quatorze heures sur un zombie en pleine crise existentielle. De quoi s’adapter aux besoins du jeune homme, en somme.

Leone sirote tranquillement son café. Il ne sait pas s’il doit se réjouir face à la masse de patients qui atterrit en ce moment dans son bureau - après tout, c’est bon pour sa réputation et son portefeuille - ou commencer à se dire que les morts d’aujourd’hui on de sérieux problème - il se croirait presque revenu en 68.

Finalement, une demi-heure avant le début de la séance, Leone gravit les escaliers de l’Agence pour se rendre à son bureau, déverrouille la porte du cabinet pour ensuite préparer tout ce qu’il faut dans son bureau. Dans l’étagère verrouillée qui confine tous les dossiers, il s’empare de celui portant l’étiquette « K. Hirano » pour en vérifier le contenu une dernière fois.

Il n’a que les informations de base - date de naissance, mort, nationalité et tout le toutim - mais rien de très personnel, puisqu’il n’a jamais été amené à consulter. De plus, cela ne fait que quelques mois qu’il est décédé, ce qui signifie que le royaume des morts n’a absolument rien sur lui.

L’heure de la séance arrivant enfin, Leone pose le dossier peu épais sur son bureau et sort un bloc note d’un tiroir pour le mettre par-dessus. Chaque feuille noircie sera ajoutée aux quelques pages déjà présentes.

Contournant le meuble de bois, le Sicilien traverse son bureau pour ouvrir la porte - déjà entrebâillée - sur la salle d’attente où l’attend son patient. Il se pare d’un sourire bienveillant, quelque peu surpris de découvrir un éclopé. Cette vision le renvoie un siècle en arrière, à l’époque où lui, alors qu’il rentrait de la guerre, où il avait laissé sa jambe, avait enchaîné les séances auprès de pseudo thérapeutes.

Heureusement, les choses ont changé. Le regard de Leone se fait déterminé alors qu’il invite son patient à s’installer. A aucun moment il ne cherche à le prendre en pitié, attendant simplement qu’il prenne le temps nécessaire à ses gestes.

Leone s’installe en face de lui, scrutant de près les fins traits du jeune homme, plongeant son unique bille dans celles azurées de ce dernier. Il était à peine plus vieux que lui, lorsqu’il a perdu son œil, son ouïe et sa jambe. Mais lui a eu la chance de récupérer cette dernière avec la mort. Miracle dont n’a visiblement pas bénéficié son patient.

Une première question, en apparence anodine, entraîne une réponse des plus déconcertantes pour le psychologue. Il redoute toujours les séances où les spectres parlent d’extrémité du genre - la mort, encore, « une seconde fois » - car il sait pertinemment que cela s’accompagne d’une profonde frustration.

Au moins, il n’a pas à attendre plus longtemps avant de savoir qu’il a du pain sur la planche.

Prenant une grande inspiration, Leone se pare de bienveillance en cherchant à capter l’attention du jeune homme. Il ouvre en même temps son bloc note déjà bien entamé et s’arme de son stylo plume fétiche.

— Comprenez que même s’il y en avait une, je n’aurais aucun intérêt à vous la révéler, monsieur Hirano, répond-t-il avec une pointe d’amusement, ce serait la fin de ma profession, mon métier est de vous aider, après tout.

Il s’éclaircit la gorge, retrouvant un air sérieux.

— Enfin, je n’en ai pas connaissance.

Il laisse ses mots flotter dans l’air avant de se redresser sur son fauteuil, les coudes sur son bureau.

— Pourquoi souhaitez-vous mettre un terme à votre mort ? Que vous arrive-t-il pour que vous y songiez avec autant de sérieux ?

Se faisant, il espère faire comprendre à son patient qu’il le prend très au sérieux, attendant de lui qu’il en fasse de même, un petit sourire d’encouragement sur les lèvres.
ft. Kaori
Invité
Anonymous
Invité
évolution
#3
Terminé16.07.19 16:09
Peut-on mourir une seconde fois ?
Leone ∞ Kaori
Me voilà donc chez un psy. Je ne pensais jamais que je finirais ici un jour, et pourtant me voilà. En même temps, je me dis que je n'ai plus vraiment rien à perdre. Dans le monde des vivants c'était différent, il semblait y avoir une échappatoire. Ce n'est pas le cas dans ce monde-là. Alors peut-être qu'il saura m'écouter, peut-être que pour une fois je pourrais tout dire sans peur d'être jugé. Peut-être qu'avec lui, je trouverais cette oreille attentive qui me manque tant.
Oui, mais à quel prix.
Au prix de mon âme ? Au prix d’une certaine dignité ? Ma dignité... comme si j’en avait encore une...
Parce que c'est un professionnel et qu'il fait ça pour gagner sa vie. C'est un peu triste non, d'avoir personne à qui parler réellement, si bien que je suis obligé de passer par un professionnel.
Mais me voilà assis donc, me voilà en train de répondre à cette simple question : « comment allez-vous ? »
Impossible de mentir, ça ne va pas. Je n'y arrive pas si bien que je veux juste savoir s'il y a un moyen de mourir une seconde fois, et pour de bon. Il me fixe avec son œil unique, l'autre étant caché par un bandeau. Il ne semble pas juger ma jambe et c'est tant mieux, de toute façon je crois que je ne suis plus à ça près. Il finit par ouvrir son carnet, se préparant à écrire.
Écrire quoi franchement? Il n'y a vraiment rien de bien fabuleux à écrire sur moi...
- Comprenez que même s’il y en avait une, je n’aurais aucun intérêt à vous la révéler, monsieur Hirano, ce serait la fin de ma profession, mon métier est de vous aider, après tout.
Je garde la tête baissée, un léger rire frustré s'échappant de mes lèvres.
- Vous m'aideriez grandement si vous saviez quelque chose à ce sujet. Et je doute que votre profession voit une fin un jour. Les gens aiment venir se plaindre pour des broutilles parfois, mais ils ont besoin de quelqu'un pour les écouter, et vous êtes là... Et puis à qui je pourrais dire que mon psy m'a aidé, je n'ai personne...
Oui, j'ai fait des rencontres depuis ma venue ici, mais franchement si je venais à disparaître soudainement, cela ne leur ferait pas grand-chose, rien même.
-  Enfin, je n’en ai pas connaissance.
Alors il ne peut pas m'aider... Pas ainsi en tout cas. Je sens mes épaules s’affaisser de déception. Comment j'ai pu être assez stupide pour croire qu'il allait m'aider dans cette mission suicide.
- Pourquoi souhaitez-vous mettre un terme à votre mort ? Que vous arrive-t-il pour que vous y songiez avec autant de sérieux ?
Pourquoi... Toujours cette question qui revient sans cesse... Pourquoi...
- Je me suis suicidé dans le monde des vivants... C'était il y a trois mois à peine et je n'ai jamais regretté mon geste... Mais je n'ai jamais demandé à vivre cette vie-là... Quand j'ai ouvert les yeux après cela, dans cette salle où le roi est présent, vous savez ce que j'ai fait ? J'ai pleuré... J'ai pleuré parce que j'ai cru que j'avais échoué... Mais pourtant je suis bien mort... On m'a dit de m'amuser et je pensais y arriver, mais je ne peux plus... Je ne dors plus... C'est à peine si je mange et... je bois... je bois pour oublier... Il paraît qu'il y a des potions pour cela mais je n'ai pas trouvé encore où m'en procurer... Parce que j'aimerais oublier tout... Toute cette douleur, cette peine qui me crève le cœur chaque seconde...
Une larme coule sur ma joue et je l'essuie rapidement. Je ne sais même pas pourquoi je lui dis tout cela, comment j'en arrive à me confier presque aussi facilement.  Moi qui aimait tant rire, je ne supporte pas de me voir aussi négatif, aussi perdu, aussi vide... Je ne suis plus moi-même et ca me crève toujours plus.
- Je suis désolé, je parle beaucoup trop... Vous allez me dire que c'est votre métier mais j'ai l'impression de déranger...
Je me mordille la lèvre inférieure. D'un côté j'ai envie de partir, de fuir, mais d'un autre je ne sais pas... Une partie de moi veut peut-être entendre ce qu'il a à me dire. Après tout, si je suis venu ici c'est que j'ai besoin d'aide. Si je fuis encore face à une main tendue je crois que je serais définitivement perdu.
Code by Silver Lungs
Invité
Anonymous
Leone J. Chiaramonte
évolution
#4
Terminé17.07.19 20:04
burning pain.
La réponse du jeune spectre ébranle quelque peu Leone. Il n’a pas tellement l’impression de voir les gens défiler dans son cabinet pour des « broutilles ». En vérité, il faut déjà beaucoup de volonté et réaliser un véritable travail sur soi pour mettre les pieds chez un professionnel de l’écoute.

Néanmoins, il y a quelque chose dans les propos du lémure que le borgne ne peut s’empêcher de noter. Une sorte de profonde solitude, qui transparaît dans le regard intensément triste de son patient. « Quelqu’un » s’oppose à « personne », les « gens » à lui-même. Sa dernière phrase est suffisante pour faire comprendre à Leone le manque de confiance en soi dont le jeune homme est victime. Cela l’attriste, mais il n’en montre rien.

Il se contente donc de noter ces détails sur les feuilles de son carnet, griffonnant des mots. Il sent cependant qu’ils sont encore loin de l’épicentre du problème : la raison pour laquelle cette mort est devenue l’exact reflet de sa vie, un calvaire solitaire et douloureux.

A la nouvelle interrogation du psychologue, Kaori accepte de se livrer, évoquant son suicide, sa mort. Voyant qu’au fur et à mesure, le jeune homme se met à pleurer - relâche-t-il la pression ou bien est-ce uniquement sa peine qui prend le dessus ? -, Leone écarquille légèrement son œil, embarrassé à l’idée de l’avoir involontairement poussé trop loin.

A la dernière remarque de son patient, le Sicilien affiche une moue qui se veut rassurante. Il ne comprend décidément pas les Japonais et leur espèce de besoin existentiel de s’excuser à tout va en prétendant déranger tout le monde. Avec eux, le simple fait de rentrer dans une maison s’accompagne d’excuses déguisées.

Leone se lève, se dirigeant vers une étagère non loin de là pour attraper une boite de mouchoirs en papier. Doucement, il la dépose près de Kaori, au cas où il en aurait besoin, à présent et à l’avenir, lui indiquant de ce simple geste qu’il peut verser toutes les larmes qu’il souhaite, pour peu que ça le soulage, ne serait-ce qu’un instant.

— Ne vous en faites pas, c’est effectivement mon métier. Non seulement d’écouter, mais aussi d’aider, dans la mesure du possible. Je le fais depuis des années et j’espère sincèrement que ces séances seront utiles pour vous.

Il se rassoit ensuite et se racle la gorge.

— Alors non ; vous ne me dérangez absolument pas, loin de là. Je préfère vous avoir assis dans cette chaise qu’errant seul dans Tokyo, parce que ça veut dire que nous pouvons faire quelque chose pour que vous alliez mieux. J’en suis persuadé... Vous n'êtes plus tout seul, après tout.

Leone espère sincèrement que ses mots sauront rassurer son patient. Il n’a pas vraiment l’habitude qu’on le considère comme un professionnel déconnecté du ressenti de ses patients. S’il a choisi ce métier, en premier lieu, c’est parce qu’il a souffert de l’incompétence des thérapeutes de son époque, perdant au passage tout ce à quoi il tenait.

Son regard, posé dans le vide, se durcit un instant à cette pensée. Rapidement, le borgne ce reprend pour darder son orbe dorée sur son patient.

— Si je comprends bien, avant votre suicide, la mort vous a paru être une délivrance ? demande-t-il en cherchant le regard de son patient de son unique pupille. Comment cela se fait-il que vous portiez toujours un fardeau sur les épaules ?

Il marque une pause, adoucissant ses traits pour ne pas paraître trop intrusif.

— Qu’est-ce qu’il vous est arrivé, ici, pour que vous vous retrouviez dans une telle situation ? Qu’est-ce que vous cherchez à oublier, exactement ?

A aucun moment il ne prononce le moindre jugement sur l’aveu du jeune homme quant à la boisson. De toute façon, il serait mal placé pour donner des conseils, lui qui a tendance à noyer ses cauchemars dans le Limoncello.
ft. Kaori
Invité
Anonymous
Invité
évolution
#5
Terminé17.07.19 21:51
Peut-on mourir une seconde fois ?
Leone ∞ Kaori
Le bruit du paquet de mouchoirs sur le comptoir me fait redresser la tête. Je pensais qu'une simple larme avait coulé sur ma joue, mais le fait est qu'elle n'était pas seule. Mes joues sont humides, et je soupire avant de prendre un mouchoir pour les essuyer. Il m'explique alors que son métier est de m'aider, mais c'est certainement pas en trouvant une nouvelle mort. J'en suis presque encore plus triste, seulement je crois que je dois me faire à l'idée de cette vie éternelle que nous menons maintenant. C'est certainement pour ça aussi que je suis là. Soit il m'aidait et enfin je pouvais reposer en paix, soit il m'aide avec les mots, mais ça, ça prend beaucoup plus de temps.
La preuve est que, même lorsqu'il me dit que je ne suis pas seul, cela me serre un peu plus le cœur. Alors pourquoi je me sens aussi seul si je ne le suis pas ?.. Et voilà que je lui parle. Je lui parle de ma mort, de mon suicide. Je lui parle du fait que j'ai pleuré en découvrant le monde des morts, que je veux oublier, tout oublier pour pouvoir avoir un semblant de paix... Ca doit être si bon de ne plus savoir ce qui nous fait tant mal, et de ne voir que la beauté de ce monde dans sa plus pure innocence.
- Si je comprends bien, avant votre suicide, la mort vous a paru être une délivrance ?
Je n'ose toujours pas le regarder. Si je lui disais les choses droit dans les yeux, je sais que je serais incapable de me confier. Je préfère faire comme si je me parlais tout seul, ou à un journal intime. C'est plus facile...
Je me mordille la lèvre inférieure, me rappelant de cette sensation sur le toit, juste avant de sauter. Cette peur, mais aussi cette souffrance. Lorsque je me suis décidé, lorsque j'ai senti le vent caresser pour la dernière fois mon visage, je me souviens avoir souri.
Enfin, c'est bientôt fini, que j'avais pensé...
- C'était le seul moyen de leur échappé... A lui... A eux... A tous... Ils me haïssaient tellement... Je pensais être une bonne personne mais... je n'en suis plus si sûr...
- Comment cela se fait-il que vous portiez toujours un fardeau sur les épaules ?
Mes mains se mettent à trembler doucement et je m'accroche à mon pantalon que je serre fort pour tenter de me calmer. Je revois la haine dans son visage quand il m'hurlait dessus, je ressens les coups sur le ventre alors que son pied me frappait avec force, je ressens la peur de le voir dans le monde des morts là où je pensais vivre paisiblement. Je pose une main sur mon ventre, les sensations si vives encore. Si les bleus sur mon visage ont disparu, ceux de mon ventre sont plus gros et prennent plus de temps à partir. C'est douloureux... Mais je crois que je ne m'en soucie plus tellement. C'est la peur qui prend le dessus.
- Parce qu'il est ici maintenant...
- Qu’est-ce qu’il vous est arrivé, ici, pour que vous vous retrouviez dans une telle situation ? Qu’est-ce que vous cherchez à oublier, exactement ?
Je redresse la tête pour le regarder droit dans les yeux. Il veut savoir... C'est normal... S'il sait il comprendra... Mais il comprendra quoi ?.. Est-ce qu'il me crachera à la figure comme les autres l'ont fait ou sera-t-il ouvert d'esprit ? Est-ce que je serais une erreur pour lui, ou quelqu'un qui veut juste aimer, peu importe le sexe de la personne ? Je me pince les lèvres en continuant de le fixer, totalement silencieux. Les questions fusent dans ma tête, la peur de sa réaction... Mais c'est son métier après tout, non ? Il doit en entendre des bien plus malheureux que moi... Et puis je l'ai dit une fois, à Mamie Do ce que j'avais. Elle ne m'a pas jugé, elle m'a aidé au contraire.
- Je... Je veux tout oublier...
Je me mordille la lèvre inférieure, baissant de nouveau la tête... Je devrais lui dire non ? Je pourrais lui raconter ? Il comprendrait, il doit comprendre ?
- Quand... Quand j'étais en vie tout se passait bien, j'avais un bon métier, des amis... Mais il y a quelque chose que je ne comprenais pas en moi... Ce que j'aimais... Parce que je n'étais pas attiré par les personnes auxquelles j'aurais dû être attiré... Parce que je... je...
Me voilà à nouveau en train de me mordiller la lèvre inférieure... Je n'y arrive pas... Je dois lui dire pourtant, il doit comprendre... Je ferme les yeux, avec force comme pour oublier ce qui m'entoure, où je suis...
- Parce que j'aime les hommes...
Je serre les poings à nouveau et garde les yeux fermés. Je ne veux pas voir sa réaction... J'ai peur... Je me recroqueville même sur moi-même, prêt à recevoir un coup comme j'ai eu l'habitude dernièrement. Et s'il se mettait à me frapper, comme les autres le faisaient dans cet endroit clos... Il y a aucun témoin, le moment est parfait, il pourrait s'y donner à cœur joie. Et alors je saurais que je suis totalement perdu. Que même ici, c'est l'enfer qui m'attend parce que j'aime les personnes de mon propre sexe... et encore, aimer est un bien grand mot. Je ne suis jamais tombé amoureux, je n'ai jamais pu aimer quelqu'un et personne n'a pu m'aimer... Après tout, personne n'aime les lâches et les souffre douleur...
Code by Silver Lungs
Invité
Anonymous
Leone J. Chiaramonte
évolution
#6
Terminé18.07.19 23:09
burning pain.
Leone se rend bien compte que son patient évite son regard à dessin, mais il ne le force pas non plus à le regarder, scrutant pourtant les émotions qui se dessinent sur son visage, creusent ses traits au fur et à mesure que les mots s’écoulent entre ses lèvres. Il est important de parler, de donner des formes et une consistance à ce que l’on éprouve en son for intérieur.

Le borgne observe la nervosité s’emparer de son patient, le temps qu’il parvienne à rassembler ses mots pour confier ce qu’il a sur le cœur.

La mort a donc bien été un échappatoire - via d’uscita - pour le jeune homme. Mais plusieurs questions subsistent alors : qui sont « eux », qui est ce « lui », qui sont ces personnes qui ont manifesté assez de haine à l’égard de Kaori pour le pousser à en finir avec sa vie, et surtout : pourquoi ?

Un fragment de ses révélations frappe Leone. « Une bonne personne » ? Qu’est-ce que cela signifie, exactement ? Pourquoi cet impératif moral apparaît-il à ce moment précis ? Leone griffonne à la hâte quelques mots sur sa feuille, avant de relever le nez vers son patient, qui a visiblement besoin de toute son attention. Contrairement à ce que l’on peut croire, le corps ne laisse rien au hasard, ne réagit que rarement de manière irréfléchi. Il est le miroir de ce que l’on ressent au fond de nous.

Leurs regards se croisent et Leone soutien l’intensité de celui, azuré, de son patient. Il se passe un moment avant qu’il ne reprenne la parole, le Sicilien lui en laissant tout le temps, sans le forcer à se presser. Il sent bien qu’il a touché une corde sensible, ça se lit sur ses traits, dans ses yeux et même dans son attitude.

Sur sa feuille, il revient sur la notion d’oubli, le désir ardent que le jeune spectre manifeste à cet égard. Que faire, face à ça ? Le borgne sait qu’il doit encore creuser, comprendre la source du problème, pour ensuite tenter de travailler à le résoudre.

Il joue doucement avec son stylo-plume, entre ses doigts, attendant la suite, son unique œil toujours braqué sur son patient.

Patient qui met un moment avant de continuer, après un silence hésitant. Il rompt à nouveau le contact de leurs regards, comme pour s’échapper à l’emprise du psychologue, peut-être pour pouvoir se livrer sans avoir à affronter un quelconque jugement.

Le geste de Leone se suspens, toute son attention absolument dirigée vers le jeune homme. Les phrases se font plus confuses, plus douloureuses, mais il parvient à les extérioriser pour les offrir au psychologue, qui assemble au fur et à mesure les différentes pièces du vaste puzzle de la souffrance de son patient.

Jusqu’à la révélation finale. La plume du stylo de Leone s’arrête net sur le papier tandis qu’il relève le nez vers son interlocuteur.

Pardon ? Le Japon en est encore là, de nos jours ? Il cligne plusieurs fois des yeux, l’air perplexe, vraiment surpris de constater que la sexualité du jeune homme est à l’origine du problème. Il pousse un léger soupir. Quand est-ce que ce pays arrêtera son hypocrisie, sérieusement ?

Par contre… la situation met le Sicilien vraiment mal à l’aise. En expulsant son aveu hors de lui, Kaori s’est tout simplement recroquevillé sur lui-même, comme s’il devait absolument se protéger d’une pluie de coups ou quelque chose du genre. Cela ne plaît pas du tout à Leone. Pas. Du. Tout.

Il se lève, fait quelque pas jusqu’au jeune homme, pour passer une main dans son dos. On lui a souvent reproché son contact facile, mais s’il doit prouver qu’il est du côté du jeune spectre et qu’il n’est pas là pour le blesser, c’est bien le moment.

— Ce n’est pas grave ça, monsieur Hirano… Leone se penche légèrement vers lui, un sourire bienveillant s’étirant sur ses lippes. Je ne pensais pas que le Japon continuait à tolérer une telle discrimination, mais ici, vous êtes libre d’aimer qui vous voulez, peu importe son sexe. D’être aimé aussi.

Pause. Il rompt le contact pour retourner s’assoir.

— Vous savez, le mariage homosexuel est légal depuis l’Antiquité, ici, renchérie-t-il avec un sourire.

Ses traits retrouvent un air sérieux tandis qu’il joint ses doigts, les coudes solidement enfoncés dans les accoudoirs de son fauteuil.

— Vous avez mentionné une personne, auparavant, un « il ». Est-ce la raison de vos craintes ? Quelqu’un qui vous a harcelé dans votre vie et sur lequel vous êtes tombé ici aussi ?

Quelque chose lui dit que la véritable clef du problème est là. Que quelque part au royaume des morts, il existe une sorte d’ennemi naturel, voué à rendre l’éternité de Kaori plus difficile qu’elle ne l’est déjà.

— Parlez-moi de cette attirance, libérez-vous à ce sujet, l’encourage-t-il d’un ton doux.

Sa sexualité doit lui paraître être un poids incommensurable, pesant toujours sur sa poitrine, tandis qu’il devait avoir l’impression de ne jamais pouvoir s’en défaire. Autant que Leone fasse son travail et l’écoute se livrer sur cette question, sans filtre.

C’est l’une des étapes importante des premières séances, après tout. Quoique ça va finir par devenir une mode, de venir parler de son attirance dans son cabinet.
ft. Kaori
Invité
Anonymous
Invité
évolution
#7
Terminé21.07.19 22:53
Peut-on mourir une seconde fois ?
Leone ∞ Kaori
Je l'ai dit... Je l'ai dit à haute voix et maintenant je tremble de peur. Je lui ai avoué mon plus sombre secret et c'est le silence qui me répond. Je n'ose pas ouvrir les yeux, je reste prostré, attendant les coups que j'ai eus pour habitude de prendre. Je ne veux pas que ca recommence, mais il semble que même après ma mort je sois voué à subir pour ma sexualité... Pourtant, Jin aussi a couché avec un homme, il me l'a dit, et il vit si librement... Est-ce moi qui aie un problème ? Pourquoi peut-il vivre si librement tandis qu'on m'a haï...  qu'on me hait encore...
Je l'entends se lever et sens mes mains trembler légèrement. Quand sa main se pose sur mon dos, je me crispe automatiquement, un léger cri de peur m'échappant... Mais rien ne se passe, au contraire sa main est douce, elle est avenante comme a pu l'être celle de Rizzen quand je me suis jeté dans ses bras.  
-  Ce n’est pas grave ça, monsieur Hirano…
J'ouvre les yeux directement, choqué par ce qu'il vient de me dire. Ce... Ce n'est pas grave... Je vois le visage de mon psy se pencher vers moi avec un sourire qui se veut rassurant. Moi, je reste totalement immobile, les yeux grands ouverts et la bouche en o.
-  Je ne pensais pas que le Japon continuait à tolérer une telle discrimination, mais ici, vous êtes libre d’aimer qui vous voulez, peu importe son sexe. D’être aimé aussi.
Et voilà que je me mordille la lèvre inférieure, les larmes remontent et j'éclate littéralement en sanglots. Alors je peux dire que j'aime les hommes sans crainte... Je peux dire que je cherche l'amour sans qu'on me crache dessus et qu'on me frappe ? Est-ce réellement possible, sachant qu'il est ici maintenant ?
Même si je reste dubitatif, ces mots ont un certain pouvoir, libérateur.
Ce n'est pas grave
... vous êtes libre d'aimer qui vous voulez … d'être aimé aussi...
Est-ce que je le peux vraiment ? Je ne suis jamais tombé amoureux, il faut dire que j'étais encore en plein trouble lorsque je suis devenu le wangta de mon travail. Je pourrais alors trouver quelqu'un qui m'aime, qui m'aiderait à aller de l'avant et à me donner plus confiance en moi ? Est-ce réellement possible ?
Il se redresse et retourne s'asseoir en face de moi. Je récupère quelques mouchoirs alors que ma crise se calme un peu. Il aura fallu que je meurs pour entendre ce genre de mot.
- Vous savez, le mariage homosexuel est légal depuis l’Antiquité, ici
Vraiment ? Pourquoi le monde des vivants ne prend pas exemple sur ce monde... C'est impossible, certainement, mais pourquoi cette ouverture d'esprit une fois mort,et pas avant...
- Vous... Vous voulez dire que... vous ne pensez pas que je suis un... un monstre contre nature ?.. Je... Je n'ose même pas le dire... Je me suis même inventé une petite amie pour être sûr que... que ca ne recommencerait pas... je baisse la tête, me mordillant de nouveau la lèvre inférieure. Vous devez me trouver ridicule mais... j'ai tellement... tellement souffert que... Enfin, vous savez ce qui est arrivé...
Normal, vu que je lui ai dit quelques minutes plus tôt. Il sait que j'ai été victime, il sait que je me suis suicidé. Et il sait maintenant pourquoi...
- Vous avez mentionné une personne, auparavant, un « il ». Est-ce la raison de vos craintes ? Quelqu’un qui vous a harcelé dans votre vie et sur lequel vous êtes tombé ici aussi ?
La peur revient, mon cœur s’accélère et j'ai l'impression que je vais vomir. Mais je me retiens.
- C'est lui qui a répandu la rumeur... C'est là que les gens ont commencé à m'éviter, à m'insulter... à me faire du mal... Il est ici et il dit que c'est de ma faute... Après mon suicide, les gens se seraient mis à parler pour dénoncer mon harcèlement... Bande d'hypocrites... Ils ont participé et ont voulu se racheter une conscience... La société a apparemment coulé, je n'ai pas plus de détails, ou s'il les a dit je n'ai pas vraiment entendu... Je ne l'ai vu qu'une seule fois ici mais il a été si... Si haineux et... violent...
Je porte une main sur mon ventre par automatisme, ressentant encore ses coups de pied contre mes côtes.
- C'est lui qui a cassé ma prothèse, et je n'ai pas les moyens de m'en racheter une alors, je suis en béquille maintenant. Il... m'a frappé, plus violemment que d'habitude... Peut-être que, parce que nous sommes morts, il ne craint plus vraiment de me tuer... Et il a dit qu'il allait pourrir mon existence... Depuis ce jour j'ose à peine sortir, j'ai l'impression de le voir partout... J'ai recommencé à faire des cauchemars, à boire... Je suis redevenu cet homme négatif et suicidaire, celui que j'étais à la fin de ma vie... Je hais cela, mais j'ai peur...
Je soupire en gardant la tête baissée. Comment relever la tête en disant ce genre de parole. Je suis vraiment pathétique.
- Parlez-moi de cette attirance, libérez-vous à ce sujet.
Je réfléchis un instant, me disant que je n'ai pas vraiment grand-chose à dire.
- J'ai eu des petites amies, mais ca n'a jamais rien donné... Je n'étais jamais excité avec elle et les voyait comme des amies, rien de plus... Je sentais que j'étais attiré par les hommes sans jamais aller vers eux... Un jour, il m'a fait venir dans son bureau et m'a embrassé... J'étais surpris mais... je me rappelle avoir gémi de désir... J'ai honte maintenant... Il s'est reculé et a éclaté de rire, un rire si froid, si haineux... Il a dit qu'il avait gagné son pari et qu'il savait que j'étais qu'un sale... pd... J'ai voulu rejeter cette attirance mais... Je n'ai pas pu... Je n'ai jamais aimé, je n'ai jamais été aimé, et j'ai embrassé qu'un seul homme dans ma vie, celui qui m'a mené au suicide... Il n'y a rien de plus à dire...
S'il s'attendait à des révélations, il doit être bien déçu. Je n'ai pas eu une vie passionnante mais plutôt bien rangé. Un garçon intelligent, populaire aussi dans mes années scolaires. Tout commençait bien avec ce boulot prestigieux.Mais le fait est que je n'ai fait que suivre une ligne et que, lorsque j'ai voulu dévier, cela s'est mal terminé. Peut-être qu'ici, je vais pouvoir suivre mon propre chemin, même s'il est sinueux...  
Code by Silver Lungs
Invité
Anonymous
Leone J. Chiaramonte
évolution
#8
Terminé24.07.19 3:17
burning pain.
Leone se fend d’une moue sincèrement préoccupée alors qu’il observe Kaori. Son regard passe du jeune homme à sa propre main. Le contact lui a arraché un cri terrifié, comme s’il s’attendait à ce que le psychologue se mette à le battre. Quand bien même il serait horrifié par l’homosexualité, sa profession lui interdit de se comporter comme ça. Existe-t-il des psys qui se permettent de violenter, psychologiquement ou physiquement, leurs patients ? Jamais Leone ne s’était posé la question auparavant.

Devant son air béat, comme complètement désemparé par la réponse qu’il lui a donné, le borgne affiche un air bienveillant. Rapidement, ses yeux se voilent pour finalement laisser éclater de gros sanglots, des larmes aussi parlantes que des mots, et tout aussi douloureuses.

« Monstre contre nature » ? Leone arque un sourcil interrogateur, croisant ses doigts sur son abdomen. Mais la Terre est toujours au même stade ? Alors que les grecs toléraient largement les relations entre hommes - la « citoyenne » n’étant bonne qu’à pondre des héritiers - tandis que même les Ottomans l’acceptaient, notamment chez les guerriers.

Devrait-il lui dire qu’il en pince lui-même pour un certain nécromancien ? Cette pensée le désempare un instant, mais il l’envoie voleter dans un coin de son esprit, utilisant toute sa force pour se afficher une mine sérieuse à cet instant précis.

Il pousse un soupir triste. Oui, il sait ce qui est arrivé. C’est la raison pour laquelle il s’est fait harceler au point de s’en suicider. Quelque chose qui ne devrait pas arriver de nos jours. Quelque chose qui n’a aucun sens.

— Je ne vous trouve absolument pas ridicule, d’un point de vue éthique, vous avez menti parce que votre survie en dépendait… j’imagine que c’est lorsque le masque est tombé que tout a commencé à aller mal.

A la mention de ce « il », les traits de Kaori se crispent instantanément. Avec attention, Leone l’observe et l’écoute, tout en gardant le silence. Expliquant les raisons de ses tourments, dessinant de ses paroles les contours de son démon, il confirme les doutes du psychologue.

C’est tout de même un type qui a eu le retour de bâton qu’il méritait, mais qui n’en a tiré aucune leçon. Avec ce genre d’individu, la fin de l’humanité semble assurée, à grand coup de connerie.

La main que son patient plaque d’un coup sur son abdomen, à la mention de la violence dont l’homme a fait preuve, informe Leone du reste. Sa prothèse ? Cette enflure est allé jusqu’à privé un handicapé de son seul moyen de marcher normalement ? Quel genre de monstre est-il ? Comment peut-il d’ailleurs se trouver au royaume des Morts, alors qu’il a visiblement pris son pied en humiliant Kaori - et certainement bien d’autres personnes - ? L’une des options les plus évidentes serait une enfance passée à avoir les mêmes penchants que son patient, avant qu’une rupture mentale ne le fasse sombrer. Mais cela n’excuse rien, surtout dans le cadre d’un harcèlement au travail.

Le vampire se mord la lèvre pour contenir sa colère. Au fond de ses yeux, cependant, brûle une ire incontrôlable.

Et puis le Japon, sérieusement, ce sont les premiers à imaginer les pires fantasmes que l’univers ait jamais connu, pourquoi se formaliser de l’amour de deux hommes ? C’est le genre de paradoxe qui échappe complètement au Sicilien, assumé dans ses mœurs depuis bientôt un siècle - même si rien au Japon n’égale les cabarets à thème du Paris des années 20.

Au fur et à mesure, le jeune spectre établit des connexions entre l’avant et l’après sa mort, clarifie les derniers points de doutes qui persistaient dans le schéma que trace Leone au travers des mots inscrits sur sa feuille. Les mots choisis par Kaori n’ont pas de filtre, il exprime librement sa peur et se penche avec toute sa douleur sur les moments de son existence qui l’ont fait souffrir.

— Il y a beaucoup à dire encore, monsieur Hirano, mais vous vous en rendrez compte au fur et à mesure, souffle-t-il doucement lorsque son patient achève sa confession. Sachez cependant que vous pouvez vous sentir libre d’aborder n’importe quel sujet avec moi, je n’ai pas à prononcer le moindre jugement à votre propos, soyez rassuré.

Et puis, il serait bien mal placé pour critiquer quoi que ce soit. S’il a été un jour un père de famille bien rangé et un mari aimant, il a abandonné - jamais complètement - cette image avec son arrive dans cet étrange au-delà.

Griffonnant encore quelques notes sur sa feuille, Leone se redresse pour fixer le jeune homme.

— Durant votre vie, vous ne vous êtes jamais confié à ce sujet, avec un ou une amie, quelqu’un qui vous était proche et cher ? N’avez-vous vraiment expérimenté que du rejet, sans jamais chercher quelqu’un à qui en parler ? Votre famille et vos proches, par exemple, parlez-moi d’eux.

Le borgne marque une pause, jouant entre ses doigts avec son stylo, avant de reprendre rapidement le fil de ses pensées.

— Avez-vous déjà éprouvé quoi que ce soit, désir, attirance ou amour, pour un homme ? A l’exception de votre… collègue, bien entendu.

Il faudrait vraiment tomber sur ce gars, d’ailleurs.

— Aussi, qu’est-ce que vous éprouvez face au rejet ? Mettez des mots sur vos émotions, comment le ressentez-vous, au fond ?

Il interrompt là ses questions, pour le moment, attendant que son patient lui réponde, attendant de déclencher chez lui de nouveaux questionnements, qui pourraient éventuellement le faire passer d’une phase d’auto-destruction et de dépression vers une acceptation dont il a bien besoin.

Et qu’il mérite.
ft. Kaori
Invité
Anonymous
Invité
évolution
#9
Terminé24.07.19 20:33
Peut-on mourir une seconde fois ?
Leone ∞ Kaori
- Je ne vous trouve absolument pas ridicule, d’un point de vue éthique, vous avez menti parce que votre survie en dépendait… j’imagine que c’est lorsque le masque est tombé que tout a commencé à aller mal.
Oui, effectivement, c'est lorsque les gens ont su que j'aimais les hommes qu'ils ont commencé à être violent avec moi. Pour certains, quand j'y repense, ils devaient suivre le mouvement pour ne pas être à ma place. Pour les autres, ils prenaient un malin plaisir à se délecter de ma souffrance. Mais celui qui prenait le plus de plaisir était ce chef qui avait mis à jour ma sexualité aux yeux de tous. Je lui parle de la violence de nos « retrouvailles », ressentant toujours les coups. Et sa haine alors qu'il m'hurle dessus. Personne n'est venu m'aider encore une fois, au contraire. Il a fait fuir tout le monde dans le parc, et c'est à ce moment que j'ai souhaité mourir à nouveau.
Je lui parle de la société, du silence des gens qui ont finalement commencé à parler après mon suicide. Je lui parle de leurs hypocrisies et du fait que je sois redevenu cet homme que je hais tant. Je lui parle même de ma sexualité, bien que celle-ci semble inexistante. Il n'y a rien à dire si ce n'est que je suis attiré par les hommes mais que je n'ai rien fait, mis à part tenter de repousser le diable... Parce que plus ils me le disaient, plus je me sentais monstrueux.
- Il y a beaucoup à dire encore, monsieur Hirano, mais vous vous en rendrez compte au fur et à mesure. Sachez cependant que vous pouvez vous sentir libre d’aborder n’importe quel sujet avec moi, je n’ai pas à prononcer le moindre jugement à votre propos, soyez rassuré.
Au fur et à mesure... C'est vrai vu que nous n'en sommes qu'à la première séance, mais je vais revenir... je dois revenir. Quand Rizzen m'a proposé le nom de ce psy, j'avais peur. Mais quelqu'un qui me voulait du bien me l'avait recommandé alors, ça ne pouvait être qu'une bonne chose. Il faudra que je le remercie lorsque je l'inviterais pour boire un verre. Parce que cet homme en face de moi me redonne espoir, il ne semble vraiment pas me juger, et au contraire, m'encourage à faire sortir ce que je garde au plus profond de moi. Je me sens plus léger, même si la peur est toujours là. Tant qu'il sera là, comment je pourrais vivre sereinement ?
- Durant votre vie, vous ne vous êtes jamais confié à ce sujet, avec un ou une amie, quelqu’un qui vous était proche et cher ? N’avez-vous vraiment expérimenté que du rejet, sans jamais chercher quelqu’un à qui en parler ? Votre famille et vos proches, par exemple, parlez-moi d’eux.
Je me mordille la lèvre inférieure, un peu moins nerveux qu'au début de notre entretien.
- J'avais des amis et je travaillais avec beaucoup d'entre eux... Pour les autres, je ne leur disais rien... J'avais trop peur qu'ils agissent de la même façon. Alors je gardais tout pour moi... Je leur disais que tout allait bien... Ils voyaient bien que je perdais du poids mais comme je faisais tout pour ne rien laisser paraître, ils n'ont pas cherché plus loin. J'ai fait la même chose avec mes parents... Ils ont eu une vie difficile... Je suis né sans ma jambe et ils ont travaillé durs pour pouvoir m'offrir le meilleur... Je ne voulais pas les décevoir... Mais je pense que je les ai déçu en abandonnant... Ils me manquent...
C'est la première fois que je parle d'eux dans cet au-delà. Oui, ils me manquent terriblement, et je n'ose imaginer la tristesse qu'ils ont dû ressentir lorsqu'ils ont appris la nouvelle... Et pour la première fois aussi, je me sens égoïste... Je voulais mourir, j'ai souri juste avant le choc, j'ai pleuré en me croyant encore en vie... Je n'ai pensé qu'à moi pendant tout ce temps.
Mes pauvres parents...
- Avez-vous déjà éprouvé quoi que ce soit, désir, attirance ou amour, pour un homme ? A l’exception de votre… collègue, bien entendu.
C'est un sujet délicat, que j'ai toujours éloigné de moi. Je reste un instant silencieux, réfléchissant sérieusement à sa question.
- Je... Il m'est déjà arrivé de... de ressentir du désir dans les vestiaires des garçons... C'est là que j'ai commencé à me poser des questions... J'ai été attiré par des hommes... même ici mais... Je n'ai jamais rien tenté... Je n'ai jamais aimé non plus... C'est un sentiment bien compliqué qui demande du temps... Je n'ai pas eu ce temps.
- Aussi, qu’est-ce que vous éprouvez face au rejet ? Mettez des mots sur vos émotions, comment le ressentez-vous, au fond ?
- Je ressens de la tristesse... Je n'ai rien demandé aux autres et ils m'ont rejeté alors que le jour d'avant on allait boire un verre ensemble... Je ressens de la jalousie, envers ses hommes qui peuvent sortir ensemble sans aucune violence ou peur...  Je ressens de la souffrance... Je ne pense pas être une mauvaise personne, j'ai toujours tout fait pour être gentil et rendre ma famille fière... J'ai ressenti l'incompréhension... Pourquoi je n'avais pas le droit d'aimer qui je voulais... Pourquoi on me faisait tant de mal ? Pourquoi on me rejetait ?.. Je veux juste qu'on me laisse tranquille... Je veux juste comprendre ce qui m'arrive... Je veux juste rencontrer quelqu'un qui m'accepterait tel que je suis, sans jugement ou haine... J'aimerais savoir ce que ca fait d'être aimé...
Je ne le regarde plus dans les yeux, rougissant de cet aveu. Oui j'aimerais rencontrer l'amour, aussi niais cela puisse-t-il être. J'aimerais rencontrer quelqu'un pour qui je serais important, qui aimerait passer du temps avec moi et qui m'aimerait pour ce que je suis. J'aimerais aussi tomber amoureux. Rencontrer cette personne qui rend la vie plus agréable, qui bouleverse non seulement notre quotidien, mais aussi nos sens, nos émotions...
J'aimerais cette chose que tant de monde semble avoir, mais que je n'ai pourtant jamais connu.
Code by Silver Lungs
Invité
Anonymous
Leone J. Chiaramonte
évolution
#10
Terminé02.08.19 10:41
burning pain.
De sa seule orbite valide, Leone scrute son jeune patient désireux de l’entendre parler de son expérience, des tourments qui le hantent depuis si longtemps et qui l’ont poussé à la dernière des extrémités. Evidemment, il doute que la vérité ait un jour franchi les lèvres de Kaori, de son vivant du moins, au vu de la difficulté avec laquelle il est parvenu à faire part de sa sexualité à un psychologue, mais la question est nécessaire, puisque les séances vont d’abord servir à recréer l’univers dans lequel le jeune spectre a évolué.

Face à la question du psychologue, il se mord d’abord nerveusement une lèvre, sans attendre bien longtemps avant d’y répondre. La peur de décevoir s’ajoute donc à la peur de dégoûter, intrinsèquement liée à toute cette fichue société basée sur les apparences qu’est celle Japonaise. Parfois, il lui vient à l’esprit de penser qu’Ikura n’a pas complètement tort, lorsqu’elle aborde les maux de la société, quoi que les méthodes qu’elle imagine pour y mettre fin soient quelques peu… drastiques.

Le borgne jette sur le papier de nouvelles informations. Le refoulement dont il a fait preuve, la peur qui a dû lui tordre les entrailles, tout cela trouve sa place sous sa plume ancienne, vient former les contours du portrait qu’il établit petit à petit, comme un peintre esquisserait les premières ébauches d’un tableau.

— Je vois… murmure le Sicilien face aux nouveaux aveux de son patient.

Donc toute cette peur lui a couru après très tôt, tandis que ses parents, l’école et la société en général devait lui faire comprendre qu’il était dans l’erreur - une erreur - parce que ce n’était pas normal d’éprouver de l’attirance pour le même sexe. Le regard de Leone se voile de tristesse tant il se sentirait désolé pour le jeune homme.

Après tout, il est l’avatar même de la débauche, ne s’étant jamais posé de question quant au sexe de ses partenaires une fois son mariage rompu, trouvant le réconfort à ses propres cauchemars au creux des premiers bras qu’il trouvait, parfois même en échange d’argent. En cela, il a du mal à comprendre comment, un siècle plus tard, le Japon peut encore prétendre être un pays moderne.

Quand arrêteront-ils d’étrangler leur propre peuple, avec leurs règles stupides ? Combien d’autres Kaori devront encore mourir pour que ce système de façade change enfin ? Leone n’en a aucune idée, sa vision utopique de l’humanité s’étant envolée avec tous ses espoirs de jeunesse, dans les tranchées.

Se détachant de ses pensées parasites, il se plonge avec sérieux sur sa feuille, inscrivant des mots saisis au vol, ceux qu’il juge digne d’intérêt pour aider sa mémoire à se rappeler de leur échange et ceux qui seront nécessaire à la bonne conduite de cette thérapie.

Tristesse, jalousie, souffrance, toutes ces émotions se sont longtemps entremêlées à l’intérieur du jeune spectre, perturbant l’expression de son véritable soi. Le tout étant saupoudré d’une incompréhension parfaitement légitime. Incompréhension envers soi, mais aussi et surtout envers les autres.

A l’écoute de la dernière phrase du jeune homme, comme laissée en suspens à la manière d’un aveu honteux, Leone sourit en relevant le nez de son carnet.

Déjà, dans les mots de Kaori, il peut noter un progrès. Il est passé d’une haine envers lui et les autres à l’affirmation de sa volonté d’avoir une relation romantique, ce qui signifie que quelque part, il considère qu’il en est digne, même s’il n’en a peut-être pas conscience.

— Oui, c’est tout naturel, répond simplement Leone en jouant avec son stylo. Mais peu de gens finissent par trouver le véritable amour, de nos jours.

Qui ne souhaite pas être aimé, parmi le commun des mortels comme des morts ? Surtout au Japon. Sait-il seulement que son cas fait partie des plus rares, alors que certains ne se gênent pas pour payer contre l’amour éphémère d’une nuit, dans les bras d’un homme, pour se libérer des chaines de cette société hypocrite ?

— Je suis incapable de répondre à vos questions. Je pourrais accuser la société, les esprits étriqués qui vous vous ont tourné le dos au moment où vous aviez le plus besoin d’eux, mais la vérité est bien plus profonde et je crois que le Japon a encore de grandes choses à changer, dans ses mœurs et son système…

Ses doigts viennent s’enfoncer dans sa crinière de jais, ébouriffant légèrement sa tignasse.

Rouvrant son œil, il vient le planter sur le visage de Kaori.

— Maintenant, je voudrais savoir ce qu’il en est de votre vie après la mort, monsieur Hirano. Vous avez exprimé l’envie d’aller de l’avant, vers l’amour, et c’est très bien, mais pour le moment, qu’est-ce que vous faites de votre mort ? Je veux dire : est-ce que votre comportement a changé depuis votre décès, est-ce que vous affirmez votre véritable vous, ou est-ce que vous demeurez dans le schéma de peur qui a marqué la fin de votre vie ? Parlez-moi de votre état actuel.

Le psychologue a déjà son idée sur la question, d’autant plus que le démon de ses cauchemars l’a rejoint dans l’au-delà, mais il a besoin d’entendre son patient s’exprimer de lui-même à ce sujet.
ft. Kaori
Contenu sponsorisé
évolution
Page 1 sur 2 1, 2