Je n'y arrive plus.
Je suis revenu au même stade d'avant ma mort, c'est pire que tout. Je dors à peine, je mange à peine, je bois beaucoup, mais pas de l'eau. Évidemment je bois beaucoup d'alcool pour tenter d'oublier. Oublier ne serait-ce que quelques minutes. J'ai même appris qu'il y avait des potions d'amnésie mais je n'ai jamais trouvé personne pour me les vendre. C'est dommage, et bien à la fois. Je crois que je ne pourrais pas m'en passer, si bien que cela deviendrait une drogue pour moi.
Mes pensées sombres sont de nouveaux présentent, plus fortes que jamais. Et ce qui me rend encore plus malheureux, c'est que cette fois je ne peux rien faire pour en finir. En arrivant dans cette nouvelle vie, on m'a dit que je devais m'amuser, et j'y ai cru. J'ai recommencé à prendre goût à la vie, j'ai recommencé à dessiner par plaisir, j'ai recommencé à rencontrer des gens qui me respectaient. C'était si bon de pouvoir sortir, admirer les fleurs, respirer l'air étonnement frais. C'était si bon de retrouver une vie paisible et heureuse, une vie faite de rire et d'émerveillement comme lors de cette anniversaire surprise, faite de spontanéité et d'émotion comme avec Rizzen, ce sportif si fort. Ou encore ces moments intenses comme avec Tsukuyomi-sama, où je me suis rendu compte que certaines personnes me ressemblaient plus que je ne le pensais.
Et puis |i]il[/i] est arrivé. Et puis
il est mort pour je ne sais quelle raison.
Ah si, c'est de ta faute Kaori.Il m'a dit que suite à mon suicide, les gens avaient commencé à parler de mon mauvais traitement.
Bande d'hypocritesAprès mon suicide, les gens ont commencé à dénoncer la violence au sein du travail qui m'a mené à la mort.
Pourtant vous y avez participé vous aussi...Suite à ma mort, mon chef aurait tout perdu, les actions en bourse auraient chuté.. Comme si cela m'intéressait dans le fond...
Mon visage est beaucoup moins marqué aujourd'hui, les bleus disparaissent au fur et à mesure et c'est tant mieux. Mais mon cœur lui est gravement malade. Ma tête est gravement malade.
Je n'y arrive plus.
Lorsque je ferme les yeux, c'est son visage que je vois en train de me frapper, de m'insulter. Toute cette haine dans son regard, comment l'oublier. Je n'ai jamais vu quelqu'un me haïr autant et c'était horrible à voir. Je ne pensais pas que cela était possible, et pourtant il voulait me tuer.
Si seulement il pouvait.Je ne lui en voudrais même pas. Je voudrais en finir avec cette seconde vie... Déjà.
Cependant, le barman a fini par me conseiller d'aller voir quelqu'un. C'est sûr que de voir quelqu'un venir aussi souvent que moi, en train de boire et pleurer sans arrêt, ça a de quoi alerter. Je n'ai jamais voulu voir quelqu'un, de peur qu'il se moque de moi comme a pu le faire la police lorsque je parlais de mes agressions. Je ne l'aurais pas supporté, encore appeler à l'aide pour n'avoir aucune réponse. Mais peut-être que je devrais cette fois. Vu que je n'ai pas d’échappatoire, je devrais peut-être essayer. Je ne suis pas obligé de lui dire que j'aime les hommes... Je n'en sais rien.
Alors me voilà, dans la salle d'attente d'un homme qu'on m'a recommandé. Je n'ai pas envie de parler, et pourtant je sens que je n'en peux plus. J'ai besoin d'aide parce que je ne vais jamais m'en sortir comme ça...
La porte finit par s'ouvrir et je me redresse comme je peux. Je prends mes béquilles et avance dans la salle comme il me le demande. Je m'installe sur le siège indiqué et je regarde partout autour de moi. Une salle plutôt neutre, certainement pour ne montrer aucun jugement. Il s'installe à son tour et je sais que c'est à moi de parler, mais je ne sais pas vraiment quoi dire...
Comment je vais ? Quelle question...
- J'en suis arrivé à un stade où une seule question ne cesse de tourner dans ma tête... Est-ce qu'il y a vraiment aucun moyen de mourir une seconde fois ?..Oui, j'en suis là, et cela montre certainement à quel point je suis désespéré, fatigué, épuisé, dégoûté, à bout... Si cela ne répond pas à sa question franchement, c'est qu'il est mauvais finalement.
Je suis un suicidaire, dans le monde des vivants comme dans ce monde. En fait je n'ai plus goût en rien, tout ce qui gît en moi et une frayeur profonde, impossible de m'en défaire.
Je soupire en baissant la tête, les lèvres tremblantes alors que les larmes me montent déjà aux yeux. Non, je ne voulais pas pleurer, je pensais l'avoir fait suffisamment, mais il faut croire que c'est impossible pour moi de m'arrêter maintenant... Peut-être que lui pourra me donner des potions d'amnésies, ça serait si doux... Si apaisant même...
Oui... J'aimerais être apaisé... Toujours...
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