Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

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dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

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Yvan, son ex-compagnonpour Abraham Zakarian

起死回生

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#1
TerminéMer 17 Mai 2017 - 3:18








A l’inverse du mouvement des autres rues, celle-ci se vidait lorsque les rayons du soleil l’atteignaient et s’encombrait à la tombée nocturne. Des corps de tout âge venant chercher querelles, sexualités, drogues, alcools, rire et se découvraient le temps d’une ivresse passagère. Telle l’averse venant de s’arrêter. Dealers, putes et toxicomanes se mélangeaient à l’ombre des mangemorts et groupes de jeunes gens venus se distraire. Ses acteurs naissaient quand les lumières disparaissaient. L’acte allait bientôt commencer. Effluves de parfums et de nourriture de fast-food en prime.

Ce ne fut que lorsque chacun fut à sa place que la silhouette à la chevelure trop blonde s’engouffra hors d’une fenêtre brisée d’un bâtiment depuis longtemps abandonné. Sous un haut de pyjama déchiré des marques de blessures. Une peau d’ivoire, si blanche, que le mot d’albâtre lui allait comme un gant. Un regard en direction de la ruelle. Il ne s’aventura pas très loin.  Ses pieds nus sont plus silencieux que la lune le veillant.

Cette forme fantomatique se rendit rapidement en direction de la ruelle la plus proche. Fébrilement, il cherche dans ce qui semble être une veste d’infirmier, un peu d’ossements. Il les tend, apyrétique et tremblant. D’un geste de la main, le vendeur de came lui fait signe d’aller plus loin à ce client fauché. Même pas pour quelques ossements, il fera crédit !
La forme tremble, tire sur ses manches, fixe les quelques ossements qui lui reste. Il sent la peur l’étouffer. Il hésite, puis d’une voix faiblarde, il murmure : « Pitié. » L’autre le jette à terre dans un rire féroce, risquer de montrer de la faiblesse, c'était mauvais pour le business.

La forme blanchâtre au surnom de fruit maudit se redresse paumes et coudes écorchés. Il se dirige vers un autre homme, une autre femme, d’autres vendeurs de faux espoirs. Des refus de crédit. Encore et toujours. 

C’est avec un soupir de soulagement qu’il s’agenouille devant l’un, moins regardant que les autres. Dans un zip des plus pathétiques, il refuse de clore les yeux. Il refuse de penser. Il doit juste satisfaire. Pas simplement un peu. Pas simplement vite. Assez pour que l’autre veuille recommander, recommencer et qu’il puisse ainsi payer sans avoir rien à dépenser.

D’un revers de manche, il a glissé son bras sur ses lèvres, le cœur cognant dans sa poitrine. Aucune émotion, la fièvre est toujours bien présente. Dans la poche, le précieux trésor ! La maladie le fait tousser – il faudrait demander à Eden de le soigner – ne pas penser au patron. Ne pas penser à son regard de déception s’il le voyait ici. Il ne se souvient plus quand il est tombé malade. Il ne souvient plus pourquoi. Il ne se souvient plus comment il est arrivé à l’infirmerie. Il se souvient simplement s’être sauvé. Et être là. Depuis combien de temps ? Les yeux vitreux se perdent dans le vide. 

Des personnes passent près de lui, des personnes qu’il connait. Elles ne le voient pas. Comment le reconnaître sous des frusques de paumés et son allure alternée ? Fébrilement, il attrape une barquette de frites que lui tend un vendeur compatissant. Le vendeur a entre les mains un article imprimé qui lui sert à emprisonné les aliments. 

La forme s’éloigne, sans un merci à l’égard du brave homme. Il pose la barquette de frites, déplie du bout des doigts l’article. Il connaissait la rumeur. Il l’avait entendu. La lire était pire. Alex et Shirley. Ce n’était pas grave. C’était mieux comme ça. Il enfuit le papier dans sa poche. Brutalement, il ferme les yeux. Il ferme les paupières. Ses yeux le brûlent. Le corps brûlant de Maxence lui revenant en mémoire. Il l'a bafoué. Sans le moindre procès. Il l'a humilié. La violence de l'autre. Aurait-il du se donner ? Aurait-il du céder ? Des fins sillons ensanglantés s'écoulent du bras où les ongles se sont plantés.

Après s’être assuré que personne ne le suivait, il s’engouffre dans le sanctuaire. Il évite l’étage où il pourrait croiser l’homme à la peau noire et se dirige vers un lieu plus isolé encore. Avec fatigue, il pousse une porte qu’il a oublié de refermer correctement et la claque derrière lui.

S’asseyant lourdement sur le matelas, l’impatience de la souffrance est bien trop importante. Il lui faut se reprendre plusieurs fois avant de parvenir à préparer sa décoction. Quand enfin le fer entre dans sa chair, ses lèvres s’entrouvrent du plaisir éphémère. Il se roule, il se tourne, il se replie sur lui-même. La fièvre ne peut pas descendre, mais la fraîcheur de la nuit le préserve de l’horreur.

Avec effroi, plusieurs fois, ses yeux s'ouvrent grands ouverts. Il sent les lèvres, la violence, les poings. Il sent la peur, l'envie, l'amour. Il sent le vide, surtout. Ce vide qu'il désirait plus que tout, autrefois et qui le détruisait maintenant qu'il était là. Trop de sentiments, de gens, trop de tourments. Pourquoi souffrez-vous si fort ? Pourquoi aimez-vous si fort ? Pourquoi faut-il qu'il est si mal ? Le vide était peut-être mieux. Cette vie était peut-être. Un poids, étranger, lui comprime la poitrine. Sa respiration se fait halétante, il a mal. Il se sent si mal. Sa main tatonne sur le coté, attrape l'aiguille déjà utilisée, et s'appuyant sur le coté, il se l'enfonce ne prenant pas la peine de la retirer avant de sombrer.


Aussi feignant soit-il, le soleil ne tarde pas à se lever, venant chatouiller les cheveux blonds de cette forme qui n’est ni un homme, ni une femme, tentant de le réveiller. Il lui faudra atteindre son point culminant pour parvenir à simplement lui faire ouvrir les paupières. Une main vient se glisser sur son front, il joue avec ses doigts et les rayons. Ses pouvoirs ont disparu, il se sent mal. Il se retourne, il se détourne. Il est malade et il le sait. Il doit se soigner. Seulement, pas maintenant. Pas encore. C’est mieux ainsi.

Il se redresse, à l’heure où des enfants vont gouter, voit une barquette de frites froides et en mastique, avec difficulté, quelques-unes. Chaque bouchée l’écœure et avaler est un calvaire.  Il a soif. Il se redresse. Va jusqu’à la salle de bain, tourne un robinet qui crache de la rouille avant de laisser apparaître une eau, légèrement orangée. Cela lui irait bien, tout comme le reste. Il se glisse dans la baignoire et laisse l’eau tomber, froide. Il la sent contre lui. Il se sent mieux. Il s’endort ainsi. Son briquet brûle le dos d'une cuillère, des petits cloques du produit précieux le font dodeliner de la tête. Il sait qu'ainsi, il perd du produit, mais il aime les voir. 

C’est en manquant de se noyer, qu’il se retrouve éveillé. Se redressant, totalement trempé, il se rend dans le couloir. Et alors qu’il ne fait que quelques pas, son estomac lui rappelle que ça ne va pas. Vomissant ses tripes, marquant le sol de cet immeuble déjà peu recommandable, il s’aventure dans un autre appartement. Il n’a rien de mieux  à faire en attendant la nuit tombée. Il ne compte pas sortir en pleine journée. Il récupère quelques objets, il choisi comment se loger. A ce rythme là, il va crever : il doit tenter de se sauver. 

Quelques jours sont passés. La fièvre est toujours là. Le corps a repris de l’aplomb. Il se force à demeurer debout. Il n’est pas faible ! Il ne l’est pas. Le voilà. Il est si pâle que peu de gens pourront rivaliser. Il porte une chemise noire, dont il manque des boutons, mais qui a le mérite d’être presque propre. Il porte un vieux jean, bien trop grand, et a depuis longtemps oublié ses sous-vêtements. Il est en homme. Aussi. Il le peut, aujourd’hui. Anorexique dans son comportement, il a du mal à ingérer des aliments. Chaque bouchée forcée lui provoque de vives nausées. 

Les quelques ossements suffissent à se fournir en drogues – et puis il a un moyen de payement facilité avec ce type-là – et à acheter une potion d’homme. Peu importait désormais de dissimuler sa blondeur, ses yeux verts, les marques ou les blessures. Les efforts qu'autrefois il faisait, il semble les avoir abandonner. 

Dans la ruelle occupée par le junkie qu’il a sucé, le gentil vendeur de frites et le crétin qui lui a refusé sa commande pour quelques ossements, il s’adosse.  Il discute avec le vendeur. Il fixe devant lui, roulant des cigarettes. Ils ne tardent pas à venir, aussi précis et réguliers que la trotteuse de l'horloge de mémé. Les clients, les débiles le regardant. Lui dont aucune expression n'anime le visage, jolie poupée de cire peu sage, il les scrute, il les fixe. Il se laisse déshabiller du regard, offrant des souffles de fumée - d'une cigarette offerte - les incitant à venir lui parler. Homme ou femme, il peut les sucer. Il peut les amuser. Il peut les caresser. Mais, jamais le gagner. Le bout de ses doigts caressent sa peau visible. Monte et remonte. Il se frôle, il se touche, il se montre. Pom revient vers le vendeur, cet homme à l’allure ventripotente, qui lui a préparé une portion de frites et une soupe déshydratée. Le nécromancien sans pouvoir n’a pas assez, pour le payer. Il s’agenouille et l’homme le repousse, lui relevant la tête. « Ne fais pas ça. Tu n’as pas à le faire. »

Le fixant avec curiosité, Pom le regarde continuer à préparer ses plats qui n’ont rien de fameux. L’homme sourit, en le voyant lire l’article spécial couple, puis les différentes rumeurs. Le vendeur se demande qui peut bien écrire tout ça. « Je ne sais pas. »  Pour lui être sympathique, il se force à avaler une nouvelle frite. S'absentant des minutes plus tard, pour vider son estomac sur le trottoir. 

A la menace du jour, il disparaît. S'enferme, se cache, les doigts colorés. Il a commencé à peindre, à dessiner. Les couleurs qu'il ne peut plus voir, il a besoin de les apercevoir. 

Des jours encore. Un nouvel acte s’ouvrant. C'est le cycle de la mort. Ses cheveux sont attachés en une queue de cheval tout en hauteur. Il n'a plus mal au coeur, il ne reste que le néant. Il porte un tee-shirt noir, propre et cette blouse d’infirmier. La nuit est tombée et il salue, à la main une cigarette d'un paquet acheté, le vendeur de frites qui a embauché une jolie employée – elle au moins, il a pu le sauver.

Il s’éloigne, pieds toujours aussi nus, pour faire la bise au dealer qu’il a si souvent gouté. Des pieds qui sont marqués de blessures à défaut d'y mettre des chaussures. L’homme lui pointe du doigt un couple un peu plus loin, murmurant à son oreille. Il fait signe que non, dans quelques minutes, il lui rendra l'appareil. Même dans la rue, on peut progresser dans la hiérarchie. Il ne lui faut pas longtemps pour les rejoindre et prendre l’un puis l’autre, de ses doigts devenus trop experts pour son propre bien.  Sous le porche d'un commerce fermé, il les entend le supplier. Soudainement, il entend une voix. Celle d’Eden, semble-t-il, alors qu'il le voit.

Il a tôt fait de disparaître, derrière des bennes, abandonnant dans la frustration le simili couple. Le patron parle à des personnes, une photographie d’un jeune homme aux cheveux rouges entre les doigts. Soudainement, une voix. Redressant la tête, Oanell – puisqu’ainsi il se fait nommer - voit celle qui est son amie. Viviane lui demande poliment s’il a vu le jeune sur la photo. La voix raisonne dans son cerveau.

Pom se regarde. Il cligne des yeux, grattant nerveusement sur son bras les marques et les bleus. Elle répète sa question. Il cligne encore des yeux. Il ne peut dire que non. Non, avouer il ne le peut. Elle ne le reconnait donc pas ? Pourtant elle l’avait déjà vu blond, comme autrefois ? Viviane s’impatiente, et il hoche négativement de la tête avec un rictus mauvais, avant de la repousser d’une main pour se diriger vers un pan d’ombre. AU loin, la voix d’Eden s’élève : ne t’éloigne pas. L’espoir : d’avoir été vu.

Il hésite, avant de voir Viviane se hâter. Evidemment, il n'a pas été repéré.

Et le jour s’est levé. Sur le matelas occupé, à côté de nombreuses barquettes de frites non terminées – et surement non commencées et de soupes déshydratées reposent produits et seringues ; des pots de peinture et une trentaine de jeux - puzzles, rubikube, échecs et petits personnages en plastique articulés. Au mur, des photographies et des articles auréolés de graisse. S’étirant tel un chat, la fièvre est légèrement passée mais ses pouvoirs ne sont pas revenus – ni les émotions avec. Il se sent définitivement en sécurité. Il s'est totalement enfermé. Le regard vide du jeune autiste frise entre le fou et l'artiste. Ses ongles grattent de la glaise, sculte une reminescence, transpire l'innocence dans cet ascèse.

Il est loin de la pureté pourtant.  Sle dioscene le voyait, il serait brûlé vivant sur l'autel de la genèse.

Dans l’appartement, il a choisi d’occuper la pièce la plus au fond. Il en peint chaque mur, le sol, et même le plafond. Il a mis des draps sur le matelas, une légère couverture. Est-ce là tout son futur ? Il se retourne pour prendre un roman à côté de lui. Il allume de la musique sur l’engin que le dealer lui a prêté. Son téléphone portable, toujours à au Bchobiti bar commence à lui manquer. Il aimerait juste se souvenir, mais n'est pas près à souffrir.

Doucement, dodelinant le visage vers la fenêtre brisée, il regarde un moineau s’envoler. Il tend les bras, mais cet oiseau-là ne vole-là. La nuit viendra, comme à chaque fois. Il se redresse, prend sa chemise noire qui terminait de sécher. L’enfile, attache les boutons encore en vie, enfile son jean et se dirige vers la sortie.

Il se rend à la table du vendeur de frites et de la jeune femme avec qui il discute un instant. Son visage est à peine moins blanc. Pas un sourire, pas un sentiment. Pas un rire, à peine un air condescendant. L’autre homme est repassé plusieurs fois, à la recherche du petit gars aux cheveux rouges, le sujet ne lui plaît pas. Le vendeur le fixe, un air de sous-entendu. Oanell hoche de la tête, les yeux effrayés et psychotiques.
Il les quitte, se rend vers le junkie. Ce dernier lui propose de nombreuses marchandises, plus rares les unes que les autres. Pom hausse des épaules et fait signe que non.

L’autre augmente son offre et Pom hésite. Puis, il fait signe que oui avant de rajouter, la main glissant dans le pantalon du maquereau : « Trouve-moi ce que je t'ai demandé mon beau. »  . Il ne tarde pas à rejoindre l’homme d’affaire dans la chambre du motel d’à côté. Il est devenu un produit recherché. Lui, et ses coups de fouets. La cigarette à ses lèvres, il peut prendre le temps de fumer. Puis, d’une voix autoritaire – le sourire n’est jamais réapparu sur ce visage-là – il ordonne à l’autre de s’agenouiller. D’une main experte, il le fait se plier avant de se mettre à le frapper. En suçant, il ne gagnait que quelques ossements, en dominant : son salaire devenait aberrant.

Oannel redescendra, deux heures plus tard. Sa soirée est terminée, il peut maintenant se rendre au bar mal fréquenté où il se mettra à boire, se droguer ou danser. Il offre sa tournée et gaspille son argent. Il ne veut garder que le minimum de ce qu’il a gagné en jouant les maîtres dominateurs. Il se fait horreur. Pas le moindre sentiment. Pas la moindre émotion. Les couleurs lui manquent. Ressentir lui manque. Qu’on le frappe, qu’on l’embrasse, qu’on lui parle ou l’ignore, il ne ressentait qu’à peine un soupir. Et pourtant, il fuit. Se dissimulant dans cette pièce colorée, où il termine de se piquer attendant la prochaine nuit. Au fond, n'est-ce pas ce qu'il voulait ?

Et le matin viendra,
Et le soir reviendra,
Et le matin sourira,
Dis-moi combien de temps tu tiendras ?

Le jour s’est levé, la nuit s’est levée, le jour s’est couché, la nuit s’est couchée, la trotteuse ne peut s'arrêter, 



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#2
TerminéVen 26 Mai 2017 - 10:46





L
es bas quartiers de Kabukicho me débectaient toujours autant. Rues sales et morbides. Immeubles délabrés. Squats en tout genre. Les prostituées côtoyaient les dealers qui faisaient souvent la paire, dans un monde qui ne leur avait rien offert de plus que le précédent. Dire que quelques rues plus loin, ces filles pourraient avoir une vie plus décente si un mac voulait bien les prendre dans son bordel sordide dédié à une certaine clienté, désirant un certain type de service. Et ce quartier était réputé pour sa beauté et grandement touristique dans le monde des vivants. Si ceux-ci voyaient l'envers du décor, sûrement qu'ils n'y pointeraient plus le bout de leur nez.

Maria m'accompagnait à pied dans un passage plutôt étroit, des hommes près d'un chariot de frites nous observant avec dédain et crainte. Ils savaient qui nous étions. Une partie de la zone était sous mon contrôle depuis un instant et les filles qui arpentaient le trottoir non loin sous ma protection. Ils savaient pertinemment que se mettre en travers de notre route leur causerait des problèmes, tout comme porter la main sur elle. Mais ce n'était pas là pour eux. Il n'avait aucun intérêt à mon égard. C'était un homme en particulier que je désirai voir. Enfin, un homme en apparence.

Eden avait déboulé sur mon territoire avec une telle furie dans le regard que cela m'avait marqué. Il s'était pointé toute canine dehors et l'air furieux en prétextant que j'avais fait disparaître son très cher Pom. Comme si je faisais disparaître des hommes de cet abruti sans lui en faire part. Surtout qu'à cet instant, je ne voyais pas du tout de qui il parlait. Quand il me rappelait la petite rousse au manège. Petite rousse qui avait disparu depuis un moment déjà. Et pour une fois je n'étais pas responsable d'un tel acte.

Mes pas résonnaient à peine sur le bitume sale et détrempé par la précédente averse, le ciel noir du soir surplombant nos têtes doucement. Après avoir jeté dehors cet imbécile de japonais de mon territoire, je demandai à mes filles de surveiller ses actions et de se mettre à la recherche de ce Pom. Cela leur prit quelques jours mais contrairement au vampire, elles réussirent à lui mettre la main dessus, dans un squat perdu au milieu des quartiers chauds. Seulement, chose qui m'avait quelque peu intrigué, il n'avait plus la même apparence que lors de notre premier rencontre. J'avais bien senti qu'il ne s'était pas montré sous son vrai jour mais cela m'étonnait qu'Eden ne l'ait pas déjà retrouvé. Surtout qu'il était passé dans ce quartier. Qu'avait-il donc fait de mal ou endurer pour se cacher de la sorte, même des personnes qui semblaient tenir à lui ? Encore une question qui piquait ma curiosité.

Le bâtiment se présentait devant nous, les rares passants se faisant tout petit en notre présence. Maria me lança un regard soucieux, ses perles grises ne me lâchant pas derrière ses petites lunettes rondes avant que je ne pénètre dans l'immeuble. L'équipe de recherches m'avait indiqué que l'ancien rouquin se cloîtrait dans une chambre à l'étage, tentait de se gaver seulement de frites et passait la moitié de son temps à vendre son corps pour quelques ossements ou dormir. L'une d'entre elles me fit également part de la présence de ce grand black, quelques jours plutôt, dont Efia devait s'occuper mais l'homme s'était volatilisé en laissant une partie de ses affaires derrière lui. Cette histoire-ci me plaisait guère, la petite chimère lui étant liée risquait d'avoir une sacrée surprise mais je ne pouvais plus rien y faire à présent. Le temps devait faire son affaire.

Sa peau était blafarde, semblable à celle d'un cadavre. Ses cheveux longs d'un blond si clair que l'on aurait pu croire que c'était les effets d'une potion qui les rendait ainsi. Son corps maigre reposait sur une sorte de couche, son dos se montrant à ceux qui malencontreusement entraient dans la pièce. Un peu partout traînait des barquettes de frites à moitié pleine, certaines n'étant sûrement plus comestibles depuis un moment déjà. Pauvre petite souris. Ce qui t'est arrivé t'a mis dans un bien bel état.

J'observai l'ensemble de la pièce pour trouver une chaise que je tirai afin de la placer non loin du jeune homme. Y déposant mon petit sac que j'avais pris avec moi, je me penchai ensuite vers lui pour constater davantage son état. Son front était brûlant, des perles de sueurs se formant sur sa peu bien trop pâle. Il était malade, depuis quelques jours déjà et de ce que je voyais, il ne se soignait pas convenablement. Quelle sorte de fierté le retenait autant pour qu'il s'enlise autant dans le gouffre où il s'était mis ? Les hommes étaient vraiment des créatures bien stupides.

Me redressant sur mes jambes, je retourna vers la chaise où je m'y assis une fois mon pantalon de cuir noir épousseté. Je me débarrassai de ma veste de la même matière, ne gardant que ma chemise bordeaux puis sortit mon paquet de John Player de mon sac ainsi que mon fume-cigarette et une potion que je déposai près du jeune homme endormi. Si on pouvait appeler cela un sommeil. Il tremblait davantage qu'une proie sur le point de se faire dévorer. J'aurai pu lui administrer la potion mais je me doutai que cela n'allait pas lui plaire. Mieux valait attendre qu'il sorte de son rêve agité et fasse ces choix de lui-même. Enfin, quant on sait que je laisse le choix aux gens.

Mais cela ne manquait plus d'arriver. D'un mouvement, Pom se détourna, un gémissement lui échappant. Il allait bientôt se réveiller. Un sourire s'étira sur mes lèvres, ma cigarette se consumant lentement au bout de ma longue tige.

- Bonsoir à toi mon garçon.



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#3
TerminéSam 27 Mai 2017 - 0:47








Les paupières s’ouvrirent brutalement, après un gémissement retenu, fixant ce plafond qu’il avait entièrement peint. Il demeura là, un instant, à fixer ce plafond, sentant cette présence à ses côtés, entendant cette putain de voix raisonner. Un peu de couleurs. Il devait rajouter des couleurs. Il y en a tellement. Tellement qu’il ne parvient plus à voir. Il veut les saisir. Est-ce que son pouvoir lui manque ? Il n’en sait rien. Il ne comprend pas ce vide en lui. Il s’est promis que si quelqu’un venait, il ne laisserait pas le sort décider. Que pour une fois, il ne jouerait pas son destin à pile ou face. Il s’est promis que si on venait le chercher, il essayerait. Essayerait de comprendre ce qu’il vit. Seulement, cette femme ? C’était ça la réponse du destin ?

La haine ? Elle était la haine. Elle était de ceux qui veulent rebâtir un monde sous des idéologies de supériorités. Les blancs, les femmes, les noirs, les ariens, le Gwanda, l’Allemagne, la France, les Etats-Unis, le Japon, les homosexuels, les chrétiens, les juifs, les musulmans. Chaque communauté essayait de faire croire que l’air était plus pur de son côté. C’était le même ! Le même oxygène ! Dans ce quartier de damnés ou sur le toit de l’agence.  La pièce s’emplissait d’une odeur de tabac et il l’ignora. Il ne voulait pas lui parler. Elle l’obligerait. Il le comprenait. Elle ne lui laisserait pas le temps de partir. Maudite vieille femme ! Que lui voulait-elle ? Son pouvoir. Comme tous les autres. Le cul ou le pouvoir, c’est bien ce qui fait tourner le monde.

Il bondit sur ses deux pieds, trop rapidement, retombant sur ses jambes nues et son regard se reposa sur la vieille peau. Il la haïssait. De tout son âme, à cet instant précis, alors que ses ongles noircis se refermèrent sur le drap de son matelas. Elle n’avait pas le droit d’être ici ! Elle n’avait PAS LE DROIT. Comment l’avait-elle trouvé ? Comment osait-elle venir le troubler dans son sanctuaire. Le sien ! Il n’était à personne. Elle ne l’avait pas demandé. Il ne l’avait pas invité !

Soudainement, il réalisa la potion posée à côté de lui. Du bout des doigts, il s’en saisit, la fixa. Il l’observa, comme découvrant pour la première fois, leur existence. Evidemment que non, il était pourtant fasciné. Elle le savait malade ? L’avait-elle espionné ? Tel un vautour attendant de se nourrir de sa chair ? Ses doigts se refermèrent plus solidement sur la potion, et il la balança d’un geste brutal de la main, en direction de la bonne femme, contre le mur, dans un éclat de verres sonores. Si c’était Eden qui lui envoyait cette vieille conne, il pouvait aller se faire foutre. Si elle venait de son propre chef, elle lui accordait trop d’importance. Il n’en valait clairement pas la peine.

Il se redressa à peine, juste de quoi tendre la main pour attraper des tissus et enfiler un jean et une chemise trop large. Il n’allait pas rester à moitié nu devant elle. Il n’allait tout simplement pas rester là.  Comment était le ciel ? Est-ce qu’il faisait encore jour. Oui, définitivement oui. Les rayons du soleil, laissant apparaitre des milliers de grains de poussière diamantés et une fumée opaque indiquaient cet état de fait. Finalement, il devait faire nuit et les rayons n’étaient que le reflet des réverbères. Il grogna, son regard fixant les seringues proches de lui. Franchement, du bout de ses doigts fins, il attrapa l’emballage d’une seringue vierge, l’arrachant à l’aide des dents, avant de la poser à côté de lui. Du coin de l’œil, il observa la femme, remontant une mèche blonde derrière sa nuque, pour la voir. Il réalisa dans ce geste que ses cheveux étaient bien trop longs. Son corps bien trop maigre.

« S’il vous plaît, foutez-moi la paix. »

Pas un sourire, pas un éclat. Pas même une larme. La petite poupée soupire lentement, du bout de ses lèvres rebondies, légèrement gercées, avant de se les mordiller. Les étoiles s’étaient éteintes les unes après les autres, et il n’avait pas la moindre idée de s’il voulait les rallumer. Il n’en avait pas l’intention. Il lui suffisait avant de voler la joie autour de lui, d’un simple sourire, il avait appris à le faire. Dans quel but ? Aucun. C’était une certitude. Des yeux, il chercha un briquet. Il lui fallait une flamme. Il lui fallait prendre sa dose avant que la crise ne survienne. Franchement, elle avait bien choisi son heure, cette femme. Ce n’est pas correct de venir dans la chambre de quelqu’un, même s’il s’agit d’un squat, même s’ils n’auraient sans doute pas pu se croiser à domicile.

« Margaret ? »

Le manège. L’échange. Le groupe qui prenait de l’ampleur en ville. Il se souvenait d’elle. Il se souvenait de tout. Et de sa colère, de ses doutes, de son envie de comprendre. Il ne voulait plus être en colère, il ne voulait plus douter, il ne voulait pas comprendre. Il en avait assez. Il se mit en tailleur, trouvant enfin un briquet et une bougie pas entièrement consumée. Il l’alluma regardant la flamme danser.

Les lumières, du soleil, des lampadaires, des bougies. Elles dansent, elles dansent, comme les feux d’une voiture oubliée sur le bas-côté. Une putain de bagnole, cabossée, rayée, et volée. Une voiture qui finira dans le fin fond d’une rivière. Comme tous les secrets. Les secrets de Maxence. Les secrets d’Alex. Les secrets de Shirley. Les secrets d’Eden. Les secrets, les siens. Ils iraient se faire bouffer une seconde fois par les asticots, qu’ils refuseraient toujours d’être honnêtes. Et entre leurs mains, hommes ou femmes, on était que des pions.  Elle avec ses filles, Eden avec sa soi-disant liberté, Maxence avec son soi-disant choix de le retenir, Alex avec son besoin de tuer des mortels, Shirley et sa peur des voitures. Qu’ils aillent tous crever. IL EN AVAIT ASSEZ. Vous comprenez ?

Vous comprenez ? Bien sûr que non. Bien entendu que vous ne comprenez pas.

« J’accepte pas les clients ici. Voyez avec Dylan en bas. Ou mieux, rentrez chez vous. Je n’ai pas besoin de votre baragouinage. Vous feriez mieux de vous occuper de ceux qui cherchent à ruiner vos filles. »


Il la fixe, brutalement, son geste s’arrêtant. Il s’arrête, il la fixe. Il essaye de comprendre. Un tremblement le saisi, alors qu’il voit son visage ridé comme une pomme qu’on aurait oublié au soleil. Malgré toutes ses rides, ses cicatrices et son visage de vieillesse, il l’enviait. L’envier d’avoir pu vivre une vie jusqu’à la fin. D’avoir pu voir ses enfants grandirent, ses arrière-petits-enfants. D’avoir pu être quelqu’un avant que la vie ne lui soit arrachée.

Il était presque haletant, presque épuisé. Autant de mots, autant d’énergies à rassembler ses phrases. D’un geste malhabile et pourtant expert, il glissa le produit dans la grande cuillère déjà largement noircie, avant de la passer au-dessus de la flamme. Plus rien ne comptait, juste les petites bulles qui deviendraient bouillantes. Juste elles. Qui monteraient, glisseraient, exploseraient. Dieu qu’il en gâchait du produit, et dieu qu’il aimait ça les entendre arriver.

Qu'elle foute le camp. Il ne trahirait pas Eden. Même s'il en crevait d'envie juste pour savoir les mensonges de ce soi-disant lémure. Juste pour comprendre si Eden était un nécromancien ou un zombie. Juste pour apprendre l'histoire de cette famille pour qui il bossait. Juste pour comprendre pourquoi Eden le fixait toujours étrangement et pourquoi il se crispait comme sur ses gardes, comme-ci il était en danger, quand Pom était là. Juste pour ça et pour d'autres choses.

Pour être une femme ? ... Pour ne plus être lui. Il ne le trahirait pas. Même s'il n'avait aucune raison d'être lié à lui. Eden était un bâtard, comme tous les autres.

Eden• :


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#4
TerminéJeu 1 Juin 2017 - 18:59





R
age et fureur. Même les animaux les plus faibles, emplis de ce sentiment, deviennent de véritables prédateurs. Malgré leurs blessures, leur fatigue ou leur peur. Ils se transforment presque en des êtres complètement différents qui sont bien plus agressifs et imprévisibles qu'ils ne le laissent paraître. Des créatures si intéressantes et envoûtantes qui m'arrivaient parfois de me méfier d'elle.

Pom était l'un d'entre eux. L'un de ses animaux à l'apparence docile et malingre mais bien plus dangereuse que l'on pourrait le croire de prime abord. Malgré ses membres fins, la maladie qui le tenaillait et la drogue qui le rendait instable, il continuait de me montrer les dents en grognant tel un chien fou. Cependant, dans ses perles furibondes miroitaient ce doute et ces questions qui ne semblaient pas vouloir le quitter. Il fallait croire qu'il était toujours en proie à des démons qui ne désiraient pas le libérer. J'allai presque le plaindre, si Eden s'y était pris d'une meilleure façon. Car pour que ce garçon en arrive à un tel état, c'était qu'il n'avait pas réellement fait les bons choix le concernant.

Le verre se brisa contre le mur dans mon dos sans que je ne m'en occupe outre mesure. Avec flegme, je continua de fumer ma cigarette, observant cet être déformé par les aléas d'une vie désuète. Les fuyards sont souvent ceux qui en pâtissent le plus dans ce monde, avant qu'ils ne se rendent compte qu'ils ne peuvent tout simplement pas fuir. Et à ce moment-là, bon nombre d'entre eux s'enfoncent davantage dans le trou qu'ils avaient creusé. À voir à présent si ce grand blond faisait parti de ce qui restait dans la vase ou de ceux qui acceptaient leur sort.

- Tu es bien en colère pour un garçon qui semble avoir tout quitter.

Le rouleau de tabac se consumait avec lenteur au bout de mon morceau de bois sombre, la fumée s'élevant dans la pièce avec volupté et grâce. Ce garçon ne comprenait pas l'ampleur de ses actes, ne saisissait pas que ses actions avaient un impact plus brutal que l'inquiétude des personnes qui lui étaient proches. Tout un écosystème se mettait doucement en place autour de lui, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Peut-être ne s'en rendrait-il jamais compte ? Cependant, pour le bien de tout l'écosystème, il devait reprendre sa place. Ou en choisir une autre que celle qu'il occupait à l'heure actuelle.

- Tu n'as pas à t'en faire pour mes filles, chantonnai-je avec douceur. Elles se débrouillent très bien sans moi. Et puis je ne vais pas les chaperonner à chaque fois, ce ne sont pas des enfants apeurées dont je m'occupe.

Il ne restait plus que le mégot au bout de mon fume-cigarette, mes doigts graciles attrapant le morceau brun pour le jeter dans une poubelle non loin après m'être assurée qu'il n'y mettrait pas le feu. Je rangea ensuite mon ustensile avant de croiser mes bras sous ma poitrine et fixer cet animal un peu trop sauvage.

- Et je ne suis pas venue te demander tes services. Je ne suis pas certaine que tu arrives à me satisfaire comme le fait mon époux, lâchai-je dans un rire moqueur. Non, si je suis là, c'est pour t'écouter.

Un sourire s'afficha sur mes lèvres fines, un sourire ni manipulateur ou amusé. Un simple sourire, digne des personnes qui pouvaient inspirer la confiance. Ce n'était d'ailleurs pas un faux sourire, j'étais réellement venue en ces lieux pour écouter ce que Pom avait de beau à dire. Plus tard seulement, je me ferai un plaisir de lui répondre.

- Alors parles mon garçon, j'ai l'impression que tu as plein de choses à dire. Sinon, tu ne terrerais pas dans ce trou à rats.

Alors petit créature ? Vas-tu montrer à nouveau les dents ou courber l'échine et te concentrer sur ta flamme ? À toi de me le dire... ou non.



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#5
TerminéVen 2 Juin 2017 - 15:26
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Maîtresse de la mort
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La Faucheuse
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#6
TerminéVen 2 Juin 2017 - 15:26
Le membre 'Pom Warren' a effectué l'action suivante : laisser faire le hasard


#1 '4 FACES' :
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#2 'PILE OU FACE' :
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#7
TerminéSam 3 Juin 2017 - 2:12











Un tremblement frénétique de la main, l’envie de se lever et de lui arracher les cordes vocales, les yeux et de la réduire en poussière pour qu’elle le laisse tranquille. Le souffle court et les phrasés lourds, ses mots se perdent jusqu’à la délivrance. Le produit circule dans ses veines, ses iris se dilatent et sa respiration ralentie. Sa tête dodeline un peu, son esprit trouble se perd sur des récifs où des bulles neuronales s’éclatent et s’explosent. Ses jambes reviennent en tailleur devant lui, adossé contre le mur, il se tient le plus éloigné de cette femme. Il ne comprend pas ce qu’elle lui veut. Des questions s’entrechoquent et il doit trouver celles qu’il veut poser. Il hésite, ils oscillent entre les secrets des uns et ses propres démons. Il souffre. Il souffre de ce monde-là. De cet univers-là qui n’est pas celui qui se dessine dans son esprit tiraillé entre tellement de planètes différentes.

Un long soupir, sa tête heurte le lourd mur, une fois. Deux. Trois dans des chocs légers, un balancier d’avant en arrière. La douleur ne l’atteint pas. Il cherche à comprendre la situation, le cerveau lui remontant le long de sa cervelle dans un palpitant cardiaque. Il doit rassembler ses esprits. Sa trop grande méfiance est en train d’augmenter au fur et  à mesure. Il doit rester calme. Il doit se contrôler. Seulement, il n’y parvient pas. Si extérieurement, il n’est que statue, intérieurement c’est un désastre ! Calme est d’apparence cette tempête.

Et le silence demeure dans la petite chambre du squat qui ne peut plus être un sanctuaire, maintenant que cette femme s’y trouve. Des bruits douloureux cognent dans un tam-tam frénétique, le timbre du doute est grave presque inaudible, se blessant davantage, et enfin le néant. Un brusque et stupide vide. Ses bras branlants demeurent. Il faut espérer que Margaret de la patience à revendre. Ses paupières se ferment, se bloquent et il demeure là, dans le noir.

Il doit penser. MAINTENANT. Il doit penser. MAINTENANT.

Il somnole, quelques minutes et il doit se forcer à ouvrir les yeux. C’est difficile et bien plus douloureux, car tout son corps ne demande qu’à céder à l’endormissement pour faire cesser cette apparition. On ne soupçonne pas la satisfaction qu’une drogue apporte et la difficulté que c’est de vivre sans quand on est habitué à l’avoir dans les veines. C’est un élément qui devient plus important que l’air respirable. Ses iris se fixent sur les murs, sur le sol, cherchent la femme et la fuient. C’est une danse mentale. Il virevolte. Il se perd. Il veut croire en l’être humain mais l’être humain ne semble pas vouloir croire en lui-même.

Il est sur le point de demander mille et une questions. Il est sur le point de se confier. Il hésite entre les deux : en apprendre, se soulager. Il est aussi sur le point de simplement se recoucher. C’est un véritable dilemme qui se joue dans le cerveau de cette tête aux trop longs cheveux blonds. Il doit se raccrocher à des mots. Ceux de cette femme ? Pourquoi pas. Seulement, c’est fluctuant. L’émotion grimpe et descend comme un électrocardiogramme.  Pourquoi être venu ? Quel intérêt à cette femme de venir ici ? Un simple acte altruisme envers autrui ? Il n’y croit pas. Il ne croit pas qu’une reine descendrait de son trône pour venir sauver un pur inconnu.

Et il se rattache à quelques mots. Elle a un mari. Cette vieille peau a un enfoiré de mari. Elle est chef d’un groupe féministe, mariée et a vécu une vie mortelle jusqu’à sa mort naturelle – car lorsqu’on est aussi vieille, il ne peut imaginer qu’une mort des plus naturelles. Elle est riche, elle est vieille et … Sa respiration s’accélère … la jalousie passe rapidement à l’incompréhension. Elle doit partir. Elle doit partir. Il ne veut pas qu’elle reste. Il ne veut pas. ELLE DOIT PARTIR. Elle doit partir. Elle doit partir. Elle doit ….

Il s’est redressé bouillant, chaque parcelle de son corps tremble alors qu’il la fixe, la tête baissée et le regard mauvais. J’ai violé un homme.  C’est la seule phrase qu’il lui vient et elle reste bloquée dans sa gorge, il n’arrive pas à le dire. Margaret veut savoir ce qui ne va pas. Tout. Rien ne va. Ses mains tremblent. Il ne sait pas ce qui est arrivé ! Pourquoi Maxence voulait-il passer du temps avec lui ? Pourquoi s’est-il énervé sur le patron de Cassian ? Pourquoi Maxence le voulait dans son lit ? Pourquoi il n’a pas pu accepter de s’offrir à lui, de céder, de faire confiance pour une fois ? Pourquoi il l’a humilié ? Pourquoi Maxence ne l’a pas écouté quand il lui a dit qu’il ne voulait pas ? Pourquoi Pom n’a pas su le respecter non plus ?

Un instant, le nécromancien s’imagine dire : J’ai violé un homme, car c’est ainsi qu’il voit les choses faute d’accepter une autre version. J’ai démoli chaque os du visage d’un autre. J’ai contaminé un pauvre type. J’ai abandonné une femme inconsciente dans un lieu public. J’ai fricoté avec la meuf de ma meilleure amie. J’ai trahit votre pote Erëssea. J’ai offert mes services à tous les hommes et les femmes qui passaient en bas de cette rue indifféremment de leurs états de propreté et de décomposition. On ne mélange pas les torchons et les serviettes et dans ce jeu de dupe, il préférait le tripot salace en bas de cette ruelle que la partie de cartes déjà jouées de leurs tours d’ivoire.

Je ne me terre pas !

Il veut lui dire, il veut vraiment le faire. Seulement, il ne faut pas se leurrer. Elle est puissante et il est seul. Elle peut le faire disparaître en un instant. Elle a le pouvoir. Celui de décider. Celui de pouvoir en choisir l’issu. Si elle veut le tuer maintenant, elle le peut. Qui irait vraiment s’en soucier. Certains s’inquiéteraient, certains le pleureraient, mais personne ne pourrait lutter face à ce qu’elle était. Tromperie des chances. Elle avait déjà gagné, car elle n’avait rien qui puisse la faire perdre.

Ses mains repoussent le mur, il se redresse, il s’avance. Il a cessé de divaguer. Il a ce sourire, un sourire qui n’est que léger, qu’une ombre, que cruauté. Il a ce sourire, l’autour de ses yeux noircis sur sa peau trop blanche lui donnant l’allure d’un tel damné. Il se verrait, qu’il se ferait sans doute flipper. Mais elle, il ne l’intimidera pas. Il le sait. Elle en a vu d’autre. Rien ne la touche. Rien ne peut blesser les gens comme elle, comme Ere, comme Alex, comme Eden, comme Montpellier et comme tous ces gens qui ont vécu trop longtemps.

Qu’ils aillent tous au diable avec leurs histoires, leurs vies, leurs problèmes ! Il n’était que le type qu’on croise au détour d’un chemin, sur le banc d’un arrêt de bus, il n’avait pas vocation à rester. Il l’avait toujours su. Il l’avait toujours souhaité. Même Shirley. Même elle le trahissait. En même temps, ne l’avait-il pas mérité ?

La haine est l’évidence même de ce qu’il peut souvent ressentir et refuse d’écouter. C’est le napalm qui consumait les rues. Ca, et la cruelle indifférence à juger au groupe plutôt qu’à l’individu.

« Je ne me terre pas. »
murmura-t-il, la voix menaçante, voilà les seuls mots qu’on pourra tirer de lui aujourd’hui. Toutefois, Margaret malgré l’apparente inutilité face à cet homme têtu et stupide, la présence de la femme à un vrai impact. Elle fait fonctionner son cerveau. Elle l’oblige à se demander pourquoi il se terre. Car il veut éviter de blesser les gens auquel il tient. Il attend que la douleur passe. Car il est fort à ce jeu ! Sa mâchoire se crispe. Qu’elle aille au diable. Elle savait qu’il était homme ou femme, elle savait qu’il avait peur d’être l’une plutôt que l’un, très bien. Elle savait qu’il était tiraillé, paumé et perdu. Elle savait sa haine des hommes qui prennent et décident. Elle savait ses peurs. Elle pourrait lui offrir tranquillité et sérénité dans une lutte de pouvoir !

Il voulait y croire, en cette lutte égalitaire, il voulait y croire. Pas aux prix du corps mutilés de ceux qui n’auraient pas la même façon de penser. La simple pensée d’Eden, de Maxence ou même de ce gars nommé Toulouze lui faisaient dire : ce n’est pas juste.

Une sensation de fourmillement, liée aux sentiments qui l’habite revient se répandre sur ses doigts. Il ne ressent pas les émotions, mais, un phénix de colère vient d’apparaître dans la pièce, les flammes venant lécher le sol qu’il survole créant des marques noires de brûlures. Elle voulait quoi ?

Qu’il lui parle de la manière dont Maxence l’avait supplié encore et encore, et comment il avait cédé, incapable de résister comme la pute qu’il était ? Comment pour se venger, il l’avait humilié, bafoué et trahit ? Comment il s’était refusé à lui ? Comment il avait abandonné Ael dans les archives ? Ou la manière dont il s’était vengé des hommes qui l’avaient exposé torses nus dans le métro sur les réseaux sociaux ? Elle voulait sa colère. Elle voulait sa haine.

Il n’avait pas la moindre confiance en elle ! Il ne comprendrait jamais qu’Eden traite avec elle. Il ne l’aimait pas. Il ne la sentait pas. Il était certain qu’à la première occasion, elle trahirait son patron. Car il n’était homme, rien de plus et un connard ne sachant pas parler. C’était à peine s’il savait correctement lire le latin et qu’il savait comment se confronter à la société. Elle se moquerait de lui, elle le blesserait.

Elle aimait ses enfants, ses filles, mais elle les trahirait si elle doit les trahir et les sacrifier pour la bonne cause. Tous les soldats doivent accepter de mourir pour le roi. Un roi qui finit par abandonner son peuple et fuir ! Les empereurs, les rois, les dictateurs, les présidents,  les chefs, ils sont tous pareils ! Ils sacrifieraient les vies entre leurs mains pour des idéologies merdiques !  

Et tôt ou tard, elle mourrait. Tuer par ses opposants. Tuer par la haine d’une de ses filles. Ou d’une personne qui aurait sombré à cause d’elle. La vengeance se transforme en vendetta et la vendetta en guerre !

Il était elle.

Il était cette haine. Il cessa de bouger, alors que brutalement, il se détourna, laissa la chaise retomber, et d’un mouvement brusque des poings, il frappa le mur, encore et encore, incapable de lever les mains sur elle. Il ne savait pas s’il pouvait l’atteindre : il savait que s’il l’atteignait, il se perdrait. Non pas seulement parce qu’elle le tuerait, pas parce qu’il était elle. S’il sombrait à la colère qu’il éprouvait pour elle : il sombrait à la colère.

Elle avait raison. Les hommes traitaient toujours les femmes comme des êtres inférieurs. Et sous prétexte qu’il en était une, à moitié, Maxence s’était attendu à ce qu’il soit un dominé obéissant et serviable qui écarterait les cuisses. Les hommes sont toujours en train de juger les femmes à leurs beautés et à complimenter leurs charmes, leurs manières de s’habiller et leurs élégantes, comme-ci l’image comptait seulement – elle comptait un peu pour lui, tout de même. Mais il comprenait que de gens comme Eden puisse trouver ça immonde. Et elles rentraient dans leurs jeux. Dans les jeux des hommes, se pliant volontiers à se comparer entre elles, à se jauger sur les vêtements, le maquillage et l’attitude.

Elle avait raison. Les hommes l’avaient frappé, mutilé, violé et trahit. Elle avait raison de les haïr. Il lui avait fait ouvrir la bouche pour lui demander de se taire et pour uniquement approuver ses dires. Quand il était une femme, il devenait un objet autorisé à être regardé, admiré ou haït. Les hommes lui avaient demandé de sucer pour ensuite la traiter de salope, les hommes lui avaient reproché de ne pas le faire devenant une allumeuse.  Il lui avait dit qu’une femme lit, qu’un homme se bat, qu’une femme se fait séduire, qu’un homme drague. Ils avaient fait accepté l’inacceptable !

Seulement, l’homme n’était pas que ça. Et même s’ils n’étaient que ça, la haine, la violence, le meurtre, … Voilà ce qui arriverait tôt ou tard. Il ne voulait pas céder à ses pulsions. Il ne voulait pas être cet homme-là qui peut tuer, qui peut cautionner la mort d’autrui, qui réclame du sang pour le sang. Il ne veut pas être l’instrument de la vengeance. Peu importe qu’il soit victime ou coupable, peu importe le nombre de fois où il a été souillé par l’un d’entre eux. En réalité, elle se battait pour elle. Et quand elle parviendrait à ses fins, c’est la guerre qui exploserait car la violence finit toujours par exploser !

Elle se battait pour elle et uniquement pour elle. Elle se battait pour retrouver sa fierté, pour se venger, pour se prouver qu’elle était l’égale de l’homme. Elle se battait par amertume, par rancœur, par dégoût de l’autre sexe. Elle se battait pour prouver qu’une cause qu’elle défendait méritait de le faire au prix des sacrifices. Et une voix enfantine, ne cessez de hurler dans les oreilles du nécromancien : « menteuse, menteuse, menteuse, menteuse ! »

Quand on réclame d’un pédophile son service trois pièces,
Quand on veut que les violeurs subissent le même sort,
Quand on souhaite la vengeance plutôt que la justice,
Œil ou pour œil, dent pour dent, l’ancien testament était clair,
Quand on veut que le monde réponde à nos idées,
Quand l’apparence de l’orateur est plus importante que ses mots,
Et qu’on fait disparaitre nos opposants plutôt que de les affronter,
Sang pour sang, son pour ton, de la musique à la peinture,
L’Histoire en était gravée à la craie qu’on essayait d’effacer,
Quand les hommes cessent de se croire égaux et ne suivent qu’un meneur,
Le monde devient une guerre de pions et de joueurs dictateurs,

Il ne doutait pas qu’elle croyait en l’égalité ou la supériorité des femmes. Il ne doutait pas de ses valeurs. Il doutait de sa personnalité. Cette vieille femme aride se trouvait supérieure aux autres. Plus importe que les mâles et ses propres filles. Elle était la reine des fourmis, la reine des abeilles, c’est elle qu’on devait protéger aux des autres vies.

Cette part de lui-même qui hurlait vengeance était tellement attirée par cette femme.

C’était ce qui le rendait si méfiant. La haine se versait si facilement dans sa direction. Et personne ne la remettait en question. Pourquoi ? Pourquoi les gens acceptaient cette évidence. Est-ce que le monde était à ce point misogyne qu’une vielle femme leur semblait inoffensive même en train de déverser le sang sur leurs terres ?  

Sauf qu’il ne voulait pas l’écouter. Elle avait raison. Une vérité détournée, un mensonge, une manipulation. Une menteuse, une violeuse d’âme, une carriériste. Elle se sentait supérieure, elle vivait dans son beau château. Au-dessus des autres. Comme tous les chefs. Il n’était sans doute qu’une pute des rues et certainement un maudit pion, pas même une pièce importante. Il se sentait bien plus innocent que n’importe laquelle des parcelles de peau de cette femme. Elle était un vaccin qui condamne, un prête qui s’occupe d’un lépreux en le murant dans une église. Elle était comme ceux qui avaient enfermé le roi et la reine et avaient laissé mourir leurs enfants. Elle était comme le roi et la reine qui étaient censés les protéger et s’étaient enfuis. Elle était humaine. Qu’elle garde sa haine, il préférait l’impact de la piqure ! Qu’elle garde sa vengeance, il préférait encore se perdre.

Et s’il devait être un étendard pour montrer à quel point la rue était pathétique, il s’en foutait ! Et dans le fond, tant pis, il ne la haïrait pas. Elle ne le méritait pas. Ni elle, ni les autres. La haine, c’était bien trop fatiguant ! Il préférait se perdre, danser, boire, rire et refaire le monde au travers d’une débauche lente et nuisible. La noblesse, les regards supérieurs, les gestes posés et le charisme, il avait connu. Le comte n’était pas sans ignorer ce qu’avait été sa vie de vivants. A jamais, il préférait les terres des cerfs.

Parce qu’elle était humaine. Il lui pardonnait. Et parce qu’ils étaient humains. Il leurs pardonnerait. Irrémédiablement. C’était ça, l’humanité, aussi. Les horreurs et les atrocités. Capable de la plus pure beauté à la plus horrible cruauté. Elle aurait pu choisir de faire changer les mentalités sans violence, sans que ça se termine dans un bain de guerre des clans.

Elle était hypocrite et sa présence ici l’était. Chaque ride, chaque pli de sa peau décrépite comportait assez de haine pour alimenter une prochaine guerre mondiale. Sa rage interne ne pouvait pas s’arrêter, il pensait et sa pensée semblait vouloir exploser en parole et s’arrêtait à la frontière de ses lèvres. S’il quittait ce trou à rat pour retourner auprès d’Eden, il ferait tout pour qu’il la voie comme lui. Qu’il cesse de céder à cette femme. Qu’il cesse de protéger davantage elles que les autres. Si pour le malheur de cette femme, il remontait à nouveau la corde d’un puit dans lequel il tombait bien trop souvent, il ferait tout pour l’empêcher d’avoir autant de marges de manœuvre. Il l’empêcherait de continuer à puiser l’eau.

Il n’était qu’un pion, mais il refusait qu’elle le joue. Ce n’était pas à son tour de le faire. Croyait-elle vraiment que devant elle, un tapis devait s’ouvrir ? Il ne la laisserait pas entrer dans sa tête. Elle devait sortir de son sanctuaire ! Elle devait partir ! Elle devait partir ! Qu’elle aille au diable !

Qu’elle sorte de chez lui !

Qu’elle sorte de chez lui MAINTENANT.

Elle n’était pas la bienvenue.

Elle ne l’avait jamais été.

Elle ne le serait jamais.

Jamais.

Le souffle éradique du junkie s’était emballé sous des pensées internes. Immobiles, le don d’empathie n’était pas revenu, celui de métamorphoser les sentiments petit à petit, et les couleurs explosant près de lui semblaient vouloir autant le consommer que consommer l’espace qu’il occupait. Triste anomalie,
Il était femme, elle était homme. Il était noble, il était cerf. Il était ange, il était démon. Il était innocent et coupable. Vierge et catin. Il était riche et pauvre. Aimé et seul. Entouré et haït. Il était perdu. Il ne veut pas d'elle. Pas besoin d'une mère ! C'est bien elle qui avait été la pire, depuis le départ. Les mères ne savent que dévorer leurs enfants. Les mères sont les pires ogresses.



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#8
TerminéDim 4 Juin 2017 - 18:21





L
a rage. La rage nous ronge. Elle nous dévore. Emprisonne notre cœur et notre âme, nous change et nous transforme en des êtres méconnaissables. La rage. La rage était un sentiment puissant, trompeur, qui au lieu de nous montrait la bonne voie, nous poussait au plus profond des abysses où il était impossible de ressortir. La rage. Elle est en chacun de nous, en chaque être vivant, en chaque animal foulant ce monde ou le précédent. Elle est là, tapie dans l'ombre, tapie dans notre esprit, attendant son heure, gonflant, grondant, hurlant en silence pour finalement tout ravager. La rage. Puis la fureur. Et la violence. Qu'il était simple de se laisser aller à ces sentiments troublants et persécuteurs, qui nous faisaient tout voir en noir, qui nous portait sur des sentiers défrichées couvert de boue et de vase. Avant de ne laisser de nous que des os, du sang et des larmes claires.

Vous devez penser que je me fous du monde. Que je suis la moins bien placée pour parler de cette façon. Car je connais la rage, je connais la fureur, je connais la violence. Et c'est bien parce que je les connais que je m'autorise à en parler ainsi. Parce que j'ai ressenti cette rage folle, mon sang bouillir dans mes veines et ma voix se déchirer en cris. Que j'ai été submergée par cette violence, qui laisse sans voix, sans mot une fois qu'elle est partie. Parce que je les connais, je m'autorise le droit d'en parler. Et surtout parce que je les contrôle.

Je pouvais sentir sa haine, sa colère, sa fureur qui se déversaient telles des coulées de lave dans chaque pore de sa peau. Je le voyais hésiter, chercher une solution, une réponse qui ne semblait pas venir. Je le voyais s'agiter, tournant comme un fauve dans une cage trop étroite, se demandant certainement s'il devait prononcer un mot ou se taire à jamais. Pauvre créature. Il jouait avec le feu, celui-là même qu'il avait attisé, celui qui se nourrissait de ses instincts et qui brûlait dans le fond de ses entrailles. Il remuait ses braises, les mettant à mal, les flammes léchant davantage son esprit quand il se leva alors pour m'octroyer d'un regard froid. Il ne se terrait pas qu'il disait, il ne se cachait pas qu'il pensait. Bougre d'imbécile. Un sourire échappa à mes pensées, se collant sur mes lèvres pendant que Pom continuait de tourner en rond, frappant sur le mur, tentant de se calmer. Les battements de son cœur allaient à un rythme soutenu, mon ouïe réussissant les percevoir alors que son sang courait dans tout son être pour maintenir son corps malade depuis. Drôle de créature.

Il me haïssait et cela me fait bien rire. Il me haïssait. Moi et mes idées, moi et mes plans, moi et ma haine. Il me haïssait alors qu'une partie de lui devait certainement vouloir me rejoindre. Je pouvais le sentir, je le savais au fond de moi. Les personnes dans son genre sont bien souvent traitées de manières bien plus horribles que bon nombre de femmes. Des parias. Des monstres, des démons. Des fous. L'homme avait de stupide et de cruel de rejeter toute chose qui ne lui ressemblait pas, qui ne lui paraissait pas normal, qui lui était différent, qui n'était pas à sa hauteur. Les femmes. Les homosexuels. Les trans-genres. Des déviants qu'ils les appelaient. Des fous qu'ils nous appelaient. Allons bon. Les fous étaient ce qui ne savaient réellement ouvrir leurs esprits pour voir que les choses n'étaient pas si effrayantes en dehors de leurs idéaux froissés et poussiéreux. Mais pour ce genre d'hommes, pour ceux qui restent bien trop longtemps cantonnés dans leur mutisme et leur imbécillité, les longs discours et débats ne pouvaient pas les changer. Le temps m'avait appris cela. La colère m'avait montré la réalité. La rage m'avait ouvert les yeux. Avant que je ne les serre dans mon poing et ne les utilise de la bonne façon. Et non pas pour taper dans un mur.

- As-tu terminé ?

D'un geste leste, je me sortis une nouvelle cigarette, la calant à même mes lèvres avec négligence avant de l'allumer. Il semblait avoir fini son cinéma, avoir repris ses esprits. Je ne sentais plus la rage et la haine aussi présentes et fortes qu'auparavant mais je savais qu'elles étaient toujours cachées au fond de son cœur. Pouvait-elle sortir à nouveau ce soir ? Je me le demandais fortement.

- Alors ainsi tu ne te terres pas. Excuses moi d'avoir penser une telle chose, mais être dans ce lieu n'est pas exactement ce que tu fais, te cacher ?

J'étendis les bras pour présenter l'ensemble de la pièce simplement éclairée par les lumières des réverbères au dehors. Des fioles de potions vides, des seringues, des cuillers brûlées jonchaient le sol. Des barquettes de frites, des bouteilles, des objets en tout genre. Un squat parmi tant d'autres, que les résidents prenaient pour une maison, un refuge. Cela n'avait rien d'un splendide refuge. Ce n'était rien d'autre qu'une prison dont on possédait la clef. Je doutais fort que mes prochaines paroles le touchent réellement, qu'il n'en avait que faire et qu'il les prendrait en compte mais cela me faisait un malin plaisir de les laisser s'élever dans la pièce jusqu'à ses oreilles. Juste pour voir sa réaction. Voir comment tout l'écosystème créé autour de lui allait réagir.

- Tu es là, dans un squat au milieu d'un quartier empli de dealers et de prostituées. Tu te drogues, donnes ton corps au plus offrant ou même au premier venu pour pouvoir te payer à manger. Tu restes ici alors que tu as un foyer, des amis qui t'attendent, des personnes qui s'inquiètent pour toi. Tu restes ici comme le lâche et le faible que tu sembles être et dont les autres pensent sûrement que tu es.

Je m'arrêta un instant, tirant sur ma cigarette tandis que la fumée blanche s'extirpait de ma bouche et mes narines. Allait-il parler, bouger, me sauter dessus, crier ou juste la fermer ? Un sourire naquit à nouveau sur mes lèvres. Montres moi donc, petite souris.

- Mais si ce n'est pas te terrer, que fais-tu donc ? Est-ce une vengeance contre un abruti qui aurait essayé d'écarter tes cuisses ? Ou bien tiens-tu juste à faire de la peine à cette jeune femme que tu as aidé ? À moi que ce ne soit la faute d'Eden. C'est certainement de sa faute tout compte fait. Ce vampire de malheur à la fâcheuse tendance à ne jamais se rendre réellement compte de ce qu'il fait ou dit. Le pauvre, il était dans un état, j'ai du le jeter à coup de pieds de mon bureau.

Hochant la tête de gauche à droite, ma tête arbora une expression plus ennuyée en repensant à cette histoire. Dire qu'en plus de cela, cet imbécile de suceur de sang n'avait pas pris la peine de prendre une douche. Une véritable horreur. Étirant une grimace, mes lèvres se scellèrent un instant, mes billes claires se plantant dans les orbes du jeune homme d'apparence qui n'avait pas bougé. Un air plus sérieux peint alors mes traits, sans pour autant être furieux ou froid. Juste sérieux. Afin que mes mots aient légèrement plus d'impact. Si cela lui faisait vraiment quelque chose.

- Mais tu sais que cela est faux pas vrai ? Qu'en restant ici, tu ne protèges personne. Parce que c'est exactement ce que tu penses et ne me fais pas croire le contraire. Tu ne protégeras personne de cette façon. Et tu ne pourras jamais le faire dans ton état. Ni le précédent d'ailleurs. Tu n'arriveras à rien de cette façon et ce jusqu'à ce que tu comprennes que les choix que tu réalises ne sont tout simplement pas les bonnes. Mais enfin, cela c'est ton problème pas vrai. Je n'ai pas à m’immiscer dans ta vie. Je ne suis qu'une vieille femme aigrie et hargneuse en quête d'un trône dont je n'ai pas droit.

Nonchalamment, je haussai les épaules avec indifférence, ma main revenant tenir ma cigarette qui se consumait doucement au bout de mes lèvres. Allait-il réagir ? Ou jouer les indifférents ? Qu'importe, j'avais joué mes coups sur le grand échiquier qu'était devenu la ville de Tokyo. Restait à voir si le fou comptait garder sa position ou non.



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#9
TerminéLun 5 Juin 2017 - 17:46











Comme il aurait pu s’y attendre, Margaret ne lui semble pas atteinte par son attitude. Pour cause, elle est tout simplement en train d’allumer une cigarette. Elle lui demande s’il a terminé, comme on demanderait à un enfant s’il a cessé de faire son caprice. Elle se la joue grave,  voilà ce que pense l’homme dans un sourire amusé. Un sourire qu’il ne voit pas. L’homme se réveille. Il se réveille d’un long sommeil.

Il la fixe rageusement. Il veut qu’elle parte ! Refuse-t-elle de l’entendre ? Refuse-t-elle de l’écouter ? Refuse-t-elle de comprendre ? Si elle ne veut pas partir, c’est lui qui partira. Il se sent plus calme, aussi, alors qu’il l’observe. Il essaye – toujours – de comprendre où elle veut en venir. Il soupire, s’adosse au mur, allume sa propre cigarette, jouant de la flamme rougissante avant de l’écouter avec ce brin de sourire qui ne veut pas disparaître. Un faible sourire mais bel et bien là, telle la flamme qui brûle ses lèvres. Il est vrai, qu’il se cache, alors même qu’il a des personnes qui pourraient le recueillir.

Seulement, lorsqu’il parlait de ses émotions, il était souvent contaminé par les leurs et il craignait des blesser. Et le vide d’un lieu sans être le plongeait dans la détresse de ses propres émotions.  Ici, il y avait tant de sentiments différents et facilement identifiables. Ici, il se sentait en sécurité. Les codes et les règles de la rue sont plus simples qu’on n’ose l’imaginer. Il est facile de se lier et de créer des contacts, de demeurer un nombre d’années conséquents enfermés entre les squats et les vices. Souvent, on remarquait chez les  anciens adeptes des drogues des comportements similaires à cette vie d’autrefois et il n’était pas surprenant de les retrouver dans le même squat que lors de leurs premières doses lors des rechutes. Dans le monde des vivants, la plaie c’était l’héroïne. La drogue dont on ne sort pas, c’est ainsi qu’on l’a surnommait. La cocaïne était tout autant nocive, légèrement moins addictive, et tellement vendu en rêve par des célébrités. Il suffisait d’ouvrir un écran, de télécharger les derniers clips à la mode dans le monde des vivants, pour se rendre compte que les gens oubliaient un détail : quand on plonge, on ne remonte jamais totalement et lorsqu’on saute dans le grand bain, qu’on apprend à nager, il est bien facile d’y retourner en croyant ne jamais se noyer.

De quoi se mêlait-elle ? Ce n’était pas les premiers amis, les premiers foyers qu’il abandonnait. Lorsque les émotions devenaient trop difficiles à gérer, partir était souvent la solution qu’il prenait. Plus le temps passait et plus ça devenait difficile tout simplement. Avait-il seulement le choix ? Il n’avait pas oublié qu’il était pourchassé. Depuis si longtemps.

Peut-être que ses poursuivants étaient morts. Peut-être que tout n’était que dans sa tête. Il n’en savait rien. Il extirpa un peu d’air de ses lèvres fines et son regard fixa le mur devant lui avant qu’elle ne fasse mouche. Une brutale cible venant d’être touchée. Une cible simple et stupide. Elle parlait de ses amis.

« … arrêtez. »
Elle ne doit pas parler de ses amis. Elle ne doit pas. Pourquoi elle parlait d’eux ? Comment savait-elle tout ça sur lui.

Elle parle de Maxence. Comment sait-elle ? Comment sait-elle ce qui s’est passé ? Inconsciemment, les jambes de l’homme se crispent et ses bras viennent enlacer son corps d’une faiblesse soudaine. Il regrette tellement. Pom regrette de ne pas l’avoir laissé faire. Il aurait simplement accepté, la chose aurait été faîte et Maxence n’aurait pas souffert. Il ne comprenait pas pourquoi il avait refusé. Pourquoi il refusait toujours de se donner. Il avait fait de la peine. Mais … c’était son corps. Quelle importance ? Il se faisait honte à jouer les timorés alors qu’il suçait, prenait et agissait en parfaits rôles demandés. Mais laisser quelqu’un entrer en lui plus profondément ? Il ne voulait pas qu’on puisse venir en lui, comme il ne voulait pas qu’on lise en lui. Il ne voulait pas qu’on devine ce qu’il y avait derrière le masque. Qui le voulait ?

Croyez-vous vraiment que si on plongeait dans le passé de l’un d’entre vous, il n’en ressortira rien. Même si vous avez oublié ou voulu le faire, la réalité c’est qu’ici, chacun a été l’agressé ou l’agresseur, celui qui ferme les yeux, celui qui frappe ou celui qui reçoit, celui qui subit, celui qui souffre, celui qui provoque, l’agresseur ou la victime, le violent ou le doux. Celui qui a laissé un ami partir, par arrogance, celui qui a fait du mal ou qui a été abandonné. Celui dont un parent rentrait dans la chambre, ou celui qui a torturé et embêté son frère ou sa sœur. Les secrets les plus enfuis ne sont pas les moins douloureux. Et du petit grain de caillou dans l’abandon d’un ami, à la mort d’un être cher, à l’être qui nous bafoue, personne n’avait envie qu’on nous vole les pensées. Ce n’était pas tant le fait d’être jugé, que l’habitude de se taire qui en était responsable. Et si un être avait été épargné de la moindre douleur et couvert de joie : ce type-là, ne se trouvait pas ici.

Il ne pouvait pas dire à ses amis le mal qu’il avait fait à Maxence. Il ne pouvait pas dire à Shirley le mal qu’elle lui avait fait en se vantant de sa relation avec Alex. Il ne pouvait pas dire à Ael la peur d’être à ses côtés. Il ne pouvait pas extraire des démons.

Le même démon du passé qui lui fait regarder Margaret avec colère.

Il se nomme Philip. Pas Philippe. Il porte un nom anglais car sa mère était anglaise. Elle s’est mariée avec un comte et a hérité de son nom et de ses titres. Cette vieille femme haineuse avec son accent anglais et sa colère des êtres l’entourant. Son envie d’être vu comme une grande dame. Son besoin d’accomplir, par le biais de son enfant, de grandes choses. Soudainement, Pom comprenait ce qu’il voyait en Margaret. L’aristocratie.

Elle parle d’une jeune femme qu’il a aidée. Il ne voit pas. Il y a de nombreuses femmes dans sa vie et il est attaché à beaucoup d’entre elles, mais il n’a jamais su aider personne. Ce n’est sans doute pas Shirley, ils étaient trop amis pour compter des points, ce n’était pas la coccinelle qu’il avait laissé partir sous une pluie battante sans la rassurer, ni Ael qu’il avait abandonné dans les archives.

Impossible de penser à Erëssea, elle n’a pas besoin d’aide et n’est pas jeune. Alors qui ? Et comment pourrait-il leurs faires de la peine ?

Puis Eden. Il manqua de sourire, cette fois-ci, à un nom bien précis. Un nom bien clair et un ami identifié et visible. Ce n’était pas de sa faute. Seulement, le reste des paroles se perdirent. En quatre mots.

Ce vampire de malheur.

Elle continue de parler mais ce n’est qu’un bourdonnement incessant dans son esprit. Il en perd le fils de ses pensées. Il en perd totalement pied. Elle vient de dire qu’Eden était un vampire. C’était faux ! Totalement faux ! Elle se trompait.

Il savait la vérité. Autrefois, il y a longtemps, le Bchobiti servait de plaque tournante en un lieu privilégié. Grâce à une famille – celle d’Eden sans doute, même s’il n’en parlait pas – et les membres de celle-ci une passerelle avait été créé entre différents pays et entre les deux mondes. Un simple bar, avec des arrière-salles considérables et une suite de labyrinthes et de tunnels aux traves de la ville. Le Bchobiti était alors un lieu infect de tous les commerces possibles afin d’alimenter un but précis : la science. Il était le lieu de rendez-vous des gangs, fournissant les plus offrants et ne s’alliant jamais qu’avec les ossements et les plus offrants. Leur but ultime était la science, l’amoncellement d’art, de culture et d’Histoire. La richesse même de l’avancée, refusant toute pensée manichéenne, refusant le créationnisme pour ne croire et ne s’enrichir que de ceux qu’on rapprochait du darwiniste.  

Puis un jour, le chef  « l’Alpha »
avait disparu et Eden avait hérité du lieu. Il en avait fait un point de chute pour les anarchiques, un bureau de détectives privés et d’enquêtes en tout genre, un service pour tous les gangs. Il aidait autrui. Il était bon avec les autres. Même si ça ne se voyait pas. A quel moment, exactement, Eden avait-il commencé à enquêter pour les autres ? A aider les autres ?

Le jour où il lui avait dit qu’il lui fallait un but. Un unique but.  

Un jour, Pom lui avait demandé, pourquoi il s’absentait souvent. Le travail. Une maîtresse avait pensé Pom. Une femme. Il savait que l’homme était secret …

D’un hochement négatif de la tête, Pom oublia de fumer. La cendre tomba, sur le sol, sans qu’il ne s’en préoccupe.

« … Eden n’est pas un vampire. »


Réaction brutale et enfantine. Le reste est oublié. Elle a raison. Il doit bouger. Son portable récupéré ne cesse de lui dire. Il doit arrêter de jouer l’enfant. Il doit rassurer. Il doit fuir. Surtout. Comme lui-même ne l’était pas. Comme elle-même ne l’était pas.

« Je … je …. »


Je dois aller le voir. Je dois lui demander. Et s’il mentait ? Si Eden mentait.

Eden ne pouvait pas mentir. Il avait fait une PROMESSE. Une promesse, c’est une promesse ! Il avait juré, promis, qu’il n’était pas un vampire et qu’il ne tuait personne. Il lui avait dit ! On ne ment pas ! C’est tout. C’est comme ça !

Arrête de faire ton enfant, Pom. Allez, inspire, expire. Il ramasse la chaise. Il la pose devant la femme et il s’assoit enfin en écrasant le mégot sur la table – vu son état ce n’est pas bien grave.

« Tu as raison. »
Un fin sourire, mais, plus de faux semblant. C’est une femme ou un homme, peu importe qui est devant Margaret. Un adulte de plus de deux cents ans de vie qui vient de perdre toute trace de jeux alors que son timbre et ses yeux sérieux la fixe. Il la tutoie, en français, il est certain qu’elle doit comprendre cette langue.

« J’essayer de les protéger. Et sans doute que ce n’est pas la meilleure méthode – c’est toujours mieux que de les inquiéter ou de les violenter. Je ne veux pas les blesser.  Me prends-tu pour un demeuré ? Je sais parfaitement que les seringues et les drogues ne sont pas les meilleurs choix et que mon addition est un cauchemar autant pour les autres que moi-même. Je mentirai si je disais arrêter. Je contrôle la drogue, parfois c’est elle qui le fait. Et je plonge dedans. J’essaye parfois de m’en empêcher, mais peux-tu t’empêcher d’haïr les hommes ? Peux-tu t’empêcher de te souvenir de leurs agissements ? Peux-tu t’empêcher de regarder de haut les autres ? Ce n’est pas si différent que ça, crois-moi. Mon gouffre, c’est omniprésent dans mon esprit et le seul moyen de m’empêcher d’utiliser mon pouvoir sur les autres.

Et je sais aussi que je suis un lâche et un fuyard. Mais je ne suis pas faible, contrairement à ce que tu sembles croire. Ou plutôt, je suis faible, je plie souvent mais je ne me brise jamais. Je vais partir de ce squat. Pas aujourd’hui, surement demain. Je partirai car, j’ai un but moi aussi. Celui d’empêcher l’humanité de sombrer à sa haine, d’empêcher l’humain d’avoir recours à des extrêmes … Celui de les empêcher de boire des potions de zombie par peur de vivre une nouvelle vie ou de sombrer dans la démence des chimères. – Ou du moins d’haïr les hommes. »



Il balaye cette pensée d’un mouvement de mains,  « Il est trop pour toi et, même si j’apprécierai de boire un thé en ta compagnie – anglais de préférence – je ne souhaite guère être des tiens. J’ai été aussi horrible en femme qu’en homme. J’ai vu autant d’injustice des deux côtés. Je n’étais pas né pour avoir une arme et me battre. Lorsque ma mère décida que j’étais un homme, elle décida aussi de mon avenir. Les choses doivent changer. Sans doute. Pas dans la violence. Le sang ne conduit qu’au sang. »


Parler d’Eden réveille toujours en lui une nature réelle. Sans doute car il est à l’aise avec l’autre homme dont il connait tous les secrets. Il rit doucement.  

« Je trouverais un moyen de me faire pardonner des êtres que j’ai blessé et sans doute devrais-je te remercier. Mais franchement, tu me fais horreur. Mais, j’ai besoin de savoir. Margaret, Eden tue-t-il des vivants ? »


Il peut lui pardonner d’être un vampire. Il peut. Il peut essayer. Il peut pardonner à Alex d’en être un. Il peut aussi. Seulement, il ne peut pas lui pardonner s’il tue.

« Il y a pire que ceux qui blessent dans notre monde, »
se murmure-t-il à lui-même, fixant Margaret sans la voir,  « il y a ceux qui tuent dans l’autre et les condamne à ce monde. »


Les vampires étaient une abomination effrayante. Ils n’étaient même pas des vrais lémures ou des vrais spectres. Ils étaient une autre race avec un autre roi. Ils avaient d’autres règles, d’autres droits. Il avait le permis de tuer. Le droit de tuer.


Oui ? :



... :


Non :


Autre chose :





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#10
TerminéSam 24 Juin 2017 - 18:55





D
iscours évasive et décousu. Le regard de cet être était déterminé et sûr et pourtant empli de crainte et d'animosité. Amusant de voir les êtres se dépêtrer de situation délicates et faire en sorte de tourner les choses à leur avantage. Ou tout de moins de reprendre les cartes que l'on venait de leur retirer des mains. Comme quoi, parfois il faut les bousculer un peu pour qu'ils choisissent enfin de faire quelque chose.

Je l'écoutai avec calme et ravissement, sa voix étant à la voix mélodieuse et cassé pour un junkie dans son genre. Je l'écoutai en souriant, mes bras croisés sur ma veste de cuir et ne détournait pas les yeux de son regard plein de fougue et de hargne. Gentil garçon. Avec un peu de chance, il pourrait se sortir de ce pétrin dans lequel il s'était fourré. Si les bonnes personnes lui tendaient les mains et s'il souhaitaient les attraper. Néanmoins, qu'il choisisse ou non de sortir de son squat et de ne plus faire parler la drogue coulant dans son sang ne jouerait pas en mon désavantage. Ses réflexions de soit-disant philosophe empathique ne changerait en rien les plans que je menais à bien.  Il n'était qu'un pauvre fou isolé sur le grand échiquier qu'était devenu la ville. Échiquier couvert de mes pions. Qu'importe ce qu'il pouvait faire ou dire, cela ne changerait pas grand chose pour moi. Pour les autres par contre, ce n'était pas dit. Enfin, ce n'était pas mon problème.

Je le regardai, amusée, avant qu'une pointe d'étonnement ne pique mon esprit. Demandait-il réellement si Eden était un vampire ? Ne le savait-il pas ? Ce crétin ne lui avait pas révélé sa véritable nature ? Une nouvelle qui m'étonna grandement tandis que je papillonnai quelque peu des paupières. Quand la suite de son discours me frappa. Et tu dis ne pas vouloir voir les hommes plongeaient dans la haine. Allons bon ?

- Tu es un drôle de spécimen.

Un rire fluet s'éleva dans la pièce, s'échappant d'entre mes lèvres que je cachai futilement derrière le dos de ma main gauche. Mes perles claires se détournèrent un instant du visage de Pom qui devait être faiblement dérouté par mon acte soudain. Il fallait tout de même dire que ce garçon était un parfait imbécile.

- Dire que tu prônes la bonté des hommes et as en aversion la haine et la guerre. Mais il faut avouer que tu n'es pas si différent de moi ou mes filles mon jeune ami.

Avec la nonchalance d'un chat paresseux, je rangeai mon fume-cigarette dans mon sac avant de m'en saisir et de faire quelques pas vers la sortie de ce lieu miteux. Je n'avais plus vraiment de choses à lui dire ou à faire en ces lieux. Mes araignées s'occuperaient de le surveiller quelques jours pour voir l'évolution de ses actions avant que je ne détermine quel nouveau rôle j'allais lui faire jouer. Alors, pour l'heure, je n'avais plus de raison pour rester en sa compagnie. Même après les paroles horripilantes qu'il avait pu prononcer.

- Si tu tiens tant à savoir si Eden est réellement un vampire, tu n'as qu'à aller le voir et lui demander en personne. Enfin, c'est tout de même étrange que tu ne sois pas au courant d'une telle chose. Ce n'est pas comme si son clan était inconnu des habitants de la ville.

De nouveaux pas furent faits, mon corps passant presque par l'encadrement de la porte sombre de cette fausse chambre. L'air était lourd, annonçant l'arrivée d'un orage bien trop violent. Il fallait rentrer. Je n'avais aucune envie de me prendre une averse et les filles pouvaient très bien se charger des missions que je leur avais confié sans moi. En cas de problème éventuel, Eressëa serait là pour leur tirer les oreilles. Mais avant de quitter définitivement les lieux, je me tourna une dernière fois face au blondin dans mon dos. Blondin qui devait être aussi âgé que moi et qui avait ce don délicieux de me faire rire en toute circonstance.

- Saches juste une chose mon garçon, ta vision trouble et erronée sur ce monde risque fort de te faire vivre bien plus de tracas que tu ne le penses. Prends gardes à tes paroles et pensées, ce n'est pas au goût de tout le monde.

Affichant un dernier sourire, je me détourna complètement pour rejoindre le couloir menant à l'escalier qui me permettrait de quitter le bâtiment. Les dés étaient jetés. Maintenant fallait-il qu'il décide de jouer correctement à son tour.

- Et je serais ravie de prendre le thé avec toi mon cher Pom. Ce sera un grand plaisir.

Je n'attendis point de réponse et déserta les lieux, m'engageai dans les escaliers et passai par la demi-porte fracassée qui donnait sur l'entrée de l'immeuble. À quelques pas, Maria m'attendait sagement en éloignant du regard les curieux, son air revêche m'arrachant un sourire avant qu'elle ne me suive jusqu'à ma voiture où elle s'installa au poste de conduite. M'installant à l'arrière, j'observai un instant l'immeuble où se cloîtrer cette adorable petite souris, un nouvel once d'amusement me prenant aux tripes. Tout cela s'annonçait excitant pour la suite.

- Rentrons.

Dans un vrombissement sourd, le moteur du véhicule démarra et disparut dans la ruelle et la nuit, m'éloignant de ce lieu sordide pour me ramener au manoir où m'attendait, je l'espérais, mon époux et une assiette de cookies. La faim commençait sérieusement tiraillée et il serait bientôt tant que je me sustente correctement. Mes lèvres s'étirèrent en une moue moqueuse, mes crocs apparaissant légèrement. Il était bientôt l'heure.



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