Dégage le moustique ! [ft. Maxence Brydir]

Je suis trop occupée à pleurer pour protester quand il me soulève pour m'emmener dans un taxi. En plus, le monde tangue encore plus maintenant que je ne touche plus le sol et je dois me concentrer pour lutter contre les nausées qui me viennent petit à petit. Je pense qu'il ne serait pas extrêmement ravi que je lui vomisse dans le dos.

Le voyage en taxi se passe doucement. Je fixe l'extérieur en dodelinant de la tête et je me laisse traîner dehors une fois arrivés à l'aéroport. Je rêve de manger un beignet pour me remplir l'estomac, mais surtout, le plus important, j'ai soudainement très envie d'aller faire pipi. Enfin, pendant les contrôles je me contente de sourire et de montrer les papiers qui sont dans ma poche. Pas de bagages à part le sac que j'avais avec moi. Ma grand-mère saura bien me les ramener, je le sais. Mais si elle pouvait attendre une petite décennie avant de remettre les pieds au Japon, cela m'arrangerait fortement.

Une fois les contrôles passés - et le couteau de Maxence confisqué - il ne me laisse pas le choix et me porte à nouveau. Avec un mouchoir dans le nez, les yeux rouges et plus d'alcool que de sang dans mes veines, je n'ai rien à dire et je ne relève même pas sa remarque sur l'avion. Il me prend pour une gamine ? Très bien. Aux yeux du personnel, c'est d'ailleurs certainement ce que je suis.

J'hésite entre lui dire que ma vessie est pleine ou que je risque de lui vomir toute la bière que j'ai dans l'estomac dans le dos, mais finalement la deuxième option me parait bien mieux.

J'arrive à descendre de l'épaule de monsieur et file jusqu'aux WC les plus proches où - miracle - il n'y a personne. Cinq minutes plus tard, je reviens vers lui, toujours aussi nauséeuse mais je me sens mieux. J'ai même eu le temps de changer son mouchoir en tissu contre du bon vieux papier.

Il y a en réalité pas mal de sang dessus, mais ça ne tranche pas trop avec les motifs du tissu, alors ça ne devrait pas trop le déranger.

Il est légèrement dégoûté par tout ce sang, ce qui m'amuse un peu. Il se donne des grands airs, mais au final il lui en faut peu. Il propose de me laisser marcher si je suis sage, mais je n'ai même pas le temps de dire que oui, je n'ai aucune raison de courir partout puisque nous rentrons et que dans quelques heures je serai de retour dans mon Japon chéri, qu'il me soulève à nouveau.

De toutes façons il ne m'écoutait pas, trop occupé à nous faire monter dans l'avion. Mais je n'allais pas non plus m'en plaindre. Comme je n'ai que ça à faire je le fixe et pendant que nous rentrons dans ce qui ressemble à la première classe, je tends le bras pour appuyer sur son nez du bout du doigt. C'est complètement inutile, mais ça me fait rire.

Je suis tout de même contente qu'il me repose. La première classe, ce n'est pas que j'y suis habituée puisque je n'ai pris l'avion que quelques fois, mais que ce soit Joshua, Akio ou Yûdai, aucun ne m'aurait laissée prendre des billets moins chers, même si personnellement cela a peu d'importance. Tant que j'y suis, j'en profite, c'est tout. Je me laisse tomber dans un fauteuil à une place de Maxence et au lieu de lui répondre, je me contente d'un signe de la main. Les yeux fermés, j'ai juste envie de dormir et de me réveiller quand on arrivera à destination.