Tokyo, Japon.
Agence, Hall d’accueil.Abe attend, mains dans les poches et casque sur les oreilles, les yeux rivés vers le sol, fortement passionné par le bout de ses chaussures. Il se balance lentement, d’avant et arrière et d’arrière en avant, essaye d’oublier le brouhaha permanent de l’Agence et de toutes les personnes qui y passent chaque jour. Des nouveaux, des moins nouveaux.
Il laisse couler son regard sur des visages, avant de retourner vers ses pieds. Et son balancement lent, hypnotique.
Abe, on l’appelle au besoin. Pas payé, pas remercié non plus. Bénévole, allez savoir comment on appelle ça. Pour ces personnes qui ne parlent pas les langues d’ici, de l’Agence. Avec qui on ne peut pas communiquer. Parfois, Abe accepte, parfois Abe refuse. Il n’a pas forcément le temps, ni l’énergie, ni l’envie de le faire. Cette fois, il a le temps, l’énergie, et n’est pas contre cette idée - envie est un grand mot, sans mentir.
- Ok pour cette fois
Ressemble à quoi ? -Des questions posées à Heidi, l’assistante sociale de l’Agence avec qui il est en contact. Une habitude, les deux se connaissent bien depuis le temps qu’Abe est revenu au Japon. Et quelques réponses plus tard.
- Rdv dans ton bureau, Agence
9h tout rond -Il est 8h50. Abe arrive toujours en avance de quelques minutes, ou pire parfois. Alors il attend, sagement dans le Hall avant de venir frapper à la porte du bureau. Il retire son casque porté, passe sa main sur sa joue, y fait gratter quelque peu ses ongles - doucement, doucement - avant de constater les présences. Heidi est là, et te voilà à ses côtés. Il secoue la main pour vous saluer, comme s’il ne venait pas d’interrompre une conversation, son air terriblement à l’ouest sur les traits.
“Salut. C’est lui ?”Du japonais, destiné à Heidi, avant qu’il ne te désigne du doigt, sans que l’impolitesse de son geste ne le frappe outre mesure. Il claque la langue, réflexe sans raison, tandis qu’elle hoche la tête. Une main passée sur son gilet, épousseté lentement et précautionneusement.
Sans difficulté alors, il passe au turc, malgré le léger accent arménien qui reste dans le fond de sa gorge.
“Salut. Abraham, interprète turcophone. Probablement plus simple pour comprendre et te faire comprendre.”Résumé
374 mots
Ses fringues parce qu'il a un petit flow
Abe est appelé.e pour gérer le cas Altou à son arrivée, histoire que ce dernier ne soit pas totalement paumé dans un monde ou quasiment personne ou presque ne parle allemand ou turc