Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

Bienvenue

dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

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Yumi Tanaka
Yumi Tanaka
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Pronoms : Elle-la-elle
Âge de la mort : 16
Âge post-mortem : 64
Métier : Cheffe du clan G.T.O.
Avatar : Satsuki Kiryūin - Kill la Kill
Epitaphes postées : 94
Øssements215
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évolution
#1
Yumi Tanaka - My devil-on-your-shoulder voice is on full display Empty20.04.24 21:14


Polite society says this is wrong, so wrong, but-


identité


Nom : Tanaka (Sasaki)
Prénom : Yumi (Yumiko)
Date de naissance : 05/05/1960
Date de mort : 11/01/1977
Nationalité : Japonaise
Langues parlées :
[X] Anglais (mal)
[X] Japonais (langue natale)
[X] Autre(s) : Vietnamien (langue natale)
Race : Poltergeist
Personnage de l'avatar : Satsuki Kiryūin - Kill la Kill



description physique


Couleur de peau : Teint asiatique pâle, plus souvent éclairé par les néons de Kabukicho que par le soleil.
Couleur des cheveux : Aile de corbeau, c'est plus classe que juste dire "noirs".
Longueur des cheveux : Ils tombent raides jusqu'au bas des hanches. Leur santé est entretenue avec des potions si besoin, mais la plupart du temps elle fait des masques à l'huile, c'est moins contraignant de s'en procurer.
Couleur des yeux : Elle dira qu'ils sont "basalt" à l'origine. Mais le port régulier d'une bague chimérisante les rend bleus. Elle la fait régulièrement recharger gratuitement sous la menace.
Corpulence : Mince, à la stature élancée.
Taille : 1m64
Style vestimentaire : Elle est rarement vue portant autre chose que des tenues de lycéenne revisitées qu'elle coud elle-même. Quand ça lui arrive de porter des vêtements plus classiques, elle a finalement un look assez travaillé.
Habitudes : Elle parle volontairement d'une voix grave et autoritaire, de la manière la moins féminine possible.
Son attitude est également très masculinisée. Elle s'assoit généralement à la yankii-zuwari et quand des sièges sont disponibles, elle garde les jambes écartées pour prendre un maximum de place.
Elle crapote plus qu'elle ne fume, car elle n'aime pas ça, mais le geste est comme inscrit dans sa mémoire musculaire. Pourtant ça ne l'apaise pas.
Autre : Autrefois complexée par ses sourcils épais et moquée pour ça dans son enfance, elle laissait sa frange pousser bien davantage. À présent, elle a appris à les aimer pour la dureté qu'ils ajoutent à ses expressions.
Parfois exaspérée d'être bloquée dans un corps de mineure alors que certaines situations requièrent qu'elle soit perçue comme adulte – elle a quand même passé la soixantaine –, elle consomme au compte-goutte des potions de vieillissement qu'elle vole ou fait fabriquer de force à des nécromancien·ne·s en échange de leur épargner des actes de vandalisme ou de harcèlement.



précisions


Orientation & Co. : Cisgenre, saphique, demi-sensuelle et acorsexuelle.

Périsprit : une balle de baseball.

Porte-bonheur : ... une batte de baseball.

Rituels de prédilection : courage, croissance, et purification.

Aversions :
Elle déteste les nécromancien·ne·s et n'a pas le temps ni l'envie d'écouter les arguments de type #notallnecro. Au moins ne cherche-t-elle pas à les tabasser tous·tes.
Elle n'aime pas les américain·e·s, sans se souvenir vraiment pourquoi.
Elle éprouve une haine féroce à l'encontre des Yakuza, peut-être même supérieure à celle qu'elle a contre les hommes tout court.

Hobbies :
Elle peut gratter trois notes sur une guitare électrique sans que ça sonne trop dégueu, et hurler dans un micro comme une métalleuse, quitte à faire une cure de tisanes au miel ensuite.
Pas terrible au baseball, elle aimerait s'améliorer. Sa batte en métal fétiche est davantage un symbole de dissuasion qu'un moyen de pratiquer le sport. Elle a quand même réussi à la faire signer par des membres de l'équipe féminine du Japon dans le monde des vivants en 2008 lors de leur victoire en Coupe du Monde, en la confiant à une vampire qui est allée assister au match pour elle.


Caractère



Altière
Extrêmement fière voire arrogante, Yumi défendra son honneur et celui de son clan à la force de son caractère et de ses poings. Elle prend aisément de haut quiconque ne fait pas partie de son cercle, et veille à mettre la pression sur ses interlocuteur·rice·s d'un simple regard avant même de commencer à les enchaîner verbalement.


Colérique
Même quand elle a l'air calme ou concentrée, elle couve en réalité une rage sourde au fond de ses tripes. Un peu d'observation suffit à repérer sa tension quasi-permanente, qui serre ses dents et plisse son front. Elle a de sérieux problèmes de gestion de l'humeur et la moindre contrariété est capable de mettre le feu aux poudres.


Contestataire
Facilement dérangée et dans l'opposition quand les choses ne vont pas dans le sens qu'elle estime être le bon, ou quand ses valeurs et ses opinions ne sont pas partagées, elle remet presque tout ce qui lui fait obstacle en cause dans le fonctionnement de son environnement ou dans la manière de penser des autres.


Grossière
Elle agrémente un langage vulgaire d'une gestuelle inélégante et désagréable : elle se tient mal, elle parle fort, elle renifle, elle crache, elle claque les portes à coup de talon, elle squatte en bande les rues en faisant un maximum de tapage ; elle brutalise par sa présence sans même avoir besoin de sortir les gants de boxe.


Antisociale
Elle se fout de la collectivité et n'a de respect que pour ses propres règles et celles (rarement ceux) qui les suivent, qui la suive. Par son comportement, elle s'arrange pour porter préjudice à toutes les personnes un peu trop droites dans leurs bottes, et tant qu'à faire, à la société elle-même qu'elle antagonise.


Violente
Elle donne des gifles comme elle joue de la barre à mine. Pour se défendre et défendre ses pairs, ses droits, sa vision du monde. Pour terroriser les misérables qui n'auraient pas tourné les talons assez vite. Et si la majorité du temps, elle se limite à des coups qui laissent des bleus et des lèvres fendues, contre quiconque susceptible de riposter, ça peut escalader.


Misandre
Yumi n'aime pas grand monde, mais alors les hommes, ce sont les pires. Bien que paradoxalement, ils soient ses modèles en terme de leadership et d'attitude, calquer tous leurs travers est moins un désir de leur ressembler que de les écraser. Pur produit du mouvement de la libération de la femme ayant pris cours dans les années 70 au Japon, elle ne cédera jamais rien à un mec.


Meneuse
Elle prend aisément l'ascendant sur les autres, les influençant jusqu'à les entraîner à sa suite. Elle construit son charisme par l'intimidation et l'inspiration des esprits les plus influençables, en quête de réassurance. Son magnétisme fonctionne tout particulièrement sur les personnes en manque de reconnaissance ou peinant à s'affirmer.


Franche
Prenant le contrepied de tout ce qu'a pu tenter de lui enseigner sa culture, Yumi critique ou complimente clairement et sans détour. Sans surprise, le premier cas survient plus régulièrement que le deuxième. En particulier si son opinion est demandée, elle rejette toute intention de dire à autrui ce qu'iel préférerait entendre pour n'exprimer que des avis bruts de décoffrage.


Solidaire
D'une loyauté sans faille à l'égard des causes qu'elle défend, elle se donne pour devoir moral de soutenir et d'assister son groupe, ou toute personne qu'elle estime dans le besoin et digne de recevoir son aide, par n'importe quel moyen à sa disposition. Et si elle n'en a pas, elle mettra tout en œuvre pour en trouver un.


Protectrice
Sensible à la vulnérabilité de ses proches, elle n'hésitera pas à spontanément faire rempart entre elleux et tout type d'agresseur·euse. Elle refuse de rester témoin d'une situation d'abus de faiblesse et tend à prendre sous son aile les personnes – en particulier les femmes et les jeunes enfants – qu'elle perçoit comme des cibles malheureuses.


Dynamique
Increvable – surtout la nuit –, elle se dépense régulièrement dans la pratique d'activités sportives impliquant de courir ou de frapper dans des trucs. Elle entretient ainsi une très grande forme physique et une masse musculaire notable. Au quotidien, il lui arrive d'évacuer un trop-plein d'énergie par des actions inutilement brusques.


Soigneuse
Ça ne surprend pas grand monde d'apprendre que Yumi privilégie les tâches manuelles, en revanche, c'est très difficile de l'imaginer minutieuse. Et pourtant, en particulier quand il s'agit de coudre, elle s'avère très précise et soucieuse du détail. Peu de gens savent qu'elle a un bon sens de l'esthétique et qu'elle aime contribuer à créer ou entretenir de belles choses.


Économe
Elle considère chaque sou comme ayant été durement gagné, même quand elle vole. Et si elle encourage son clan à exercer une liberté totale de s'offrir tout ce qui leur fait envie sans culpabilité ni privation, pour sa part, elle manifeste une tendance à l'accumulation pour des objectifs bien définis, ou en prévision de l'apparition d'un prochain objectif.


Amnésique
Yumi connaît l'essentiel de sa première vie principalement par la lecture d'enquêtes auxquelles elle ne parvient pas à se connecter intimement. Sa véritable mémoire ne se compose que de rêves vivides, de bribes d'images et de sons, d'émotions incontrôlables dans des situations qui lui paraissent familières, et surtout, d'intuitions qu'elle décrirait comme étant juste viscérales.


Haptophobe
De plus en plus phobique du contact physique humain à mesure que des souvenirs lui reviennent, l'usage de cristaux l'aide heureusement à utiliser des objets déjà touchés par d'autres, et à tolérer voire apprécier la présence de ses proches. En revanche, elle demeure distante avec autrui, la proximité d'inconnu·e·s provoquant au mieux du dégoût, au pire des angoisses.



résumé


1977-80

  • 1977 : Décédée d'une manière particulièrement traumatisante, Yumiko arrive devant la Faucheuse pratiquement sans aucun souvenir, perdue, horrifiée par la diffusion de la scène de sa mort, et déjà pleine de rancune quand au sentiment d'abandon que lui laisse le traitement expéditif de l'Agence.

  • Après plusieurs mois dans le monde des morts, elle passe plus de temps dehors à racketter des inconnus qu'à tenter de s'intégrer à sa colocation – qu'elle menace et vole tout autant. Torturée par des cauchemars de son ancienne vie, en désespoir de cause, elle s'apprête à boire une potion pour tenter de resusciter. Heureusement, une de ses colocataires l'arrête à temps et la prévient des dangers de ce type d'arnaques, dont elle-même a été victime autrefois, la transformant en zombie.

  • 1978 : Elle devient ainsi sa première amie, qui l'aide à gagner quelques Øssements de manière légale et à enquêter sur son passé. Étonnamment, elle la suit pour commettre quelques petits délits à l'encontre des nécromancien·ne·s. Yumiko finira par découvrir que malgré une façade calme et timide, elle fréquente un groupe de chimères délinquantes, dans l'espoir d'un jour elle-même avoir le courage de se faire injecter.

  • 1979 : Yumiko fréquente alors le même cercle qu'elle, partageant ses ambitions, allant jusqu'à promettre que lorsque son amie sera prête, elles deviendront chimères ensemble. Or à mesure que de rares souvenirs lui reviennent, elle découvre qu'elle se sent mystérieusement attirée vers des lieux clés de son passé. Obsédée par la maison qui se trouve à l'emplacement de celle de son enfance, elle finit par y entrer par effraction, découvrant à l'intérieur son premier périsprit.

  • Devenir poltergeist l'empêchant de se transformer en chimère, elle reste néanmoins solidaire avec son amie, l'encourageant à franchir le pas. Cette dernière décide à l'inverse de renoncer également à sa métamorphose, choisissant de garder sa place aux côtés de Yumiko plutôt que de rejoindre un groupe auquel elle n'a plus accès. Toutefois, ledit groupe réagit à cette décision par un mépris que Yumiko ne parviendra pas à tolérer, déclenchant une bagarre perdue d'avance, lui coûtant même sa santé mentale après un cri.

  • 1980 : Sortie de l'hôpital psychiatrique après plusieurs mois de soins, elle découvre que sa rébellion a provoqué une scission au sein du groupe de chimères, décriées pour leur attitude insultante envers les femmes refusant la transformation. Parmi celles qui l'ont quitté, plusieurs choisissent finalement de suivre Yumiko à la place, faisant naître rapidement un nouveau groupe, qui s'agrandira au cours des années qui suivent.


1990-99

  • ...




Le clan G.T.O.


Le nom complet de son clan est le Guruppu Tatakau Onnatachi. Le premier ou la première qui lui parle encore de ce "Great Teacher Onizuka" se prend une claque sans sommation. G.T.O. est un hommage au mouvement qu'avait engagé la militante féministe Mitsu Tanaka. D'ailleurs, Yumi a choisi son nom de famille par admiration pour elle. Les membres se font appeler les Sukeban, en lien direct avec le passé de la fondatrice.

Esthétique :

Leur signe de reconnaissance consiste au minimum à exhiber un badge brodé quelque part sur leur tenue. La base de l'uniforme de lycéenne japonaise à jupe longue est appréciée mais pas obligatoire. Le port d'armes d'auto-défense est recommandé par Yumi. Concernant les vraies armes, en particulier les katanas, ironiquement, elle n'accepte que les faux.

Popularité :

Yumi n'imagine pas son clan dépasser les quelques dizaines voire une centaine de représentantes, cantonnées à Tokyo. Néanmoins, avec l'avènement d'internet, son groupe a pris de l'aisance à faire parler de lui et à attirer du sang neuf.

Règles :

Dans l'esprit de faire de son clan un refuge pour ses membres, elle ne cautionne pas la violence intestine. De plus, Yumi s'est éduquée sur les notions d'inclusivité, ce qui a conduit à d'autres changements par rapport au passé. Quelques-unes de ces règles sont :

  1. Ne pas s'agresser entre membres du clan.
  2. Ne pas voler lae personne spéciale d'un·e autre membre.
  3. Ne pas tromper les règles de sa ou ses relation/s avec une ou plusieurs personnes spéciales.
  4. Ne pas se droguer.
  5. Ne pas être déloyal·e envers le clan.

Les transgressions mineures entraînent des sanctions légères sur la base d'excuses "publiques" et de services à rendre.

Les transgressions graves ou répétées impliquent un bannissement total, une dépossession du badge et des biens prêtés par le clan, voire la destruction des possessions oubliées de l'ex-membre.

Admissions :

Les hommes, cisgenres, transgenres, ou plurigenres, ne peuvent faire partie du clan.

Plusieurs races de fantômes peuvent aussi se retrouver dans le collimateur de G.T.O. sous certaines conditions. Le dénominateur commun réside dans la capacité à transformer définitivement une personne, même sans son consentement éclairé :

Les nécromancien·ne·s sont refusé·e·s dans absolument tous les cas. Yumi est en mesure de les identifier, alors elle va jusqu'à bannir les lémures ayant eu la malchance d'évoluer dans ce sens.

Les vampires ne sont accepté·e·s qu'à condition de se nourrir à la poche de sang ou qu'après avoir tué leurs victimes au préalable, les empêchant ainsi de devenir vampire à leur tour.

Les chimères doivent renoncer à la possibilité de posséder une ou des seringues de produit chimérisant, et faire le serment de ne pas faire la propagande de leur espèce auprès des autres lémures.

Activités notables :

Il existe quelques sous-groupes au sein de G.T.O. qui portent des sobriquets, telles que les motardes qui organisent des courses nocturnes, les voltigeuses qui transforment la ville en skate-park ou en parkour géant, les graffeuses qui repeignent les murs à leur image, les raveuses qui rassemblent les foules autour de la musique, et les sentinelles qui sont bien décidées à faire la Boolice à la place de la Boolice, par exemple en surveillant et en réprimant les activités des nécromancien·ne·s.

Il n'est bien sûr pas défendu d'arborer plusieurs casquettes, les étiquettes n'existant qu'à titre indicatif.

Situation financière :

G.T.O. n'est pas un groupe existant légalement, tant parce qu'il se revendique anti-système que parce que nombre des actions qu'il mène sont répréhensibles. Par conséquent, il ne bénéficie d'aucune subvention. Une caisse commune s'est créée grâce au dévouement des Sukeban qui, lorsqu'elles ont un travail, utilisent une partie de leur salaire pour la renflouer. Cet argent commun sert à payer des locaux, du matériel, ou à soutenir les membres en difficultés comme les zombies qui n'arrivent pas à payer de bons soins. Des cagnottes en ligne existent également afin d'encourager à faire des dons au nom de la solidarité féminine et de la liberté d'expression.

Déboires judiciaires :

G.T.O. est bien connue et la plupart de ses actions sont documentées... Par la Boolice. En voici une liste non-exhaustive :

  • Incivilités (tapage diurne et nocturne, ivresse sur la voie publique, outrage à agent...)
  • Vandalisme (graffitis, squattage et dégradation de bâtiments ou terrains privés et publics, destruction de biens en tout genre...)
  • Agressions morales (diffamation, harcèlement et cyber-harcèlement, menaces...)
  • Agressions physiques (coups et blessures, racket...)
  • Délits divers (conduite sans permis, vols...)


À noter heureusement que Yumi a la présence d'esprit d'empêcher l'infliction de dommages irréversibles, ni à aucun individu, ni à l'ensemble de la société en général. Elle éteint également toute velléité guerrière au sein du clan, elle refuse la création de champs de bataille, en particulier dans les lieux publiques. Le vrai problème que pose le clan actuellement réside dans la quantité de délits que ses membres accomplissent plutôt que dans leur gravité.


derrière l'écran


Prénom/surnom : Aitosan
Age : 27 ans
Comment t'es arrivé sur PaB ? En catastrophe
Le smiley que tu préfères ici ? cafe ... aled
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Yumi Tanaka
Yumi Tanaka
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Pronoms : Elle-la-elle
Âge de la mort : 16
Âge post-mortem : 64
Métier : Cheffe du clan G.T.O.
Avatar : Satsuki Kiryūin - Kill la Kill
Epitaphes postées : 94
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évolution
#2
Yumi Tanaka - My devil-on-your-shoulder voice is on full display Empty06.05.24 11:47

histoire


11/01/77

Son premier souvenir du monde des morts, son premier souvenir tout court, ça reste et ça restera à jamais la négligence.

À quel point ça a réveillé au fond de ses tripes une boule qui semble y avoir trouvé ses aises il y a longtemps de cela. Elle ne se rappelle rien, mais son corps le fait à sa place.

De son vivant, il fallait aussi qu'elle cède vite de l'espace aux autres. Qu'elle arrête de ralentir tout le monde. Qu'elle se sente coupable de traîner. Qu'elle accepte que personne n'ait du temps pour elle. Qu'elle ravale ses questions, ses mots, ses désirs, ses rêves jusqu'à en avoir des crampes d'estomac.

Qu'est-ce que je viens de voir ?

Les larmes coulent mais les images sont indélébiles. Les souvenirs sont volatils mais leur horreur brûle tes yeux.

Qu'est-ce que je viens de voir ?

Prise par les épaules, conduite à l'écart, mise de côté car il faut passer au suivant.

Il faut prendre rendez-vous si tu as des questions.

Les vêtements abrasés qu'elle porte, un bout de papier, une direction vague et la somme des traumatismes de toute une vie imprimée au fond de ses rétines, mais verrouillée au fond de sa mémoire. C'est là ses seuls bagages pour emménager à l'Agence.

Son premier souvenir du monde des morts, son premier souvenir tout court, ça reste et ça restera à jamais la négligence.

Et elle n'est pas prête de leur pardonner.

09/04/77

— Du coup, ce soir, j'ai réservé pour le karaoké !
— ... Vous pensez qu'on invite la nouvelle ?

Un silence gênant accueille la proposition hésitante.

— Nan, oublie. Puis arrête de l'appeler la "nouvelle" hein, elle n'est plus la dernière arrivée depuis déjà trois semaines et pendant ce temps le vrai nouveau il cherche beaucoup plus à s'intégrer.
— À part piquer nos Øssements quand on a le dos tourné ou nous menacer dès qu'on est trop près de sa chambre dans le couloir, elle fait pas grand-chose pour qu'on se rappelle qu'elle habite ici...
— À toi aussi il te manque des sous ? Tu crois que c'est elle ?

Un "ah !" convaincu et plein de morgue fait écho depuis la cuisine.

— Tu veux que ce soit qui ? Ça a commencé pile quand elle a débarqué. Laisse plus rien traîner dans les salles communes, mon pote.
— Abusé, qu'elle se trouve un taf au lieu de zoner...
— Je serais un patron je voudrais pas d'elle, hein.
— ... Je vais quand même laisser un mot sur sa porte comme quoi on sort et où on est, si elle veut rejoindre.

Yumiko est assise en haut des escaliers. Elle entend tout. Et non, elle ne compte pas les rejoindre. Ni maintenant. Ni jamais.

18/06/77

Parfois ses rêves ont une odeur de gaz d'échappement et de gomme qui chauffe. Parfois ses cauchemars ont une odeur de bitume humide et métal qui rouille. Elle en retrouve le goût sur la langue au réveil.

Elle manque de sommeil comme de réponses. Elle ne supporte personne. Personne ne la supporte. Elle s'échappe. Cherche une échappatoire. Elle rafle la moindre rotule et les pétant dans d'étroites ruelles.

C'est gravé dans ses muscles et ça lui semble logique. Même amnésique, ça lui est facile d'arriver à la conclusion qu'elle n'était pas une fille bien.

Elle en a fait le constat en HD.

Parfois elle se demande si ce mec s'est aussi retrouvé dans cette salle d'attente. Ce qu'il a fait pour mériter ça.

S'il viendra se venger.

Les silhouettes un peu trop grandes au détour des allées sombres la font tressaillir et brandir son cutter.

29/10/77

— Hey, excuse-moi... Sasaki-san ? Je sais que c'est sûrement pas mes affaires, mais... Je t'ai vue rentrer en ramenant une drôle de bouteille et...
— T'as raison, c'est pas tes affaires.
— Attends !

Elle s'immobilise, main sur la poignée de porte de sa chambre qu'elle allait rejoindre. Prête à lâcher pour chopper ses cheveux à la place. Mais comme elle garde le silence pour se retenir, l'autre reprend la parole :

— Juste au cas où, si jamais on a pu te dire que tu pouvais revenir d'entre les morts... C'est faux. Jamais personne n'a réussi. Les fantômes qui essaient finissent transformé·e·s en zombies et sans un sou pour bien se soigner... Je ne sais pas si quelqu'un avait déjà pensé à te prévenir, alors, voilà. Garde bien en tête que dans absolument tous les cas, c'est faux, d'accord ?

Les jointures des doigts blanchissent. Le sang quitte les doigts pour monter aux joues. Ils s'injectent dans son regard, elle se braque autant que celui-ci sur l'impudente.

— ... C'est quoi ce ton, tu m'as cru stupide ? Du genre à tomber dans un piège pareil ?

Des claques se perdent. Elle claque derrière elle. Et ses poings crispés s'abattent dans le panneau de bois.

Aussi dur que celui dans lequel elle a bien failli tomber.


— Hé, qu'est-ce que tu fais ? C'est interdit de verser les potions dans les canalisations !
— C'est pas une potion.
— Après elles se mélangent dans les égouts et ça rend l'endroit très dangereux pour ceux qui...
— Ta gueule, c'est pas une potion je t'ai dit.
— Ok, ok.

Le liquide douteux continue de s'écouler de la fiole renversée. Sous le regard agacé de Yumiko. Sous les yeux de l'autre qui la fixe. Encore elle. Toujours elle. Ça la dérange. Mais ça ne l'énerve pas. Bizarrement. Elle finit par redresser le goulot alors que la fiole n'est vidée qu'aux trois quarts.

— ... Je dois en faire quoi, du coup.

02/11/77

— Bah allez-y, collez-moi des heures de travaux d'intérêt général, vous verrez ce que j'en ferai.

Ou plutôt ce qu'elle n'en fera pas. Ces bops de merde, cette police au rabais, celle qui ne brillait déjà pas beaucoup de son vivant, du peu qu'elle réussit à se remémorer dans des songes confus et fiévreux.

Pourtant Yumiko voudrait se plaire ici. Maintenant qu'elle a compris qu'il n'y a pas d'alternatives, qu'il n'y a pas de retour en arrière. Mais elle a toujours cette rage qui la bouffe. Et faut toujours des gens pour lui donner raison de garder la haine.

Des nécromancien·ne·s pour profiter de la faiblesse de celles et ceux qui comme elle, ont été négligés d'entrée. Qui contrairement à elle, n'ont pas eu la chance de saisir une première main tendue bienveillante – même si dans son cas, elle a manqué d'en broyer les doigts.

Des rois – des hommes – pour continuer d'édicter des lois qu'ils ne savent pas faire appliquer. Pour maintenir un système qui ne fonctionne pas. Qui laissent proliférer les monstres. Et qui la sanctionnent, elle qui les châtie mieux qu'ils ne le feront jamais. Car ils ne le font jamais.

— Vous me punissez de réparer vos conneries.

Elle œuvre déjà pour l'intérêt général. La façade du commerce de ce charlatan ne manquera à personne. Pas plus que sa face à lui d'ailleurs. Et puisqu'il a eu la force de la dénoncer, c'est qu'elle n'a pas cogné assez fort.


— Dis, l'arrestation ce matin... C'est toi qui a saccagé le magasin du nécro en bas de la rue ?
— Tu vas me faire la leçon toi aussi, mère Thérèsa ?
— Non, du tout, je me disais juste... J'aurais aimé avoir eu ton cran, à l'époque.

Oh.

C'est donc pour ça qu'elle l'a spontanément prévenue pour les potions.

13/11/77

— ... Sasaki-san, cet endroit, c'est là où je t'avais raconté que...
— Ouais. Maintenant qu'on y est, ouvre mon sac.

Bien que timidement, elle obéit, débouclant l'attache du vieux cartable vissé au dos de Yumiko pour qu'elle n'ait pas à le retirer.

— Pourquoi est-ce qu'on... Oh. Oh, non, non, on peut pas faire ça.
— Bien sûr que si. Passe-moi la peinture.
— Mais tu vas encore...
— Quoi, la Boolice ? Je la nique, la Boolice. Et non, on se fera pas pincer. La dernière fois c'était pas ma première, hein.

Elle saisit et secoue l'aérosol posé dans sa paume ouverte. Elle pulvérise de grosses traces d'un rouge pétant en travers du rideau de fer qui barricade l'entrée de la boutique qu'elle prend pour cible cette nuit. Puis elle se recule, satisfaite des prémices de son œuvre, avant de se tourner à nouveau vers l'autre.

— Bah alors, tu vas rester campée à me regarder ? Tu fais même pas un bon guet alors chais pas, participe.
— Quoi ?!
— T'as la trouille ? De trois ou quatre jours de TIG dans le pire des cas ? T'es une bonne fourmi, c'est une formalité.

Elle tend sa bombe de peinture vers elle, d'un geste qui ne laisse pas de place au doute.

— Passe pas à nouveau à côté de ta chance de te venger. C'est pour ça que t'as accepté de me suivre, non ?
— Je savais pas que tu m'emmenais ici...
— Menteuse, j'ai senti que t'as ralenti dès qu'on est arrivées dans le quartier.

D'une main hésitante, la complice malgré elle – ou pas ? – récupère l'arme du délit. Pourtant elle marmonne encore :

— Je peux pas, et si...
— Si on se fait cramer, je te couvre. T'as une réputation de sainte, nan ? Ce sera facile. Alors fais-le. Sinon tu vas regretter toute ta vie de pas avoir profité d'un de mes rares instants de bonté.

Elle pondère les propos, puis une moue de résolution tord ses traits. Elle presse sur l'actionneur, le front plissé, l'air étonnée par la force qu'il faut mettre dans son doigt pour qu'enfin un "pschit" fatigué fasse rouler quelques gouttelettes écarlates le long du contenant.

— Plus ferme, le geste. Sois pas délicate, sinon ça sort pas. Si tu veux t'affirmer, faut y aller franchement.

Elle réessaie et une grosse tâche malhabile et dégoulinante se répand sur la taule gondolée. Son sursaut est ridicule. Son gloussement aussi.

Mais cette lueur à l'instant. Dans ses yeux.

11/01/78

Les jambes de Yumiko connaissent la ville. Elles semblent toujours la guider bien loin de l'Agence quand elle erre sans but. Elle n'a jamais trop compris pourquoi, et sitôt qu'elle s'apercevait de sa dérive, elle se retrouvait perdue.

Jusqu'au jour où ses pas l'ont conduite suffisamment loin. Au détour d'une petite rue calme, discrète, quelconque. Ses yeux en ont déjà vu des dizaines similaires. Pourtant une pensée s'est formulée d'elle-même.

J'ai vécu ici.

Mais bien sûr, ce n'est pas son portail devant lequel elle demeure immobile, subjuguée. Si bien qu'un inconnu finit par sortir pour lui demander si elle cherche quelqu'un.

... Non.

Personne.


Quelqu'un a posé une part de gâteau au pied de la porte de sa chambre pendant son absence. Yumiko ne songe qu'à une personne assez stupide pour faire ça.

Déjà un an qu'elle est ici, le temps a filé à un rythme alarmant. On dit que le temps passe vite quand on s'amuse.

... Mais il passe tout aussi vite quand on a la sensation que chaque jour se répète.

05/05/78

Quelqu'un a posé une part de gâteau au pied de la porte de sa chambre pendant son absence. Yumiko ne songe qu'à une personne assez stupide pour faire ça.

À aucun moment elle ne se souvient d'avoir évoqué la date de son anniversaire, cependant.

Elle réalise qu'elle est majeure. Qu'elle aurait pu devenir majeure.

01/07/78

Yumiko la lorgne du coin de l'œil et grince des dents quand elle la voit ouvrir la fenêtre en grand. Elle n'est pas la seule à fumer, loin de là, mais apparemment, puisque le salon censé être partagé à six ou sept en ce moment, un accord existe pour empêcher cette pièce d'être plongée dans un perpétuel brouillard malodorant.

Or ça fait bientôt un an et demi que plus personne n'ose rien dire quand elle outrepasse les règles communes, parce que c'est du gâchis de salive et un trop grand risque de se faire chopper par le col. Il n'y a peut-être bien que cette nana pour encore oser lui adresser la parole.

— ... J'ai trouvé un job d'été un peu pénible en périphérie, où faut être dans des champs toute la journée sous le soleil. Le cadre est joli, et y a des trains jusque tard donc c'est possible d'en profiter après le travail avant de rentrer sur Tokyo.

... Principalement pour sortir ce genre de débilités que Yumiko n'écoute que d'une oreille. Jusqu'à ce que son attention soit attirée par deux billets qui finissent posés sur la table basse.

— Je suis censée commencer après-demain et j'ai payé d'avance mes tickets pour la semaine, alors je peux t'en avancer un. Et je crois pas que l'employeur en aura quelque chose à faire que je ramène des bras en plus. Il m'a déjà dit qu'il lui manque encore des gens.
— C'est ta manière de me dire "cherche-toi un vrai travail" ? Je peux juste piquer ton portefeuille quand tu rentres, si tu tiens tant à ce que je me fasse du fric.
— Ouais, j'imagine, mais...

Elle hausse les épaules et ça ne manque jamais de déconcerter.

— Tu pourrais gagner le double si tu viens avec moi, non ? Ton salaire, et le mien.
— ... Arrête d'avoir l'air si chill à l'idée que je te rackette, surtout que t'en as besoin, de cette thune. T'es bizarre putain.

Leurs yeux se croisent. Et ce sont ceux de Yumiko qui s'abaissent. Bizarrement. Elle tend une main pour attraper un des morceaux de papier cartonné, tout en écrasant son mégot dans un cendrier ramené depuis sa chambre.

— ... Bordel de merde, départ à six heures trente ?!

19/12/78

Rapport d'enquête rédigé le 18/12/78 pour la cliente : Sasaki Yumiko.

Née le 05/05/1960. Nationalité Japonaise. Décédée le 11/01/1977 (16 ans). Cause de la mort : accident de moto (détails en page 3).

FAMILLE :
Foyer :
- Mère vietnamienne, née Hoang Bảo Ngọc (années 40). A émigré au Japon durant sa grossesse pendant la Guerre du Viêt Nam (1959). Renommée Sasaki Kiseki au cours de sa lutte pour se faire naturaliser. Statut : vivante (+/- 40 ans).
- Père japonais, né Sasaki Hiro (années 30). Militaire déserteur durant la 2nde Guerre Mondiale ayant intégré les Việt Minh puis le Việt Cộng. Statut : disparu en 1968 (environ 35 ans, date précise inconnue). Cause de la mort (présumée) : tué durant la Guerre du Viêt Nam.
- Frère aîné, né Sasaki Meguro (1958). Garde la nationalité japonaise dès 1976. Statut : vivant (21 ans).
- Grand-père japonais (côté paternel), Sasaki Toguro, né au début du XXe siècle. A accueilli sa belle-fille et ses petits-enfants chez lui à Tokyo. Statut : mourant (cancer phase terminale).
Autres :
- Oncle japonais, Sasaki Hide, frère aîné de Sasaki Hiro, son épouse et ses trois enfants (deux garçons et une fille).


— Mais arrête ! Pourquoi tu brûles ça ?!
— Laisse tomber.
— Après tout ce que ça t'as économisé et dépensé pour cette vampire ?
— J'me souviens pas d'eux.

Elle pousse un soupir alourdi par la sentence qui tombe avec sa phrase, et le document lâché dans le vide sous les toits. Les feuilles rongées par les flammes se détachent ; elles s'envolent, se décomposent avec la fumée de sa cigarette et la vapeur de son souffle glacé par la bise de l'hiver, qui lui mord les lèvres plus que ses dents quand elle grince :

— Ils me manquent pas.
— ... J'espère qu'il reste une sauvegarde. S'il faut payer la réimpression, je m'en charge.

Yumiko claque de la langue et ne répond rien. Elle compte les lumières de la ville, pour oublier qu'elle se sent déshabillée du regard, effeuillée comme un livre ouvert.

Elle déteste aimer ses yeux pour ça.

20/12/78

— Y en avait autour de mon collège.
— De quoi ?
— Des sukeban.
— Je t'avais dit de pas lire !
— J'ai juste vu ce mot par accident !
— Tss, juré, pourquoi tu te mets toujours en situation où t'es à deux doigts que j't'en colle une...

Yumiko lui arrache des mains la liasse de feuilles fraîchement réimprimées.

— C'est quelle page, c't'affaire.
— Celle qui est un peu cornée. Je l'avais fait tomber par terre.
— Fais genre. Je suis sûre que t'as tout regardé putain.
— Non, non, promis.

Mais il ne faut pas bien longtemps pour qu'elle brise à nouveau le silence qui s'installe pendant la lecture, en avançant le visage comme si elle tendait effectivement la joue pour prendre une gifle.

— ... Alors, ça dit quoi la suite ?
— Ma vie c'est pas ton drama du dimanche soir !
— Nope, on est mercredi.
— Tu soûles.

Mais puisque son menton est posé sur son épaule avec une insolence perturbante, elle a déjà gagné : libre à elle de rattraper le feuilleton.

24/12/78

— T'as fait quoi pour le réveillon l'an dernier ?

Yumiko hausse les épaules.

— Chais plus. J'ai sûrement ignoré ton millième mot à la con pour m'inviter à sortir avec les cassos de cet appartement.

Ça a le mérite de faire rire la concernée.

— Tu as toujours su que c'était moi ? J'imagine que ce n'était pas difficile à deviner...
— Y a que toi pour être aussi naïve.

Aussi patiente.

— ... En vrai, je n'ai jamais placé de mot sur ta porte à Noël. Ça aurait pu se produire, je te l'accorde, mais... je ne passe jamais les fêtes avec la coloc.
— Oooh... Miss parfaite a donc elle aussi ses petits secrets... Tu fais quoi à la place, du bénévolat pour les orphelins ?

Le ton sarcastique la fait sourire. Or la courbure des lèvres est pincée, incertaine.

— Si tu n'as rien de prévu, et si t'es d'accord... J'ai des amies à te présenter.


— Tu caches bien ton jeu, en fait.
— C'est-à-dire ?
— Oh, t'as compris où je veux en venir. Je te croyais juste inconsciente et écervelée de me coller comme ça, alors qu'en vrai, chuis pas ta première fréquentation hyper suspecte.
— T'es culottée de dire ça de cette manière !

Elles rient de bon cœur, ensemble.

— T'es beaucoup plus cool que t'en as l'air.
— N'exagère pas, je suis juste amie avec. Je regarde de loin, je m'imprègne de l'ambiance. Je peux pas vraiment participer à leurs trucs. Pour ça il faudrait que... je saute le pas.

Les leurs crissent dans la neige, tandis qu'elles s'éloignent lentement de la zone industrielle où elles ont squatté un entrepôt aménagé jusque tard dans la nuit.

— ... Ça a l'air euh. Intime, comme décision.
— Je sais pas si ça l'est pour toutes les chimères, mais me concernant, comme tu le sais, mon corps s'est déjà... transformé. Alors même en essayant d'être rationnelle, même en comprenant que ce qu'elles ont à m'offrir n'a rien à voir...

Elle croise les bras sur sa poitrine, en serrant ses coudes. Ce n'est probablement pas à cause du vent. Yumiko ne sait pas que répondre. Alors elle fait dévier le sujet.

— Et pourquoi tu m'as incluse ?
— Parce que toi, t'es cool.

Sa spontanéité semble les prendre par surprise l'une comme l'autre.

— Enfin, je veux dire. Je savais qu'elles te trouveraient cool. Tu dégages l'énergie qu'elles recherchent. Et j'ai pensé... que ça te plairait.
— Ça m'a plu.

Leurs pas crissent dans la neige, tandis qu'elles se dirigent lentement vers l'Agence. Un phare dans le ciel nocturne, scintillant de mille feux, de milles couleurs éclipsant les étoiles.

— Joyeux Noël.
— Oh pitié, rends pas ça gênant.

11/01/79

— Je sais que se promener n'a pas vraiment besoin d'une destination, mais de toute évidence... On est où, là ?
— Euh, je sais pas, je te suivais ?
— Alors, non, je t'assure que depuis plusieurs minutes, c'est moi qui te suis.

Yumiko observe le paysage autour d'elles, un peu décontenancée. Elle se sent comme brusquement ramenée sur terre, mais sans pouvoir décrire où ses pensées s'évadaient jusqu'alors. La petite route en terre qui borde le talus ne lui inspire rien, en revanche, le terrain vague en contrebas ne cesse d'interpeler son regard.

Elle finit par couper à travers les herbes folles pour passer en travers. Elle enjambe quelques bouts de grillage tordus ou couchés, ainsi qu'une quantité écœurante de détritus en plastique, en verre, en métal.

— Oh, s'il te plaît, on peut retourner sur le chemin ? C'est en train de bousiller mes chaussures !
— ... Je crois qu'on est pas loin de chez moi.
— Qu'est-ce que tu racon... Oh.

Par-delà le champ de broussailles, il y a une nouveau sentier. Il sinue jusqu'à rejoindre une route quelconque, traversant des rues quelconques. Sauf une.

— ... On vient de la direction opposée à celle que j'avais prise la dernière fois.
— La dernière fois ?

Ses pieds regagnent le bitume craquelé de la civilisation. Elle retrouve cette impression de traverser un corridor d'habitations sans âme, jusqu'à s'arrêter devant celle-ci en particulier.

— ... Alors, c'est ici ?

Le soleil n'est plus qu'une fine ligne orangée retraçant les contours des immeubles qui se profilent à l'horizon. Les lampadaires s'allument, un par un. Celui au-dessus d'elles cliquette.

— Tu te souviens de quelque chose ?

Une silhouette passe derrière les rideaux d'une fenêtre et la porte s'ouvre sur ce même type qu'il y a pratiquement un an à ce jour. Il la sort de sa torpeur et avant même qu'il n'ait le temps de la reconnaître ou de lui demander si elle a besoin de quoi que ce soit, elle prend ses jambes à son cou, talonnée par l'ombre de son amie qui l'appelle.

Talonnée par les ombres qui l'appellent.

23/02/79

— C'est le rapport de la vampire ? Ça dit quoi ?
— Apparemment, il y a un club de baseball qui s'entraîne sur ce terrain depuis des années, dans l'autre monde.
— Oh... C'est peut-être celui dont tu as fait partie d'après ton historique ?
— C'est mon frère qui en faisait partie.
—  Oui, pardon.

Elle est soudainement devenue acide. Elle ne parvient pas à s'expliquer pourquoi, alors elle se contraint à s'adoucir, autant que faire se peut.

— C'est rien, t'excuse pas. Ça n'a plus d'importance.
— ... En fait, Yumiko... Au contraire, je pense qu'il faudrait qu'on y retourne.
— Et moi je pense pas.
— Attends, tu veux bien m'écouter ?

Pour seule réponse, elle claque la liasse de feuilles qu'elle tient sur la couverture de son lit où elle est assise en tailleur. Ça pourrait être interprété comme un refus catégorique, pourtant, elle tourne la tête en direction de son amie, restée dans l'encadrement de sa porte. Elle la dévisage sans lui ordonner de partir.

— ... Je t'ai vue y retourner.
— Je sais, tu étais avec moi.
— Non, non, c'est pas ce que je veux dire. Dans le futur, tu vas y retourner.

Elle fait un pas à l'intérieur, en refermant pour les isoler toutes les deux. Même le ton de sa voix se fait plus réservé, plus intime.

— Je rêve de choses qui se produisent, parfois. Je m'étais jurée de garder ça pour moi parce que ça me fait super peur, mais... je veux t'aider et je suis pratiquement sûre qu'il faut que je te raccompagne là-bas.

24/02/79

— Je te l'avais dit que c'est une perte de temps.

La maison qui exerçait sur elle un tel magnétisme il y a à peine plus d'un mois lui paraît tout ce qu'il y a de plus banale aujourd'hui. Elle ne se détache pas des autres. Si elle ne connaissait pas son adresse du fait qu'elle s'y est déjà rendu deux fois auparavant, jamais elle ne l'aurait distinguée des autres bâtiments. Or l'autre jeune femme ne semble pas du même avis, plongée dans une profonde réflexion.

— C'est peut-être juste pas le bon moment.
— Oh, tu pourras pas me forcer à réessayer tous les jours, hein !
— Non, le 11 janvier. Ça te dit rien ? Et tu m'as dit que la première fois c'était aussi dans ces eaux-là... Tu es sûre que c'était pas pile à cette date également ?

La concernée bat des cils, incrédule. En vérité bien incapable de confirmer ou d'infirmer.

— Écoute, je crois bien que tu accordes plus d'importance au jour de mon arrivée que moi.
— ... C'est surtout le jour de ta mort. Et c'est ainsi qu'ils s'en rappellent et qu'ils le commémorent chez les vivants. Ça peut pas être un hasard. La frontière entre nos deux mondes est perméable sous certains aspects.

Elle sait bien que c'est inutile de développer les théories sur les transferts d'énergie inter-dimensionnels et la puissance de la foi dans la pratique des rituels funéraires, car elles ne rencontreront pas une auditrice intéressée. Alors elle résume simplement, d'un air embêté :

— Sans mauvais jeu de mots... Je crois que le passé te hante, Yumiko.

05/05/79

Il y a un an, Yumiko était aussi dehors à cette heure-ci. Elle a toujours beaucoup flâné en extérieur, et elle ne perçoit pas le besoin de célébrer sa naissance, alors ça ne l'avait pas plus interpelée que ça.

Mais tout bien réfléchi, ne traînait-elle pas autour du cimetière ce jour-là également ?

13/08/79

Yumiko ne s'est pas résolue à admettre devant son amie qu'elle est beaucoup plus obsédée qu'elle ne le prétend par le mystère de cette maison. Elle l'appelle, de plus en plus souvent et désormais sans se restreindre à des dates spécifiques. Comme si à mesure que son intérêt grandit, elle s'autoalimente pour devenir une manie de revenir. Et revenir.

Et revenir.

Ses genoux s'égratignent contre le mur qu'elle escalade. Elle se tape dans les mains pour se débarrasser des éclats de crépis incrustés dans ses paumes, après avoir sauté souplement dans le jardin. Elle s'avance vers la porte d'entrée, fait jouer la poignée, fouille sous quelques pots de fleurs. Elle perd patience et casse la vitre d'une fenêtre accessible pour entrer.

Yumiko peut l'affirmer à présent : cette maison n'a absolument rien à voir avec celle de son enfance. Ni de l'extérieur, et encore moins de l'intérieur. Pourtant, immédiatement, elle reconnaît cette pièce. Aucun meuble ne correspond. Or, il y a cette petite petite commode. Ce vase qui l'obsède. Elle s'en empare, elle en jette le bouquet.

Là, dans l'eau croupie qui nourrissait les plantes. Ce qu'elle y voit brille plus que n'importe quelle lanterne flottant sur les rivières durant l'O-Bon.

C'est à elle. C'est à elle.

Sans forcer, le verre se brise entre ses mains. Encore placées en coupe d'avoir cru tenir le vase, une forme sphérique lévite à la fleur de sa peau trempée comme ses joues.

C'est à moi.

16/08/79

Le propriétaire a décidé de ne pas porter plainte. Malgré l'entrée par effraction. Malgré les bris de verre dans toute la maison, car Yumiko a brisé bien plus qu'une fenêtre. Juste en hurlant parce qu'il essayait de la faire partir. En menaçant par ses tentatives de lui faire lâcher quelque chose qu'il ne voyait pas.

En échange, elle est de corvée de nettoyage et de réparations, à l'amiable. Elle n'a accepté que parce que d'une part, elle est trop choquée par les derniers événements, et parce que d'autre part, l'arrangement a été proposé par sa femme et non par lui. Dans le cas contraire, ça ne l'aurait pas dérangée de finir chez les Bops également pour agression sur lémure.

Combien y avait-il de chance pour que la réaction de l'homme soit adoucie par son épouse en la découvrant chez eux, et qu'elle l'amène à empathiser avec ce que la pauvre enfant endure, à travers ce qui ressemble surtout à une crise de nerfs particulièrement dangereuse ?

La découverte d'un Périsprit n'est jamais une expérience anodine.

C'est ce qu'elle explique tandis qu'elle montre à son "invitée" comment elle parvient à faire flotter des cuillères à café spectrales échappées de son vaisselier ; avant de s'excuser promptement et de les laisser toutes retomber de surprise, en réalisant qu'elle est peut-être en train de terroriser sa famille dans l'autre monde.

Enfin, plus qu'elle ne l'est déjà probablement. De multiples formes humanoïdes semblent s'agiter entre les murs depuis l'incident provoqué il y a trois jours. C'est la première fois que Yumiko se déride cependant. Délicieuse et morbide ironie que ce soit elle, finalement, qui hante son passé plutôt que l'inverse. Ça la distrait un peu de la fascination malaisante que provoque la forme parfaitement sphérique reposée sur la commode.

Blanche, semi-translucide. Difficile de comprendre exactement de quoi il s'agit, hormis une balle. La jeune fille a son hypothèse cependant. Qu'elle fera vérifier une fois qu'elle aura accumulé encore plus d'économies pour une prochaine dépense chez la même vampire qu'elle commissionne à chaque fois.

30/08/79

— Yumiko... On peut discuter ?
— Oh, tiens, v'là qui a fini de bouder.
— Hein ?
— Fais pas genre de venir me demander l'autorisation de me parler alors que c'est toi qui m'esquives depuis deux semaines.
— ... Oui, pardon.

Elle se redresse en position assise sur son lit, et lui fait signe d'approcher.

— Maintenant que je te tiens : c'est quoi le bail ? Tu m'en veux parce que je suis allée voir cette baraque sans toi ? Parce que j'ai préféré que tu ne viennes pas avec moi faire le ménage ?
— Non, je suis désolée. Ce n'est pas l'impression que je souhaitais te donner.

Elle baisse les yeux en s'excusant encore et encore, et Yumiko s'en retrouve soudainement mise mal à l'aise. Alors elle s'efforce de baisser d'un ton, de lisser les traits de son visage, tandis qu'elle incline la tête pour tenter de capter à nouveau son regard.

— Alors quoi ?
— Yumiko... Je savais pas comment te l'annoncer, et je ne sais toujours pas. À propos du fait d'être poltergeist...


Elle hurle, hurle de toute son âme. Si elle pouvait briser la psyché de tous ceux qui l'écoutent.

Plutôt que les vitres.

Plutôt que les ampoules.

Plutôt qu'elle-même.

03/09/79

— ... Tiens. C'est à toi, maintenant.

Elle lui tend une boîte ouverte. Son amie ne peut que reconnaître son contenu, qui lui fait écarquiller les yeux.

— Yumiko, avec tout ce que ça représente, tu n'as pas besoin de...
— Elle ne me sert plus à rien de toute façon. Je ne peux pas tenir la promesse qu'on s'était faite de franchir le pas ensemble, alors je veux que ça te revienne.

Au creux du calage en mousse épousant sa forme, se trouve une seringue et une ampoule mystérieuse. Du moins, pour quiconque n'est pas averti directement de ce dont il s'agit.

— Tu devrais la rendre, ou elles risquent de se fâcher...
— Non, je préfère te la donner. Je sais bien que tu n'es pas encore prête, mais quand tu le seras, je te ferai moi-même l'injection si tu veux. Je suis sûre qu'elles comprendront.

Ses ongles raclent nerveusement le bois du coffret, jusqu'à finalement exercer une pression suffisante pour le refermer dans un claquement sec.

— ... Non, c'est bon.
— Haha, je comprends, je suis clairement pas infirmière, je vais juste te faire un bleu.
— Yumiko, ce n'est pas ça.

Elle écarte le boîtier de ses cuisses, le déposant au creux des plis de la couette sur laquelle elles sont assises.

— Je n'en ai plus besoin.
— Quoi ?

Depuis son petit rire de tout à l'heure, un rictus idiot est demeuré sur le visage de Yumiko. Il se fane avec un temps de retard, tant elle est abasourdie.

— Mais... tu voulais tant être comme elles, être avec elles, tu...
— Yumi, mon souhait n'était pas vraiment de leur ressembler ou de les rejoindre.

En prononçant ces mots, elle tourne maladroitement sa bague autour de son doigt. Celle dont elle ne se sépare absolument jamais.

—  Je voulais juste me sentir plus forte.

Elle la fait glisser jusque dans sa main, avant de prendre celle de son amie pour la déposer au creux de sa paume. Elle appuie sur ses doigts pour qu'elle les referme sur l'anneau, aussi délicatement qu'elle murmure :

— Et je me sens déjà tellement, tellement forte avec toi.

Ses cheveux ternissent. Son regard ternit. Même sa peau ternit. Elle devient froide contre ses phalanges. Mais Yumiko ne voit que l'éclat chaleureux de son sourire.

Et il est si beau.

06/01/80

Yumiko replie proprement ses vêtements dans sa valise, soulagée d'enfin quitter cette chambre particulièrement lugubre par sa blancheur et son absence totale de personnalité. Pour quelqu'un qui ne pourra jamais devenir Chimère, elle a vu suffisamment d'aiguilles pour toute une non-vie.

Elle franchit le portail de l'hôpital psychiatrique comme l'on sort du bagne. Attendue, à sa grande surprise, non pas juste par son amie, mais aussi par un petit attroupement d'autres femmes.

— Yumiko ! On a accouru dès qu'on a appris que tu étais enfin guérie !
— ... Merci mais, c'est qui, "on" ?
— Ah, oui, forcément, tu n'es pas au courant... En gros, ce sont des femmes qui ont quitté le groupe après ce dont tu as été victime.

La concernée claque de la langue derrière son palais, n'appréciant pas le terme. Pourtant il est factuellement correct : elle a été victime d'un cri. Assez perçant pour la faire délirer et interner tout un quadrimestre.

Elle s'était présentée à l'entrepôt habituel, à la fois pour informer le groupe de chimères de sa condition de Poltergeist, et à la fois pour accompagner son amie venue rendre le sérum et sa décision de ne jamais y avoir recours, afin d'apprendre à s'accepter telle qu'elle est.

Sauf que si dans le cas de l'incapacité génétique, elles se sont montrées compréhensives – ce n'est pas comme si c'était choisi ou réversible –, en revanche, la cheffe n'a pas tari de critiques acerbes et culpabilisantes à l'égard de "celle qui leur fait honte en renonçant à leur cadeau après leur avoir fait perdre leur temps et leur énergie durant toutes ces années".

Surtout pour s'afficher dans une condition aussi pitoyable que la sienne.

C'était déjà difficile pour Yumiko de ne pas réagir auparavant, mais cette dernière insulte l'avait fait craquer, et elle avait répliqué tant par les cris que par les coups. Sauf qu'en termes de cris, elle a bien évidemment essuyé une défaite cuisante.

En termes de coups, en revanche... Pas au sens physique, là non, elle s'était fait tout autant démolir. Au sens moral, plutôt : elle n'avait guère pu atteindre le visage de ces foutues mégères, par contre, elle en avait porté un, fatal, à leur image de leaders.

Et apparemment, pendant qu'elle a été hors-service, beaucoup de départs ont découlé de cette altercation. Elle n'en garde pas le moindre souvenir, mais voici qu'on lui décrit à quel point la folie l'avait rendue particulièrement... lyrique. Verbeuse et verte de rage. Dénonçant l'injustice, la discrimination, l'élitisme, le sectarisme – elle connaît ce mot, vraiment ? – de leur groupe soi-disant soudé et ouvert. La pression mise sur les épaules des femmes qui ne deviennent pas comme elles.

— Elles ont tenu à ce qu'on passe du temps ensemble.
— ... Je comprends pas pourquoi, mais, ok ?
— Je pense que je peux dire en leur nom que tu les as inspirées ?

Son sourire est éblouissant quand elle ajoute :

— Comme tu m'as inspirée.

Yumiko n'est pas certaine de partager l'enthousiasme qu'elle lit dans ses yeux. Dans leur yeux à toutes : elle n'a jamais reçu autant d'approbation depuis qu'elle est dans le Tokyo des morts. Elle n'a jamais imaginé avoir besoin de plus que d'un seul regard, le premier à s'être posé sur elle pour voir au-delà de sa carapace.

Elle n'est pas sûre d'aimer. Mais elle est certaine de ne pas détester. Et c'est trop rare pour ne pas donner sa chance à cette situation nouvelle :

— D'acc, compris, mais vous attendez à rien, moi j'ai juste envie de fêter le nouvel an que j'ai raté, ok ?

08/01/90

Elles étaient six, la première fois qu'elle avait accompli ce rituel. Le premier que Yumiko a appris à réaliser. Il était bancale, à l'époque, mais qu'est-ce qu'elles avaient pu rire, ensemble, les pieds dans du marc de café, en toussant sous des effluves de cannelle.

En poudre, t'as pas trouvé mieux à brûler, sérieusement !

L'incantation était à peine audible. Interrompue par la toux, par les gloussements, quand ce n'était pas sa propre prononciation ou sa mémoire qui faisait défaut, car elle n'avait jamais eu à retenir de textes aussi longs depuis, certainement, ses années d'écolière.

En moins de deux semaines, il avait fallu qu'elle prépare tout un cérémonial et qu'elle agisse en une sorte de gourou. Pour quelle raison étaient-elles si pressées, déjà ? Ah oui. Il fallait que ce soit prêt pour la fête de la majorité. Celle que Yumiko n'avait jamais pu fêter. Ce jour où elle est morte. Il fallait que ça devienne le jour où tout recommencerait, une nouvelle fois.

C'était une idée ridicule.

Dix ans après, elles sont une grosse vingtaine, les pieds dans du vrai café moulu. L'ambiance est beaucoup plus solennelle. Elle allume patiemment un bâton de cannelle avec son briquet, et elle le brandit tandis que face à elle, les plus proches commencent à inspirer quand la fumée parvient à leur visage. Les autres font de même au cours de l'incantation désormais parfaitement articulée.

En ce deuxième lundi de janvier, elles ont toutes ont confiées leurs peurs et toutes sont désireuses de s'en affranchir. Elles s'en remettent aujourd'hui à ces soins et jurent de s'en remettre ensemble par la suite, certaines pour la première fois, les autres pour une année de plus. Unies, galvanisées. Prêtes à rire au nez du monde.

C'était une idée incroyable.

12/01/98

C'était une idée de merde.

Bien sûr que la peur est nécessaire. Sinon, qu'est-ce qui peut bien freiner la mort.

— C'est sur moi. C'est ma responsabilité.

Quelle responsabilité ? Elle n'a pas besoin d'admettre qu'elle n'avait aucun contrôle. Cette Bop le sait, et voit sur quelle pente ça glisse. Elle consigne chaque dérapage de son groupe d'amies depuis plus de quinze ans. Cette fois, l'une d'entre elles a fait la chute de trop.

Quelque chose chez cette jeune femme a résonné en Yumiko. Dans son rugissement de haine, elle a entendu celui du moteur de sa moto, plus de deux décennies en arrière. Ça les a précipitées dans les ténèbres en sortie de route.

Elle s'est précipitée dans le ravin. Elle s'est précipitée dans le portail.

C'est sa responsabilité. Elle aurait dû l'empêcher de prendre ce virage. Dans les couloirs de l'Agence, ivre, délivrée, elle avait enfourché son scooter débridé et forcé le passage à pleine vitesse dans l'Agence, en manquant de renverser les gardes. Des vampires ont accouru à sa suite mais ils sont revenus sans elle. Ils n'ont ramené que le véhicule fracassé et ses vêtements couverts de cendres.

Yumiko est resté là, sidérée. À faire le constat en direct.

— Vous n'avez qu'à m'enfermer.

Or si elle se sent responsable, elle n'est pourtant que témoin. De la peur dont elle l'a libérée pendant le rituel. Celle de chercher vengeance. Quitte à disparaître.

Comme moi.

Son premier souvenir du monde des morts. Son premier souvenir tout court. Un bout de papier, une direction vague, la somme des traumatismes de toute une vie qui ressurgissent au fond de ses rétines, sans déverrouiller sa mémoire. Elle sort du bureau de la Boolice.

Prends rendez-vous.

25/04/98

Encore une idée de merde.

Cette adresse, ce thérapeute, pourquoi elle a tenté de suivre un conseil de Bop ? Qui se permet de la réprimander, en plus. Comme si c'était sa faute si personne n'est compétent. Si personne ne peut comprendre. S'il y avait autant de trucs en verre à faire éclater dans ce bureau.

Elle s'accuse de beaucoup de choses. Mais pas de ça. Alors elle sort avec un ordre d'exécution de TIG et elle n'ira clairement pas au prochain rendez-vous.

19/10/98

Elle a tracé le cercle. Elle a chargé les cristaux. Elle sait quelle phrase elle doit répéter. Elle a appris quels gestes elle doit faire. Elle a prévu un miroir à tenir au-dessus d'elle pour être sûre de correctement voir ce qu'elle fait une fois allongée. Elle a fermé à clé la porte de sa chambre.

Par ce rituel, elle pourrait recouvrer plus vite la mémoire. Et l'accomplir elle-même lui épargne les questions ou les regards peinés si elle éclate en sanglots.

Pourtant elle hésite. Pourquoi elle hésite ?

Finalement elle renonce. Pourquoi elle renonce ?

11/01/99

— ... Tu ne veux vraiment pas diriger le rite initiatique, cette année ?
— On s'est déjà mis d'accord que tu le ferais, non ?
— C'est juste que le sens d'un rituel sans Poltergeist, et surtout, sans la cheffe du groupe... Je sais qu'on en a déjà discuté et je vais le faire à ta place, mais...
— Alors pourquoi tu poses la question.

Yumiko sait que c'est pour pas lui demander à la place comment elle va. Recroquevillée dans leur lit, plongée dans le noir alors qu'il est midi passé.

27/06/99

Qu'est-ce que tu cherches en agissant comme ça ? Tu tiens vraiment à ce qu'on t'enferme ?

Peut-être bien que c'est ce qu'elle cherche, oui. Un endroit où expier les fautes qui la hante sans qu'on l'observe en espérant qu'elle en parle. Un endroit où croupir sans être prise en pitié avec un bol de soupe et des caresses dans le dos. Un endroit où faire exploser ses émotions sans détruire tout ce qui l'entoure. Son entourage.

Un endroit où se zombifier loin du regard impuissant de celle qui essaie de l'en guérir. Parce que Yumiko pourrait, mais elle n'essaie pas. Tout en se blâmant car c'est tellement injuste pour son amie.

C'est tellement injuste, comme les lois de ce monde qui la laissent faire n'importe quoi et s'en tirer avec une tape sur la main. Que faut-il qu'elle commette pour qu'on l'enferme ? Pour qu'on l'arrête ? L'irréparable ?

Songe-t-elle vraiment à commettre l'irréparable ?




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Pronoms : Elle-la-elle
Âge de la mort : 16
Âge post-mortem : 64
Métier : Cheffe du clan G.T.O.
Avatar : Satsuki Kiryūin - Kill la Kill
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#3
Yumi Tanaka - My devil-on-your-shoulder voice is on full display Empty06.05.24 13:25
Merci d'avoir scindé le sujet love, pardon du dérangement nabilla

J'en profite pour donner officiellement des nouvelles autrement que par le bouche-à-oreille : je pense être à 75, 80% de progression !
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