Pas d'omelette - [Céleste & Huia]

La sentance tombe. Franchement disproportionnée par rapport à ma faute, mais c'est pas moi qui fait les règles. Je sais même pas qui les fait en réalité, ou s'il y a seulement des règles. Je me poserai la question plus tard. C'est qu'une affaire de semaines, je vais pas me plaindre. Ç'aurait pu être pire.

Reste qu'elle mord à l'appât, j'ai du l'intriguer. Mais j'ai rien à mettre sur la table, au fond, ni l'envie de mentir sur mes motivations ou mes raisons. Aucune n'est noble, mais elle devra s'en contenter. Ou pas.

"Ma motivation, c'était surtout de passer entre les mailles du filet en rendant service, mais j'espérais pas tellement que ça marche."

Si elle me donnait une heure, j'aurais pu faire une jolie lettre de motivation remplie à souhait d'hypocrisie et de faux-semblants. Vaut mieux faire la circulation et les cafés une semaine que le ménage pendant cinq, mais forcé de constater que ça n'allait jamais passer. Dommage. Elle ratait un café délicieux.

Je soupire encore, pour exprimer ma fatigue sûrement, cherche une horloge pour voir l'heure. Rien à faire, les bops n'ont pas pensé à en accrocher une seule, et pire encore, m'ont confisqué mon portable. Je commence à m'énerver encore...

"Bon, je peux y aller, c'est fini? J'ai vraiment envie de me pieuter, là."

Je sais que je fais n'importe quoi, que je tente en vain, mais est-ce qu'elle a vraiment besoin de le souligner? Ça doit lui plaire, à cette sadique, de jouer de sa position d'autorité. Je tais les insultes qui me traversent l'esprit, elle ne mérite pas d'entendre ma voix. Mérite plus. Je l'ai cernée.

Étonnament, elle me laisse partir. J'avoue quand même être surprise, mais agréablement. Je prends quand même le temps de vérifier que ce n'est pas une mauvaise blague, puis son papier. En japonais, évidemment, je préfère ne même pas tenter de le lire. Je me résigne à subir ma sentance, quelle qu'elle soit. Ou alors je me casserai pour de bon si elle m'a menti sur la durée. À la nage. Je peux plus mourir après tout.

Je me lève, la toise d'en haut, puis lui tourne le dos. Quand elle m'invective pour la dernière fois, par contre, je ricane intérieurement. Je lui réponds, quand même, ç'aurait été trop impoli de ne pas le faire.

"Ça risque pas."

Qu'elle comprenne que je ne retenterai pas, ou que je comptais être plus prudente, je m'en fiche. Moi, je savais très bien, et lui laisser le doute me plaisait grandement. Adieu, petit canari. Ou à bientôt?