[Event perso] Centième été

Leur hôte était-il un fervent amateur de thé, ou s’était-il procuré un tel éventail pour tenir compte des goûts de ses très nombreux invités? Quelle que soit la réponse, le résultat était pour le moins impressionnant! Tandis que leur hôte et supposément la personne à l’honneur durant cette soirée s’occupait pourtant personnellement de servir le thé, Chiara répondit à la question de son cavalier.

« Votre supposition à propos de mes origines est correcte, Florentine pour être précise, et je ne me prononcerai pas au sujet du Quattrocento, car j’ai bien peur de ne pas être objective. »

Après tout, il parlait de son époque et c’était sa ville qui était un des plus splendides modèles de cette période. Mais ce sujet lui donnait le point de départ pour satisfaire sa propre curiosité. Le commentaire qu’avait fait le jeune dessinateur à propos du Japon lui faisait soupçonner qu’il en était originaire, mais elle ne parvenait pas à cerner leur hôte.

« Si vous voulez bien excuser ma curiosité, je m’interrogeais au sujet de vos origines. Votre nom suggère la France, et pourtant j’ai eu l’impression de vous entendre vous exprimer en allemand. »

Fort heureusement dans un tel contexte, je passai finalement assez inaperçue. Les kamis en soient remerciés. je déposai alors délicatement le Shamisen après la représentation, applaudie comme il se doit, j'eu l'impression de revenir de mon vivant lors des récitals pendant les repas. Un saut en arrière qui me fit presque écraser une larme.

J'avais perdu toute envie de faire quelque chose de grand, et je pensai juste profiter de la soirée. Un petit groupe s'éloigna, et je le suivi de loin, gardant toujours mon masque, et mes manières droites. J'essayai cependant de ne pas parler de la même manière que j'en eu l'habitude, m'exprimant d'ailleurs non pas en Japonais mais en anglais, pour paraître totalement différente.

Dans l'autre pièce, je pu voir une ancienne connaissance, et mon front se barra d'une ride contrite. Bien que je porte un kimono, ce dernier n'était pas tout à fait comme ceux que je prenais d'habitude. Aussi, avec le masque, et mes lèvres d'un rouge sang, ce parfum aussi, différent, je pensai faire illusion. Je ne voulais pas me battre. Encore mois à l'anniversaire d'une personne qui sembla si distinguée. Je m'éloignai alors de deux ou trois tables, arrivant non loin d'une personne lambda qui me prit la main pour me la secouer comme un prunier, et ainsi me remercier de ce récital qu'il avait entendu.

Diable, pourtant j'ai un peu perdu la main depuis le temps. Je respirai un peu, et remerciai celui qui avait hésité à venir à cette fête, ne connaissant pas l'hôte.

Oh, Je ne le connais non plus, mais il est dit qu'il est très charmant. Aussi, mon groupe est assez reconnaissant d'avoir été invité. Rare sont les moments outre les grands concerts, où l'on a la chance de jouer pareil instrument.

Bon sang, Noriko, tient ta bouche !Tu n'es pas saoule pourtant ! Alors pourquoi tu en fais des caisses. parce que tu es heureuse qu'on te remercie pour ce maigre enchantement ? Tu es faible, ma belle ! Tu es faible ! J'ignorai où était l'hôte, et cela me stressait un peu, non pas que je veuilles être visible, bien au contraire. Je voulais justement paraître des plus communes. Surtout, que personne ne me reconnaisse.

Une voix sortie de nulle part, et encore des gens qui adorent ce que je joue. Je suis tellement heureuse, que j'aurais presque cru que c'était mon propre anniversaire, mais je déchantai rapidement en voyant que c'était le petit groupe où je reconnus l'Italienne. Je me retins de tousser, pour ensuite rejoindre le groupe. Je m'inclinai doucement. Impossible de parler anglais dans ces conditions, et je priai de passer la plus inaperçu possible. je tentai de sourire, le plus docilement possible, prenant une posture que je n'avais absolument pas l'habitude, les mains jointes, les bras le long du corps, l'air timide de convention. Je suis Japonaise, autant en profiter sur les clichés.

Je vous remercie pour cette attention. Oui, bien sûr, cela me ferait plaisir, si bien sûr je ne dérange personne.

Je gardai la tête baissée, ne croisant aucun regard. Mes yeux, bon dieu je les avais presque oubliés !? Qui donc pouvait avoir des yeux comme les miens !? Même derrière un masque cela se verrait !? Où avais-je la tête !? Je détournai un peu la tête, pour ne pas croiser les regards des gens qui pourraient me reconnaître. Buvant délicatement le thé, en tenant pour la peine d'évacuer mon stress. Là, je n'en menais pas large. je me focalisais alors sur le maître de cérémonie, habillé de blanc. étrangement, cela lui allait bien, rien à en redire.


J'espère que vous passez un magnifique centième anniversaire. C'est une date à retenir.

Et alors que je me battais pour ne pas me laisser aller à mes tics de langages, ou même à ma posture habituelle, je priai encore plus fort que personne ne me fixe du regard ! Quelle idée idiote ! j'ai eu !? L'art me tuera définitivement, c'est clair !