[Event perso] Centième été

Normalement, j'aurais dû réagir avec une certaine amertume. Normalement. Mais j'avoue que cela fait du bien d'être complimentée, surtout par ces personnes qui visiblement étaient tout aussi artiste que moi. Non, bien plus en réalité. Je n'arriverai jamais à faire transparaître une émotion dans un écrit, qui puisse permettre de voyager sans bouger de son canapé. Je connaissais Chiara, et je ne voulais pas qu'elle me reconnaisse. Non seulement à cause de nos démêlés, et aussi, et surtout, parce qu'au final, je lis toujours avec assiduité son blog.

Concernant l'enfant qui se trouva à côté, car il ressemblait vraiment à un enfant, avait le regard pétillant et innocent. Je retins un soupir alors que les doigts de l'hôte effleurèrent mon épaule. J'exprimais un sourire, bien que quelque peu gêné, non par la proximité, mais surtout par ce côté tactile que n'ont pas les japonais. Et je peux parler, sachant mon côté plus que tactile, je ne suis pas sensée l'avoir présentement !

Je ne me sentais que si peu artiste en comparaison, c'en était étrangement rabaissant, alors qu'ils ne voulaient que me féliciter. Une vague de chaleur me fit réchauffer mon cœur glacé autant que mes yeux, et je hochai vivement la tête.

Je vous remercie pour ces louanges. Je ne les mérites pas, cependant, mais c'est très agréable à vous tous.

Puis je pris ma tasse de thé, et je regardai le liquide, m'extasiant devant une feuille qui était resté à la verticale, signe de bonne chance chez nous. Alors mon sourire se fit plus apaisé. Oui, je te remercie, petit vampire de cent ans… Tu m'as permise de redevenir ce que je rêvai d'être… une véritable artiste.

Un clignement d'œil. C'est tout ce qu'il a fallu pour voir le maître de cérémonie passer de grande étoile du firmament à bête trempée comme une soupe. Et dans la foulée ce fut le gosse qui emboîta le pas. Quant à l'Italienne, non, fort heureusement, elle ne risqua rien. Pour ma part, je pensais profiter d'un peu plus de thé quand je vis la tasse voler et tournoyer dans les airs, mais aussi et surtout s'éloigner.

Non, en fait, c'était moi qui était en train de m'éloigner. Quelqu'un m'avait pris et porté sur son épaule comme un vulgaire sac à pomme de terre. je me débattais comme un diable en essayant de ne pas trop me faire voir. Mais je ne riais pas, oh non. Non mais pour quoi vous prenez vous! Et pour quoi me prenez vous ?! Je ne suis pas une marchandise !

Malheureusement ces mots si franc n'eurent pas le temps de traverser mes lèvres, et je vis envoyée avec le reste dans les limbes glacées et humides. Bravo, et maintenant je fais quoi?! Je sentais le masque qui s'était ôté de mon nez. Il devait flotter désormais, libre de ma présence. Décidément, j'ai toutes les peines du monde à rester discréte. je m'éloignai lentement, la manche de kimono devant mon visage, prétextant de récupérer au plus vite mon masque. Ce ne fut pas le cas,hélas. Je ne le retrouvais plus.

Je restai alors dans un coin, les larmes aux yeux de rage, les poings clos, et la tête renfrognée. J'étais une véritable gosse pour le coup. Mais ça ne se fait pas ça ! Et le respect ?! Cet anniversaire avait une bonne ambiance, mais quand on est asociale comme je le suis ça commence a bien faire ! Je jetai un coup d'œil vers le vampire fêtant son anniversaire. Si heureux, si joyeux de tout cela. Je poussai un petit soupir et haussai les épaules. Ne gâchons pas cela. C'est important parfois de passer un moment sans se poser de questions. En espérant que cela ne me soit pas fatal, bien sûr.