- Une magnifique journée, n'est-il pas? Ce paysage me rappelle l'endroit d'où je viens... la forêt, la neige, le ciel immaculé... Pardonnez mon intrusion mais... pourriez-vous vous retourner?
La voix était douce, claire, calme, féminine même... mais ne semblait pas être entendue. Elle venait définitivement du petit renard spectral et était d'un dialecte japonais un peu vieillot, très poli mais ne semblait pas être entendue par les oreilles, plutôt comme si les mots s'étaient glissés furtivement dans le cerveau pour s'y afficher comme un écho. Derrière la jeune femme, sortant des buissons marchait une figure encapuchonnée qui s'arrêta à une distance respectable. Elle portait une peau de loup sur ses épaules et tenait un arc dans sa main droite, dont elle déposa la pointe de la branche inférieure par terre pour poser sa main sur la pointe de la supérieure. De sa main gauche elle retira sa capuche pour découvrir ses cheveux de jais et son visage. La femme avait un deuxième renard, identique à l'autre, sur la tête.
- Vous peignez très bien, vous avez bien rendu hommage à cette journée.
Surtout à un endroit que peu de personnes visitent, quel dommage. J'ai une certaine... admiration pour les artistes.
Encore une fois, la voix semblait venir du renard sur le chapeau de la chasseresse... et celle-ci ne bougeait pas la bouche. La voix était pourtant identique. Saturday eut un petit sourire. Elle était en train de traquer un très gros sanglier qui avait probablement atteint son énorme taille dans la vie en étant discret et en confondant habilement les chasseurs... mais elle avait trouvé quelque chose de beaucoup plus intéressant et l'envie d'un peu de véritable sport la démangeait.
- J'espère ne pas vous avoir effrayé avec mes petits compagnons. Encore une fois, pardonnez mon interruption, je n'ai pas pu m'empêcher de venir vous voir quand je vous ai aperçu.
Saturday regardait la peintre de haut en bas, admirant les reflet de ses cheveux multicolores dans la lumière, ses yeux bestiaux... ses armes... mais surtout la rendition du paysage... c'était presque triste...