Soyons bêtes. #Asuma

Je ne suis pas

un héro

Les vêtements tombent sur le sol. Le tissu imbibé d’eau laisse une flaque d’eau. L’impression d’être une éponge. Malgré que l’air ambiant soit plutôt chaud, il frissonnait par le froid. Le nécromancien verrouilla la porte, se retourna en direction du miroir et il se fixa, presque intrigué. Pom évitait en général de se regarder. Car ce que les autres ne voyaient pas, le lui voyait. Chaque défaut, chaque marque, chaque blessure. Son reflet, il ne pouvait le supporter que quelques instants, et comme à l’habitude, il se détourna de lui après s’être fait une grimace. C’était le seul reflet qu’il aimait. Quand il faisait le con. C’était ainsi sans doute qu’il aimait la vie : en se comportant comme un crétin. Est-ce qu’il était en train d’agir de la même manière avec Asuma ? Est-ce qu’il pouvait le blesser ou lui faire de la peine ?

Certainement, mais il ne s’en préoccupa pas.  La douche était bénéfique, l’eau chaude, le gel douche qu’il emprunta et se trouvant au bord de la baignoire. Elle dura plus d’un quart d’heures avant qu’il ne daigne sortir, prenne une serviette et demeure circonspect. Il ne pouvait pas remettre ses vêtements, mais du coup. Un coup d’œil autour de la pièce lui signala qu’il n’y avait pas de vêtements à sa taille dans la salle de bain.

Il s’enveloppa dans une serviette, légèrement gêné et angoissé. Ses joues étaient rouges, un peu ennuyé. Pom était quelqu’un de plus prude qu’il n’y semblait. Surtout quand il n’était pas sous l’effet de l’alcool. Hors, il était étrangement soft aujourd’hui. Même la seringue n’avait pas encore été dans sa chair. Il s’était contenté de quelques potions.

L’homme entra dans la cuisine, tenant à la main sa serviette pour s’assurer qu’elle ne tomberait pas, ses cheveux humides gouttant sur le sol. Il avait laissé son sac devant la porte d’entrée. Le nécromancien sourit tendrement, amusé de voir le jeune homme aussi concentré en train de cuisiner. Asuma avait un côté très mignon. C’était peut-être ça qui plaisait à Alex ? D’être un mignon petit homme. Autant dire que lui était loin de ce cas.

« Asuma … »

Il l’appela, demeurant près de la porte, le fixant avec un regard amusé. Il était nu sous une serviette, et il espérait bien vite remédier à cette situation.

« Je vais emprunter des vêtements à l’un de tes colocataires. »

Ce n’est pas une question alors qu’il disparaissait de la cuisine, une rougeur proche de la fièvre sur le visage. C’était gênant, comme situation, mais au moins, il avait été clair. De chambre, en chambre, Pom découvrit une pièce qui était partagé autant par un homme que par une femme. Un petit couple, sans doute. Des vêtements des deux traînaient de part et d’autres et un petit cochon se trouvait dans la pièce. Il devait être chez Toulouze.

Et du fait, Toulouze devait être en couple. Et ben ! C’était scandaleusement novateur ! Pom nota cette information dans sa tête, avant d’attraper un tee-shirt appartenant au grand noir et qui était bien trop grand pour lui et un pantalon qu’il du nouer en tirant au maximum. Ce type portait des vêtements trop grands pour lui ou Pom avait clairement besoin de gagner en masse musculaire.

Des auréoles d’eau naquirent sur le tee-shirt, les cheveux humides s’imprégnant sur le vêtement, mais il était au sec – plutôt – et il n’avait surtout plus froid.

Le nécromancien retourna dans la cuisine, se rapprochant d’Asuma pour soulever une des mèches encore humide du jeune homme de l’an 2000, et lui taquiner la hanche, à l’aide d’un doigt, le piquant un peu pour attirer son attention.

« Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider, mais je te préviens : je suis nul en cuisine. »

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Effectivement, l’appartement qu’occupait Asuma n’était pas très bien rangé ni très propre. Ce n’était pas bien dérangeant pour le nécromancien mais il voyait bien que ça gênait son compagnon. Après ce n’était pas si grave que ça. Pour Pom, un lieu de vie se devait d’être désordonné régulièrement pour être par la suite rangé. Chez lui, c’était souvent le cas. Un gros bordel qu’il rangeait méticuleusement et soigneusement pour le remettre en bazar par la suite. En colocation, c’était différent. Pom rangeait systématiquement. Parce qu’il ne voulait pas être un mauvais colocataire et qu’il respectait les personnes avec qui il vivait. D’autant que certains d’entre eux étaient de bons potes.

Après avoir signalé à Asuma qu’il était allergique aux courgettes et qu’il n’avait rien contre les plats épicés et surtout qu’il était végétarien – qu’il ne mangeait aucune viande, poisson ou aliments contenant de la présure ou de la gélatine animale, le jeune homme commença à éplucher des légumes de manière assez peu conventionnelles.

Il était vrai que Pom oubliait souvent de le dire – car lui-même n’y faisait plus attention, mais il était pour le respect de toutes les formes de vie. Y compris pour toutes les formes du règne animal. Le fait étant que dans le royaume des morts, si un fruit pouvait pousser sur un arbre, un veau ne pouvait pas naître. Ils étaient déjà morts une fois – tués pour la plupart par des hommes, il n’avait pas envie de les tuer une seconde fois.

Il suffisait de voir comment les fermes récupéraient après noël autant de volailles et de petits poissons.

Le nécromancien était en réalité très mauvais en cuisine depuis toujours, mais surtout depuis son arrivée dans le monde des morts, car ses pouvoirs s’activaient et qu’un simple bouillon devenait une potion entre ses doigts. Hors, comme tout le monde le sait dès qu’il vit dans ce monde plus d’une semaine : toutes les potions ne sont pas bonnes à prendre, au risque de se transformer en créature animale, en zombie ou d’attraper une tonne de maladie.

Pour ses raisons – et pour d’autres – Pom ne consommait que des plats extérieurs, préparés par des gens ou des soupes déshydratées. Il réduisait ainsi considérablement le risque de s’intoxiquer lui-même. C’est que par le passée, il s’était souvent rendu malade en essayant simplement de se faire un thé ou de se préparer une crêpe. C’était un peu vexant parfois, de penser qu’on était à ce point mauvais cuisinier et créateur de potions, mais la plupart du temps : il s’en fichait un peu.

Toutefois, il y avait un domaine l’alliance des deux fonctionnaient bien : dans la préparation de boissons et de cocktails.  Là, le mélange des saveurs et des pouvoirs en faisaient des potions aux effets magiques qui étaient particulièrement appréciés par les clients du Bchobiti et des autres bars où il avait travaillé.

« Dis-moi, » Questionna Pom avec un sourire sibyllin « Ton colocataire Toulouze, il est en couple. Il vit avec une femme, non ? Tu devrais peut-être lui parler du comportement qu’il a avec toi, elle pourrait peut-être t’aider à lui faire comprendre que tu en souffres, non ? »

Les yeux du nécromancien étaient curieux, intrigués, il ne comprenait comment Asuma avait pu se retrouver à être la tête de turc de Toulouze. Ce gamin était aussi paumé que l’autre. Franchement, pour Pom, c’était presque la même chose. Deux paumés refusant leurs existences dans le monde des morts. Peut-être que Toulouze n’aimait juste pas son propre reflet.

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A dire vrai, même Pom ne savait pas ce que provoquait son allergie aux courgettes. Il n’en avait mangé que deux fois. Enfant, - mais il ne s’en souvenait pas. Puis, dans le monde des morts, en les confondant avec un concombre, et le simple contact avec ses lèvres l’avait fait convulsé – cela dit, rien ne prouvait que ce soit le légume qui soit entièrement responsable de sa crise. Depuis, il avait toujours fait attention de ne pas en manger et personne n’avait tenté la blague de lui en faire manger malgré lui. Il faut dire qu’Asuma, avec Eden, était peut-être les deux seules personnes à savoir que Pom était allergique. Ce n’était pas qu’il le cachait : juste qu’on ne lui avait jusqu’à présent jamais poser la question. Tout simplement. Ce n’était pas son sujet principal de conversation.

Asuma mettait vraiment du cœur à l’ouvrage quant à la préparation du repas. Rien qu’à le voir faire, le nécromancien qui avait toujours faim se sentait affamé. Toutefois, il n’était d’aucune utilité quant à la préparation du plat.

Le nécromancien rit joyeusement en écoutant l’anecdote d’Asuma et il fut étrangement rassuré. Dernièrement, il s’était demandé s’il pouvait être attiré par le noir – mais Pom n’était jamais attiré par une personne en couple. Etrangement, son pouvoir semblait répondre à sa morale et stoppait totalement ce genre de pensées. C’était donc un avantage. Et le second, c’était que Pom était souvent inquiet pour Toulouze. Il était junkie, et il savait ce qu’était de l’être. Il ne voulait pas retrouver un tas de poussières dans une ruelle et apprendre que c’était lui. Sauf que s’il était en couple : il était forcément aidé par sa compagne. Et de ce fait, c’était un problème en moins.

Toutefois, ce fut autre chose qui le fit tiquer dans cette histoire :

« Attends ! Pourquoi tu fais leurs lessives ? C’est une blague j’espère ! »

Roulant des yeux, Pom réalisa à quel point Asuma était terriblement gentil avec ses compagnons d’appartement – et pour le même coup complétement stupide. Il se promit de faire payer la monnaie de sa pièce à ce grand et stupide Inconnu du Quai au Nom de ville française. C’est une chose que de le frapper lui – il savait se défendre et une autre que de se prendre volontairement et sans arrêt à un petit gars aussi gentil qu’Asuma.

« Et toi Asuma, dis-moi, tu as une petite amie ? »

Cette question, il la sortait de son chapeau, sans doute pour éviter la suite du sujet premier. C’est que Pom était certain d’une chose : s’il proposait à Asuma de se venger de Toulouze là tout de suite, il refuserait. Ce petit gars dégageait de la gentillesse et rayonnait dans toute la pièce. C’était complètement dingue !

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C’était incroyable ! Il fallait dire que Pom ne vivait pas ce genre de situation dans sa propre colocation. Il s’entendait plutôt bien avec chacune des personnes avec qui il vivait et malgré leurs différences, ils faisaient en sorte que leur groupe fonctionne bien pour que chacun soit à son aise. Ils savaient de par ailleurs qu’ils auraient pu partir, et s’ils ne le faisaient pas, c’est qu’ils y trouvaient chacun leurs comptes. Pom adorait vivre avec ses colocataires et il n’imaginait pas qu’on puisse voir la chose autrement. Certes, parfois, il pouvait y avoir de petites disputes – quand Lynn se perdait trop dans ses dessins ou que Myfir ne comprenait pas que les aliments froids se rangeaient dans le frigidaire – mais il suffisait de leurs dires pour qu’ils comprennent. Etrangement, et bien que Pom n’aurait pas dû se sentir concerné, il se sentait particulièrement choqué et troublé par ce qu’il venait d’entendre. Asuma était victime d’une situation totalement injuste ! Il n’avait pas à agir comme le larbin de service.

Ne voulant pas gâcher la soirée de son camarade avec des pensées clairement et obstinément rebelles, Pom se contenta de les garder pour lui-même, de transporter le plat et de l’aider à mettre la table. Puis, c’était agréable une personne qui cuisine ! Cela changeait des plats déshydratés qu’il mangeait en permanence.
Toutefois, Pom ne pouvait pas l’aider à grand-chose. C’était d’ailleurs assez rapide de préparer une table pour deux personnes.

Pom rit amusé à la question. La dernière personne à lui avoir posé cette question était Shirley dans le métro. A l’époque, le jeune homme avait répondu qu’il était attiré par Alex Fletcher. Depuis, Pom avait retrouvé une ancienne compagne et il avait surtout vécu de nombreuses aventures. Est-ce que ça changeait un élément de sa pensée ?

Totalement. Pom ne savait lui-même pas où il en était. Rares étaient les personnes qui ne l’attiraient pas d’une manière ou d’une autre. Parfois c’était leurs physiques, parfois leurs pensées, leurs mentalités, leurs odeurs, leurs couleurs de yeux, leurs rires, leurs intelligences. En presque chaque être Pom trouvait un élément beau à aimer et ; en même temps, ce n’était que de l’attirance. Pas vraiment de l’amour.

Il rit, amusé, se contentant de répondre évasivement :

« Je ne suis pas bien difficile lorsqu’il s’agit de coucher avec quelqu’un. Pour ce qui est de l’amour, disons que j’aime et je n’aime pas tout le monde. C’est un peu comme le vent, ça change tout le temps. »

Il ne disait pas totalement la vérité, mais il ne disait pas un mensonge non plus. Le jeune homme alla s’installer à la place qui devait être la sienne. Constatant que le repas qui était un tête à tête pouvait être confondu par des tiers en un repas en amoureux, il rit amusé. Après tout, il pouvait s’amuser. Même s’il se sentait davantage comme un épouvantail que comme un Don Juan dans les vêtements du grand noir.

« Dis-moi Asuma, pourquoi tu ne pars d’ici ? A la vitesse où vont les choses, je te retrouverai en soubrette en train de nettoyer les toilettes. »

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Cette discussion touchait Pom car la situation d’Asuma lui rappelait inconsciemment la personne qu’il avait pu être, le harcèlement qu’il avait subi et fait subir ; ainsi que la culpabilité qu’il éprouvait pour Toulouze où plutôt pour toutes les victimes du commerce triangulaire à une époque où il s’était contenter de participer à des réunions pour communiquer sa sympathie envers les esclaves plutôt qu’en participant avec les rebelles et les républicains. A l’époque, il savait que c’était une raison pour se battre : mais il considérait qu’il ne pouvait pas aider, que chaque homme était libre de son destin et qu’une cause pour se battre n’est point une cause pour la mort.

Puis son opinion avait changé et évolué. Asuma souhaitait terminer sur ce sujet de conversation et son invité n’avait aucune raison de se refuser à cette simple exigence. Aussi termina-t-il simplement, en levant à peine la voix pour dire :

« Je partirais après le repas pour ne pas les croiser alors. » - car sinon, il leurs balancerait clairement sa façon de penser.

Toutefois, il ne se fit pas prier pour en changer le sujet. Il y reviendrait plus tard : ce n’était pas le moment de gâcher une soirée en pensant à des points négatifs. Il sourit amusé à le voir rougir de ses propos qu’il avait choisis volontairement provoquant. Le nécromancien savait qu’il avait tendance à aimer séduire, rire et qu’il pouvait facilement franchir les pas autorisés en amitié. Il prévenait ainsi !

Asuma, s’assurant que ce dernier comprenne qu’il n’était pas quelqu’un de bien envers qu’il fallait avoir des sentiments. Une fois que les sentiments amoureux naissent, il est difficile de les arrêter et de les éteindre sans faire naître la souffrance. Le nécromancien use généralement de son pouvoir. Toutefois, cela a un bémol : il ne peut plus rester trop longtemps dans la même pièce que l’autre personne sinon le sentiment reviendra car on ne peut effacer l’impression que l’autre nous donne. On peut juste l’éteindre un moment.
Pom s’assurait souvent que l’amour ne devienne pas une problématique et prenait les devant. Qui est intéressé sérieusement par les marie-couche-toi-là ? Elles avaient sales réputations, autant chez les femmes que chez les hommes désormais à moins d’être une star de téléréalité.

« C’est vraiment bon Asuma, et dis-moi quels sont les jobs que tu préfères ? »

Tout en l’écoutant, Pom mangeait calmement. C’est bon. Il les servit l’un et l’autre, tout en écoutant attentivement le garçon. Enfin une bonne nouvelle, ce dernier pourrait bientôt rejoindre une nouvelle colocation. De mémoire et de rumeurs, Pom ne voyait aucune qui ne pourrait pas convenir. Alex était un ami d’Asuma et pourrait le protéger, Shirley également.

Le nécromancien était très content du repas. Il s’arrêterait régulièrement de manger pour raconter à Asuma des banalités sur son boulot dans le bar où ils s’étaient croisés. Puis, il rit tendrement :

« Qu’aimes-tu faire, Asuma ? » D’ailleurs, à part la technologie, la date approximative de la mort, les animaux et les jobs, Pom ne savait finalement que peu de choses sur son camarade.