Soyons bêtes. #Asuma

Je ne suis pas

un héro

C’était une impression étrange qui submergeait Pom alors qu’il écoutait Alex. Un sentiment qu’il connaissait sans n’avoir jamais su y mettre un nom : la jalousie. Il était un peu jaloux de savoir qu’il n’était pas le seul partenaire de jeu régulier avec Alex, son binôme, son ennemi et allier. Pourtant, il le savait. Le savoir était autre chose. Toutefois, ce petit pincement de cœur disparu en même temps qu’il réalisait que c’était totalement stupide dans un éclat de rire. Alex n’était rien ! Il n’avait aucune raison de s’énerver contre lui.

Quant à Toulouze. Ce gamin l’intriguait soyons sincère. Pom s’était depuis renseigné à son sujet de connaissait ses habitudes bagarreuses, ses addictions et son caractère exécrable. Lui et Toulouse étaient deux enfants totalement paumés et un sentiment, proche d’un sentiment protecteur, animait Pom quand il pensait à eux. L’enfant roux riant alors qu’à la nuit tombée les larmes coulaient sous une forme recroquevillée dans les escaliers. Toulouze, c’était l’autre enfant, celui qui donnait des coups de pieds contre les objets dans la cour et se battait contre tous les enfants. Qui était terrifié de rentrer chez lui, mais n’arrivait pas à savoir se comporter, à savoir accepter le bonheur.

Les hommes, ils étaient épuisants ! Asuma venait de se rajouter au lot. Il avait clairement le problème d’être une victime, qu’il faudrait soigner.

« Si tu veux, tu veux venir squatter chez moi. Il a effectivement la réputation d’avoir un sale caractère. Dans tous les cas, je ne pense pas qu’ils soient de mauvais garçons, mais si un jour, ils t’entrainent ou vont trop loin, dans la folie de l’amusement ou la taquinerie qui deviendrait méchanceté, sache que je suis plutôt doué pour dompter les fauves. »

En y pensant, heureusement que Pom n’était pas au courant de toutes les relations d’Asuma. Il l’aurait su ami avec Ere, il aurait sans doute réagit d’une toute autre manière. Car cette femme, il ne la désirait pas dans sa vie et l’adage : « l’ami de mon ami est mon ami » il ne voulait surtout pas risquer de le pratiquer. De par ce fait, il essayait d’éviter de s’attacher à l’ami de ses ennemis. Mais elle n’était pas son ennemi.

« Je ne sais pas non plus, » à dire vrai, « ce qui peut pousser les blogueurs à écrire autant. Même si dans le fond, je peux comprendre qu’on veuille parler d’Alex. Il a beau être le premier des crétins, il a une certaine forme de charisme. C’est très agaçant, car il peut faire croire qu’une route est la plus fun, alors qu’elle est simplement la plus risquée. » Il fit un signe de la main, regardant en direction des gouttes d’eau qui tombaient du ciel.

« Es-tu heureux, Asuma, ici ? Alex te rend heureux, n’est-ce pas ? Toulouze, au contraire, non ? Mais généralement, l’es-tu ou crains-tu davantage ta vie ici ? Tu sais, je n’aime pas percevoir cette tristesse en toi. Je ne la comprends pas. Tu ne devrais pas la laisser si facilement paraitre non plus. Ne devrais-tu pas demander à Alex de t’aider ? Je pense qu’il le pourrait, tu sais. Je suis même certain qu’il t’aiderait. Il n’abandonnerait pas un de ses camarades. »

Je ne suis pas

un héro

Donnez-moi vos larmes et j’en ferais des mers salées où les femmes pourront se noyer et les hommes y lutter. Donne-moi vos sourires et j’en ferais un soleil où chaque rayon éblouira les femmes et rassurera les hommes. Donnez-moi vos doutes et j’en ferais du vent, qui changera en fonction de chaque hésitation. Donnez-moi vos graines d’idée, et j’en ferais du sable où elles seront toutes aussi importantes les unes que les autres. Donnez-moi vos larmes, vos sourires, vos doutes et vos graines d’idée, et je ferais une plage où il fait bon d’exister.

La tristesse était une émotion que Pom comprenait, et pour cause : comme la plupart des êtres humains, il avait déjà été triste même s’il ne l’assumait pas. Il n’aimait pas cela. Pom était du genre à croire qu’il faut toujours sourire pour que la vie le fasse et qu’il ne sert à rien de pleurer, tant qu’on a des yeux pour le faire. Il n’était pas du genre à s’arrêter et à montrer ses faiblesses. Quitte à exploser une fois seul. Il n’aimait guère savoir qu’on pouvait l’être. La tristesse était à ses yeux, une émotion qui aurait dû disparaître avec les morts.

La tristesse d’Asuma le peinait.

D’un geste de la main, lé nécromancien attrapa la main de celui qui était un zombie – mais cela Pom ne le savait pas - pour le tirer vers lui, l’enlaçant dans ses bras, le protégeant, l’abritant du regard des autres, de la pluie et du mauvais temps. Ce jeune homme était si fragile, c’était déstabilisant pour le nécromancien. Il lui embrassa le front, désolé de le savoir triste, et se senti un peu bête. Ce n’était pas bien. Pas bien d’enlacer ce garçon, de l’embrasser, de le protéger. Pom se redressa.

« Allez viens ! » Dit-il, « On va regarder les Dodos, pendant que la pluie tombe, les gens fuient ! »

Il l’obligea à quitter leurs abris. Tant pis pour l’eau. Qu’ils tombent malades ou non, les potions les soigneraient. Et il devait bien y avoir de quoi se sécher chez l’autre garçon. De toute façon, Pom, du bout des doigts, avait déjà hésité à alterner les émotions de son compagnon. Il préféra, ne pas le faire, au cas où il louperait. Il arrêta son geste, se disant qu’il pourrait faire changer les émotions d’Asuma sans avoir besoin d’user de son pouvoir.

L’eau dégoulinait, sur ses cheveux, ses vêtements et son sac. Pom se sentait comme une éponge oublié dans une douche où on n’aurait pas éteint l’eau. Pour l’instant, tant qu’elle tombait, il ne ressentait pas le froid. Le nécromancien savait qu’après, il serait glacé. Mais tant pis. Aux barrières, personne n’était assez fou pour s’y trouver à part eux. Le nécromancien grimpa sur le grillage en bois et d’un bond, il grimpa dessus.

Il retomba en bas de la barrière et s’abrita derrière l’abri des dodos, s’asseyant pour les regarder. Maintenant, il était éloigné des passants et des gardiens. Il pouvait fumer tranquillement et à l’abri de la pluie. Il avait entrainé Asuma dans ses bêtises, mais cela n’avait pas une grande importance.

Je ne suis pas

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Souriant doucement, le nécromancien écoutant celui qui était à ses yeux un lémure et hocha tendrement de la tête. Il pouvait comprendre que ce ne soit pas facile. Malgré l’âge, on demeurait figé dans le temps. C’était comme-ci, la mort nous obligeait à ne pas connaître les étapes de la sagesse qui aurait dû suivre un âge qu’on nous avait arraché.

Il termina de fumer et jeta son mégot à terre, encore fumant. La pluie l’avait de toute façon fait en quelques secondes. L’homme se tourna vers le garçon, se mettant en tailleur devant lui.
Les mains de Pom se tendirent en direction du jeune garçon pour se saisir de ses paumes, il les ramena ensemble et les emprisonna, les réchauffant avec douceur. Il hocha simplement de la tête pour signifier qu’il comprenait ce que l’autre disait. Une chaleur diffuse commença à émerger du nécromancien, un fin filet de chaleur, des petites flammes, semblables à un mirage, à une lumière davantage qu’à un feu, naissant entre ses doigts. Souriant le nécromancien, fit non de la tête … Il comprenait, oui mais non. Non,

« Tu ne dois pas être désolé d’être triste, c’est une émotion que tu as le droit de ressentir. Une émotion qui la droit d’exister en toi. Peut-être que tu dois profiter d’aujourd’hui pour avoir vraiment seize ans. »

Le nécromancien rit joyeusement, se redressant, s’étirant joyeusement, « Même si ça fait de moi un pervers, du coup, n’est-ce pas ? » Il rit, accentuant sa question d’un clin d’œil exagéré, là exprès pour accentuer l’humour de sa phrase, puis il regarda le ciel et hasarda :

« Si tu dois cuisiner, autant se rendre dès maintenant chez toi. Et si l’un de tes colocataires y est, promis, je lui casse la gueule pour ne pas qu’il t’embête. »

Ce n’était pas la première fois que Pom franchissait le portail du zoo, à dire vrai. Souvent, il attendait la fermeture pour rester ici et visiter des cages. Il aimait bien cet endroit, et les zoos étaient des lieux où les visiteurs pouvaient facilement se cacher, contrairement à des parcs d’attractions.
Toutefois, ils étaient trempés et ils allaient finir par attraper mal. De plus, Asuma semblait vraiment fatigué et Pom n’avait guère envie de le voir s’écrouler.

De toute façon, ils auraient bien l’occasion de revenir au zoo et de voir les autres cages et les autres animaux. C’était un peu comme-ci ils avaient l’éternité devant eux. Et même si ce n’était pas le cas, ce n’était pas tellement éloigné de la vérité.

Je ne suis pas

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D’ordinaire, Pom n’aimait pas qu’on garde des photographies de lui. La raison était évidente : il ne voulait pas que des personnes le recherchant tombent dessus. C’était aussi pour cette raison qu’il évitait de fréquenter des gens célèbres et qu’il évitait d’être ami avec des célébrités. Toutefois, à ses yeux, le jeune homme n’était pas un danger. Il ne voyait pas le jeune homme comme un danger. Il ne l’imaginait pas être dramatiquement dangereux. Bien au contraire, Asuma lui semblait être totalement inoffensif. Il était un petit lapin, sautillant dans un petit bois aux arbres écartés et risquant d’être mangé à tout moment par un renard, un loup ou une petite fouine, même.

La pluie tombait toujours alors que Pom passait par-dessus le grillage et aidait Asuma à le faire. Ils se dirigèrent vers la sortie et arrivèrent au niveau de la porte principale. Là, ils étaient tous les deux aussi trempés l’un que l’autre.

Toutefois, ils entrèrent dans une boutique et Pom téléphona. Il s’était éloigné pour le faire. Ils restèrent dans la boutique, à regarder des objets – Pom y fit quelques achats d’ailleurs – et dix minutes plus tard, son téléphone vibra sous le signe d’un message. Ils sortirent et une voiture, de couleur verte, se trouvait en train de stationner en plein milieu de la fille. A l’intérieur, un homme à la peau bronzée et aux cheveux noirs attendaient.

Pom ouvrit la portière arrière à Asuma et rentra devant. Il échangea quelques mots avec le conducteur, le remerciant d’être venu le chercher, sans que le conducteur n’y fasse bien attention. Il les déposa devant l’entrée de l’agence et démarra en trompe. Visiblement pas inquiet, Pom obligea Asuma à prendre les escaliers – il n’aimait vraiment pas les ascenseurs pour se rendre à l’appartement du jeune homme. A chacun de leurs pas, une trompe d’eau était laissée.

Ils arrivèrent en face de l’appartement d’Asuma, et Pom se secoua comme un chien fou. « Est-ce que je peux prendre une douche, chez toi ? » Demanda-t-il brutalement, « Je vais attraper mal, sinon, et toi aussi d’ailleurs … »