Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
On circule militairement,
Une, deux, une deux,
Le permis de conduire, Pom Warren ne l’avait jamais passé. Il trouvait ça particulièrement perturbant d’oser monter dans des véhicules tirés uniquement par un moteur et en avoir la responsabilité. Il n’avait pas envie d’avoir confiance en ce genre de système et préférait largement être le gars s’endormant sur la chaise passager que le type qui avait du mal à tenir ses paupières ouvertes, tout en tenant le volant. De toute façon, il n’était pas préférable au vu de son comportement qu’il conduise. Même, si, il lui était déjà arrivé d’être conducteur. Dans un jeu, un pari, un moment de bêtises. Et autant dire que ce n’était vraiment pas conseiller de lui laisser le volant.
Son humeur était joyeuse, aussi joyeuse que sa tenue excentrique. Portant une chemise ivoire rayée de gris, un jean de marin des années 70, avec des bretelles en cuir, il avait posé sur sa chevelure plus violette que rouge aujourd’hui, un béret. Pour combler cette tenue, outre son sac noir de type militaire, il portait des bottines aux lacets orange et un gilet noir.
Seulement, le jeune homme n’était pas là sans raison. Il était dans le métro car il cherchait des informations sur une personne. Une personne bien précise, puisqu’il s’agissait de l’un de ses enculés de fils de chiens qui l’avaient filmé alors qu’il se faisait agressé dans le métro sans venir l’aider et qui s’était permis de filmer une partie de son anatomie. Ce type, il ne méritait sans doute pas à recevoir l’émotion négative que Pom lui envoya, ni à finir effrayé dans les sanitaires, déshabillé par le nécromancien et revêtu d’une unique jupe. Il ne le méritait pas, mais il termina ainsi.
En sortant de là, le fantasque nécromancien sautilla sur un banc de la station de métro et claquant des doigts, il se saisit de la surprise des personnes pour faire sautiller des petites bulles de couleurs jaunâtres autour d’eux. Il les fit venir à lui, sous le regard curieux de lémures, se mettant à jongler. Puis, d’un geste de la main, il transforma l’illusion en une souris poursuivi par un chat poursuivi par un chien, poursuivi par la souris. L’amusement des gens le gagnait et le rendait d’humeur joviale, jusqu’à ce qu’il entende un : « Attrapez-le ! »
Le type nu portait désormais un bas de survêtement et était accompagné d’une bande de potes, dont l’un d’entre eux portait un survêtement coloré. Riant joyeusement, le furibond nécromancien se projeta en avant et pénétra dans le métro, en même temps que les portes se refermaient sous le signal strident et agaçant de leurs fermetures. Légèrement essoufflé, il monta une cigarette à ses lèvres – sans l’allumer et se rapprocha d’un des bancs confortables pour tomber assit.
Avant de tourner la tête, aussi surpris qu’étonné. La cabossé ! La dernière fois qu’il l’avait croisé, elle était dans la laverie. D’ailleurs, est-ce qu’elle avait tout rangé finalement ? Pom n’en savait définitivement rien !
Riant joyeusement, il l’observa de haut en bas. « Shirley ! Et bien la cabossée le monde est petit. Où vas-tu habillée ainsi ? » Questionna le nécromancien, avec un œil curieux, et un brin diablotin, qui ne signifiait rien de bon.
Tu devrais écouter tes propres conseils,
Quatre fois sept ça fait un résultat
Un soir, Eden avait dit à Pom qu’on ne pouvait pas lutter contre l’envie de s’approcher d’autres personnes, que les êtres humains étaient comme des aimants et qu’on était tous attirés et rebutés par les autres. Il avait également dit le même jour que c’était scandaleux de commander de la vodka et du jus d’orange dans un bar. Entre les deux messages, le nécromancien n’avait jamais su lequel était le plus important. Dans le doute, il chambrait les clients voulant une vodka orange avec gentillesse et s’assurait toujours qu’Eden n’était pas dans le coin quand ça arrivait.
Il était heureux de se retrouver auprès de Shirley, elle lui avait donné une très bonne impression lors de leur première rencontre. Il avait aimé sa joie de vivre, son rire et son enthousiasme. Il avait moins aimé son inquiétude et sa grande frayeur du monde extérieur. C’était le genre de personne qui semblait fragile et l’aimant avait entièrement sa place dans cette histoire. Elle l’attirait, parce qu’elle était ce type de personne qu’on a envie de voir rire et qui démontre des multitudes émotions. Elle était trop mignonne ! Elle le rebutait par cette fragilité. S’il finissait par l’aimer, il ne finirait pas décamper et ça Pom le savait mieux que personne. S’ouvrir, c’était fuir. Et puis, elle sérieuse. Tellement, que cela en était agaçant.
Il n’y pensa pas pour l’heure, trop occupé à rire alors qu’elle lui demandait de la nommer par son prénom. Il y penserait peut-être. A l’occasion. Il aimait bien lui surnom qui lui donnait, car il était le seul à la nommer ainsi. Un prénom, tout le monde peut l’utiliser. Un surnom, c’est un peu un trésor entre quelques rares personnes. Même s’il est débile, ridicule ou stupide, c’est une manière de démontrer son affection – et parfois sa haine, d’humilier ou de blesser.
« Aucune idée ! » Comment pourrait-il savoir où il se rendait ? Pom n’était pas très doué pour organiser un emploi du temps. Il était toujours en retard. Il était simplement venu dans l’idée de se venger de celui qui alimentait un blog d’horreurs et de saloperies sexuelles dont l’une des vidéos comportait une partie de lui. L’idée de pervers et de sadiques s’alimentant de sa douleur était devenue une soif de vengeance insatiable. Qu’il soit damné, il s’en foutait. Une fois, Jacques lui avait dit qu’il n’en voulait pas à l’arme mais à la main la tenant. Il comprenait désormais ce qu’il avait voulu dire. Ou du moins, il commençait à comprendre. Pom n’en voulait pas à son agresseur, ce n’était qu’un gamin. Il en voulait à tous ses gens qui entraînaient la haine.
Jacques. Rose. S’ils tombaient sur cette vidéo qu’adviendrait-il ?
Il rit, joyeusement, chassant cette vengeance de son esprit en regardant le panneau d’interdiction de fumer. Il hésita à signaler qu’il n’était pas encore en train de le faire, mais se retint de le faire. Car il était évident qu’il allait bien l’intention de l’allumer, ici ou ailleurs. Il attendait simplement que son rythme cardiaque reprenne un rythme plus lent et que son souffle redevienne plus normal ; fumer essoufflé, ce n’est pas spécialement plaisant.
« C'est un joli tableau, mais je ne suis pas très art contemporain. »
L’humeur rayonnante de Shirley lui plaisait, elle l’atteignait et lui donnait envie de rire. Elle était ravissante et il se dit qu’elle ne semblait pas avoir l’air de savoir où se rendre, autant resté avec elle pour l’instant. Il s’était, par ailleurs, déjà dit qu’il aimerait la recroiser. Il l’aurait sans doute fait, si le hasard n’avait pas décidé pour lui.
« Errer sans but en étant aussi jolie, c’est un peu le début d’un livre, non ? Peut-être que je peux t’aider pour ta soirée, tu ne sais pas ce que tu veux faire ? »
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Quatre fois sept ça fait un résultat
A l’âge de quinze ans, encore dans le monde des vivants, Pom était tombé sous le charme d’une jeune femme fragile et maladroite qui vivait dans une grande ferme. Les parents de la jeune femme étaient bourgeois et ils étaient endettés à un point de non-retour. Quant à cette jeune femme, Pom avait tué son frère. Pourtant, son air nerveux, candide et maladroit, son manque de confiance en elle, son caractère pourtant bien trempé et son naturel dominant avaient à ce point séduit Pom que sa vie en avait été totalement transformé et qu’elle avait été la muse de sa vie comme de sa mort, comme de l’après. Shirley ne ressemblait pas à Rose.
Rose avait les cheveux noirs, elle était petite, un peu rondelette et pourtant donnait l’impression d’être une allumette qu’on pouvait briser mais qui savait nous enflammer. Elle avait la peau halée par le soleil de l’été et blanche dans la neige de l’hiver. Ses yeux étaient sombres, presque noir. Sa beauté légère, à peine existante. Nombreuses personnes l’auraient sans doute trouvé quelconque : mais, Pom ne voyait et ne vivait que par elle.
Shirley ne ressemblait pas à Rose et pourtant elle rappelait un peu cette femme à Pom. Elles étaient attendrissantes. Elles étaient capables d’écouter et de prendre des risques. Elles n’avaient pas conscience de leurs beautés. Elles savaient rire. Elles étaient secrètes, stressées et tendues.
Toutefois, si Pom pensait à Rose de cette manière, il oubliait que le masque de la femme était tombé et qu’elle s’était montré tout autant cruelle que monstrueuse, presque sociopathe à la fin de leurs vies. Il évinçait cette partie de l’histoire comme pour épargner ses souvenirs d’une pensée triste qui n’était pas nécessaire.
« Ce que je veux faire ? » Demanda Pom en répétant, questionnant, reformulant la phrase de Shirley. Il n’y avait pas songé. Que serait-il d’ordinaire s’il ne l’avait pas croisé ? Il irait à une fête, ou à la bibliothèque et entrerait par effraction. Il danserait à une rave, ou se droguerait dans un squat. Il séduirait dans un bar, ou rejoindrait le Bchobiti pour rire avec Eden et Dadine. Il regarderait une série en salle informatique ou jouerait à un jeu en ligne. Il fumerait dans une cuisine, en écoutant les rires d’une soirée dans le salon. Les possibilités étaient multiples, mais elles l’étaient tout autant avec Shirley.
Non, Pom ne s’ennuyait pas. Il aimait bien cette fragilité qu’il ressentait en Shirley, même si elle l’agaçait aussi. Elle l’effrayait, dans un sens. Il n’avait jamais su y faire avec les gens, les amitiés, les liens, les sentiments. Il n’était pas doué pour tout ça et il finissait par blesser. La douleur cruelle et violente d’un homme maladroit. Il aurait aimé la rassurer, mais, agir sur elle avec son pouvoir n’était pas une bonne idée. Pas ce soir et il s’en rendait compte. Son humeur était joyeuse, même s’il sentait de l’inquiétude. Et il ne voulait pas substituer ce bonheur.
« Je crois que j’aimerai aller danser. » Dit-il, tout simplement. Après tout, ils avaient commencé une danse sans jamais la terminer. Oui, ils iraient danser, mais pas forcément tout de suite, se dit-il. Il n’était pas si mal installé dans ce métro.
« Sais-tu Shirley qu’il y a dans le métro de nombreux mystères ? On y organise des escape-game, voudrais-tu en faire un ? »
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Le regard de Pom n’était que davantage amusé par la jeune femme alors qu’elle répondait à ses questions. Décidément, Shirley manquait beaucoup de choses géniales dans le monde des morts. Hochant de la tête, alors que le métro s’arrêtait, il souffla : « Dans sept stations. » Et pendant tout le temps que dura le déplacement, une vingtaine de minutes, il parla à Shirley.
D’abord de Raven. Car, chacun l’avait bien compris : Pom Warren était fan de Raven White ! Il n’y avait pas vraiment de raison à cela, il aimait juste ce qu’elle dégageait et c’était à ses yeux une raison suffisante ; ce n’était même pas certain qu’ils s’entendraient s’ils avaient dû se connaître en vrai. Pom n’était pas quelqu’un de très construit – on pouvait le dire – et du coup, après une minute à peine, il se mit à poser de multitude de questions à Shirley. As-tu un travail ? Aimes-tu les fleurs ? Quelle fleur ? Où voudrais-tu voyager ? As-tu déjà vu la tour Eiffel ? Pourquoi tu n’as jamais visité Tokyo ? Tu connais le Bar Rock ? Et l’izakaya Bchobiti ? Tu y rencontrais mon patron, Eden, il est cool. Tu écoutes quoi comme musiques ? Et tu aimes manger quoi ? Les flots de paroles de Pom était rapide, incontrôlés, et chaque réponse de Shirley en apportait une nouvelle.
Parfois, Pom sautait du coq à l’âne quand une station lui tirait une exclamation, un commentaire sur la ville. Là, c’était le meilleur endroit pour aller boire, disait-il, là le meilleur cinéma de film amateur. Là-bas, un SDF mort dans le métro était revenu se placer et refuser de partir depuis plus de vingt ans. Là-bas, on pouvait selon lui croiser des grandes stars japonaises malheureusement décédés. Et puis, tel lieu était le meilleur endroit pour attraper des pokemons spectres.
Pom était bavard, Pom était enjoué. Lorsqu’ils arrivèrent à la bonne station, il en fut presque surpris, ne s’étant pas rendu compte du temps passé. Il entraina immédiatement Shirley avec lui pour la conduire dans la station de métro. Seulement, Pom ne se dirigea pas vers la sortie. Bien au contraire, il poussa une porte où un accès interdit et un panneau danger avait été signalé.
Si Shirley avait assez de courage pour fumer une cigarette, elle en aurait pour subir ça, se disait-il. C’était peut-être une erreur, les deux n’étant clairement pas la même chose.
S’engouffrant dans un tunnel, des plus secrets, Pom ne fit pas attention aux cadavres de bouteilles et d’alcool. Ils s’engagèrent sur un quai désaffecté qui avait été abandonné.
Une odeur désagréable était maintenant présente. Un homme – ce devait être un homme – avec un œil en moins, une oreille tombante et une odeur de putréfaction vint saluer rapidement Pom, en lui sautant presque dans les bras. Pour faire rire Shirley – ce qui ne la ferait peut-être pas rire – il se démembra le bras gauche, puis replaça le dit membre sans la moindre difficulté.
« Alors P, tu as trouvé une belle chérie dis-moi ! Félici…
- … Igor, la ferme. Je te présente Shirley, on voudrait faire un escape game tous les deux.
- … Tu connais la règle P, tu ne peux pas y participer. Tu es du personnel, tu connais nos secrets. »
Une moue boudeuse, attristée. Pom fixa le dénommé Igor avec chagrin. « Mais Igor, elle n’en a jamais fait !
- Aussi ravissante soit la fiancé de l’épouvantail Jack, je suis navré Pom. Les règles sont les règles. Peut-être que si vous trouviez un ou deux autres partenaires, nous pourrions … »
D’un geste de la main, Pom fit non. Igor se rapprocha de Shirley, retirant son second œil sans la moindre difficulté avant de dire, une voix grelottante dans le fond de sa bouche,
« Dites-moi mademoiselle, voudriez-vous tenter de gagner le droit de votre équipe pour l’escape game du métro car voyez-vous, seuls ceux qui gagnent cette première épreuve peuvent participer à la vrai partie. Mais vous devrez aller seule et … »
D’un geste de la main, Pom attrapa l’œil pour l’enfoncer dans l’orbite d’Igor. « Arrête, tes bêtises. Tant pis, Shirley, on reviendra. Je connais un endroit où nous pourrons danser ! »
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