gneugneu les biscottos
Évidemment, la remarque de Constantine sur son grand âge te fait éclater de rire. C’est qu’il t’en faut déjà peu d’habitude, alors ce soir, y’a vraiment pas grand-chose qui ne titillerait pas ta veine comique.
Pour l’instant.
Si t’avais remarqué le type qui avait bousculé ton ami, tu lui aurais sûrement sauté dessus. Et heureusement pour tout le monde, ta vivacité d’esprit était un tant soit peu… Réduite. T’as toujours rêvé de lancer une baston générale dans un bar, pourtant. Mais là, t’as juste envie de papoter avec ton tonton de substitution. Ouf.
Il te sort une caisse en bois comme par magie et te fait signe de t’installer à ses côtés, tu t’y soumets avec toute la grâce d’un pachyderme épuisé. Après une heure à te déchaîner sur la piste de danse, t’as les jambes qui menacent de se dérober à chaque instant.
“Bon alors, qu’est-ce qui t'amène ce soir ? J’doute que ça soit une balade nocturne, surtout vu comment on se les pèle.”
Même plus la peine de te souligner : tu te marres, encore.
“J’ai un pote qui va voyager en Europe, j’sais plus trop où, il voulait marquer le coup avant son départ. Mais là, t’façon, j’crois qu’il s’est trouvé une conquête pour la soirée, donc j’pense pas lui manquer tant que ça…”
Tu repenses à ses airs charmeurs sur le dancefloor. Toi, tu le trouves un peu ridicule, parce que tu le vois à dix-mille, son regard fatal. Le genre de regard un peu trop cliché pour ne pas avoir l’air répété inlassablement devant la glace, un peu trop perfectionné avant de partir à la chasse à l'homme... Ou à la femme, dans ce cas précis.
Mais bon, visiblement, ça lui réussit. Tu ne peux qu’applaudir son succès.
“Et toi, du coup ? Ça fait vraiment trop longtemps ! Après, ‘faut dire que je sors pas des masses, en ce moment.”
Pas que tu restes constamment cloîtrée chez toi non plus, tu passes juste par une baisse de régime apparente pour ceux qui ont l’habitude de te croiser tous les samedis soirs.
Ô rage, ô désespoir, Constantine commet un péché capital : complimenter ta forme physique. Tu n’essayes même pas de diluer le grand sourire niais qui vient illuminer ton visage, tant ça te fait plaisir à entendre.
“T’as vu ça ?! Guette les bibis, attends…”
Pressée de retirer ton pull qui te tient bien trop chaud de toute façon, tu dévoiles les dits muscles avec une fierté déconcertante, offrant au pauvre homme une suite grotesque de poses présomptueuses à souhait. T’as néanmoins la chance d’avoir un minois assez expressif pour associer tes mouvements à des expressions faciales tout aussi ridicules, histoire qu’il comprenne bien que tu te prends pas tant au sérieux que ça.
Vraiment insortable, hein.
Et à force de te tortiller dans tous les sens, certains besoins physiques reviennent à la charge.
Ah, oui. T’étais pas juste venue dans ce couloir pour te balader, à la base.
“Attends, j’reviens, ‘faut que je passe aux toilettes en deux-deux.”
À deux doigts de dire que t’allais faire
“un petit pissou”, mais t’es pas encore assez ivre pour sonner aussi cruche. Pourtant, t’étais pas loin.