Ah il sent, ta voix, tes gestes, ton air. tu as compris, peut-être pas la totalité de l’affaire, mais du moins une partie. Célestin te tend, peut-être un peu rapidement, un regard d’excuse - vraiment il l’est, désolé, mais il avait besoin de changer d’air, d’équipe, de repartir de rien comme un vent nouveau.
Alors oui, il avait fait une pause.
Terminée désormais depuis quelques treize années.
“Vingt ans, c'est difficilement une pause. Mais qu'importe, je trouverai autre chose.”
“Ah oui, vingt ans.”Il ne dit rien de plus.
S’enfuit, se laisse couler.
Non vraiment, que ferait-il si tu venais à comprendre, savoir, découvrir ? Il ne ferait probablement pas le fier, il est vrai. L’a-t-il fait un jour, autrement qu’en portant son masque sur scène, où il semble tant à l’aise que l’on oublierait presque qu’il nage dans le mal-être en compagnie d’autrui. Mais tu passes outre, nul doute pourtant que tu reviendras à la charge un jour prochain. Pour le moment, Célestin se permet de souffler un instant.
“Ça t'allait sur l'iconographie, sinon ? Si t'as des idées, je suis preneuse.”
“Oh l’iconographie, très classe. J’apprécie beaucoup.”Cette fois, le sourire est sincère.
Il aime énormément tes idées, comme souvent il est vrai.
“Longtemps que je n’ai plus porté de robe, il faut dire. Les gens sont redevenus frileux, à croire. Bien dommage, si tu veux mon avis.”Il en prend par ailleurs une au hasard dans le portant, comme pour l’évaluer. Rien à voir avec ta description - le rouge fonctionne toujours bien à l’opéra, ajoutez-y une scène à l’italienne et vous voilà au Palais Garnier. Non, celle dont il se saisit est d’un violet profond, pourpre presque : probablement un rôle royal. Il l’évalue, et en conclut sans mal aucun qu’elle ne lui irait jamais. Alors il la range, sans un mot. Une interlude le temps de l’admirer.
“A parler avec la personne qui fait les costumes, j’ai pris un peu de poids ces dernières années.”Il lance une moue amusée, en désignant son ventre. Effet secondaire du sevrage, qu’il n’a jamais essayé de résoudre car il faut dire que ça lui convient bien ainsi.
Résumé
345 mots
Tintin laisse couler aussi en suant à l'idée qu'Espe découvre la supercherie, avant de dire que le reste de l'affiche