Le vendeur avait l'air. Serein. Surpris, mais serein. Ce qui étonna Anathema. Parce que ce n'était pas le genre de réaction qu'avaient la plupart des gens lorsque leur chien de presque 80 kg écrasait un client de tout son poids.
Et d'autant plus, en aboyant.
— « Elle est grande, mais pas méchante pour un sous. » dit-il défendant sa bête féroce.
— « Pas méchante ? » répéta Anathema, agacé, « Elle a ruinée ma chemise en m'écrasant, mais non, je suppose que cette créature n'est pas méchante. »
Sourire antipathique. Le poltergeist n'a pas beaucoup de sympathie pour le chien qui est sagement ramené à l'intérieur. Non, vous savez quoi, cette journée est déjà assez pourrie, le faux elfe décide que c'est bon. Il respire un grand coup. On relâche.
— « Tout va bien. Ce n'est rien. Ce n'est qu'un chien. »
Décidé à ne pas se laisser faire, Anathema poursuit sa route vers la réserve, oubliant la sale bête - qui s'appelle Roquette. Il va retenir ce nom, et l'ajouter à son chant de haine.
Voyez-vous, certaines personnes font de la méditation le matin pour s'énergiser, se mettre de bonne humeur. Anathema, lui, fait tout le contraire.
Au matin, il énumère le nom des personnes qui lui ont fait du tort et ce qu'iels ont fait. Ça lui prend toujours une quarantaine de minutes. C'était peut-être pour ça qu'il est si aigri ?
Clairement, le puerto ricain n'avait qu'une envie partir d'ici. Il semblait en avoir marre. Marre de tout, des gens, des plantes et des animaux. Si le moindre petit oiseau osait chanter avec ses joyeux petits cuicui- Et bien, nous dirons qu'Anathema aura de la volaille pour le souper.
Rien que derrière la porte de la réserve, Anathema déjà sentait la chaleur étouffante. D'accord, le monde des morts était plus froid que celui du monde des vivants, mais est-ce que le vendeur avait besoin d'un climat tropical pour ses plantes ? Si c'était le cas, le roublard comprenait mieux pourquoi les prix étaient si élevés, vu la facture d'électricité que Célestin devait se taper.
Quelle idée d'avoir le chauffage allumé en août.
— « C'est normal, toute cette chaleur ? »