Quand la mort te joue des mauvais tours
Parfois la fatigue se mélange à d’autres sentiments, la colère, la tristesse, la peur … Un étrange cocktail dangereux qui enivre le pauvre ignorant. Enfermé depuis quelques jours maintenant, le pauvre fou croule sous une montagne de papier noirci par des traits incompréhensibles. Les quelques survivants ne représentent qu’une minorité oubliée dans un coin de la pièce. Dans son esprit embrumé, des mots ne cessent de se répéter : “ça ne va pas. Ce n’est pas assez bon.” Jusqu’au son de la corde qui cède sous le poids de la responsabilité. Hurlant à pleins poumons, le muet n’attire l’attention de personne. Quand ses bras baillent les nombreuses piles de croquis, toutes les feuilles s’envolent pour former une tornade autour de lui. Son regard croise par moment ses dessins gribouillés par son propre crayon, il a noirci de ses idées noires chacune de ses pages pour les oublier. Et si la douleur de cet échec n’était pas suffisant, sa poitrine s'alourdit et sa respiration s’accélère quand son corps se retrouve comme déchirer en deux. Ses râles n’atteignent jamais ses cordes vocales inutiles, il se contente de plier le genou sous la douleur et sa main agrippe son vêtement au niveau de son cœur. Sous l’incompréhension, ses paupières se ferment et s’ouvrent sur un nouveau monde.
Pendant un court instant, il se met à regarder ses mains avant de jeter un regard sur son environnement. Chaque recoin de la pièce lui semblait inconnu. Ses feuilles à même le sol ressemblaient à une mer calme après une tempête déchaînée. D’une faible voix, il semble appeler son père dont la réponse ne viendra jamais. Poussé par le courage inculqué, l’enfant s’élance à la conquête de son nouveau territoire. Ses pas sont gênés par des vêtements bien trop grands pour lui, alors il se débarrasse d’une partie, ne gardant qu’un haut flottant. Ses petites mains peinent à ouvrir la porte et c’est après de long effort qu’il parvient à atteindre une nouvelle pièce. Tout est colloré, cela ne ressemble en rien à la décoration sobre de sa maison. Il n’y a personne. Encore une fois, il appelle la seule personne à même de lui répondre mais seul le silence lui répond. Ayant trouvé dans son vêtement, un wakizashi, il avance prudemment, arme à la main. Ses iris se baladent de droite à gauche, ses sens sont en alerte, le moindre bruit le tend et ses mains resserrent toujours plus le manche de la petite arme. Rien. Il n’y a rien, ni personne.
Après de longues minutes de recherche, une nouvelle porte se présente à lui. A nouveau, sur la pointe des pieds, il tend ses mains et peine à ouvrir. Après de longues minutes de lutte, l'adversaire ploit face au petit samouraï et ouvre grand ses entrailles. Libéré de la prison de mur, l’enfant s’élance à la conquête d’un nouveau lieu. Toujours rien de connu, sa voix porte encore dans un silence de mort. D’un pas lent, emmitouflé dans un pull rouge traînant, l’enfant s’aventure en territoire hostile : un long couloir qui semble sans fin avec de nombreuses portes sans indication.