Quand la mort te joue des mauvais tours
Si les pleures de Yashiro se mêlent à un goût amer, celui-ci ne lâchera pas l’idée de devoir mettre fin à ses jours pour essuyer un semblant de honte. Mais, si sa détresse se lit sur son visage et sa volonté s’entend à ses mots, son adversaire ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Dans cet élan de désespoir, une main rassurante se cale dans son dos pour le tapoter tandis que la deuxième éloigne le seul objet capable de faire taire ses pleurs. Confus, le petit guerrier comprend tout de même que l’homme à la peau foncée est en train de le réconforter. Une honte de plus, sa liste commence à s’allonger et cela devient dangereux pour lui. Il le sait, c’est ancré en lui depuis des années, à sa naissance, il a quitté les bras de sa mère pour devenir un grand samouraï, la fierté de la famille. Et aujourd’hui, son ennemi a décidé de l’humilier, une tape dans le dos, des paroles qui semblent réconfortantes et ses deux doigts tendus. Il est évident que celui-ci le prend pour un enfant incompétent, pourtant son père ne lui a jamais tendu la main pour qu’il la prenne, il n’a jamais marché à ses côtés. Quelle serait la raison pour lui d’accepter les doigts tendus d’un étranger ? Aucune.
Shiro profite du recul du fameux “Louis” pour reculer de quelques pas à son tour, il reprend une posture défensive. Dans un reniflement bruyant, le Japonais ravale son amertume et décide de repousser son seppuku pour donner une bonne leçon à son adversaire. Mais, le plus gros problème dans cette histoire, c’est sa tenue encombrante. Depuis le début de cette rencontre, elle a été la fautive de ses maux surtout qu’il ne comprend pas d’où elle vient et les raisons qui l’ont poussé à l’enfiler. Quelque chose était étrange dans cette histoire, mais il n’a pas le temps de s’en soucier, une chose à la fois. Du haut de ses sept ans, le petit guerrier est conscient de beaucoup de choses; à l’époque, l’apprentissage commençait tôt. Et si la honte déjà grande ne s’est pas estompée, Yashiro va opter pour une solution qui finira de l’achever. Dans un mouvement de bras, il attrape son haut et le retire pour se rendre compte d’un détail, il n’a rien en dessous. Le rouge de ses joues monte jusqu’au bout de ses oreilles, il s’empresse de se jeter sur le vêtement jeté plus tôt et tente de l’enfiler, en vain. Incapable d’enfiler ce haut dont la matière lui est inconnue tout comme l’apparence, il ne ressemble en rien au kimono qu’il a l’habtiude d’enfiler, juste les manches. Sa tête se perd dans la capuche, ses bras ne parviennent plus à trouver les trous et pour finir, son pied marche sur une manche. Pour l’énième fois, le samouraï finit au sol … Yashiro est au bout de sa vie.