Quand la mort te joue des mauvais tours
Le cheminement sinué des pensées est un mystère encore non résolu par les plus grands scientifiques du Monde. On dit que le cerveau humain est d’une complexité telle qu’il nous est difficile de le reproduire. Pour autant, certains adultes aiment se dire capable de comprendre la pensée humaine; ils pensent naïvement que par quelques déductions, ils sont capables de dévoiler les pires secrets de l’être humain. Mais, quand est-il de la pensée de l’enfant ? Souvent éloigné des adultes, ses pensées pures, innocentes et parfois dénuées de logique échappent au sens commun. Les plus jeunes peuvent se comprendre sans parler le même langage, une sorte de pensée commune seulement accessible à cette élite que les plus grands qualifient de “gaki” dans un langage vulgaire du soleil levant. Et si l’étranger à la peau plus foncée que le petit samouraï fait face à cette logique irréfutable, il n’a pas les clés pour résoudre ce code. “C’est pas si grave …” Une phrase illogique. Qu’est-ce qui n’est pas si grave ? Yashiro n’a pas commis d’erreur, son raisonnement est sans faille mais l’homme adulte, celui dont le savoir est bien plus grand, ne parvient pas à suivre. Comme deux adultes incapables de parler la même langue ne se comprennent pas, deux êtres d’âge différents n’y arrivent pas. Certains remettront en cause la différence culturelle quand les plus avisés diront : “C’est une logique imparable et hors du commun, seuls eux peuvent la comprendre.”
Et c’est dans ce flot incessant de larmes que le petit guerrier continue de se morfondre. Maladroitement, son interlocuteur tente de le rassurer avec ses mots dont lui seul peut comprendre le sens. Qui d’autres que le grand Roi des Enfers peut s’occuper de lui ? Seul juge en ses lieux, il est l’être capable de vous mener vers la voie de votre réincarnation alors, qui sont les autres ? Comme pour échapper à sa destinée, Enma pointe du doigt ce lieu inconnu. La vue bloquée par ses petites mains, Yashiro ne peut pas voir le “salut” et c’est pour cette raison que ses doigts s’écartent pour le laisser entrevoir ce qu’on lui pointe. Au fond de ce couloir sans fin, deux étranges portes d’une couleur de métal se dressent comme un mur infranchissable. Une aberration sans nom, une monstruosité comme il n’en avait jamais vu. Est-ce le prix de sa condamnation ? Devait-il combattre ce monstre de métal pour parvenir à se réincarner ? Désemparé, le Japonais laisse tomber ses mains dans son lit de textile tandis que son regard rougit par les pleurs se dirige vers le coupable. Le mot qui lui vient en tête : “impossible”. Qu’allait-il devenir ? Si son hoquet s’était calmé un temps, lentement son corps se soulève à un rythme régulier alors que les flots recommencent à s’écouler le long de ses petites joues potelés. D’un mouvement de tête insistant, Yashiro fait comprendre son désaccord quant à sa volonté d’affronter cette créature. Incapable de prononcer des mots, il se contente d’hoqueter à chaque mouvement de gauche à droite, retenant une part de ses sanglots.