Zgoing ! Pssshoo ! Voilà les sons qui s’échappent des radios des danseurs de rock’n’roll croisés près du parc Yoyogi. Joshua le traverse d’un pas guilleret et rejoint de nouveau la ville. Sur le chemin, il fait bien sûr quelques selfies avec ses sujets, regonflant ainsi son égo comme on insuffle de l’air dans un pneu à plat.
C’est jour de congé. Pas de morts à accueillir aujourd’hui, la Faucheuse prend le relai, et pas besoin de le dire deux fois pour voir Joshua s’envoler hors du bureau, prêt à prendre Tokyo d’assaut. Ce soir, il ira en boîte, c’est sûr, mais pour l’instant une petite balade dans la ville suffit à lui redonner le sourire et le goût des petites choses. Un des derniers pétales de cerisiers lui tombe devant le visage, et c’est aussitôt la joie de pouvoir voir la vie s’écouler. Enfin, la mort. Être dehors, quel pied, tout de même.
Comme à son habitude, son regard papillonne et les lubies s’enchaînent ; au fil de sa promenade, il achète quelques takoyaki au poulpe, des chichis, et pour finir une sucette goût cerise qui le ravit. Il discute avec des passants, rit, met des tapes sur des épaules, coupe la parole, repart. Lépidoptère joyeux, le roi butine d’activité en activité, jusqu’à tomber sur son prochain caprice.
Et le voici : une petite échoppe de garagiste lui fait de l'œil, le soleil se reflète sur les pièces de métal dans la devanture et l’éblouit. C’est un signe ! Comme un clin d'œil forcé ! Joshua s’y précipite, sucette toujours en bouche, admirant les bécanes alignées dans le garage.
« Trop classe… » murmure-t-il.
Quand il se déplace, le Lémure le fait à pied, en mouche, ou en métro ; il n’a jamais vraiment pensé à se procurer un moyen de transport… Mais quand même, une moto ça serait carrément classe. Il n’aurait nulle part où la mettre, par contre, et n’a pas le permis. Mais c’est classe. Une belle moto rouge vif, avec la forme d’un frelon, comme un jeune Great Teacher Onizuka…
Il n’a pas encore fini de s’imaginer vrombissant dans Tokyo qu’il aperçoit alors la garagiste au travail. Enthousiaste, il la hèle :
« C’est vous qui fabriquez tout ça ? »
Pas un bonjour, pas une politesse, c’est bien le roi.