Traitrement royal
ft. Jojo le plus beau
Si la grande artiste était coutumière des réveils difficiles, à l'instar de ses collègues torturés, il fallait avouer que celui-ci était parmi les pires de ses siècles d'existence. Déjà, l'odeur de poulailler immonde provenant de l'étage du dessous venait l'aggresser. Il lui fallait bien dix secondes pour se rappeler d'où elle se trouvait, dix autres pour en déduire pourquoi elle n'avait même pas une seule chaussette volée sur la peau, et enfin dix dernières pour comprendre qu'elle ne s'était pas blottie contre une peluche géante. La lémure était bien loin de regretter la soirée d'une quelconque manière, mais une matinée particulièrement sèche s'annonçait.
S'éclipsant sans un bruit du duvet royal, elle partait se doucher sans demander la permission à quiconque, puis s'enroulait une serviette à l'odeur franchement douteuse autour de la taille. Elle n'aurait certainement pas trouvé mieux, de toute manière. La pauvre maîtresse s'était faite à l'idée que la classe et l'élégance n'étaient pas tant une priorité du roi, et se contentait de garder le tissu mouillé blanc aux motifs d'éléphants pour cacher ce qu'elle avait dévoilé.
Satisfaite, elle servait deux cafés -dans des tasses sales, mais elle n'allait tout de même pas faire la vaisselle- sur un plateau, puis revenait dans la chambre de son roi. Son beau, charmant, manipulable mais franchement imprévisible roi. Une sorte de chaos sur pattes qui ravissait son besoin d'improvisation et de spontané, bien qu'insensible à toute psychologie tant la sienne demeurait indéchiffrable. C'est qu'elle l'aimait bien, au fond, et n'avait pas été aussi insensible à son charme qu'elle aurait préféré. Reste que la position de reine serait la cerise sur le gâteau. Pis elle adorait les cerises un petit peu plus que les gâteaux, aussi.
Incapable de lui souffler à l'oreille sans potion matinale, elle se contentait de poser les boissons sur la table de chevet et de se glisser sous les draps à nouveau, lui caressant les cheveux d'une main pour le réveiller.
Ou faisait-il seulement semblant de dormir?
Résumé
Je sais pas j'ai pas compté