Pause café <3
ft. Catherine Horville
La journée avait, somme toute, démarré tout à fait normalement. Viktor s'était levé aux aurores, occupé l'esprit jusqu'à la bénie heure du repas, puis avait pris la sage décision de rendre visite aux divers membres de l'agence Azazel. Après tout, le roi l'avait convoqué pour lui confier une mission, et il se devait de savoir qui il risquait de fréquenter les vingt prochaines années. À son rythme, il arpentait les couloirs, faisant trembler la maille à chaque pas, et écartant tous les passants sur les côtés en marchant parfaitement au milieu. Parfois, il croisait leur regard apeuré, et se satisfaisait de les voir le détourner vers le sol ou le mur. Il n'émettait pas un mot, seuls son odeur et ses cliquetis prévenant de sa présence, et parfois son casque venait enquêter sur les activités pouvant se dérouler derrière des portes qu'il ouvrait au hasard.
Une belle après-midi, comme une autre.
Puis vint 16 heures exactement. Après des heures passées à terrifier les honnêtes gens, et tirant pour seule information qu'une personne sur trente environ pouvait soutenir son regard, le titan considérait sa pause bien méritée. Il n'avait pas même pris le temps de se présenter auprès de quiconque, mais après tout, quelle importance? Il ne reverrait certainement pas tous ces gens. Tant mieux, tant mieux.
Dans ce qu'il devinait être une salle de pause, l'ancien se désolait de ne trouver aucune cafetière digne de ce nom. Il avait pourtant fouillé tous les placards, le frigidaire même, et fait fuir un jeune lémure qui mangeait son sandwich en le lorgnant craintivement quand il avait tenté de lui adresser la parole. Que l'on se comprenne bien: il y avait une machine à café, seulement, ça n'était l'une de ces italiennes que Viktor savait faire fonctionner.
Dépité, le zombie s'approchait de l'outil rouge pétant pour l'inspecter, et tenter d'en deviner les mécanismes. Il reconnaissait certes un bouton d'allumage, un réservoir d'eau, et un cable internet le connectant à une prise secteur murale. Incapable de considérer les milles engrenages dans la machine, le pauvre homme dut en déduire le fonctionnement. C'est alors qu'il:
-Cassa les dosettes de café (il avait su les reconnaître) pour en verser le contenu dans le réservoir. Il obtenait alors une mélasse brune pâteuse, que l'intérieur de la boîte en plastique devait certainement filtrer seule.
-Souleva la machine pour la déposer sur une plaque de cuisson, la salle de pause faisant également kitchenette.
-Alluma la plaque de cuisson, ainsi que la machine à café. Il en oublia de mettre la tasse à l'endroit prévu.
Satisfait, il s'adossa à un mur, attendant calmement que l'eau se mette à bouillir, et qu'elle soit filtrée par ce formidable outil moderne. Quelques minutes plus tard, une puissante décompression fit éclater la cafetière, l'asourdissante détonation entendue par l'entièreté du bâtiment sans doute aucun. Toute la mélasse noirâtre contenue se répandit dans chaque direction qui lui était permise, tâchant de manière irréversible le mobilier. Par ailleurs, le plastique partiellement fondu se permettait d'émettre des fumées nauséabondes, lesquelles déclanchèrent l'alarme incendie du bâtiment entier, et un sprinkler au plafond.
Imperturbé par le chaos qu'il venait de causer, Viktor décroisait les bras, et lâchait avec lourdeur:
"À vouloir tout moderniser, on en vient à ce que même le café explose! Quelle époque, scheiße."
Résumé
618 mots
Viki met une cafetière sur une plaque de cuisson, le reste est évident.
En espérant que ça te va, si il faut changer un truc hésite pas bien sûr
En espérant que ça te va, si il faut changer un truc hésite pas bien sûr