La mort de l’homme n’avait pas été très sympathique non plus, bien que tout aussi inattendue, et au très mauvais moment. Mais aucune mort n’était vraiment attendue ou sympathique en y repensant. Encore par réflexe, elle caressa doucement son dos pendant qu’il lui contait son passé. Ca avait l’air d’être des paroles un peu lancées au hasard, certainement à cause de la fatigue. Mais la fatigue nous faisait souvent dire ce qu’on gardait douloureusement en nous, et Swann espérait que les mots qu’il prononçait, lui permettaient de se sentir plus léger.
Quand il parla du crétin qui avait gâché les années de jeunesse de la chimère, elle bougea les oreilles et ouvrit un oeil. Il s’excusait lui aussi pour quelque chose qu’il n’avait pas fait. Mais en y repensant, elle avait fait la même chose un peu plus tôt, alors elle n’en dit rien, souriant légèrement d’amusement, sans même s’en rendre compte. En y repensant, ce besoin de s’excuser pour d’autres devait être dans la nature humaine. Cela était quelque chose dont on ne se rendait même pas compte. La culpabilité fausse était inévitable pour chacun, et cela était fréquent quand on n’était pas bien, quand on était faible moralement, ou, comme à cet instant, en proie à le séduisant Morphée.
Quand il parla de sa soeur, la tristesse sembla défiguré son visage, du moins, c’est ce qu’elle vit de son seul oeil ouvert. Il pouvait la comprendre alors ? C’était surprenant, tant de points communs, mais en même temps si triste que ce soit sur ce genre de détails douloureux. Elle remarqua que quelques larmes s'échappaient des yeux rougeâtre de l’homme. Sans le remarquer, elle baissa les oreilles. Et, d’un geste timide, elle essuya du revers de sa manche les larmes du brun. Si sa soeur lui avait gaché la vie, Swann ferait tout pour qu’elle ne lui gâche pas sa mort. Après cela, elle se blottit de nouveau contre lui, fermant de nouveau les yeux.
“Désolé, je ne sais plus ce que je dis. C’est une drôle de soirée. Je suis content de t’avoir rencontré, c’est une chouette chose finalement que tu te sois perdu dans ces couloirs sans quoi nous ne nous serions probablement pas croisés.”, dit-il après cela.
Swann sourit doucement. Il avait raison, elle ne regrettait plus tant que cela d’avoir oublier là où elle vivait. Cela lui avait permit de faire une belle rencontre, d’apprendre un peu le saxophone et de surcroît, de découvrir à quel point cet homme était apaisant. Son Morphée, d’une certaine façon, ce soir là. Elle serra doucement son haut, oubliant de lui répondre, tant elle se sentait bien. Et alors qu’il lui disait qu’elle pouvait dormir et lui demander où elle habitait, elle sombrait dans le sommeil. Bien trop détendue pour ne pas se laisser envahir par les rêves silencieux et la chaleur de son professeur d’un soir.
***
Le lendemain pointa le bout du nez à une vitesse fulgurante. La souris dormait profondément contre le vampire, alors que le soleil venait montrer au monde sa beauté. Endormie comme un souriceau, la jeune femme ne se réveilla pas directement. C’est au bruit d’un fraca, qu’elle sursauta et ouvrit les yeux, sentant son souffle s'accélérer dans la peur. Remarquant qu’elle avait dormi là, tout comme son Morphée vampirique, elle rougit, ayant peur de l’avoir empêché de partir. Mais ce qui la gêna d’autant plus, fut un regard curieux et gêné d’un homme, une guitare à la main, qui avait percuté le saxophone toujours au sol en ouvrant la porte de la salle de musique. Il regarda les deux insomniaques d’un air gêné, comme s’il les avaient surpris en mauvaise posture, alors qu’ils dormaient simplement.
“Euh...Excusez moi...enfin je...Pourquoi vous n’êtes pas dans ...vos appartements ..?”, dit il confus.
Swann piqua un fard alors qu’elle posait son regard sur l’inconnu et le vampire un à un, ne sachant quoi dire. Il y avait mieux comme réveil, il fallait l’avouer. Mais à cet instant, la situation était...des plus malaisantes. Elle bégaya un instant avant de finir par répondre pour elle et le brun.
“N-nous nous sommes endormis ici hier, excusez nous...On va ...on s’en va bientôt !”Le nouveau venu les regarda tour à tour avec un regard des plus accusateurs. Il se faisait clairement des idées, cela se voyait à son expression. Swann se redressa un peu, très mal à l’aise, alors qu’elle lançait un regard désolé au vampire. L’homme à la guitarre sembla très dérangé, et tout aussi vite qu’il était arrivé, il partit en disant qu’il reviendrait plus tard, maladroitement.