Les poils du chat sous ses doigts avaient le don de l'apaiser et la tranquilliser, bien qu'elle pouvait le sentir faire le gros dos. L'homme sous la forme de bête ne devait pas être dans les meilleurs conditions face à la situation, l'état de la jeune femme n'étant pas des plus engageants. Etsu savait bien qu'elle était en piteux état, bien plus qu'elle ne voulait réellement le croire. Mais pour l'heure, elle ne pouvait rien faire de plus. Juste passer ses doigts dans les poils hérissés de ce chat magnifique qui restait près d'elle. Une présence rassurante, douce et un peu grognonne qui donnait l'impression à la jeune nécromancienne de se retrouver avec son propre chat, celui qu'elle avait tant aimé de son vivant. Et qui avait peut-être été le seul à l'aimer.
Puis, soudain, sans qu'elle ne comprenne comment, le chat redevint homme sous ses yeux clairs, disparaissant rapidement de sa vue par pudeur avant de s'envelopper dans une blouse blanche. Le chat n'était plus là, plus de caresses sous ses doigts, mais la puissance de deux bras forts la soulevant de terre, lui faisant quitter le sol. Etsu eut l'impression de voler pendant quelques minutes, ne saisissant pas la totalité de la situation quand elle se retrouva sur l'un des lits. Sa tête s'enfonça dans l'oreiller, observant d'un œil hagard le manège de l'infirmier qui s'affairait dans la pièce, afin de trouver une solution pour la soigner. Qu'il pouvait en faire des tours et des détours pour lui trouver de quoi la soulager, ruminant sourdement les sourcils froncés. Etsu le trouva un peu amusant, bien que la situation ne se prête pas à ce genre de pensée. Mais au fond d'elle, elle se sentait privilégiée d'être traitée de la sorte. Ce n'était pas tous les jours qu'on s'occupait d'elle ainsi, qu'on s'inquiétait pour elle de cette façon. Bien sûr, il y avait ses colocataires qui agissaient ainsi, ses amis également. Pourtant, à chaque fois, cela faisait sourire la jeune femme.
Il n'y avait vraiment que dans cette vie que les gens étaient autant aux petits soins pour elle.
Une faible plainte lui échappa quand l'homme revint vers elle, son carnet à la main. Mode de communication peut pratique car la brune ne comprenait et ne voyait pas tout ce qu'avait pu écrire le soignant. Pourtant, sans trop se poser de questions, elle acquiesça en silence. C'était plus simple ainsi. Elle se doutait de toute manière qu'il continuerait à lui prodiguer des soins, lui ferait sûrement passer des radios et lui donneraient d'autres médicaments pour faire passer la douleur. Peut-être même lui passerait-il une minerve et une écharpe pour son bras. En tout cas, c'était ce qu'il devait logiquement faire et dans son regard, Etsu pouvait bien voir qu'il ferait presque n'importe quoi pour qu'elle aille mieux.
Un sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme, qui se sentait extrêmement soulagée. Elle était entre de bonnes mains, elle le sentait et n'avait aucune crainte sur la suite des opérations. Alors plutôt que de lutter contre la fatigue et la douleur, Etsu se laissa doucement porter par les sensations qui l'assaillaient, les médicaments commençant à faire leur effet. Son regard eut le temps de se planter dans les billes de l'infirmer, la jeune femme se voulant rassurante.
- Merci.
Elle articula lentement, espérant que l'homme comprenne ce qu'elle lui dise, avant de fermer les yeux et se laisser porter. L'épuisement et le stress de la journée retomba d'un coup, la clouant sur le matelas alors qu'elle commençait à sommeiller. Ni crainte. Ni tracas. Ni contrariété. En tout cas plus pour elle. Mais elle espérait secrètement que le jeune homme se tranquillise peu à peu et qu'il ne s'inquiéterait plus. Un dernier sourire dans un sommeil qui s'annonçait lourd. L'homme-chat ressemblait bien trop à Cara.