TW : érotisme
Lui ne semble pas les entendre. Il te le murmure tout en touchant ton visage, alors que tu laisses échapper un léger soupir. Le bruit de son cœur résonne de tes oreilles jusque dans ta boîte crânienne, couvrant de nouveau tout bruit extérieur. Tu te laisserais presque avoir, retournant dans cette bulle, une bulle sur laquelle Basil semble avoir collé une rustine. Sauf que tu as beau essayer de te réaligner, quelque chose
ne va pas. Le doute s’est infiltré en toi. Et ça n’est jamais bon quand ça arrive, puisque tu te laisses beaucoup plus facilement distraire, ton attention étant mise à rude épreuve. Et ça ne loupe pas.
Surtout quand tu entends ton nom ; celui que tu ne supportes pas entendre.
Ton esprit sort du brouillard et tu as l’impression de te prendre la réalité sur le coin du nez. Pourquoi une voix t’appelle par ton nom de famille ? Pourquoi cette voix t’est familière sans l’être, aussi ? T’es confus et ça se voit. Tu regardes Basil puis par-dessus ton épaule et tu es comme temporairement figé, incapable de réfléchir suffisamment pour prendre une décision.
Et ça te les brise. Confusion qui s’amplifie lorsque Basil pose subitement sa main sur ta bouche alors que tes yeux papillonnent de surprise. Tu essayes de murmurer quelque chose mais t’es interrompu par
sa main qui se fraie rapidement un chemin ; ton murmure devient un gémissement si soudain que tu dois te retenir de lui mordre la main.
Et il te supplie. Il te regarde droit dans les yeux. Et t’as l’impression que ta conscience va disparaître pour de bon. Qu’elle va se rompre et que tu vas tout envoyer valser ; après tout qui a besoin d’une conscience professionnelle.
C’est là que tu as le déclic. Le jour, l’heure, et surtout l’endroit où tu es. La confusion devient mortification alors que tu dois prendre énormément sur toi pour te relever et retirer les mains de Basil ; autant de ta bouche que de ton entrejambe. Tu te sens bête, confus et un peu honteux.
Peut-être que ça ne serait pas arrivé si tu n’avais pas oublié
que tu avais un rendez-vous avec un patient.
« J’uis désolé. »Tu accompagnes tes mots d’un baiser -inutile- sur son front. Tu as l’impression d’avoir passé ces dernières douze heures à t’excuser ; en tout cas à essayer. Te voilà redressé au-dessus de Basil et, après lui avoir jeter un dernier coup d’œil et te dire que tu es vraiment le plus
grand des idiots, tu te lèves du canapé. Tu chancelles légèrement alors que la panique te saisit le ventre. Ton bureau est un bordel sans nom et tu préfères même pas imaginer la tête que tu as. Tu te frottes le visage, le pantalon qui glisse légèrement à cause de ta ceinture détachée. Tes gestes sont un peu brusques, imprécis et teinté -non, noyé dans la frustration. Tu grognes des injures par-ci par-là alors que tu trouves enfin ton
maudit tee-shirt, disparu sous ton bureau. Et chaque déplacement est un véritable calvaire pour toi et ta position de semi-tortue.
« Monsieur Carter … ?
Oui oui j’arrive. »L’agacement transperce dans ta voix alors que tu essayes de te rhabiller. Il n’y a aucun moyen que tu ne sois pas grillé -mais c’est de ta faute après tout. Tu savais que c’était une idée stupide mais tu n’as aucune forme de résistance face à lui ; et au fond tu le sais très bien. T’as creusé ta propre tombe en le ramenant dans ton bureau. Est-ce que tu le regrettes ?
Pas une seule seconde.
Tu t’es rapproché de lui le visage encore brûlant, murmurant tes paroles pour ne pas te faire entendre par ton patient.
« J’ai … oublié que j’avais un rendez-vous. Je … »Tu ne sais même pas comment terminer ta phrase. Quel abruti.