A ne pas mentir, Célestin décroche de la suite de l’interview. Non, ça n’était pas son objectif, bien dommage que ça se fût passé ainsi. Il aurait aimé des échanges entre les artistes, des confrontations entre les styles, de la curiosité, de la discussion. Mais non, malheureusement, tout ce qu’il voyait, c’était là de mauvaises rumeurs et autres commérages, et des clichés vieillissants.
Bien dommage.
Il avait vraiment été enthousiaste.
En d’autres temps, et dans un autre contexte, il aurait pu en rire - jauni il est vrai. Mais à cet instant, afin de ne pas trop surcharger son esprit déjà meurtri par les journalistes véreux, il se décide à poser son cerveau sur le côté, et à ne plus écouter. A quoi bon, après tout ? Ce n’était pas ce qu’on lui avait vendu, encore moins ce qu’il recherchait. Célestin alors s'ennuie fermement le reste du temps qui passe, l’espoir tout de même dans le fond du ventre qu’une quelconque discussion ne s’installe entre les questions à scandale et les fausses rumeurs - stupides rumeurs également.
“Et quant aux accusations de corruption de la jeunesse, on dit ça pour les artistes populaires à chaque décennie.”
Célestin ne pouvait malgré tout qu’être d’accord.
C’est là un effet qui dure, depuis des siècles maintenant. Même en son temps, même à l’Antiquité - que dire des écrits de Platon qui déplore “la jeunesse de maintenant”, celle de deux millénaires en arrière.
Dommage que la suite soit si virulente.
Et si mortellement absurde.
“Ceux qui disent ne sont que des vieux qui n’ont aucun goût. Qu’ils retournent écouter leurs Mozart, et leurs Salieri.”C’est à ce moment-ci précisément, après un haussement de sourcil discret, que Célestin décroche définitivement. Il n’est pas vraiment du genre à se battre contre des moulins à vent - l’âge qui avance ou toute autre raison, allez savoir. Et tout le monde ici, autour de cette table, semble alors se parfaire dans cette interview à scandale, et jouer à ce jeu malsain. Et quel parfait moyen d’emmerder les responsables de cette mascarades, que d’arrêter de jouer ?
Célestin alors - arrête de jouer.
Il ne reprendra la suite que lorsque les esprits se seront calmés, que les rumeurs se seront éteintes, que les clichés se seront tus.
Ça n’arrivera pas. Bien dommage, une fois encore. Alors à part quelques réponses vagues, sans explosion aucune - contrairement à ce qui fut attendu - Célestin parvient à garder son calme, sa contenance. Vraiment, aurait-il pu faire de même trente années auparavant ? Probablement pas, il aurait été saoul comme une éponge. Mais les temps ont changé. Lui aussi, il l’espère.
“Ah mon arrêt…? Un burn-out, tout simplement. Multifactoriel, plein de raisons en cause : trop de travail, de stress… Enfin, c’est que dirait mon psychologue, ahah !” C’est qu’il en serait presque fier, c’est qu’il aime à se dire, Célestin. Et il sourit - non il n’a pas honte de parler de ses soucis psychiques, il n’en aura jamais honte, cherchez donc un autre point à titiller.
Et l’interview se passe doucement.
Se termine également.
*
* *
Dans les loges, Célestin récupère ses affaires, s'apprête dors et déjà à partir sans plus demander son reste. Saon chargé.e de presse déjà lui envoie des messages en boucle, menace de faire bloquer la diffusion. Il en serait bien content, à ne pas mentir, mais à cet instant, Célestin a d’autres choses en tête. Trop en vérité. Il veut rentrer. Jouer, probablement. Se perdre dans les notes et la musique, quelque chose de doux et d’enivrant. Il en aurait bien besoin, à ne pas mentir, à ne pas cacher.
Pourtant l’attente doit encore se faire.
Le voilà dans un café, alors. Attendre que saon chargé.e de presse ne revienne de ses pérégrinations et de ses menaces.
“Pas une bonne journée, uh ?”C’est ce qu’il te dit, alors qu’il te remarque entrer à ton tour. Devant lui, un café crème on ne peut plus basique, et un spéculoos.
“Maon chargé.e de presse est allé.e régler des comptes, si jamais ça vous intéresse. Personnellement, je crois être trop âgé pour ça.”La communication, ce n’est pas son métier, après tout.
Résumé
683 mots
Un nouveau pavé, mais normalement après je vais me calmer
J'ai abrégé l'interview pour se concentrer sur le après, afin de permettre à nos perso d'intéragir pluss
Donc Tintin décroche de l'interview parce que ça finit par le gaver, puis le temps que saon chargé.e de presse incendie le journaliste pour empêcher la diffusion, il est parti boire un petit cawa à côté