Come pick me up, I'm scared (feat. Shizuma)

Tout va bien ? Non, non. Non, rien ne va. D’ailleurs, quand Mary attrape le petit chat dans ses mains, Anzu plaque ses mains sur sa bouche et écarquille les yeux, à deux doigts de se remettre à crier. L’espace d’un instant, elle voit déjà le chaton sauter au visage de son amie pour la défigurer. Et l’idée de rester là sans rien faire à la regarder se faire attaquer la fait se sentir faible mais c’est plus fort qu’elle : elle ne peut pas, tout simplement pas, aider son amie là tout de suite.

Cruel ? Anzu échappe un rire mesquin et presque hautain. Quand il viendra te bouffer pendant ton sommeil, on verra qui est le plus cruel dans cette pièce !

Elle est estomaquée d’ailleurs de voir sa bestie s’être aussi vite amourachée du petit animal. Elle a déjà lu quelque-chose du genre dans un magazine : les chats sécrètent un truc qui rend les gens accrocs à eux. Oui, oui, c’est vrai ! C’est scientifiquement prouvé ! Pas sûr que ça marche aussi dans l’au-delà ceci dit, mais ça ne l’étonnerait même pas. Anzu elle-même commence à se dire qu’elle le trouve mignon et… elle secoue brusquement la tête pour se remettre les idées au clair. Non, il n’a rien, strictement rien de mignon. C’est un monstre et rien d’autre.

Spooky… hmpf. Au moins, il porte bien son nom, ajoute-t-elle.

Elle fait un pas, puis un deuxième puis un troisième, pour faire face au petit chat. Elle se tient à une distance raisonnable bien-sûr : pas question s’approcher trop près, parce qu’il pourrait lui sauter dessus et il en est hors de question. Elle le pointe du doigt et fronce les sourcils.

J’t’ai à l’oeil.

Puis elle jette ses longs cheveux blonds en arrière et reprend sa marche, dramatique. À la base, Mary et elles étaient quand même supposées sortir d’ici…

Tu comptes le garder, pas vrai ?

Anzu n’est pas idiote : elle sait que les chats sont des animaux de compagnie fortement appréciés. Ça ne l’enchante pas plus que ça pour autant, parce qu’Anzu, elle pense déjà à toutes les soirées pyjama girly pop qu’elle compte faire avec Mary ! Anzu, elle prévoit, elle est organisée, avant-gardiste on pourrait même dire. Même si ça n’a rien à voir. Elle aime juste ce mot.

Il devrait marcher devant nous. C’est lui qui nous a fait peur, alors ça devrait être à lui d’ouvrir la voie.

Elle soupire parce que c’est un chaton et qu’un chaton, c’est pas forcément très intelligent. Il ne retrouverait jamais son chemin. Elle sait bien qu’il ne pourrait pas passer devant…

Ou au moins tenir la torche, je sais pas… elle regarde vers Mary et secoue doucement la tête en regardant son amie qui est déjà gaga.

Ce sera sûrement un chaton pourri-gâté. Comme tous les chats. Anzu n’y pense pas plus de deux minutes avant d’être arrêtée pas un mur. Elle tombe nez à nez avec ce dernier et fronce les sourcils. Elle pourrait jurer qu’elle ne l’avait pas vu quelques secondes plus tôt.

Bon, bah demi-tour ! dit-elle un peu plus guillerette avant de se tourner et… hein ?

Un autre mur. Mais elles viennent de là ! Comment est-ce que c’est possible ? Quand elle se tourne de nouveau, la panique la gagnant doucement, il n’y a plus de mur mais des issues totalement différentes. Elle passe une main sur son front, essuyant quelques perles de sueur.

Je crois… je crois que je deviens folle, Mary…

Grands crocs ou pas, Anzu n’a pas confiance. Mais elle n’ajoute rien et continue son chemin. Du fait que Mary ait décidé de garder le petit chat, elle n’en pense pas grand-chose si ce n’est que ça ne lui plait absolument pas. Elle espère qu’au moins, le jour où elles feront une soirée pyjama, son nouveau compagnon saura se tenir à carreau.

De toute façon, tout est pardonné quand Mary comprend ce qu’il se passe et finit par en déduire qu’il y a de faux murs. Anzu ferme les yeux et tend la main vers le prétendu faux mur… avant de se rendre compte qu’effectivement, il n’y a absolument rien. Si Mary n’avait pas un chat dans les bras, Anzu lui aurait probablement sauté dessus pour la prendre dans ses bras.

Bien-sûr que je te fais confiance ! T’es la meilleure, Mary !!!

Sans plus tarder, elle cherche son chemin avec son amie, touchant tous les murs qui se présentent à elle et parfois, elle oublie même d’attendre que Mary teste ces derniers. Elle se cogne une ou deux fois, mais rien de grave ! Anzu a la tête dure, il lui en faut plus.

Et au final, après avoir dompté le labyrinthe, réussir à sortir de ce dernier ne se révèle pas aussi difficile qu’elles l’imaginaient. Sans même s’en rendre compte et parce que la perspective ne cesse de leur jouer des tours, elles se retrouvent toutes les deux dans l’agence en l’espace d’une dizaine de minutes.

Anzu prend la plus grosse bouffée d’air de son existence quand les deux retrouvent finalement la lumière.

Pfiouuuuuuuuuuuuuu ! J’ai cru qu’on allait jamais, jamais, jamais s’en sortir !!!

Anzu secoue la tête, mais non sans un petit sourire en coin.

Va donc. Va donc ramener ce petit monstre en ta demeure. J’t’attends à l’entrée !

Anzu en profite pour sortir son miroir de poche et se repoudrer le visage, rajuster son mascara et même refaire son trait d’eye-liner. Il ne faut pas bien longtemps à Mary pour redescendre et sur le chemin, les deux jeunes femmes parlent de tout et de rien. Anzu lui parle de son monde et de ses shows. Elle explique que celui de ce soir est dans un bar fréquenté, mais pas suffisamment pour être bondé. Qu’elles feront sûrement du karaoké ensemble et qu’elles iront même danser.

Ça fait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien avec une amie, et elle sait, sans le moindre doute, que Mary et elle… c’est à la vie à la mort désormais. Elle ne la lâchera plus jamais, pas après cette mésaventure haute en couleurs.