La voix est l'interprète du cœur et de l'âme, expression de la vérité et des plus tendres sentiments.
Je consacre beaucoup de temps à mon métier. Il faut dire que je suis au restaurant 6/7. Comme durant ma première vie, je ne me lasse jamais de travailler. Certains me disent que je gâche ma seconde vie, que nous sommes ici pour nous amuser et que je devrais lâcher du lest. Et si c'était ma façon à moi de m'amuser ?
Après tout, les mœurs changent tellement rapidement qu'il suffit de voir comment réagissent les personnes pour savoir quand elles ont vécu.
Si je fais la même chose que ma première vie, il y a pourtant une chose qui diffère. Une chose de taille.
Je n'ai pas de maître.
Je suis mon propre maître.
Plus personne pour me donner des ordres, c'est moi qui gère tout tel un chef d'orchestre.
Cela marche pareil lorsque je retourne dans le monde des vivants. Je chasse comme nous disons, mais je reste dans la limite du respectable et n'aime pas vraiment me salir. Je transforme rarement des personnes en vampire, préférant assommer et vider de leur sang les personnes. Cela me sert pour ma réserve personnelle lorsque je rentre dans le monde des morts. De plus, j'ai des associés qui me ramènent des poches de sang des différents groupes sanguins afin de satisfaire ma clientèle.
En fait, les seul moments où je ferme boutique sont lorsque je retourne dans le monde des vivants. On pourrait croire que je laisse le restaurant à quelqu'un d'autre, mais je ne préfère pas. Et puis comme mes employés sont des vampires eux aussi, nous en profitons pour partir tous en même temps (mais dans différents endroits).
Je consacre beaucoup de temps à mon métier. Il faut dire que je suis au restaurant 6/7.
Oui je me laisse tout de même un jour de repos. Je reste un homme et j'aime me montrer galant avec ces dames. Je ne dis pas qu'une fois dans la chambre je suis aussi galant, mais j'aime à me dire qu'elles passent un bon moment. Et puis j'aime à me divertir, principalement de musique.
C'est pour ça que ce soir je me retrouve au cabaret. L'ambiance me rappelle les anciens cabarets, même si cela n'est pas vraiment la même chose. Les spectacles sont plus osés qu'à mon époque, les femmes plus séduisantes encore et le tout plus magique je dirais. Oui, magique était le mot.
Magique...
Comme lorsque je la vois apparaître sur la scène, tel un oiseau fragile elle est là, planté devant nous. Je cligne rapidement des yeux alors que je suis persuadé de l'avoir déjà vu. Impossible d'oublier une beauté pure aussi innocente. Et dès que son regard croise le mien, comme un foudroiement.
Je me souviens !Elle est venu dans mon restaurant il y a environ deux semaines. Elle était en compagnie de ses amis et si eux semblait vraiment s'amuser, il y avait une pudeur chez elle qui m'a questionné. Elle semblait différente, effrayée par moments mais en même temps, je n'ai jamais vu un regard aussi fort et déterminé auparavant. Elle semble consciente de sa fragilité, mais ne se laissera pas faire pour autant.
C'est une battante. Le temps de ma réflexion n'a duré que quelques secondes, secondes fatidiques avant qu'elle n'ouvre la bouche pour se mettre à chanter.
Magique je disais... Non, c'est bien plus fort que cela... Enchanteresse, fantasmagorique même.
Je sens ma peau frissonner sous mon costume, mes doigts se tendre sous mes gants blancs alors qu'il est impossible pour moi de la quitter du regard. S'il y avait de l'agitation dans la salle, tout le monde s'est tu afin de l'écouter. Nous sommes tout à sa merci.
Le chant semble s'éterniser, mais en même temps c'est beaucoup trop court. Une fois qu'elle termine le public s'exclame, applaudit. Moi, je ne la quitte pas des yeux alors qu'un petit sourire naît sur mes lèvres. Elle n'est pas un simple oiseau qui se serait trop éloigné du nid, elle est tel un rapace, inconsciente de ses réelles capacités. Dommage.
Je finis par me redressé, peu intéressé par le tableau suivant. J'emporte mon verre avec moi et me dirige vers les coulisses. On commence à vouloir me barrer le passage, mais un simple regard suffit pour qu'il me laisse passer. Il est aussi un client de mon restaurant et connaît mes manières. Je ne ferais jamais rien aux personnes, encore moins aux filles salariées du cabaret.
Je m'approche de la jeune femme, impossible de la manquer, dans le coin des coulisses en train de faire je ne sais quoi à côté de son miroir. Se préparer pour un prochain numéro peut-être ?
Lorsqu'elle me remarque enfin, nos regards s'accrochent de nouveau et ne se quittent pas.
- Votre chant, mademoiselle, était digne des anges. Je lui souris avant de cligner rapidement des yeux.
- Veuillez excuser mes manières. Je me penche légèrement, main sur le cœur afin de me présenter.
Je me présente, je m'appelle William Barnes, je possède le restaurant Mordu de goût. Vous êtes venus une fois avec vos amis. Je ne pensais pas vous recroiser mais... Je ne pouvais pas rester assis sans vous féliciter pour une telle voix. C'est un don que vous avez, et c'est un honneur que d'avoir pu partager ce moment. La bonne conduite aurait voulu que je lui prenne la main afin de l'embrasser dans un baise main purement poli. Seulement, je sens sa méfiance, je sens même une certaine peur que je ne comprends pas et décide de ne pas la brusquer. Après tout, les mœurs ont changé et je devrais peut-être revoir ma façon de faire... Même si cela me coûte réellement rien que d'y penser.
Code by Silver Lungs