Ouvre bien les yeux, mon petit ~

Toute bonne chose à une fin... Tout le monde le sait et Gin ne cessait de se le répéter en cette dernière minute. Son cœur battait la chamade, pas pour une demoiselle non, plutôt à cause d'un téléphone, à cause d'une voix. Il avait même senti la peur le submerger par tous les pores de sa peau. Ok... Simon dit qu'il va les aider ! Sérieusement, qui aurait envie de croire cela avec le sang qu'à le gamin sur le visage ! La gêne que ressentait le jeune homme était assez perceptible lorsqu'il s'agitait les cheveux, afin de trouver une autre solution que devoir s'adresser à cet inconnu à l'autre bout du téléphone. Dans un premier temps, Gin remit son masque, il prit le temps de souffler un bon coup et saisit avec courage le téléphone. Il avait même l'impression d'entendre les battements de son cœur dans ses tempes. Il avait beau se dire qu'il avait fait tout pour rendre la journée agréable pour un enfant, il fallait se rendre à l'évidence que la journée n'avait pas été aussi fabuleuse que prévue. Tout d'abord, celui-ci avait disparu dans le zoo, avait finit dans la cage des serpents et pour combler le tout, il s'était retrouvé dans une altercation avant de finir le visage en sang. Si Gin n'était pas encore mort, il se dit que cela serait probablement son jour.

« Bonjour... » Dit-il d'une voix peu fière. « Je suis Gin, Gin hotarubi. Je suis avec Simon au Zoo. Je pense qu'il serait préférable que vous veniez directement le chercher. »

Gin écouta attentivement les instructions dans le téléphone, se contentant tout simplement de hocher la tête. Lorsqu'il déglutit, le lémure eut la sensation que sa gorge le brûlait. Rien qu'à l’intonation qu'avait son interlocuteur, il était évident qu'il n'était pas très content de le savoir dehors. Gin posa un regard sur le petit et termina la conversation avec le fameux « Pomme. »

C'était une bonne chose au fond de savoir que quelqu'un le cherchait. Gin se raccrocha à cette douce sensation. Ainsi, il savait qu'il n'était pas seul dans ce monde des morts, et il se dit en même temps, que le petit avait un chez lui. De toute évidence, ce soir, il rentrerait en toute sécurité. Qu'aurait-il pu faire de plus ? S'il avait demandé au gamin de lui donner son adresse ou sa direction, l'aurait-il seulement compris. Gin n'eut pas besoin de réfléchir longtemps à la question. Bien sûr que non.

Il regarda son ami d'un air tendre, puis lui rendit son téléphone. « Il arrive. Il vient te chercher. » Gin pourrait tout simplement lui dire de rester ici et rentrer chez lui, mais après tout ce qu'il avait vécu en cette journée, il était hors de question. Au fond de lui, il savait qu'il était l'heure de dire au revoir au gamin. Il était rare pour Gin de se faire un ami. Certains lui diraient qu'il n'est jamais dur de faire ami-ami avec un enfant, c'est sûr. Le jeune homme regarda autour de lui, de chaque côté de la route, chaque personne qui passait devant lui, il se demandait si c'était tel ou tel homme et à chaque fois son cerveau tirait la sonnette d'alarme... Souffle Gin, souffle. Après tout, tu es déjà mort.

Là, tout de suite, Gin avait besoin de se poser la question ! De quel monde pouvait bien venir Simon. La tenue de l'homme qui venait de lui serrer la main, son arrivée en taxi, lui faisait dire qu'ils étaient d'un autre secteur social. Puis un mot chatouilla légèrement le jeune homme. Le parrain ? Gin pria simplement que le gamin ne faisait pas parti de la mafia. L'homme n'avait pas l'air méchant, bien que froid, mais une chose fit rire Gin. Lui raconter la journée ? Il était sérieux ? Bon vu l'état du petit et de sa propre main, il avait visiblement peu de chance d'échapper à la question, mais devait-il rentrer dans les détails ? Sa vie était-elle en danger s'il en disait de trop ? Le garçon sentit son cœur palpiter de plus en plus fort. Et puis, comment sa vie pouvait être plus en danger qu'après la mort qu'il venait de vivre. Il se contenta donc de hocher la tête et de suivre du regard son interlocuteur, jusqu'au moment où il le fit taire.... Bien qu'il ne parlait pas encore. Cet homme avait vraiment une façon de se comporter avec hautain. Gin s'apprêtait à lui faire la réflexion quand tout à coup, le mot « parrain » résonna dans sa tête... Finalement, par précaution, il valait mieux se taire, jugea Gin.

Au même moment, Cinemont demande l'attention de Gin. Bras tenus vers lui, il lui demanda de le porter. Ce petit avait vraiment eu une journée difficile, mais c'était devenu son ami alors, il ne refusa pas ce contact tendre. Comme au service du jeune homme, il vit mine de se pencher et le saisit sous les bras et le porta. Gin se questionna intérieurement, est-ce qu'avoir un frère ressemblait à cela ? Il n'avait pas eu la chance de connaître la signification du mot fratrie.

« Mon patron refusera que vous partiez sans être soigné. Venez. » Ce fut la voix de Pom qui sortit Gin de sa rêverie. Il tourna son regard vers lui, le gamin dans les bras et afficha un sourire gêné.

« Ne vous dérangez pas tant, ce n'est rien de grave. » Il ne mentait pas dans ses propos, le jeune homme n'avait pas envie de s'inviter à l'improviste, encore moins pour qu'on prenne soin de lui. «  Je pense que celui qui a le plus besoin d'être soigné est Simon. » Dit-il d'une douce voix en observant le garçon. En réalité, Gin ne savait plus trop où se mettre. Le suivre ou ne pas le suivre était un dilemme. Il fallait après qu'il pense au retour... Quel retour ? Ses colocataires n'allaient de toute façon pas l'attendre pour manger. Chacun faisait sa petite vie à Pucca. Et puis, subitement, le garçon était curieux. Curieux de savoir à quel monde appartenait ce petit, curieux de savoir ce qu'il lui était arrivé pour être au-delà la mort, curieux de savoir qui est ce fameux parrain. Il se racla vaguement la gorge et afficha un léger sourire.

« Finalement, vous avez raison, je ne serai sûrement pas assez adroit pour prendre soin de moi tout seul. » Gin trouva cette excuse et désigna son poignet droit et étant droitier. Avec un peu de chance, ce Pom n'allait pas comprendre le petit complot intérieur de Gin.