L'amour
c'est de la merde...
Midnight into morning coffee Burning through the hours talking Damn... I like me better when I'm with you
Il l'a regardé parlé plus qu'il ne l'écoutait, ne s'occupant pas réellement ce qu'elle pouvait bien dire à la pouffe au bout du fil. Il se fichait pas mal de pouvoir sortir de l'ascenseur ou d'y rester coincé toute la nuit. Du moment qu'elle restait près de lui des heures durant, cela lui allait très bien. Juste être près d'elle, entrelacer ses doigts avec les siens, sentir son parfum, la douceur de ses cheveux, la voir sourire. Qu'ils soient ici ou ailleurs n'avait aucun importance aux yeux du zombie qui ne pouvait se détacher la jeune femme après tant de temps passé sans elle. Que Teo reste avec lui, c'était tout ce qu'il demandait.
Mais le cours des choses se remit soudain en marche, la boite de métal se remettant à fonctionner dans un joyeux vacarme. L'appareil redescendit les étages dans une lenteur accablante avant de s'ouvrir sur leur point de départ : le couloir donnant sur les appartements. Teo avait sorti une boutade en rigolant, prétextant que c'était à son tour de faire quelque chose pour les sortir de là. Elle l'avait embrassé, furtivement, pas assez longtemps pour que le basané puisse réellement apprécié cet échange. Puis elle avait regardé le couloir. Tout comme il le faisait à présent. Il fallait qu'ils sortent, qu'ils retrouvent leur activité. La nécromancienne avait tout un tas de choses à faire ce soir-là, vu comment son portable avait sonné lorsqu'elle l'avait rallumé. Elle devait avoir plein de boulot, plein de gens qui l'attendaient, réclamant ses pouvoirs contre de nombreux billets. Et lui devait retourner dans sa planque, dans ce squat sordide y poser ses potions, toujours caché dans son sac laissé par terre. Sortir et reprendre le cours normal des choses sans pour autant être à nouveau complètement séparé.
Seulement, sortir de cet ascenseur, c'était retourner à un point de départ que le zombie ne voulait en aucun cas revoir. Retourner à l'appartement, ou tout du moins y laisser la jeune femme. La laisser à Van Gogh où les murs, le sol, les meubles, les pièces toutes entières suintaient de leurs précédentes disputes. Des cris, des non-dits, des larmes, des remords, de la colère. Retourner à Van Gogh c'était reprendre là où ils s'étaient arrêtés, reprendre le film en plein milieu et recommencer. Rejouer les mêmes scènes, les mêmes discours et dialogues, les mêmes gestes. Ce n'était pas reprendre de zéro, comme il le voudrait. Mais à un point qui devait juste s'effacer de sa mémoire.
Hors de question !
Non. Toulouze ne voulait en aucun cas retourner là-bas, ni laisser la jeune femme y aller. C'était au-dessus de ses forces. Trop dérangeant. Rien de bon ne sortirait de cet appartement si ils entraient à nouveau. Non. Non. Et non...
Les porte se refermèrent, un peu à sa grande surprise. Il n'avait pas prévu de faire une telle chose, mais son corps avait agi sans lui demander son avis. Tel un pantin manipulé par des forces qui le dépassent, le zombie avait tout simplement rappuyé sur le bouton de fermeture, les bloquant à nouveau dans la boite métal. Teo n'allait pas être contente mais il s'en fichait totalement. Ainsi, il pouvait l'avoir pour lui bien plus longtemps.
- La voilà ta solution.
Ce n'était qu'un murmure bien plus rauque et sourd que ce qu'il avait pu dire auparavant. À croire qu'il ne pouvait faire autrement. Mais certainement qu'il ne voulait le faire autrement. Ce n'était pas comme si il parlait de cette façon pour la première fois à la jeune femme qu'il fixait, ses perles d'un bleu profond se plantant dans les billes claires de la nécromancienne. Et à cet instant, Toulouze avait juste envie de lui parler de cette façon pendant des heures.
Prise de conscience ou envie soudaine, le basané se pencha alors pour récupérer les lèvres de la métisse qui s'étaient bien trop éloignées, les capturant entre les siennes pendant que sa main libre se posait dans son dos pour la coller complètement contre lui. L'autre ne semblait pas vouloir lâcher la main de Teodora, la cajolant avec douceur tout comme celle postant sur la robe de la nécromancienne. L'embrasser et ne plus la lâcher. Ne pas la laisser partir. La garder pour lui. La garder avec lui. Tant pis pour les clients mécontents. Tant pis s'ils restaient coincés plus longtemps dans l'ascenseur. Il allait juste la garder pour lui ce soir, jalousement, égoïstement et ne la laisser à personne. Pour le reste, ils verraient plus tard. Quand ils sortiraient. Car il sentait que pour l'instant, la brune avait le même désir que lui, de rester près de lui et de ne pas s'en aller. Juste être tous les deux.