Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Je l'ai vu, reconnu,
Et j'ai su.
Ce n’était tout de même pas juste ! Malgré qu’ils soient morts, la corvée des tâches ménagères et du linge étaient encore de rigueur. Si faire la vaisselle ou nettoyer les sols ne dérangeait pas outre mesure Pom Warren, il n’en était pas de même pour la corvée du linge sale. Déjà parce qu’il fallait retrouver cette satanée buanderie, et qu’elle était souvent occupée par des spectres en train d’attendre dans l’ennui total que leurs linges se lavent puis se sèchent. Ensuite, car l’odeur des différentes lessives mélangées lui foutait généralement un mal de tête qui l’agaçait ! Sérieusement, est-ce que l’agence Azazel n’aurait pas pu prévoir une machine dans chaque appartement ? Que Joshua ne vienne pas parler de budget ! Il y avait ici des pièces totalement inutile (la pièce vide, la pièce de papiers bulles, la pièce en mur de bonbons, le placard des amoureux selon la rumeur) donc inclure quelques machines dans quelques appartements ne devait pas être si onéreux que ça !
Ce fut pour ces raisons évidentes que Pom décida d’aller faire son linge en plein milieu de l’après-midi, heure qui n’était généralement pas de la plus forte influence. Il descendit, en vieux jean troué et tee-shirt noir trop grand, où était marqué dans une calligraphie blanche : « On parle ou on baise ? » en français. Contrairement à l’ordinaire, ses cheveux n’étaient pas attachés et entouraient son visage devenu blafard depuis quelques jours. Des traits noirs tiraient ses yeux et des bleus, récents, martelaient ses bras. Il fallait le reconnaître, Pom devait faire peur à voir, avec ce sourire joyeux aux lèvres qu’il ne perdait pas. Cela expliquait sans doute que des promeneurs s’écartent à son passage et qu’on chuchote derrière son dos. Cela ou le fait qu’il soit malgré lui devenu une célébrité chez quelques internaute curieux. Il s’en fichait : de leurs moqueries. Il osait croire s’en foutre. Ce qui l’inquiétait, c’était que Rose ou Jacques puissent être curieux et que la vidéo ne reste pas qu’au Japon. Si Rose venait ici, il devrait fuir …
Ce n’était pas comme-ci il avait de vraies attaches à Tokyo. Peut-être que si. Il y avait Dadine déjà. Il l’avait déjà perdu une fois, après New-York, il ne voulait plus s’éloigner d’elle. Il s’était juré de la protéger à son tour.
Depuis peu, Pom était devenu plus bagarreur, il cherchait querelle, allait dans les salles de boxe ou de combat, traînait la nuit à la recherche de groupe à provoquer. C’était devenu une habitude pour lui de se prendre des raclés : il avait même progressé dans la composition et la fabrication de potions de soins.
Il se fatiguait à essayer de se prouver qu’il pouvait devenir plus fort qu’il ne l’était déjà. C’était indéniable, il avait mal dirigé sa dernière grande défaite. Sa mort lui trottait à la tête, il essayait de ne pas y penser, rejeter les émotions quand elles arrivaient. La nuit, il ne pouvait rien y faire. Aussi, tentait-il d’éviter le sommeil, essayant d’en avoir le moins possible. C’était dangereux et il en avait conscience.
En rentrant dans la buanderie, un haut de cœur le prit : il n’aimait pas cet endroit. Toutefois, il n’était pas seul. Pas comme il l’aurait espéré. Une jeune fille se trouvait là. Tel un personnage des comics que Pom raffolait, elle avait le visage élégant d’un côté et des bandages recouvrant l’autre. La cabossée. Dieu du ciel, c’était elle ! Pom en avait souvent entendu parler ces derniers temps, lors de ses recherches sur Raven qui l’avait conduit à faire des recherches sur une brunette, puis sur cette jeune fille. Elle était vue dans des endroits discrets. En se renseignant dans les bars de la ville, Pom avait appris … rien. Que dalle ! Si cette jeune fille buvait du rhum, de la vodka ou du café, ce n’était certainement pas dans le centre-ville. Sinon, il l’aurait su. Pom avait assez d’informateurs pour ça.
« Bonjour, » Dit-il joyeusement, rapidement, allant jusqu’à une machine pour jeter son linge dedans sans prendre le temps de le trier. C’était certain qu’il courrait à la catastrophe : mais Pom était une quiche pour ce genre de tâches. Ce n’était pas pour rien s’il avait toujours des vieilles fringues sur lui. Les jeans roulés en boules dans son armoire et les tee-shirts avec inscriptions étaient les rares tenues qu’il ne pouvait pas abimer. Malheureusement, dans les tenues qu’il mettait au sale, il y avait aussi des vêtements féminins qu’il empruntait régulièrement à ses colocataires. Espérons pour lui qu’il ne les abime pas.
Il choisit la machine juste à côté de celle de la cabossée, évidemment exprès. Il était bien trop heureux de l’avoir rencontré et ce devait être visible sur son visage. Il soupira d’aise, soudainement, avant de dire :
« C’est toi la fille de l’Osen et de la cage d’escalier, hein ? Ce doit être difficile de ne pas être remarqué, hein ? »
Il le dit joyeusement, heureux, parce qu’il l’était : elle était magnifique. Incroyable. Pleine de bandages. Sa mort, elle avait dû être violente, mais elle l’assumait, sur son visage. Elle était forte. Et il aimait ça.
Je l'ai vu, reconnu,
Et j'ai su.
Indifférent totalement au manque de réaction de Shirley et ne remarquant pas son regard envers ses marques, Pom parlait d’un ton enjoué. Déjà du temps de son vivant, quand ses yeux étaient plus clairs et que ses cheveux étaient aussi blonds qu’un champ de blé, il était d’un naturel sociable. Jeune, à la silhouette androgyne, il pouvait passer des heures à discuter avec chaque personne sur les étals du marché. La mine patibulaire du vendeur de viande, la bonne mine de sa femme, la bienveillance du vieil homme vendant des peaux de lapins et les sermons du curé venant lui en prendre pour son église. Celui-là, si Pom lui parlait aujourd’hui végétarisme hurlerait à la damnation éternel. Cela dit ! Vu comment il était coincé, Pom mettrait sa main à momifier qu’il était dans le monde des mortels à prêcher la bonne parole.
Les roulages des machines à laver, les odeurs désagréables de lessives, d’assouplissants et de désinfectants n’étaient sans doute pas les meilleurs signes d’une rencontre. Toutefois, il y n’y a pas que la beauté nocturne d’une nuit étoilée pour rendre un instant unique. Celui-ci l’était. Chacune des rencontres que Pom faisait à Tokyo étaient différentes. Le seul point commun était le fait qu’ils étaient deux inconnus. L’un comme l’autre. Une donnée que Pom aurait peut-être dû prendre en compte avant d’agresser directement la demoiselle. Là n’avait pas été son intention et il se trouva fort dépourvu devant les réactions successives de la balafrée.
Les émotions vacillèrent, la bougie soufflée par le vent de ses paroles. Un sentiment négatif que Pom ressentait sans l’identifier. Encore une fois, face à un ressenti coloré il se retrouvait totalement perdu. C’était négatif, ce n’était pas de la tristesse, de la colère mais une forme de peine qu’il pouvait ressentir jusqu’à ses battements de cœur. Qu’avait-il dit de si spécial pour la mettre dans cet état ? Qu’était-il arrivé dans cette cage d’escalier ou ces bains pour que l’état de la femme en soit altéré ?
Claquant l’élastique à son poignet, les yeux de Pom se firent aussi curieux que désolés avant qu’un rire doux ne vienne rompre ce qu’il ressentait.
« … »
Il balbutia une question d’une voix tremblante, chevrotante. Il l’avait peiné. Pauvre petite. Ce devait être une épreuve bien cruelle qu’elle avait vécue pour être autant à fleur de peau. Il hésita à lui retirer son émotion, mais craignit que ça ne serve à rien et ne savait pas vraiment par quoi la remplacer. Altérer une émotion demeure un procédé qui nécessite davantage de doigté.
Elle se reprit, après avoir assassiné du regard une des machines présentes, puis elle avoua les escaliers et nia l’Osen. Si sa réaction n’avait pas été aussi vive tantôt, Pom l’aurait sans doute cru sur parole ! Mais là, il ne fallait pas prendre le soja pour du poulet ! C’était évident que Shirley mentait. Pourquoi mentir sur ça ? C’était un bien étrange mensonge. D’autant qu’elle aurait juste pu lui dire de se mêler de ses affaires. Cela ne l’aurait pas empêché d’être curieux, mais cela n’aurait pas été un flagrant délit de tromperie ! Honteux !
Se rapprochant un peu d’elle, la fixant de son regard éclatant, ses yeux flamboyants d’une curiosité maladie, il laissa un sourire sibyllin sur son visage, avant d’arborer un air goguenard.
« Je sais que tu mens. Et je veux bien t’expliquer, mais pour ça, tu ne dois pas être autant à fleur de peau. » Dit-il doucement, en anglais, car le japonais ne lui venait jamais naturellement,
« Je ne sais pas si tu es au courant, mais tu es unique. Tu peux te grimer de noir et essayer de te fondre dans la masse, tout comme mes cheveux semblent briller, tu éblouies bien trop les lieux pour passer inaperçu. »
Et il parlait en connaissance de cause. Il ne fallait pas croire que Pom Warren avait voulu avoir les cheveux s’altérant aux nuances stridentes et bien visibles. Il ne fallait pas croire qu’il aimait être vu aux yeux de tous. Bien au contraire, si Pom était un excentrique, il aimait surtout qu’on ne le remarque pas. Il était vite agacé par des êtres venant l’aborder, lui parler ou lui faisant perdre le contrôle d’une situation. C’était sans doute pour ça qu’il se rapprochait davantage de personnes timides, seules ou sages. Car elles n’étaient pas de celles qui vont s’exposer à la vue de tous et qui pouvaient le mettre en danger. Et puis, les êtres déchirés ont d’autres qualités : ils ne savent pas à quel point ils sont exceptionnels et du coup, ils devenaient une vraie mine à trésor pour lui.
« Si tu ne veux pas parler de ça, n’en parlons pas, tu sais ? Je ne veux pas avoir une énième dispute avec un énième inconnu et je ne veux pas blesser quelqu’un à nouveau. J’avais juste envie de te parler, car tu m’as beaucoup inspiré ces derniers temps. »
Les mots étaient sincères alors qu’il tournait au hasard les boutons de la machine à laver. Pom était quelqu’un de tenace, de courageux, de couard parfois. Il ne lâchait jamais prise, avait ses convictions, il était fort par bien des manières et faibles par d’autres. C’était plutôt un dominant, même quand il laissait croire le contraire, il gérait les situations, les actions et il avait mené sa vie et sa mort avec contrôle et maîtrise. On pouvait au moins lui reconnaître sa pugnacité à ne pas se laisser diriger, même quand il était un adepte du roi de France. Lui ne pourrait jamais le savoir, mais il était de ceux dont on narrait l’histoire dans les châteaux, pour sa bravoure, sa foi en l’humanité, pour les droits qu’il avait donné en ces gens. En soit, Pom n’aurait pas eu besoin d’être inspiré par une jeunette.
Seulement, cette jeune femme était une femme. Déjà. Et ça, Pom, malgré qu’il l’était bien à moitié, n’arrivait pas à l’avouer en dehors de jeu de rôles dans des bars ou des parcs pour se faire passer « pour ce qu’il croyait devoir être une femme. » Ensuite, elle était cabossé, amochée et aux yeux de Pom : magnifique, incroyablement magnifique, car elle était là, à cette heure, à faire son linge. Car elle était capable de rester dans l’agence, qu’elle ne fuyait pas se cacher ou prendre une potion pour changer son apparence. Car même si ça devait être dur à porter, elle le portait. Hors Pom savait parfaitement qu’il ne pouvait pas faire ça ! Il prenait des potions pour avoir entièrement un corps d’homme. Il avait pris des potions pour dissimuler chacune des cicatrices de son passage à tabac. Il se mentait en permanence. Et même les émotions négatives, il les rejetait par son pouvoir, sans se forcer à accepter la souffrance.
Je dois dire que je me suis confié,
Mais j'avais trop de cartes et elles aucune.
Pom est un menteur. Il ment sur son identité. Il ment sur ses émotions. Il ment sur son ressenti. Pom est un trompeur. Il pigeonne, il arnaque. Il peut se jouer de quelqu’un. Il peut voler une personne. Pom n’est pas quelqu’un qui aime raconter sa vie : son histoire, son passé ou qui aime parler de son blog. Il n’aime pas se confier. Il n’a confiance en personne. Il ne croit en personne. Parce que ce n’est pas vraiment dans ses habitudes de se confier ! Seulement, cette femme à la voix tremblante et à l’air un peu apeuré lui semble fragile. Et Pom est résolument attiré et protecteur envers les femmes fragiles, même s’il essaye toujours de s’en méfier car il sait que la blanche brebis est souvent un loup quand on regarde à l’intérieur.
Sa voix tremblante le rend plus gentil. Il veut s’approcher, la prendre dans ses bras et lui dire que ça ira. Qu’elle ne doit pas avoir honte, avoir peur, trembler ainsi. Qu’elle n’a pas à s’inquiéter et que tout ira bien. Qu’elle n’est pas seule et qu’elle peut croire en elle-même.
Elle est là, et Pom soupire, les doigts glissant entre ses cheveux rouges. Il sent encore la drogue qui palpite à l’intérieur de ses veines. Il espère que ça ne se voit pas. Ce qu’il est, sa fatigue, le manque de sommeil et les bleus qu’il espère moins visibles. Il aurait presque envie de tirer sur ses manches, mais ce serait ridicule. Il ne pouvait pas deviner que la balafrée serait dans les locaux. Il aurait la rencontrer autrement que dans une laverie, avec des vêtements vulgaires et déjà portés et un air à faire s’inquiéter un zombie en décomposition.
Il hoche de la tête, elle ment. Elle ment, elle ne pas bien. Elle n’est pas calme. Sa voix, son corps, et ses émotions la trahissent. Pauvre petite, si forte sans le savoir. Elle doit se croire fragile, sans savoir qu’elle peut soulever des montagnes.
« Je suis quelqu’un de curieux, naturellement … » Explique-t-il doucement, « Une sale fouine comme dirait certains. J’aime tout savoir et m’intéresser aux autres. »
Il s’est écarté, s’asseyant tranquillement sur une des machines qui n’est pas en fonction. Son regard est vert, d’un vert presque naturel. C’est rare. Sans doute car il n’est pas en train de manipuler les émotions : ce qui est aussi rare. Depuis qu’il a son pouvoir, Pom est constamment en train de le faire sans le voir. Il repousse les émotions négatives ou joue avec les sentiments. Il regarde dans les autres, en permanence. Là, étrangement, il apprécie les émotions de la cabossée. Il aime son naturel. Son visage abimé, ses courbes féminines dissimulées sous des vêtements trop grands. Elle a l’air négligé, perdu, et lui : il trouve ça touchant.
« Je suis un grand fan de Raven White ! » Explique-t-il, « Tu vois qui sait ? » Questionne-t-il, « Elle est fantastique ! » s’exclame-t-il, sans laisser le temps à l’autre de répondre à l’un des trois sentiments, calmement, ravi de parler d’une star. Car à ses yeux, Raven n’est rien qu’un mannequin qu’il voit à la télévision, dans les magazines ou les catalogues. Il détesterait sans doute lui parler en vrai : car ça l’empêcherait d’être discret. Mais, sur catalogue, il apprécie son image, sa discrétion et son histoire.
« Et en enquêtant sur elle, je me suis renseignée sur une jeune femme brune avec des cheveux baguettes. Elles ont une relation … Enfin, … » Pom passa les détails. Il n’allait pas raconter qu’il était serveur et barman un peu partout en ville, qu’il cumulait divers autres boulots et que depuis peu il s’essayait à des métiers plus sombres. Ce n’était pas bien passionnant.
Il n’allait pas raconter tout ce qu’il avait appris sur la femme brune. Il ne voulait pas blesser la cabossé s’il disait des choses trop intimes, et il ne voulait pas non plus parler de la vie privé d’Ael et Raven. Ce n’était pas son droit. Il y a une chose à lancer des petites rumeurs douces sur le net, une autre qu’affirmer des informations.
« Une de mes connaissances bossant au Osen m’a dit l’avoir vu au bar d’un Osen puis s’y rendre, et il m’a ensuite dit que plus tardivement une femme cabossée l’avait rejoint. Une occidentale, remarquable, à qui il avait dû expliquer les coutumes. Des bandages, un visage séduisant, … »
Le sourire de politesse se fait voir sur le visage de Pom, dont les doigts font signe qu’il lui laisse deviner la suite. « Tu te doutes que pour les escaliers, c’était assez voyant un gars qui tire une cabossée en lui hurlant dessus ? »
Pom soupire, un sourire aux lèvres, il s’attend à une claque de rigueur. Il l’aura sans doute bien cherché ! Toutefois, il préfère en rire plutôt que de s’en énerver, il est curieux. Il est ainsi. Il ne peut s’empêcher de fouiner, il aime alimenter son blog, et fournir des rumeurs : sans pour autant semer la zizanie. Même s’il devait peut-être le faire inconsciemment. Il comprenait qu’on puisse trouver ça détestable, mais ça ne l’empêcherait pas de continuer. Et sortant son téléphone portable, brutalement, il tend un site internet, dirigeant le lien vers son site. Il n’a pas besoin d’expliquer, elle comprendra d’elle-même. Il espère que ça restera un secret. Il n’a guère envie de se faire connaître en tant qu’enquêteur, de journaliste ou de blogueur. Il n’a pas envie que des regards se tournent vers lui. Mais il a parlé de l’Osen et elle doit le savoir, avant qu’un autre ne vienne lui en parler.
Regardant sa propre machine en train de tourner, le curieux nécromancien soupira doucement. « Tu n’es pas faible. » Tu vois, gamin, elle n’est pas faible ! Nous ne sommes pas tous faibles.
Elle est aussi forte que faible,
Elle est aussi fragile que sensible,
Sans la moindre méchanceté, Pom se demanda si la cabossée n’était pas un peu lente à la réflexion. Il venait de lui expliquer qu’il avait effectué des recherches sur elle et lui avait montré le site internet qu’il avait créé et elle lui demandait s’il connaissait le propriétaire de la page web. A moins qu’elle n’ait simplement deviné mais qu’elle préférait poser la question autrement. Dans tous les cas, Pom enregistra le prénom d’Issui dans sa tête, essayant de ne pas l’oublier trop rapidement et commença à se poser de nombreuses questions par rapport à ce qui avait pu se passer dans cet osen. Quel était le rapport entre ses femmes pour que celle devant lui soit troublée par une simple rumeur.
Pom aurait aimé lui dire que c’était trop tard. Ce qui se trouve sur le net est sur le net. Des lecteurs avaient déjà lu son billet et le censurer ne pourrait qu’attirer de nombreuses autres questions. Quant à faire un article qui dirait que c’était faux, ce serait pointer davantage cette rumeur parmi les autres et du coup, créé un mauvais buzz. Il aurait aimé lui dire que ce n’était pas grave, qu’il ne fallait pas s’inquiéter pour ça. Car même si quelqu’un comprenait qu’il s’agissait d’elle et de la brunette, ce n’était pas bien grave ! Elles étaient majeures, mortes et libre d’avoir le droit d’être dans le même lieu. Elles pourraient facilement démentir auprès de leurs proches.
Il aurait aimé dire tout ça ! Cependant, il sentait sa crise, il sentait sa peine, il sentait son inquiétude. Pom n’avait pas eu envie de blesser cette jeune femme qui semblait déjà sur le fil du rasseoir. Doucement, il se rapprocha d’elle. Il posa les mains sur le téléphone portable pour le reprendre avant d’aller dans l’éditeur de texte.
« Je vais retirer les mots. » Dit-il, simplement, tout en pensant qu’il ne pouvait pas promettre qu’il ne soit pas déjà trop tard ou que le fait de les supprimer n’attiraient pas davantage de questions de la part de ses lecteurs. Il souhaita simplement que ça se passe bien. Pour elle.
« Mais en échange, vous ne devrez jamais dire que je suis le propriétaire de ce site. » Rajouta-t-il d’une voix fatiguée. Il voulut changer l’émotion de Shirley et s’arrêta en chemin pour le faire. Peut-être que ce n’était pas une bonne idée ? Il hésitait. Elle semblait si fragile, cette femme forte, qu’il ne voulait pas l’abimer davantage que la vie ne l’avait déjà faîte.
En quelques clics, la partie de l’article fut supprimée. Il lui montra, souriant comme à son habitude, ni plus fier ni moins fier. Croyez-vous vraiment qu’il aurait refusé de le faire ? Pom ne pouvait pas demander l’avis à tout le monde avant de publier. Il le faisait car il aimait les histoires et qu’il n’y voyait aucun mal. Certains criaient à la vie intime, mais à ses yeux, il ne faisait que dire tout haut ce que les rumeurs disaient tout bas. Et Pom avait une certitude, il est plus facile de se défendre quand on sait ce qu’on nous reproche.
Il était ennuyé pour elle, désormais. Pauvre petite, si fragile, là, à attendre que sa machine se termine. Sa vie ne semblait pas très folle et palpitante. Elle devait être studieuse et sage. Nombreux sont les spectres à ne pas choisir de s’amuser davantage dans l’autre vie et à juste reprendre le fil de la leur. Comme-ci l’effort que ça demandait pour passer outre les sentiments négatifs était trop insurmontable à franchir.
Alors brusquement, soudainement, Pom se retourna pour la regarder droit dans les yeux : « Avez-vous déjà fait des bêtises, mademoiselle ? Vous semblez tellement anxieuse. Que craigniez-vous ? Nous sommes déjà morts. »
Car voyez-vous, pour Pom il existait différents types d’erreurs et les bêtises n’en faisaient pas partis. Pas vraiment. Les bêtises, c’est sauter dans une flaque d’eau avec des baskets en se tâchant de toute part alors que les parents à coté crient à leurs enfants de ne pas le faire. Les bêtises, c’est frauder le métro, parce qu’il manque un ossement, et qu’au final on est trop saoul pour respecter le règlement. Les bêtises, c’est dessiner des cœurs sur la tête d’un ami qui dort éméché sur le canapé. C’est sauter dans une rivière à minuit, malgré le froid.
Les bêtises, c’est mettre du sel dans un gâteau. C’est pimenter une pizza. C’est se couper les cheveux aux ciseaux et essayer de se les décolorer tout seul. Les bêtises, c’est …
Pom attrapa l’appareil à lessive qui se trouvait dans le coin de la pièce. Pour quelques ossements, on a le droit à avoir une poudre qui gratte et nettoie à moitié le linge. Il se pencha pour regarder les boulons, avant de se mettre lentement à les défaire. Il avait bel et bien une idée derrière la tête, et il pourrait peut-être distraire la jeune femme, voir même l’énerver ou la faire rire. Peu importe, tant qu’elle cessait d’être triste.
Elle est aussi forte que faible,
Elle est aussi fragile que sensible,
Etant depuis un long moment dans le monde des morts, Pom avait eu le loisir d'apprendre à crocheter. Ce fut donc avec vitesse et rapidité qu'il se rendit auprès du distributeur de lessive et qu'il récupéra le carton plastifié à l'intérieur pour en répandre un peu partout dans sept machines autour d'eux. Une fois fait, il se retourna vers la jeune femme, l'observa, tout en se disant que c'était dommage d'être aussi jolie et aussi triste aussi.
"Il va falloir attendre un petit peu," Affirma-t-il. Il alluma chacune des machines à linges, prenant soin d'utiliser son tournevis pour dégonder légèrement les portes, histoire qu'elles ne soient pas assez solides pour retenir une forte pression.
Une fois le méfait accomplit, l'homme aux cheveux rouges s'en retourna immédiatement auprès de la jeune femme. Il lui sourit tendrement, malgré tout, piqué par la curiosité avec l'histoire de la brunette, du mannequin et de la cabossé. Une vraie série !
Il adorait déjà le concept !
"Dis-moi la cabossée, t’es en amour avec cette femme de l’article ? J’espère au moins qu’elle sait que vous la protégez."
Vraiment. Parce que si elle la protégeait sans que l'autre le sache, c'était bien triste. Se mettre dans un état pareil pour une personne qui n'en valait certainement pas la peine ! Peut-être que si, peut-être que non. Peu importait dans le fond ! Pom voulait juste penser que la cabossée ne méritait pas de souffrir. Certains le méritent, juste un peu, pour apprendre les conséquences de leurs actes. Pas elle. Elle sont coeur était déjà en lambeaux. A quoi bon en rajouter davantage ?
Et parce qu'elle souffrait, il ne devrait peut-être pas poser autant de questions sur sa vie privée. Pom s'en rendit compte en même temps qu'il terminait sa phrase. Il hésita, il aimerait savoir. Il voudrait avoir la réponse. Il ne veut pas la voir avec de la peine. Aussi, avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, Pom dit-il d'un ton ennuyé :
"Oh, laisse. Je ne vais pas t’embêter aujourd’hui avec mes questions. Elles viendront plus tard, sache-le !"
Il fallait le préciser. La curiosité, il ne pourrait pas l'empêcher. Il pouvait juste s'empêcher d'y penser à cet instant. Dieu que cette femme était triste. IL se devait de l'idée un minimum. Et il avait bel et bien une idée pour ça.
Il se leva, tendit la main dans sa direction, mais ne la touche pas. Pom demeura là, proche, sans bouger, l'air un peu inquiet. Il ne comprenait pas bien où lui-même voulait en venir. Les contacts, ça le rendait souvent neveux. Il pouvait juste essayer, juste essayer de rendre cette femme heureuse. Juste un peu. Assez pour la voir sourire. Il aurait aimé la voir sourire, la voir soulagée, la voir en dehors d'un système d'émotions qui la condamnait.
Sans doute ne sortait-elle que peu, rarement et certainement pas ans les lieu bondé, les endroits mal fréquentés, les bars ou les boîtes. Sans doute n'était-elle jamais allé dans les excès. Quoique. Peut-être que si. Elle ne s'était pas blessée ainsi en jouant aux échecs, un samedi matin, devant un épisode des feux de l'amour. Quoique, cela expliquerait sa passion pour les amours douloureux.
—Je t’explique ! Je vais vous prendre la main. Et vous aurez envie de la retirer, car vous n’aimerez pas ça. Vous pouvez le faire : mais vous pouvez aussi oser. Osez de saisir la main d’un inconnu et accepter de le suivre dans une folie.
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