Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
4,5,6,
Sans logique,
Il y a des souvenirs qu’on doit chérir et ne jamais oublier. Ils sont comme le sourire de la musique des violons, ils sont une source d’inspiration pour celui qui les garde en mémoire. L’instant où les doigts de l’abimée vinrent se poser sur la paume de sa main devait être un moment que Pom n’oublierait pas. Il ne croit pas tellement qu’il peut se fier aux gens. Il une d’une nature sauvage. Si le renard entend des pas, il tend l’oreille curieuse, si les pas se rapprochent trop vite, il se sauve. Ainsi se préserve-t-il de quelques coups de fusil d’un hargneux chasseur.
Ainsi, la main de Pom se referme sur celle de cette femme et les émotions négatives qu’elles se déversent en l’homme. Il l’ignore malgré qu’il n’aime guère cette gêne, cette honte, cette culpabilité. Les émotions de cette personne le blessent et il s’en fout. Il rit joyeusement, laissant ce rire se communiquer. Il veut qu’elle se sente bien. Un instant. Comme sous drogue. Le temps que des machines ne se mettent en marchent et n’en viennent au cycle de rinçage.
Les doigts de Pom la relâchent pour venir brutalement ouvrir un sèche-linge. Il fouine, il cherche, il ne répond pas à la cabossé. Il continue à chercher, longuement. Il reste connecté à elle. Il reste près d’elle. Car l’émotion de joie qu’il transfère et de tranquillité disparaîtra dès qu’il cessera d’être concentré, dès qu’il cessera de l’alimenter. Lui attire les émotions sans pouvoir le contrôler, mais les renvoyer, il le décide. En général. La plupart du temps. Il essaye, enfin !
Pom sort diverses robes de la machine, divers hauts colorés. Une fêtarde a visiblement laissé son linge ici et l’a oublié. Elle doit dormir et attendre le soir pour venir le chercher. Qui aurait idée de venir fouiner dans les affaires d’un autre ? L’odeur de lessive et d’assouplissant imprègnent l’air et Pom revient rapidement vers la femme. Il lui tend les objets, les robes, les pantalons, les jupes et les hauts.
« Pensez simplement à vous amuser … » Souffle-t-il d’une voix tendre,
Il dépose les vêtements dans ses bras, jouant un peu l’exagération. Chantonnant l’hymne de pretty woman. Souvent, Pom est ringard et il s’en fout. D’ailleurs, cette chanson le fait rire et il ne s’empêche pas de laisser sa joie transparaître. Il ne dira rien sur le fait qu’il ressent toute la peine de cette femme, car il a beau retiré, ça revient. Alors, il garde, il garde. C’est une boîte de Pandore. Il ne veut pas l’ouvrir. Il ne veut que l’espoir.
Elle doit croire en elle.
La boîte est fermée, les vêtements sont donnés et Pom pointe du doigt un endroit qui doit servir de réserve, sans doute interdit. Ce n’est pas bien important. Les spectres préfèrent s’amuser et les agents dans Azazel se font souvent rares. Il est donc – pour l’instant – aisé de passer outre toutes les règles de bonne conduite. Et puis ! Joshua le dira : ils sont là pour s’amuser et les règles ne sont que rarement amusantes.
« Je t’invite au bal du linge ! » Dit-il, l’incitant des mains à aller se changer. C’est un pari risqué, il devra rester connecté à elle, malgré la porte et avoir le temps de préparer ce qu’il veut préparer pour l’émerveillé. Le prix en vaut la chandelle : s’excuser, à sa manière, de l’avoir peiné. Plusieurs fois en très peu de temps. Parce qu’elle n’avait rien fait de mal et qu’elle souffrait déjà trop. Il ne faut pas en rajouter.
Et sans doute, aussi, parce qu’il la trouve séduisante. Elle a sa manière bien à elle d’exister. Elle n’est pas extravertie, et ce n’est pas grave. Elle n’est pas grande gueule ou violente. Elle est un peu comme la coccinelle du diable : l’esprit tendre.
Une part de Pom s’arrête sur la coccinelle et sans y prendre garde, c’est un sentiment de protection et de nostalgie qu’il transfert à la femme. Un sentiment de beauté. Il l’avait trouvé jolie, avec sa jupette rouge et ses pois noirs, son nez obstiné et ses yeux fâchés. Elle était mignonne, au milieu de cette foule, à boire cette bouteille d’alcool cul sec.
La coccinelle du diable pouvait-elle être l’amie de la Cabossée des Cieux ? La coïncidence serait bien trop grande.
Sans doute parce qu’il se veut rassurant, son sourire s’agrandit, ses dents sont clairement visiblement, alors qu’il dit d’une voix engageante : « Je vous attends, juste ici. » Enfin, il bougerait pour préparer la salle tout de même !
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L’euphorie est un sentiment communicatif très rapide. C’est un affect particulier puisqu’il est un symptôme de nombreuses pathologies et sa signification même « Bien à supporter » fait comprendre que même s’il est positif, ce sentiment peut être particulièrement dur à supporter. En particulier pour les gens autour de la joie excessive ressentie et qui ne la comprendraient pas. Fort heureusement, Pom était seul avec la femme. Et chacun des deux étaient d’une humeur agréable. Deux grains de folie, deux notes gaies qui dansaient sur une partition où aucune ligne n’était droite.
Pom exultait dans la joie et l’allégresse d’un moment dont on ne voit pas le temps passer et où quand la cloche de la sonnerie se fait entendre, on croit à un saut spatiaux-temporel car aucune autre raison ne pouvait justifier qu’une heure était passée en une minute ! Il en avait besoin. Il avait besoin de se sentir heureux. Il voulait la sentir heureuse pour elle, certes.
Pour lui, aussi. Car le monde était mortellement triste parfois et qu’il refusait de l’admettre. Il venait de rencontrer des âmes profondément tristes et avaient découvert qu’Alex, le furibond, l’homme joyeux, avait bien des secrets. Rajouté à sa guerre perpétuelle contre lui-même depuis sa bataille sur le quai.
Il ne voulait pas souffrir. Plus maintenant.
La cabossée – certes légèrement manipulée par lui - était une compagne de farces et de jeux inattendue. S’il avait craint qu’elle ne se mette sur la défensive et qu’elle ne s’enfuit, elle se prenait au jeu soulagée d’un poids qu’il ne pourrait pas empêcher de revenir. Recevant le tee-shirt hawaïen, Pom la regarda de haut en bas et trouva qu’elle irait à ravissement avec lui.
Il retira ses vêtements, les déposants sur une des machines. Le tee-shirt à l’inscription grossière fut oublié. Rares étaient les fois où Pom prenait le temps de se regarder. C’était peut-être mieux ainsi. Son corps était couvert d’ecchymoses et de meurtrissures récentes dont les breuvages de soin n’avaient pu laver la chair. Pom devra prendre une décision sur son mode de vie un jour. Aujourd’hui, ce n’était pas arrivé. Il boutonna la chemise. Elle était légèrement humide et peu accordé avec lui-même, il ressemblait à un clown. Il adorait ça !
Il devrait mettre ce genre de tenue plus souvent, dommage qu’elles soient aussi voyantes !
Puis, il se rendit auprès des machines vides. Jouant avec le bout de ses doigts sur un morceau de papier, qu’il transforma en un joli poisson orange, Pom lui insuffla un peu de joie, un peu de tendresse. Un peu de douceur aussi certainement. Le poisson orange tournoyant, lentement. Ce n’était pas la première fois que Pom parvenait à animer une image, une pensée, un morceau de papier. Toutefois, il ne comprenait pas si c’était les conséquences de son empathie.
Quoiqu’il en soit, après avoir versé un peu de potion dans divers machines à laver. A cet instant, elles devinrent des laveries. Pom en profita pour mettre son téléphone portable branché à une petite enceinte, produisant de la musique de la même humeur de joie. C’était peut-être la première fois depuis longtemps que Pom était heureux sans se poser davantage de questions.
Ce bonheur devait être visible dans chaque prunelle de ses yeux qui brillaient d’une couleur verte presque naturelle. Il se sentait heureux, bien et soulagé. Les aquariums, la musique installée. Il ouvrit une bouteille contenant un élixir acheté en boutique et des bulles colorées se mirent à s’élever comme des ballons, se fixant au plafond, remuant, ….
La porte s’ouvrit et Pom oublia tout ce qu’il faisait pour aller vers elle. Elle sortit avec une robe vintage fleurie dissimulée sous les vêtements qu’elle portait. Pom se précipita pour lui retirer et les déposer vivement sur une table, avant de se saisir de sa main pour la regarder de haut en bas. Elle était ravissante, elle était magnifique ! Des jambes fines, un corps de femme, une robe qui aurait dû lui appartenir ! Les cicatrices lui allaient à ravir.
Elle était une femme écorchée par la vie et ce n’était rien de plus que les traces d’un passé. On en avait tous. Etendant ses bras comme on étend des ailes, Pom fit la révérence, dans un style purement français des anciens temps avant de tendre la main pour l’entraîner. Le protocole, l’ancien noble ne l’avait pas vraiment oublié. Ses doigts dans les siens, il fixe la femme.
Si jolie ! Elle était si jolie. Pourquoi elle porte des vêtements de nuit ? Une chevelure divine, un œil extraordinaire, une peau d’une rare finesse. Elle a un air de poupée de porcelaine qu’on aurait fait tomber.
« Madame la Duchesse, nous vous attentions depuis si longtemps. L’océan ne peut vivre sans sa sirène, voyons ! M’accorderiez-vous cette danse, je vous promets d’être sage … »
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N’empêche que cette jeune femme était la première depuis longtemps qui riait à une de ses blagues. Généralement les gens le regardaient avec accusation avant de le fatiguer de mots tels que dégradation du bien public, mise en danger de la vie d’autrui, … Il fallait dire que la vie de flics était généralement totalement chiante. Du coup, nombreux d’entre eux et forcément les plus mauvais avaient débarqué dans le monde des morts. La logique aurait voulu qu’ils changent de vie : mais la plupart des morts reprenaient pas automatisme leurs métiers d’avant.
Certes, il y avait aussi le vampire @"Alex Fletcher" qui riait à ses blagues. Cependant Alex ne comptait pas. Il riait de tout et n’importe quoi, même d’un type qui racontait une blague sans en connaître la chute. Non, il n’exagérait pas ! Et d’ailleurs, Alex n’était certainement pas une femme de ce qu’en savait Pom Warrem. Fort heureusement, sinon des pensées lubriques auraient germé dans la tête du nécromancien dès leurs premières rencontres et leurs histoires auraient terminé dans un lit plutôt que dans un bureau. Ou bien dans un bureau qui aurait servi de lit. Actuellement, il ne lui viendrait pas à l’idée d’aller dans le lit d’Alex, sauf pour s’en servir de bureau.
Appréciant de le voir heureuse, Pom n’hésita pas à l’entraîner avec elle dans une première danse rythmée et joyeuse. Pom aimait ça, cette simplicité, cette tranquillité sans chichi et superficialité. Shirley n’en faisait pas trop. Shirley se nommait Shirley. Il savait son prénom. C’était américain, ça ?
Ne lui pose aucune question sur son passé.
Sans hésiter, - comme ça pouvait arriver – Pom répondit à sa question avec sincérité : « Pom, Pom Warren. » Il la regarde et rit joyeusement et alors qu’ils sont occupés à danser, les portes des machines à laver piégées s’ouvrent. De l’eau et une mousse blanche commencent à se répandre autour d’eux. Sans y prendre garde, la bonne humeur de Pom a atteint l’eau et la mousse. Des petites bulles bleus, roses, pastels, colorent l’écume, tandis que l’eau remue légèrement et se colorise d’un bleu limpide. L’émotion dansante se transforme, apparait, en une mousse dansante, visible – même aux yeux de la lémure – sans que Pom s’en rende compte trop habitué à la savoir invisible. Elle les entoure et Pom se dit qu’il aurait aimé que cet instant ne s’arrête pas.
Qui oserait dire à l’autre le premier que le jeu était terminé ? S’approchant de Shirley, Pom ses mains derrière son dos pour l’encercler et il la souleva légèrement, la laissant retomber prisonnière, là. Il lui sourit avec tendresse, avant de se demander : Qu’est-ce qui est le plus surprenant ? Un poisson volant ou un oiseau sous-marin ?
Tout en cherchant une réponse à cette énigme, Pom demanda : « As-tu déjà fabriqué une potion, dis-moi Shirley ? » Elle ne pouvait pas en faire une. C’était fort peu possible, il fallait un nécromancien que cela fonctionne, mais elle aurait pu aider une amie à en faire.
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Les questions de son binôme féminin tirèrent un sourire loyal et heureux de la part de Pom. Le jeune homme sourit tendrement avec une douceur inégalable. Il aimait la France et le français. Il aimait les paysages, les montagnes et les prairies. Il aimait les maisons colorées, les patois et le vieux français. Il aimait entendre et lire que la France était une terre des droits de l’homme. Ils aimaient les auteurs français. Il aimait la France, même si parfois ce n’était qu’une terre de promesses non tenues et d’illusion. C’était son lieu de vie, de naissance et de mort. La terre de ses ancêtres. La terre de ses premiers amours. De ses premières passions. Là, où son corps vivant avait été enterré, transformé en poussière.
« Très chère, sachez que je parle français ! Je ne suis point chauvin. Toutefois, ma mie, si vous comprenez ce que je dis : sachez que je suis éblouie. »
Il s’éloigna. La béatitude est un sentiment agréable à ressentir et la bulle où se trouvait Pom était une protection contre tous les sentiments extérieurs tel son rire qui servait à éloigner les ondes obscures. L’instant était agréable, un moment doux et délicat.
Il déposa un drap sur un table pour faire une nappe en tissus, installa deux chaises et retira une petit boîte en bois verrouillée par une clé de son sac. Tournant la clé, un déclic se fit entendre et Pom ouvrit le couvercle.
Il n’avait pas le talent de @"Viktor A. Matveïev", impossible de penser à sauver le monde grâce à ses potions. Il n’était pas aussi talentueux que bons nombres de nécromanciens de son âge. En réalité, il était doué pour fabriquer de faibles potions de soin, les basiques, pour des potions issues de son pouvoir ou des désastres ambulants. Créer l’apocalypse sauver, tel cet endroit devenu une mer bucolique, ce sont ses compétences.
Jouant du bout des doigts, Pom fit signe à Shirley de venir s’asseoir en face de lui. Il déposa divers fioles contenant divers produits, quelques pochettes et branches, puis il déposa un bol vide de toute substance.
« Je suis un nécromancien. Depuis très longtemps. Parfois, j’oublie ne pas l’avoir été. » Confia-t-il en français, cette langue il l’aimait tellement, il lui plaisait tellement de la dire, enfin. C’était comme un soulagement de pouvoir l’exprimer envers une autre personne, de pouvoir échanger de simples mots et de pouvoir dire ce qu’il pensait avec la langue de son cœur.
Elle ne pouvait pas créer une potion seule. Elle n’en avait pas encore le pouvoir. Il lui fallait révéler son don pour pouvoir transformer un simple mélange en une potion magique, un artéfact méconnu, mais il pouvait lui prêter le sien, ne serait-ce qu’un instant. Il pouvait l’aider à voir ce que ce monde avait de beau à offrir. Il pouvait lui offrir un souvenir de cette rencontre qui allait finir par s’arrêter tôt ou tard.
« Nous allons fabriquer une potion de poisson de bonheur. Ainsi, si tu te sens un jour vraiment triste, tu n’auras qu’à trouver de l’eau, y verser la potion et tu te souviendras d’aujourd’hui. Es-tu d’accord ? »
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Qu’on le veuille ou non, vivre comporte des risques. Et visiblement, mourir aussi. Que ce soit en accordant une part de confiance à une cabossée pour lui dire qu’il tenait un blog proche de l’illégalité et qui pouvait lui engendrer bon nombre d’ennemis ou de mettre une robe en présence d’une autre personne. Que ce soit en étant dans une voiture ou en étant séquestré dans une ferme sur ses propres terres ; que ce soit en jouant une partie de jeux-vidéos dans sa chambre ou en répondant à un message de son ex sur son téléphone. Chaque action entraîne sa part de danger. Tout comme ne pas agir en provoquait tout autant.
Ainsi, il n’était pas aisé pour Pom de répondre de manière rassurance à cette question surtout pour celui qui en se laissant distraire arrivait en permanence à provoquer d’innombrables catastrophes. Il était assez aisé de distraire le nécromancien. Contrairement à la plupart des gens pouvant se concentrer sur le long terme, il avait tendance à vite passer du Coq à l’âne et à laisser le moindre pétale de fleur venant effleurer le calme d’un lac le conduire sur d’autres chemins de pensées.
Un autre nécromancien que lui aurait sans doute exploité ses capacités et ses dons de bien d’autres manières. Davantage que comme un jeu, un défi ou une manière de se protéger des sentiments d’autrui. Parfois, Pom se disait que c’était regrettable qu’il soit celui à l’avoir obtenu – bien qu’il n’était sans doute pas le seul – parfois Pom se disait que c’était préférable. Il n’était certes pas un bon être humain, mais du moins essayait-il de ne pas être trop mauvais.
« Quelques risques, oui, mais rien de bien grave. C’est une potion assez simple. » Elle ne l’était pas, mais comme la potion tenait au trois-quarts de la préparation dans son pouvoir, il n’était pas bien difficile de la réaliser. Ce qui était sans doute plus difficile, c’était de concevoir les tortueuses pensées qui avaient immergées dans la jolie tête de sa partenaire. Impossible de les percevoir et impossible de les comprendre.
L’homme glissa un petit sachet contenant des morceaux de bois droits ressemblant à des pastels à la texture un peu grasse et s’émiettant pourtant aussi facilement qu’une barrette de shit qu’on aurait brulée. Il glissa ses mains sur l’un des bâtons, un vert – l’espoir, une couleur qu’il aimait – pour l’émietter un peu. Il expliqua, tout simplement qu’il fallait mélanger des couleurs afin de donner une gamme à l’apparition. Elle colorait l’eau et le poisson. Leurs teintes seraient forcément plus vives du fait de la joie qu’ils allaient inclure dedans.
Il s’arrêta, les bouts des doigts colorés de ce vert tirant entre la pomme et la forêt. C’est normal d’avoir peur de l’inconnu, pensa-t-il, la peur est plutôt saine. C’est elle qui du haut d’une montagne nous dit d’aller moins vite et qu’alors qu’on pense qu’on peut escalader un arbre, elle nous dit d’être prudent. La peur nous permet de sentir à quel point on tient à une personne, quand elle ne répond pas à un coup de téléphone et qu’elle sur les routes. Elle nous prévient qu’un lieu ne semble pas sécurisé, quand on se retrouve seul dans un endroit effrayant. La peur nous dit de fermer les yeux dans un film d’horreur ou de ne pas monter dans un manège.
Ce qui n’est pas sain, c’est de fuir ses peurs comme on fuirait le meeting politique des derniers dictateurs décédés qui avaient décidé de continuer sur leurs carrières et leurs lancées. C’est de s’enfermer dans sa maison, de peur que le monde extérieur ne soit qu’un danger hostile et refuser de sortir seul, de peur de se faire agresser. La peur était un danger quand elle empêchait la femme battue de quitter son mari effrayée par la peur qu’il a enfouit en elle.
La peur était un danger quand elle contraignait une femme à faire censurer un article de journal, à s’habiller de vêtements trop amples et trop noirs à ou à dissimuler ses cicatrices comme certaines dissimulent leurs vergetures par peur du doigt menaçant et des regards désapprobateurs de ceux qui aiment tant à juger.
Le nécromancien afficha un visage réconfortant, encourageant, remplit de tranquillité et de sagesse. Il sourit, aussi, à son retour à elle, plus gentiment plus tendrement. Un jour, sa seconde fille lui avait dit : « J’ai peur papa, … la glace va se briser sous moi. » Ils étaient en hiver, sur un lac gelé. Il n’y avait aucun risque, mais elle le regardait avec la même inquiétude que cette femme. L’homme n’avait pas alors su réagir et c’était sa femme qui s’était penchée et avait soufflé son air chaud dans le coup de leur enfant pour lui dire que son père ne l’abandonnerait jamais. C’était faux. Totalement faux. Pom l’avait forcément abandonné puisqu’il était mort.
Le souvenir est doux, un poil cruel. Pom évite de penser à ses enfants. C’est la première fois qu’il y pense depuis très longtemps. La dernière fois, il ne s’en souvient pas. Il chassa la tristesse de son esprit, soupirant une douce mélodie à sa propre pensée pour calmer quelques battements de son cœur. Et riant joyeusement, il haussa des épaules.
« Tu ne dois rien contre, Shirley ! »
Il lui montra, comment préparer une potion, simple, avec quelques ingrédients. De l’eau de pluie retenue dans une petite fiole bleue, un grain de sel qu’ils durent compter tous les deux liés par cette satanée malédiction des spectres, quelques fils dorés provenant d’un animal, le rire d’un enfant emprisonné dans un bonbon. Puis, Pom lui demanda de broyer les ingrédients, tandis qu’il remua les mains au-dessus du bol, se concentrant sur la joie. Un fin tourbillon bleu vint faire éruption, tandis qu’un poisson apparaissait, le bonheur transpirant à chaque écaille. Il était un souvenir, un souvenir que Pom avait créé. Du bout des doigts, il toucha le poisson bulle qui retomba en un liquide teinté d’un bleu brillant dans le bol devant Shirley. Pom versa le contenu du bol dans une petite fiole, plus petite qu’un petit doigt, et il referma la fiole à l’aide d’un bouton de liège. Bien que le contenu du bol soit bien plus grand, le liquide parvint à rentrer dans la fiole sans verser une goute à côté.
Puis, le nécromancien transperça le bouchon de liège à l’aide d’une aiguille, y passa un fil et le tandis à Shirley, en un joli collier :
« Tu devrais te donner le droit d’avoir confiance en toi. »
Disant ces mots, les dernières machines à laver éclatèrent et Pom cessa de se concentrer sur la joie qu’il transmettait, redonnant à Shirley tout comme à lui, des émotions basiques, les leurs. Il l’avait peut-être choisi : Pom n’aimait pas manipuler trop longtemps les émotions, peut-être était-il simplement trop fatigué pour rester concentrer avec la conception de cette potion.
Désormais, il ne parlait plus qu'en français.
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