Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
La vie est un jeu.
A ce rythme-là, on allait vraiment finir par croire que Pom Warren était un homme qui divaguait dans l’ensemble de la ville de Tokyo sans but et sans fin. Il fallait dire que c’était assez peu éloigné de la réalité. Il était trois heures du matin, heures où nombreuses personnes sont ou vont se coucher. Ce qui n’était pas totalement son cas. Marchant ou plutôt titubant dans les escaliers du métro, le spectre à l’apparence de jeune homme abordait un magnifique sourire de débauché sur le visage et cela malgré la joue rougissante qu’il avait sur le visage.
Il portait une chemise à rayures rouges et noires, un jean sombre et des bottines dans les mêmes teintes. La chemise, légèrement déchirée et mal boutonnée, lui donnait un aspect négligé que complétaient parfaitement ses cheveux décoiffés, son gros bonnet, son sac à dos à moitié ouvert et son casque à musique posé sur son cou qui produisait pourtant de la musique.
La journée de la veille n’avait rien de reluisante. Pom avait travaillé comme serveur dans un nouveau café où il avait été traité comme un larbin par un patron non conciliant. Furieux, le jeune homme lui avait envoyé une dose d’émotion négative tout en gardant un habituel grand sourire et en avait tiré une forme de satisfaction passagère. Quittant le travail plus tôt, sans prendre le temps de prendre les ossements qu’on lui devait, il avait été dans son bar de base, sa zone de prédilection, pour retrouver Dadine. Elle l’avait motivé et entrainé à une soirée transe où la musique l’avait enivré le temps d’un temps. Jusqu’à ce qu’il se soit retrouvé dans un coin fumeur, derrière la boîte, à embrasser quelqu’un. Il aurait peut-être du réfléchir, mais Pom aimait jouer. Il aimait le défi, et quelques heures plus tard, il était dans l’appartement de cette personne à fumer un mélange d’opium et de potion. Il était bien et ça le faisait rire, mais Pom riait toujours, même lorsqu’il était mal. Il avait peut-être été un peu mal, aussi. C’était ça qui avait dû le conduire au balcon. Et face à l’immensité du monde, les étoiles, l’air frais, face à la musique silencieuse d’une ville dormant son cœur s’était emballé. Il l’avait senti à côté de lui, il avait répondu à ses baisers, et elle lui avait dit : « Est-ce que tu as envie de moi ? »
Il avait dit non. Elle l’avait giflé. Il avait ri. Elle s’était fâchée. C’était stupide, mais c’était ainsi. Il n’avait pas spécialement envie d’elle, il avait juste eu envie de s’amuser. Aurait-il dû lui mentir ? La question et l’attitude désinvolte du jeune homme avait suffi à énerver davantage la demoiselle qui l’avait viré de chez elle avec raison. Toutefois, Pom n’avait pas été dupe que sous la colère, il y avait eu une forme d’amusement. Il aurait sans doute à nouveau sa chance, ou pas. Et ça n’avait pas la moindre importance.
Quelques minutes plus tard, il était en bas de l’immeuble de la demoiselle à boire avec des marginaux, discutant avec eux de politique, d’économie et de monde en cruel changement. A vouloir refaire le monde des morts, une heure était passé. Il avait hésité à les suivre dans leurs squats, mais l’envie de pisser avait pris le pas sur le reste. Et lorsqu’il avait voulu les retrouver, les marginaux avaient disparu. Ce qui était sans doute préférable.
Ce qui était moins préférable, c’était dans l’état où il se trouvait. Pom en avait pleinement conscience, il savait parfaitement ce qu’il faisait malgré les produits circulant dans son sang. Sa démarche était bancale, ses vêtements mal fichue, une odeur suspecte de drogue et d’alcool devait avoir rejoint son parfum naturel et ses yeux brillaient davantage qu’à l’accoutumé, même ses cheveux avaient des lueurs paillettes dû à l’abus de drogue, mais lui savait bien qu’il était en train de descendre dans les marches d’un métro. Le pire, c’était que l’effet passant légèrement, il ressentait les émotions des personnes autour de lui sans parvenir à identifier leurs sources, trop saoul pour se concentrer. Cette invasion de parasite l’agaçait.
Il essaya de se concentrer sur le son de sa musique et ce fut cette concentration, rajoutée au reste, qui lui oublier de regarder où il allait et percuter brutalement un jeune homme. Manquant de tomber, Pom s’agrippa à l’autre pour rester debout, le fixant dans les yeux. Il grogna soudainement en voyant ses yeux d’un bleu sombre.
« Eh ! Regarde un peu où tu marches, crétin. » Lança-t-il joyeusement, avec son accent si particulier ne provenant de nulle part, les mots légèrement déformés par son inaptitude à parler correctement le japonais. Il se mit à rire, facétieusement, comme-ci son insulte avait été la meilleure blague de l’année : « Ah ! Et rends-toi utile, tu sais pas où je peux trouver du rhum dans le coin ? »
Je n'aime pas être évité,
Je n’en crois pas mes yeux ! Il est sérieux ce gars ? Il vient totalement de m’ignorer ! Pas une excuse, pas un pardon, pas une insulte ! Ce crétin sans le moindre courage m’a juste repoussé avec la même facilité et la même aisance que si j’étais une plume venue lui chatouiller le front ! Quand je pense que quand j’étais en vie, les gens comme lui m’appelaient maître. Sursaut. Cette pensée est dégueulasse, et j’en culpabilise un peu. J’ai beau avoir évolué, j’ai parfois des retours de ma vie d’avant comme un rejet acide de mon estomac qui me laisserait un gout de vomi mental.
N’empêche que noir ou blanc, mec ou meuf, crétin ou génie, tu ne fais pas genre que je n’existe pas ! C’est une dinguerie quand même ! Entre la chimère qui me parle comme-ci j’avais quatre ans, la coccinelle qui doit rêver de me gifler depuis qu’elle m’a rencontré, les vampires qui me servent de colocataires et la claque de tout à l’heure, l’année 2017 est contre moi !
La tête baissée, Pom a vacillé en arrière, il a détourné les pieds et il est resté immobile. Puis il a avancé, suivant le gars. Son regard toujours au sol, semblant ailleurs, ruminant des pensées râleuses mais amusées. Ses mains se sont rejointes, puis ses doigts droits ont glissés sur son poignet gauche, claquant un élastique noir. Il le fit une seconde fois, se concentrant sur les couleurs l’entourant.
Il y a un rouge vif, de l’amour, provenant d’une fille assise sur un banc qui embrasse goulument un garçon aux cheveux verts. Sans la moindre décence son cœur semble vouloir exploser de cette passion. Pom évite cette émotion, virevolte son esprit et le pose sur un gars un peu plus loin. Lui, personne ne le remarque, il pleure en silence et son cœur semble brisé à ses pieds. Sa couleur est si triste que le corps de Pom se glace de l’émotion, il se surprend à avoir envie de s’effondrer sur le sol et tire une grimace de dégout, avant de laisser son esprit divaguer vers un autre.
Cet autre, c’est un gamin, naïf. Ses sentiments sont si roses qu’il doit être émerveillé par le métro. Il doit découvrir la vie et il est heureux de vivre. Un optimiste ! Celui qui pense quand la pluie tombe que c’est génial. Celui qui est heureux de marcher dans la merde, car ça porte bonheur et qui voit toujours le verre à plein, même lorsqu’il est au trois-quarts vide.
Et puis, il y a ce type en colère, qui cherche quelqu’un à cogner. Il est rouge d’une passion qui n’est pas l’amour. Il cherche des yeux le prochain à frapper, le prochain à cogner. La fureur est dans son cœur et s’il pouvait, il irait se battre contre le monde entier.
Près du couple, il y a une dame dégoutée, écœurée par le spectacle. Elle doit avoir l’impression d’avoir mangé un plat immonde et si elle ne se retenait pas, elle vomirait sur les petits amoureux.
Il y a d’autres sentiments, des nombreux, des plus grands, des plus petits. L’esprit de Pom s’arrête sur chacun, et il se rapproche du mec qu’il a bousculé tantôt. Il se place derrière lui, telle une ombre, le visage toujours baissé, la main toujours sur les élastiques. Les sentiments de l’étranger à la peau attirante mais à l’attitude exécrables sont plutôt plats. Fatigue ou personne zen, Pom ne peut savoir. Il sait juste que ce vide permet d’être rempli plus facilement. Il est plus facile de faire entrer une émotion dans une boîte où il y a de la place que devoir altérer, modifier ou remplacer une émotion.
Son esprit s’arrête alors sur une personne. Une personne qui est en train de se faire agressé par le gars terreur de tout à l’heure. Il flippe carrément et heureusement, un gars plein d’assurance vient prendre sa défense. La scène se passe au loin, mais Pom la ressent. Il ressent l’effroi de la victime. Et doucement, lentement, il enroule le sentiment. Son sang se glace sous l’émotion, Pom est tout autant terrifié, mais il contrôle l’émotion, il l’enroule. La drogue, l’alcool, l’aide à ne pas trembler. L’énervement aussi, d’avoir été aussi facilement rejeté et repoussé par un gars qu’il ne connait pas.
Et la terreur s’enroule en une bobine d’un orange d’halloween, de touche violette, de cette émotion intense. Et doucement, très doucement, une masse se forme, se créé, se modifie. C’est comme une tornade, qui tournerait entre ses doigts. Pom se concentre, encore, il doit se presser : il ne faudrait pas que sa victime parte.
Et d’un seul coup, la main de Pom s’est posé sur le dos de ce garçon qui ne lui a rien fait. La terreur contenue entre ses doigts se repend dans la paume de sa main avant d’emplir entièrement l’autre être qui lui fait face. Il l’amplifie, l’augmente, comme-ci la plus grande peur de l’autre venait de naître sous ses yeux. Comme-ci le plus grand de ses cauchemars venait d’apparaître. Et Pom appuie légèrement de sa main, avant de dire d’une voix distincte, avec son accent si particulier mais qui doit rappeler à l’autre légèrement le vieux français, et dans un français calme :
« Vous pourriez répondre aux questions qu’on vous pose, Orchidoclaste ! »
Ses yeux verts brillent de nuances orangées, légèrement violette, ils brillent de moquerie, d’amusement, d’un jeu auquel il n’explique jamais les règles. Après tout, le but n’est jamais de gagner ! Le but est simplement de s’amuser. Pas certain que le type face à lui trouve ça amusant.
Après tout ! Il l’a bien cherché, se dit Pom, au même instant qu’il a posé la paume de sa main sur lui. Qu’il apprenne à avoir peur, cet imbécile ! Qui ose repousser les gens sans répondre à une question posée ! Cela lui apprendra à être poli.
Mon mignon, prends-toi ma colère dans la gueule,
Pendant que je me choppe ta terreur !
Incompréhension. Le mot décrit la situation dans laquelle Pom se retrouve. Il n’a jamais aussi bien maîtrisé son pouvoir qu’à cet instant précis où il a inoculé le virus de la terreur dans le cœur battant de ce pauvre malheureux fatigué. Le nécromancien n’a jamais eu autant de facilité à manier une couleur émotive qu’à cet instant. Précisément. Une seconde plus tôt, il aurait planté. Il fallait que cette réussite soit sur un pauvre diable qui a déjà bien la haine des gens comme lui et avec un sentiment négatif de surcroit.
Lorsque l’inconnu se retourne, Pom sent bien que rien ne va aller dans un sens agréable pour sa propre personne. Aussi son premier instinct lui dit de fuir : parce qu’il n’est pas assez en colère pour une simple bousculade pour en risquer d’en découdre. Sauf que son second instinct qui suit toujours le premier lui dit : il semble fort, bats-le ! Prouve-toi que tu es plus fort que le plus fort de tous ses hommes virils. C’est donc autant avec bravade que bravoure que Pom dévisage des yeux qui ne trompent pas. Il n’est pas en face d’un petit lémure faisant ses premiers pas timides dans le monde des morts. Il est en face d’un puissant dragon bleu qui peut le dévorer à l’aide de ses uniques phalanges.
Lorsque les doigts fermes l’agrippent, Pom a un battement de cœur qui se perd et il recule brutalement. Nonobstant, bloqué par cette main, son geste est arrêté et ses yeux deviennent flamboyants. Oser le tenir ainsi ! Oser le provoquer ! Oser le maintenir ! Lâche-moi ! Maintenant. Maintenant, ou je te bute. Je te crève. Je te saigne. Voici ce que le cerveau de Pom lui envoi. La logique a bien fait son œuvre, le calcul est rapide : il perdra. Sans aucun doute, le nécromancien n’a aucune chance. Il s’en fout, royalement. Son habituel bonheur à entendre du français est remplacé par une soif de se défendre. De prouver qu’il n’est pas faible. Il n’est pas faible ! Personne ne le contrôle, personne ne le maintien, personne ne le bloque ! Certainement pas ce jeune gredin.
Ils sont prêts à en découdre. La réussite de son pouvoir et la jouissance provoquée par cet instant ont disparu. Ce minot ne sait pas qu’il faut respecter les personnes âgées ! A moins, qu’il ne soit un ancien. Lui, aussi. Ce serait bien son bol de tomber sur un autre nécromancien avec un pouvoir à la con et provenant d’une époque de ses aïeux. Pom vacille, légèrement en arrière, surpris. Il est surpris par le temps. Surpris par les émotions. Surpris par la peur. Surpris d’être aussi en rage, lui qui est généralement si calme. Non, Pom ne s’emporte pas ! Pom rit, quand on le critique. Pom danse quand on l’embête. Lorsque des émotions négatives le touchent, il les prend et les jette très loin de lui. Il ne les éprouve pas. La tristesse, la peur, la colère. Ce ne sont pas ses mots d’ordre. Il triche avec les émotions et les sentiments.
Cette chemise n’a aucune valeur, mais sous cette chemise, il y a le corps de Pom. Et Pom ne sait guère si la potion de physique agit encore. Il ne sait pas si sa poitrine de femme, arrondie, petite, mais pas tant puisque tenant dans des mains, a surgit. Et ce n’est clairement pas l’endroit pour le vérifier, et donc pour la perdre. Je ne suis pas faible, ce sont cinq mots qui tournent en rond dans son cerveau. Une litanie où se rajoute trois autres : je te hais. Il le hait lui qui ose le toucher. C’était quoi ce gars ? Un pote à Luke Cage et Iron Man ? Sa force semblait démentielle. Il hait ça. Il hait les hommes plus forts que lui. Il hait se sentir si facilement attrapé. Il hait savoir que l’autre pourrait le projeter au sol. Que sa chemise pourrait se déchirer, que son corps pourrait devenir visible. Il hait l’idée de la laideur qu’il montrerait, de l’anormalité qu’il est. Il ne veut pas qu’on voit son anomalie. Ce qu’il ne veut surtout : c’est perdre face à un homme viril. Face à un de ceux qui l’ont … qui l’ont … Doute.
Je te hais. Je ne suis pas faible. Les mots reprennent, la pensée se perd, les pensées se mélangent, elles sont nombreuses en même temps. La haine de l’instant était très différente de l’antipathie qu’il peut éprouver pour un vampire, pour une chimère et qui change quand il connaît la personne. Elle est loin de l’antipathie pour les êtres trop sérieux ou ne s’amusant pas. C’est une haine qui fait battre son cœur, son corps. Qui le fait trembler et perdre pied sur la possibilité de contrôler son pouvoir.
Et en lui, la peur et la colère se mélangent, la sienne, celle de l’autre. Et il les lui renvoie sans faire exprès. Car Pom ne le contrôle pas. Car Pom est trop furieux et effrayé pour se rendre compte qu’il transmet maintenant cette furie à l’autre. Monsieur Muscles le provoque ! Devrait-il ne rien faire ?
Qu’il soit damné s’il se laisse faire ! Il n’est pas faible. Il n’a jamais été faible. Il n’est pas faible ! PUTAIN. FILS DE CUNEGONDE ! Trainé ! Putain à la souillure animale ! Troufion des bas chemins !
Pom Warren n’est pas un mauvais combattant des rues. Rares ont été les semaines où il ne s’est pas battu depuis son arrivée dans ce monde. Sa langue bien pendue et son amour pour prouver qu’il est plus fort que le plus musclé qu’il rencontre en étaient responsables en grande partie. Derrière les rues obscures, son sang avait souvent été posé tout comme celui de ses adversaires. Ce n’était pas pour rien s’il était bon en potions de soin, un minimum, et surtout pour se soigner. S’il connaissait mieux qu’un lambda les bons gestes pour secourir, soigner ou se protéger. Pom sait se battre et excelle dans les armes blanches, également. Il est moindre dans ceux à feu. Ne sait pas non plus user des armes à projectives : viser est compliqué pour lui.
Il a bien une arme sur lui et il n’en servira pas. Pom ne sortirait jamais son fin couteau pour une personne, même qu’il hait de tous son cœur, sans qu’une autre personne soit menacée. Il n’irait jamais risquer de tuer quelqu’un – même un mort qui n’en mourrait donc pas. Il ne veut pas faire ça. Jamais. Il a ses poings et il sait s’en servir. Il était militaire avant et il écumait les bars. Il ne fait que ça : fuir, voyager, se battre. Il ne fait que ça : prouver qu’il n’est pas faible. Que jamais plus personne n’ait le contrôle sur lui. Il le sait. Avec aisance il a battu bien plus grand et baraqué. Il ce besoin, cette haine, cette envie de gagner chaque combat ou au moins de le faire. Perdre, c’est moins grave que d’implorer. Il a ce besoin de se surpasser. D’encaisser. De ne pas dire la vérité. Il pourrait, ou même essayer de modifier l’émotion de l’autre pour la rendre moins dangereuse pour lui.
Il peut le faire et ne le ferra pas. Il n'y pense même pas, il ne pense qu'à frapper et alors qu'il tente et que son geste est si facilement empêché par cet inconnu : la colère et la peur ne font que davantage l'atteindre et donc se transmettre de l'un à l'autre.
Avec le temps, la mort de Pom est devenue un conte de fée à sa mémoire. Il a simplement préféré en occulter les plus sombres moments. Il se souvient avoir été sauvé par Rose et Jacques, des amis à lui, pendant la révolution française et avoir été hébergé par eux. Il se souvient parfaitement avoir été réveillé au milieu de la nuit et avoir été tué. Point. L’histoire s’arrête là. Parfois, pour son propre bien, il essaye de se souvenir. Il sait que les cauchemars qui le réveillent la nuit et le font, lorsque les crises sont trop importantes, se retrouver en pyjama seul dans des lieux étranges sont liées à cette mort. Mais, elle refuse de revenir. Pom ne s’en souvient pas : mais l’une de ses premières amantes dans le monde des morts a fait en sorte que ça lui échappe en permanence. Elle a voulu le protéger et la condamné à douter en permanence.
C’est peut-être mieux ainsi. C’est peut-être mieux qu’il ne sache pas pourquoi la peur peut facilement le gagner alors qu’il est maintenu et pourquoi la colère l’a submergé. Le feu follet ne souhaite plus rire. Il n’a plus le sourire aux lèvres. Il n’a plus envie de s’amuser. Il n’a même plus envie de se faire pardonner et de retirer l’émotion insufflée à l’autre, car Pom ne laisse jamais une émotion négative perturber trop longtemps. Il veut juste en découdre. Tant pis s’il se retrouve KO sur le sol. Il pourrait en mourir qu’il s’en ficherait.
Les deux mains de Pom se sont saisit du haut de Toulouze, cherchant à se défaire de son emprise, mais n’y parvenant pas. Au contraire, Pom sent sa chemise se déchirer davantage qu’elle ne l’est, et la colère ne fait qu’amplifier. La colère et la peur.
Pom ne contrôle pas la colère qu’il insuffle à l’homme face à lui. Il ne contrôle pas la peur qu’il transmet davantage, ni la rage qui fait qu’il contamine ledit ''Toulouze''.
« Sale chien d’enculé de maraud ! » crache Pom, sans se retenir, sans pouvoir empêcher quoique ce soit, il a les yeux si flamboyant, vacillant entre un bleu et un rouge profond en passant par un violet, vrillant si intensément, que Dieu le Père pourrait se pointer et lui proposer le Paradis qu’il lui cracherait à la gueule.
C’est ainsi, les mains de Pom maintiennent Toulouze et rien ne pourra les faire les lâcher si ce n’est pour frapper. Que l’autre le cogne, hurle, crie. Pom se défendra tant qu’il aura la possibilité de le faire et attaquera dans les mêmes conditions.
« Philip, … regrettes-tu ? Regrettes-tu ta vie d’avant ? » Je vois ses seins nues, sa peau d’ébène, ses yeux noisette presque noir, sa chevelure folle qu’elle ne tresse jamais. Je ne peux m’empêcher de la tirer vers moi pour l’enlacer davantage. Je sens son odeur de miel et de sucre. Je sens sa douceur et je soupire : « Je regrette ma vie d’avant. Pas la vie, mais la vie que j’ai vécue. J’étais aveuglé par ma stupidité et mon éducation. »
Elle rit. Et c’est pour ça que je sais que je m’attache à elle. Une autre m’aurait frappé. Ce n’est pas son cas, elle m’enlace, je sens ses seins contre moi tandis qu’elle me murmure à l’oreille : « Ce doit être si difficile, de vivre avec ta culpabilité. Tu dois cesser de t’en inquiéter Pom. Tu n’as pas été parfait, mais tu as fait ce qui te semblait juste et tu as essayé.
- N’importe quoi. Je me suis inscris à ce groupe « les amis des noirs. » Ce qui n’a provoqué que davantage de haine à mon égard et aucun bienfait pour vous autres. Je n’ai agi qu’avant de mourir. Si j’avais été plus tolérant, plus jeune, j’aurai sans … »
Elle rit encore et je me rends compte que je suis stupide. Je cesse de parler. J’en rougis, je culpabilise de ce qu’elle a subit. Elle devrait me haïr de ramener ça à moi. Je ne suis pas la victime : elle l’est. « Arrête un peu avec ça, Philip. » Me dit-elle. « Je sais parfaitement que tu ne te pardonneras jamais mais que tu apprendras à vivre avec. Et que tu feras en sorte que notre monde ne reproduisent pas les erreurs du tiens. Ne t’en veux pas, ça ira, crois-moi ? » Ses certitudes et sa tranquillité me contaminent. Elle a raison et je l’aime davantage pour ça.
Les poings de Pom se raffermissent, s’il doit souffrir : très bien qu’il souffre. Mais il ne souffrira pas d’avoir abandonné ! De ne pas avoir ramené ce pauvre bougre à sa condition d’homme qui perd face à lui. La chose.
Elle le regarde, il la fixe. Il ne comprend pas. « Tu hurlais. » Sa mort remontait à quelques années à peine, il contrôlait durement son don et ses essais de potions pour cacher les aspects de sa féminité et annihiler son don le rendaient dans un état second. Elle glissa sa main sur sa joue, « tu es fièvre… » il la frappa, s’éloignant brutalement les yeux tétanisés par la peur. « Je t’en … ne me touche pas. Ne me touche pas. » Un sursaut, effrayé, un bref mouvement de panique puis une course folle.
Pom avait détalé, rapidement, hors de leur appartement.
Elle l’avait cherché et l’avait trouvé, tétanisé, au milieu d’une bande d’un groupe d’extrémistes du coin. Il frappait, pas assez face à eux. Elle le vit tomber la tête la première et l’homme relever la tête de celui qu’elle aimait pour dire : « Tu as dit que tu nous sucerais si on gagnait, n’est-ce pas ? »
Alors elle avait utilisé son pouvoir, tout simplement. Les conduisant à s’enfermer eux-mêmes dans une chambre. Elle l’avait attrapé et l’avait fixé. Il la regardait sans la voir. Philip trembla. « Je ne sais pas ce que je suis. Je ne veux pas être mort … » avait-il murmuré sans le moindre sanglot, sans la moindre larme. Son pouvoir ayant déjà envoyé valdingué la tristesse et toutes les émotions négatives. C’était pour ça qu’il était allé les trouver, qu’il leur avait fait cette proposition : pour ressentir. Que ce soit la violence, le sexe, le mépris ou l’envie. Il voulait comprendre.
Elle ne lui laissa pas l’occasion. Posant son doigt sur la tête de son aimé, elle murmura : Philip, tu n’es pas obligé de revivre les évènements effrayants de ta vie : Regarde-moi. Je t’interdis d’y penser. Pour toujours.
Trop perdu dans son état, il ne réalisa jamais qu’il avait leurré par un pouvoir. Tout comme elle ne réalisa pas, quelques temps plus tard, qu’il avait utilisé son pouvoir pour lui retirer son amour et le jeter loin. Et qu’il s’enfuit, ensuite. Avant de retirer le sien pour le jeter dans le train qui le conduisait loin d’un amour intense et fugace.
En cessant de parvenir à se souvenir des traumatismes les plus importants de son histoire, Pom avait surtout cessé de pouvoir les combattre. Alors il les fuyait. Et, il s’était juré de ne jamais plus laissé une crise le faire se retrouver à vouloir agir stupidement avec autrui ou se foutre en l’air. Il préférait davantage se battre. Au moins, ça lui permettait de calmer la crise et de retrouver son calme. Quand le souvenir revenait de lui-même à cause d'une situation ... c'était la violence qui l'aidait à fuir la réalité.
« Frappez ! »
Mais frappez longtemps, frappez fort, et ne laissez pas une minute, une seconde, un dixième de seconde à ma personne d’arriver à votre chair. Car je suis moins fort, surement moins doué que vous pour les combats à mains nues. Je suis une brindille, une allumette, que tu pourrais facilement briser, mais la force, la vitesse et la ruse que j’ai, me feront saisir la moindre occasion pour bloquer tes jambes et te mettre à terre, saisir ton cou, faire trembler ton bras jusqu’à t’obliger à plier le genou. Que ce soit toi ou moi, je vous promets que …
« Corniaud. »
Dans le fond, cet inconnu rappelait à Pom tout ce qu’il n’était pas. Il n’était pas charismatique, il n’était pas aussi fort, il n’était pas aussi grand, il n’était pas musculeux, il n’était même pas sûr de vouloir l’être. Il l’enviait d’être aussi sûr de lui et le haïssait de lui montrer sa supériorité. De pouvoir le tenir à une main, de ne pas être tétanisé par la terreur, de pouvoir la combattre. Il l’enviait car il aurait désiré être aussi fort que lui et aussi féminine que la danseuse des bars @Giuliana Scuderi, car il n’était rien d’autre que lui-même. Et dieu du ciel, il ne voulait plus jamais douter de lui-même. Il ne voulait plus jamais à avoir à réfléchir sur son passée, sur sa vie, sur la douleur. Il ne voulait pas passer outre ses faiblesses. Il voulait juste ne pas y penser. Quitte à passer sa vie à se construire un mensonge.
|
|