Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Je - ne - suis - pas - faible,
JE NE SUIS PAS FAIBLE !
Stupeur. Glas. Un pas. Dans le vide. Un cri. Un bruit. Un réveil. Un corps à demi-nu. Ma voix qui s’exclame hystérique : « Savez-vous qui je suis ? Vous êtes sur mes terres, sur mon royaume ! » Son regard tendre, compréhensif et ce corps de femme non dissimulé que je montre à tous ces gens, oubliant toute décence. Ses bras. Le sommeil. Le réveil. Douloureux. Des mains qui m’agrippent. Cette herbe sous mon corps. Les coups qui pleuvent. J’essaye de ne pas me souvenir. J’ai promis ne pas me souvenir.
Aujourd’hui, je dois rompre quelques promesses. Je dois survivre. C'était l'une de mes pensées alors que je mourrai. Avec celle m'obligeant à me relever, encore et encore, quitte à ne plus pouvoir qu'essayer de le faire. Je ne suis pas faible ! Cela n'a pas suffit à m'empêcher de mourir.
Quelques secondes plus tôt, Pom Warren n’a pas vu venir les chocs, les coups de poings et la violence. S’il savait mieux lire dans les gens au lieu de ressentir les émotions : il aurait compris que ce n’était pas son pouvoir qui énervait l’autre mais toute sa personne. Ce qu'il avait été, ce qu'il était et sans doute ce qu'il serait encore.
Au lieu de ça, il n’a fait que sentir l’impact des phalanges sur son visage, le craquement de sa mâchoire et le gout du sang aux saveurs de l’acier et du fer.
Les coups suivants furent douloureux, prévus, attendus, atténués par ses propres bras. Evidemment que le nécromancien tenta de se défendre. Il voulait le faire. Il aurait tout fait pour gagner ! Il n'était pas faible ! Il ne savait pas si ses propres coups touchaient l’Inconnu Du Quai. Il l’espérait. Un peu. Un coup après l’autre, et Pom faibli. Sa propre faiblesse l'obligeait à essayer de continuer, ses propres échecs à fixer avec haine l'inconnu. Ses yeux vrillaient, rouge sang, l'envie de tuer était plus présent que jamais. La haine, le dégoût et la colère. L'envie d'exister. Il était tel un animal sauvage face à un braconnier. Près à tout pour subsister sans aucune chance d'y arriver.
Il roula au sol, plus facilement que si l’inconnu avait frappé une brindille et d’un uppercut, l’inconnu l’avait projeté. Il tenta de se relever, tandis que l'autre continuait de frapper. Il tenta de le faire jusqu'à ce que ses jambes ne purent tenir debout, jusqu'à ce que le sol soit martelé de son sang.
La rédemption, Pom ne la cherchait pas réellement. Il ne pensait pas la trouver ici. Il espérait simplement changer, devenir quelqu’un de meilleur. C’était pour cette raison qu’il s’était promis de ne plus jamais utiliser d’armes sur un autre être. Tout comme il était végétarien, il tentait d’espérer qu’il n’aurait jamais pu à trancher la peau de quelqu’un.
Jusqu’à, il y a dix secondes. Cette arme, sur le côté de son corps, il s’en saisi. Ce n’était qu’un petit sabre et en réalité : le besoin de se sentir capable de défendre ceux qu'il aimait sur un danger subvenait. Il le gardait par habitude d’une épée qui lui manquait. Il n'était pas faible !
A peine roula-t-il sur le sol, sans attendre la réaction des inconnus autour de lui, que Pom senti l’arme dans sa main sans se souvenir l’avoir attrapé. Il s’en saisi, la sortie et l’utilisa pour l’arrêter en plein mouvement. A l’instant même où la lame de son arme toucha la peau de son adversaire, le sentiment de colère disparu pour amener un autre : l'incompréhension. L'incompréhension de vouloir tuer un parfait inconnu qui ne lui avait rien fait. L'incompréhension de vouloir se battre contre ce type. Le sentiment de vouloir gagner malgré tout.
Un sentiment qui n’était celui de personne d’autre. Qui était le sien. La scène était bien trop proche de sa propre mort. Pom ne pouvait plus le nier. Malgré le refus de son esprit de s’en souvenir. Et il stoppa son geste, relâcha l’arme, qui tomba sur le sol et laissa l’autre le frapper. Encore et encore. C’était compréhensible qu’il soit en colère contre lui. Pom l’admettait. Les coups pleuvaient, et ses bras vinrent devant son visage, dissimulant des gémissements de douleur. Un instant, il cessa d'être ce masque du furibond, de celui qui refuse de souffrir. Puis, il se senti manquer d'air, étouffa, et cracha le liquide rougeoyant sur le sol.
Et merde, merde, merde. C’est du sang. Le sien, forcément, mais pas seulement. Il ne voulait pas pleurer, il se refusait de montrer qu’il était faible. Il n’avait pas perdu, il avait juste chuté. Ni maintenant, ni jamais. Ce ne sont pas des larmes qui glissent de ses paupières à demi-fermées, ce n’est que la douleur physique qu’il s’exprime. Un râle sourd, il regrette l’arme blanche à ses côtés : de l’avoir sorti. Il sent le bitume sale sous lui, la saleté sur sa peau nue. Il sent le froid glisser sur lui, malgré la douleur. Ses hanches fines, sa poitrine ronde. Et ce corps galbé - offert à la vue des passagers en attente d’un métro passant après trois heures - n’est rien de plus qu’un objet que soudainement Pom ne voit plus. Il se sent hors de lui, hors de ce dernier. Il se sent ailleurs. Phénomène courant, mais qu’il expérimente rarement. Son esprit se dissocie et soudainement se raccroche à la personne triste au loin, aux spectateurs amusés de la scène, à l’amour de deux inconnus. Il virevolte loin de sa propre faiblesse.
Son corps lui se plaint, gémit, se cambre et se courbe, le jean couvrant les dernières pudeurs d’un corsage retiré, enlevé. Et dans un râle moqueur, Pom s’entend dire : « Pervers, tu prends … ? »
Il n’a pas le temps de terminer sa phrase, elle se perd dans la douleur. Il cessa de se défendre, se recroquevillant juste assez pour amortir les coups sur les points vitaux et rester conscient. Le sang glissait de son visage, de son nez, de ses lèvres. Des bleues commençaient à marquer son corps.
Il ne réalisa pas quand il se remit à bouger. Tendant la main, retombée sur le sol, Pom se saisit de la colère et de la peur de Toulouze. Il les attrapa, les absorba et lui retira. Il les retira tranquillement dans une réussite qui le surprendrait plus tard quand il aurait le temps d’y penser. L’intensité des émotions de l'Inconnu du Quai ne le laisse pas indemne. Les iris de Pom ne sont plus que larmes, l’eau coule, lui piquent les yeux, il essaye de les retenir, mais son visage gonflé ne sent que la honte, la faiblesse et la douleur. Pourtant, il ne garde pas les émotions vives, il les envoie sur ce qu'il y a de plus proche : le sang, le sien, dont la teinte devient légèrement plus vive.
Malgré tout cela, malgré qu'il devrait juste supplier, qu'il devrait juste cesser de se battre, il a ce regard assassin de ses yeux verts flamboyants.
A cet instant, il était loin de penser au meilleur contrôle qu’il avait sur son pouvoir. Il ne pensait guère à la gare, ni à ces êtres de nuit qui filmaient avidement l’action à l’aide de leurs téléphones portables. Certainement que quelques passants s’étaient éloignés ou inquiétés, dans ce monde sans Police. Toutefois, beaucoup y trouvaient juste un nouveau moyen de « s’amuser. » N’est-ce pas pour ça qu’il était ici ? Des vautours venant piller son échec et la rendre visible aux yeux de tous.
Ainsi était-il mort, battu par des hommes. C’était peut-être tout ce qu’il avait mérité. Etre battu, encore et encore. Après tout, ne l’avait-il pas cherché cet affrontement ? Un râle de douleur secoua le corps de l’Homme. IL N'ETAIT PAS FAIBLE ! Sa poitrine, recouverte de sang ne peut être dissimulée. Elle est visible à chacun des êtres humains présents sur ce quai. Difficile de la dissimuler, difficile d'y penser. Il est femme, et c'est ainsi. Il n'y peut rien. C’était trop, même pour son âge, même pour sa maturité, même pour lui. Il était là, et chacun le voyait tel qu’il était. Ainsi à demi-vêtu. Qu’importe que son agresseur le croit femme, devine son secret ou que sa colère l’aveugle. Qu’importait. Cela aurait été pire que d’être vu comme un être faible et que le comportement de l’autre change. Ce corps pouvait être souillé de leurs regards et de son sang, il s'en fichait.
Plus rien n’avait d’importance. Il avait raté. Il était faible. C’étaient les trois seuls mots qui comptaient. C’étaient les seuls qu’il retenait. Parvenant à se retrouver dans une position de fœtus, Pom remonta ses bras jusqu’à son visage, le dissimulant, respirant difficilement. Il ne pouvait plus contrôler la situation. Des années étaient passées et il était encore allongé dans cette herbe à sentir les corps le frapper encore et encore jusqu’à vouloir s’amuser de lui comme d’une simple poupée de chiffon. Il était encore ce même gars faible qu’on pouvait soulever d’une main pour laisser retomber sur ses jambes, sans qu’elles ne puissent le porter.
Gémissant douloureusement, Pom attrapa la cheville de Toulouze, y plantant ses ongles, retirant les dernières émotions négatives et pensant simplement : « je te prends ta peine, et je donne ma joie. » Il toussa, du sang, et rit tendrement malgré la douleur, le gout du sang, les larmes qui ruisselaient sur son visage. Malgré son corps meurtri, les bleus et l’impression que si l’autre n’acceptait pas le calme soudain et voulait continuer : il succomberait encore. Il s’en foutait, malgré ça, Pom refusait de perdre. Son autre main se posa sur le sol, alors qu'il essayait de se relever, incapable de le faire. Il resta là, les yeux assassins, le sourire moqueur aux lèvres, et il marmonna dans ce rire : « Je ... n'suis .... pas faible, c’est vous qui ... l’êtes ! »
Et sans doute car il n’était plus maître de lui-même, il répéta encore et encore cette phrase, de manière inaudible, des larmes glissant, sa main relâchant le corps, alors qu’il se recroquevillait sur lui-même. Ses jambes remontant vers lui, ses bras se posant sur le sol, son visage s'y cachant. Il n’aurait bientôt qu’une envie désormais : que l’autre parte, que la masse disparaisse, et qu’il aille trouver le premier lieu de débauche possible pour calmer la douleur. Une aiguille dans son bras, des potions dans son estomac, un corps contre soi : n'importe quoi et qui irait. Tant que ça lui faisait oublier, un temps, cette faiblesse qu'il était.
Il se dissimulait, ne montrant que son dos. Longtemps, à sa mort, son corps avait recouvert de cicatrice due aux punitions infligées pendant sa séquestration, puis à sa mise à mort. Celle fatale avait toujours été la plus vive. Pom avait eu à coeur de les faire disparaître, potion après potion. Il ne restait que des lignes presque invisibles à l’œil nu. Parfois, elles ne paraissaient presque pas. Parfois, elles semblaient vouloir resurgir.
Oublier cette humiliation, il n'y pensait pas encore. La colère avait disparu. La haine et la honte demeuraient. Elles revenaient sans pouvoir les extraire. Pour l’instant, l’autre n’était qu’un de ses assaillants. N’était qu’un souvenir du passé. Pour l’instant, il n’était plus là depuis longtemps. Il était dans cette herbe, à être torturé par des gens qui le haïssaient pour sa naissance, pour son origine pour ses parents. En réalité, il ne dit plus les mots, il ne fait que les penser. Ses lèvres, il les a serrées. Il se répète, sans cesse, « je ne suis pas faible. » Il ferait n'importe quoi pour ne plus se sentir comme ça.
Il l'a mérité. C'était sa pensée quand on le tuait. Qu'il avait mérité de mourir. Pour être né dans ceux qui asservissent. Pour être né d'une apparence diabolique. Pour avoir aimé. Et malgré ça, il était incapable de s'excuser, de supplier, d'implorer pour sa propre vie. Il avait regardé la mort venir en la défiant. Il ne pouvait pas. Même auprès de cet inconnu, il ne pouvait pas. Les émotions des êtres autour de lui dansaient, il ressentait la peur de certains observateurs, l'amusement et plaisir d'autres. Il sentait le plaisir qu'il prenait à voir la correction qui lui était infligée. Et, il ressentait aussi, l’indifférence de certain. Il n'était pas faible. Ce n'était pas lui qui gémissait sur le sol, ce n'était pas lui qui était prostré au sol, ce n'était pas lui qui n'était rien d'autres qu'une plaie ouverte.
|
|