Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
La vie n'était pas toujours très drôle ...
Il y a des personnes qui ne devraient s’ennuyer au risque de provoquer des catastrophes. Les enfants en étaient souvent un bon exemple ! Laissez l’un d’eux assit trop longtemps sans surveillance dans une pièce et vous avez beaucoup de chances de retrouver l’ensemble de la dite pièce dans un bazar monstrueux. Toutefois, il était sans doute préférable que ce soit un enfant qui s’ennuie que Pom.
Et il s’ennuyait. Rien ne donnait lui envie ce soir : Pas envie de rester à l’appartement qu’il occupait avec ses colocataires. Pas envie de trainer dans un bar. Pas envie de se rendre dans les lieux habituels, ni l’envie d’aller séduire une personne inconnue dans un bar de la ville. Pas envie de supporter le sermon de ses pots sur sa vie actuelle. Pas envie d’aller passer du temps dans un débat philosophique. Pas envie de profiter d’un magnifique paysage ou d’écouter un super concert. La vie est souvent trop courte, dise certain. La mort lui semblait parfois affreusement longue. Cela dit, Pom se souvenait avoir déjà ressenti cette impression en étant vivant … Alors bon !
Il marchait, tranquillement, ses bottines claquant le sol. Il avait un jean noir, trop grand, qu’il avait maintenu avec une ceinture. Un tee-shirt, d’un vert pomme pétant où était écrit : « Never on time. » Et une veste d’explorateur. La tranquillité de sa marche n’était qu’une apparence. Si certaines personnes discutaient joyeusement, d’autres comptaient les étoiles ou prenaient un peu de temps pour eux, lui regardait les passant, les personnes sans même les voir, ne voyant et ne prenant le temps d’observer que les émotions qu’il percevait.
S’amusant des émotions qu’il ressentait en eux et donc en lui, s’amusant à jouer avec elles. Pom avait déjà entendu parler d’une empathe sympathique qui aidait en permanence les gens : il avait déjà entendu parler de ses personnes au cœur pur qui ne profiterait jamais de leurs pouvoirs. Il n’en faisait certainement pas parti !
Attrapant une colère ressentie par un inconnu pour la transférer à une fille tranquillement en train de discuter avec son chéri. Il rit un peu à la voir s’emporter, s’arrêtant pour observer le sentiment d’incompréhension naître dans le garçon, ses yeux s’ouvrant de surprise. Il retira aussitôt la colère de la jeune femme pour la faire rebondir sur une autre personne, ainsi de suite. S’amusant à voir le visage se déformer, et l’incompréhension apparaître lorsqu’il la retirait.
Amusé, le garçon réalisa brutalement que son regard s’était posé sur jeune fille. A dire vrai, il ne l’avait pas vraiment remarqué avant. Sans doute car les émotions de la jeune fille était assez neutre. D’une neutre positif, mais rien de transcendant. Il avait d’ailleurs, face aux émotions de toutes les autres personnes les entourant, beaucoup de mal à ressentir la sienne.
Une jeune femme fluette, à l’apparence et aux sentiments plutôt neutres. Qu’avait-elle à le fixer ainsi ? Avait-il un petit bouton sur le nez ?
Il l’observa, malgré lui et fin sourire moqueur se dessinant sur le visage, s’avançant dans sa direction. Il n’avait aucun apriori. Elle était juste là, devant lui, et lui : il s’ennuyait. Alors, il avait envie de s’amuser.
Pom avait bien des défauts, celui de se démonter n’en faisait pas parti. Et sans la moindre hésitation, il franchit les quelques pas qui le séparait de la jeune fille pour la regarder dans les yeux et lui demander avec un grand sourire :
« C’est très impoli de regarder les gens ainsi, jeune ombre. »
Rares étaient les personnes qui trouvaient que Pom était sympathique et rares étaient ses amis. En réalité, la plupart des personnes ne le voyaient que comme un gamin immature et il était difficile de croire qu’il ne soit pas mort l’année dernière à quinze ans. Il le savait parfaitement qu’il ressemblait à un sale adolescent stéréotypé. Mais sérieusement, il n’en avait absolument rien à faire. Claquant son élastique à son poignet, Pom rit doucement et, discrètement, le bout des doigts tenant encore la colère de l’autre inconnu, il rejeta le sentiment sur la pauvre demoiselle.
Elle était distrayante.
Jouer avec les émotions des personnes n’est pas aussi simple qu’il peut y paraitre. C’était un peu comme le tour d’un magicien. Sur la surprise, on peut facilement les manipuler. Lorsque la personne est en face et qu’elle se méfie, qu’elle a conscience de votre présence, il en devient plus difficile ! Plus la personne est morte depuis longtemps, plus la donne se complique également. Après le vécu de chacun y rentre en ligne de compte. Pom en fit l’expérience à nouveau. Alors qu’il redressait le doigt, tournant légèrement la main, espérant récupérer l’émotion pour la changer de couleur – son but n’étant point de mettre en colère une étrangère et de partir sur ce fait – il réalisa qu’il n’y arrivait pas. Elle était vraiment en colère et, sans le faire exprès, il avait dû diriger la source de sa colère vers lui. C’était comme vouloir changer la couleur d’un pot de peinture qui se remplirait en permanence de rouge. Il ne pouvait pas le faire.
Allons donc ! Elle était sérieuse. Elle le trouvait si antipathique que ça ? Les paupières de Pom battirent sous la surprise. Peut-être que le problème était ailleurs. Peut-être avait-elle l’habitude de garder son calme, en toute circonstance et de contrôler ses émotions. Si elle essayer de la contrôler, elle devait être en train de l’utiliser et donc de l’alimenter. C’était navrant. Une simple facétie se transformait en un jeu. Un véritable jeu pour l’empathe qui venait de voir son pouvoir être stoppé par une gamine fluette aux cheveux bruns.
Ainsi si d’un point de vu extérieur, Pom venait simplement de claquer l’élastique à son poignet, il était en réalité ennuyé de n’avoir pas réussi à changer la couleur de l’émotion de la jeune femme. Il avait pourtant essayé, bougeant son doigt discrètement comme il le faisait d’ordinaire, pour que la couleur fluctue. Mais elle était restée rouge, identique. Il venait tout simplement de faire un échec critique et ça le mettait dans une joie folle !
Ce fut pour cette raison que sa voix chantante avec cet accent étrange dit dans un japonais précaire et mal accordée « Tu devrais te calmer, coccinelle* ! Si t’es en colère car ton mec ne s’est pas pointé à votre rendez-vous*, tu devrais peut-être en être soulagé. Car, je ne suis pas certains qu’il apprécie les insectes. »
*En français
Pom n’était pas certain non plus que les coccinelles étaient de la famille des insectes : il faudrait qu’il se renseigne de ça pour ça. Il se pencha, légèrement en avant pour avoir le visage en face du sien, espérant qu’elle le fixe, le regarde. C’était peut-être ça qui lui manquait : un vis-à-vis visuel. Peut-être qu’il n’avait pas pu réussir car il ne voyait pas ses yeux. Il l’espérait.
Car il n’aimait pas être battu à un jeu par une gamine qui n’en connaissait même pas les règles. C’était dingue ça ! C’était comme-ci il était en train de jouer aux fléchettes avec des amis et qu’elle était arrivée, titubante du bar, attrapant une fléchette, tirant et visant en plein dans le mille. Brusquement cette jeune fille qui lui était jusqu’à présent totalement indifférente devenait très antipathique.
« Dis-moi pas que je te fais peur quand même ? Ce n’est pas comme-ci j’allais te tuer dans le coin d’une ruelle, surtout que t’es déjà belle et bien morte ! »
Il n’avait pas quitté son sourire, les deux mains derrière le dos, les dents éclatantes et visibles, le sourire heureux de celui qui est content. Il fallait dire que Pom ne s’ennuyait plus du tout. Il venait de tirer la dame d’un jeu de cartes qui le distrayait beaucoup. Et même s’il était plutôt en train de perdre une partie avec lui-même que de la gagner, c’était véritablement plaisant. Alors, cette pauvre jeune femme, elle devrait bien le supporter encore quelques minutes.
Entendre parler anglais me donnait envie ...
Finalement, elle savait parler la petite coccinelle ! Et en plusieurs langues avec ça. Comprenant davantage l’anglais que le japonais, Pom lui en fut reconnaissant de l’effort : si elle avait commencé à discourir dans un japonais soutenu, il aurait été un peu paumé. C’était d’ailleurs usant ! Lorsqu’il devait travailler dans des bars spécialisés, il était obligé d’avaler des potions de langues pour pouvoir comprendre et assimiler ce qu’on lui disait. L’avantage de cette potion, c’était que désormais, les nouveaux arrivants n’étaient pas aussi perdus qu’auparavant quand elle n’existait pas.
La jeune fille n’aurait pas répondu, sans doute que Pom aurait quitté les lieux, ou aurait trouvé une autre stratégie pour récupérer son sentiment sans l’importuner davantage. Jouer avec un adversaire qui ne réagit pas, ce n’est pas très amusant ! Bien heureusement, la coccinelle avait visiblement du répondant et du caractère et elle ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds.
Tant mieux ! Plus elle chercherait à le remettre à sa place, plus Pom s’occuperait et s’amuserait. Et c’était bien c’était bel et bien son principal but. Certes, sa démarche contrastait avec le lieu. L’allée des cerisiers étaient un secteur plutôt romantique, en particulier à la nuit tombée et les couples qui marchaient, en se tenant la main, bras dessus bras dessous, la tête sur l’épaule n’étaient clairement d’humeur à jouer à des jeux stupides.
Le lieu n’était pas celui où on s’attendait à trouver un plaisantin venant ennuyer une jeune fille solitaire. Malheureusement, pour la dite jeune femme, elle était tombée sur le seul crétin qui avait eu l’idée de venir déranger le bonheur des amoureux.
Si cela avait été possible, le sourire de Pom aurait amplifié davantage quand il rencontra ce regard ambré brûlant, cette mine où les rougeurs commençaient à partir et cette assurance quasi-militaire. Il l’écouta la voix répondre avec tact et retenu, des mots clairs, secs, contenus. Il avait l’impression d’être en face de son précepteur scolaire. Il s’attendait presque à ce qu’elle frappe entre ses doigts, d’un air condescendant en lui disant : « Cette attitude n’a rien de noble ! »
Ce qui ne put que provoquer une hilarité qu’il ne tenta pas de contrôler. Il se mit à rire, franchement, et joyeusement réagissant aux propos de la belle demoiselle avec joie et enthousiasme.
Il ressentait cette émotion bouillante, cette antipathie, cet agacement. Mais rien n’était vraiment visible en elle. C’était une force de la nature en retenue. Il adorait ça, d’autant qu’en contrôlant ses émotions, elle évitait de trop les communiquer avec lui.
« Je vous excuse, Coccinelle. Et, détrompez-vous, malgré mes airs de chef d’entreprise fortement occupé, j’ai tout le temps qu’il me faut pour rester avec vous. Et je m’en voudrai de vous abandonner ainsi. » Continua-t-il dans un anglais parfait, avec son accent étranger, et son sourire des plus agaçants,
Sincèrement, Pom était heureux de ne pas être de la taille du moustique à cet instant. Quelque chose lui disait qu’elle n’aurait pas eu beaucoup de difficulté ni de remords à l’écraser pour le faire taire. Il ne se posait pas vraiment de questions à son sujet. Il aurait peut-être dû, mais le garçon était d’humeur joyeuse et n’avait pas envie de se poser un milliard de questions auxquelles il n’aurait sans doute jamais de réponse. D’autant que forcément, les bonnes humeurs des passants lui allaient droit dans le cœur, le rendant d’autant plus heureux de vivre maintenant que l’ennui était passé.
Et surtout, il voulait récupérer la mauvaise humeur de la coccinelle. Tel l’arroseur arrosé, il savait parfaitement que ce ne serait pas correct de partir en laissant cette demoiselle dans cet état – même s’il se disait qu’au vu de son comportement, elle le méritait légèrement. Après tout, elle l’avait clairement dévisagé avec antipathie avant même qu’il ne lui envoie la moindre émotion. Alors certes, il avait une apparence d’abruti et il était sans doute le premier à avoir des aprioris sur les gens ! Mais au moins il n’affichait pas un air de fragile et gentille petite fille toute sage ! Sérieusement, avec sa manière de parler, son joli visage et ses attitudes, les gens devaient la trouver parfaite. Quelle horreur !
« Et si on jouait à un jeu, ça te dirait ? Si tu gagnes, je pars ! Si je gagne, tu passes la soirée avec moi … »
Se mettant à rire, Pom ne put s’empêcher de compléter en fixant la jeune fille aux cheveux corbeau : « Je te rassure pas pour te mettre dans mon lit, ce n’est pas parce que je suis mort que j’aime les squelettes. »
Dans un jeu, le plus important c'est de s'amuser ...
L’amusement dansait dans ses yeux verts de Pom alors que la jeune fille penchait la tête sur le côté et souriait, ses cheveux suivant le mouvement de son visage. Elle était plutôt mignonne avec sa frimousse de poupée et ses cheveux d’encre de chine. Maintenant qu’elle était lancée sur la glace des mots, elle y virevoltait avec facilité. A nouveau, il rit de son répondant. Il aimait ça, les personnes avec du caractère.
C’étaient les filles fragiles, timides et maladroites qui l’intimidaient. Celles qui étaient à fleur de peau en permanence le mettaient mal à l’aise et l’obligeaient à marcher sur le tapis d’un fakir. Fort heureusement, la jeune femme qui semblait sérieuse et froide avait visiblement du caractère et était joueuse. Assez pour suivre les facéties d’un chapelier fou sorti de nulle part.
Le lieu était féérique et ce n’était peut-être pas si étrange d’y croiser deux êtres aussi opposés. Les arbres de cerisiers avec leurs fleurs roses contrastaient avec l’hiver et ses habituels végétaux dénués. Il y avait un peu de magie à pouvoir maintenir des couleurs pastelles dans un monde où les feuilles et les fleurs étaient pour la plupart éteinte. Ce lieu des amoureux, apprécié des mélancoliques, détonnait avec l’intégralité de la ville. Ils étaient dans une étampe japonaise.
Avait-elle conscience qu’elle avait accepté un jeu sans en connaître les règles ? Avait-elle conscience qu’elle avait accepté un jeu sans même connaître le nom de son adversaire ? La fierté était la folie des hommes sages. Finalement, il était content de cette rencontre ! Avoir trouvé une partenaire de jeu ne pouvait pas mieux tomber.
Pom posa sont doigt sur la poitrine d’Etsu. « Ne bouge pas ! » Et terminant sa phrase, il virevolta sur lui-même pour se rendre rapidement auprès de deux couples, discutant avec eux, il écrivit sur un bout de papier ce que l’homme lui disait, puis la femme. Ses yeux ne quittèrent pas de vue la coccinelle, toutefois, alors qu’il allait parler à deux autres personnes, souriant joyeusement. Etrangement, les personnes semblaient d’humeur sympathique avec lui. Peut-être car Pom avait fait en sorte que ce le soit.
Si on était un peu curieux, on aurait pu voir ses doigts bouger légèrement, pour chasser tout signe d’agacement d’être dérangé. On aurait pu aussi l’entendre dire : « Bonsoir, je suis navré de vous déranger. Je suis avec ma petite-amie, là-bas, et nous jouons aux jeux des gages. J’aurai besoin que vous en écriviez sur ce morceau de papier. La première chose qui vous vient en tête. »
Il terminait par un merci et après trois couples, en moins de six minutes, ce qui était plutôt un record, il retourna rapidement vers la coccinelle, les joues un peu rougies, l’air un peu essoufflé. Il récupéra rapidement, le cœur encore battant. Jouer avec les émotions des gens, c’est le ressentir pour lui en premier lieu. Et ce n’était pas forcément bon pour son cœur que de le faire. Mais il s’amusait et c’était la seule chose qui le captivait !
Dans sa paume ouverte, six boulettes de papier, contenant chacun des mots.
« Ma petite Coccinelle, » Continua la voix chantante, toujours dans la langue de Shakespeare, « première étape du jeu. Il y a six gages dans ma main. Tu dois en tirer un, puis j’en tirerai un à mon tour, et ainsi de suite. Si tu refuses de faire le gage, tu perds. Si on arrive à égalité, tu devras me donner un gage. Et, je t’en donnerai un à la suite. Voyons jusqu’où ton petit courage va ! »
1. Crier au milieu de la rue
2. Dire bonjour à tout le monde en grimaçant
3. Courir à cloche-pied
4. Envoyer un texto à tous tes colocataires de chambre pour leur dire que ce soir « tu ramènes quelqu’un et que tu as besoin d’être seul dans la chambre. »
5. Manger un kit-kat au wasabi
6. Boire un shot de téquila
Gardant les mains tendues, le sourire de Pom n’avait pas changé alors qu’il continuait sur sa lancée : « Je comprendrai que tu abandonnes. »
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