The bittersweet leftovers
We've lost the game - Dropped the case and said goodbye
@Xamanek430 mots
Tu lâches un rire tranquille, avec une certaine légèreté qui tranche avec ta réponse à la signification lourde de sens :— Je préfère quand elles sont abjectes. Je passe plus rapidement outre le souvenir d'un couteau dans la gorge que je n'encaisse un chagrin d'amour au réveil.
Tu as deviné les bonnes intentions du vampire dans ses paroles. C'est pourquoi tu ressens le besoin de le contredire, de lui faire comprendre, un peu, pour une fois, comment tu penses. Comment tu l'envisages.
— Tu es la seule version qui compte, Xamanek, reprends-tu, son prénom vibrant proche de la peau de sa nuque. La seule qui demeure tangible. La seule vers laquelle je peux revenir.
La seule que tu peux tenir comme tu le fais plus d'une nuit, quand bien même elles durent une vie entière. La seule qui ne se contente pas de te laisser un souvenir, mais qui peut se souvenir de toi en retour.
— C'est ça qui peut me rendre heureux. Je n'ai juste jamais su comment le rester bien longtemps, avoues-tu avec une humilité rare, timide.
Tu te dis parfois juste que tu ne fais pas assez d'effort. Que tes démons ne sont pas si gros, pas si épouvantables. Que ce doit vraiment être toi, le problème, parce que tu finis toujours par te laisser happer par les mêmes tourments. Tu ne te sens aller nulle part. Tu restes dans un circuit fermé tout en ayant conscience d'observer les mêmes paysages.
Même ce qui t'arrive, là, maintenant. Ta zombification. Ce n'est que la conséquence d'une vieille, très vieille erreur. Et plus tu ressasses, plus tu te demandes si tu aurais pu faire différemment les choses. Pendant tout ce temps, ne te serais-tu pas leurré toi-même sur le fait que tu ne l'as pas fait exprès ? Que tu ne pouvais pas prévoir ? Le plus atroce, c'est que tu ne peux pas compter sur ce dont tu te rappelles de cette époque. C'est trouble, déformé, remanié par d'autres fragments de mémoire parasite. Et tu n'avais pas encore le réflexe de tout écrire.
— ... Pourquoi es-tu aussi patient avec moi ? lui demandes-tu.
Au fond, c'est une question que tu te poses depuis très, très longtemps. Mais c'est la première fois qu'elle se mêle à ton souffle au lieu que tu ne l'étouffes directement. Comme si la poser, c'était prendre le risque qu'il réalise qu'il pourrait effectivement te laisser en arrière. Alors cette main contre la tienne, de l'autre, tu viens la recouvrir à ton tour. Tu en saisis les doigts, tu les entremêles aux tiens. Et tu t'accroches.