Knock knock Who's there Oh sh-
@Constantine B. Carter465 mots
Tu rouvres les yeux et tu te redresses un peu trop brusquement pour ton état au réveil. Tu manques de tomber par ailleurs. Tu bats des cils, encore embourbé dans les dernières bribes de ta fractale. Dans les dernières bribes de ta soirée d'hier, aussi. Qui te paraît extrêmement lointaine compte tenu qu'une vingtaine d'années a dû passer depuis. Tu es mort jeune, cette nuit. Sur le front. Ce doit être à cause de l'histoire de Constantine...Constantine ?
Tu tournes la tête, tu observes les lieux. Un canapé en velours rétro où tu as vraisemblablement dormi, la tête sur un des deux coussins aux motifs psychédéliques douteux. Des cadres fantaisies impersonnels aux murs, une cheminée vintage, un fauteuil, un rocking chair. Un cactus. Une collection de vases de grand-mère, pour ce que ça peut bien vouloir dire alors que tu viens du XVIème siècle.
Bordel, t'es où.
Une table basse, des magazines. Un bureau encombré, des documents. Des livres. Des titres obscurs. Barbants.
Un cabinet de consultation.
Un tapis. Un corps étendu sur le tapis.
Le consultant en question.
Ça te revient, ça te frappe à nouveau, et tu ne sais pas ce qui te choque et t'amuse le plus : le fait que cette loque sous son manteau soit un vétéran de guerre, ou le fait qu'il soit psy... Sûrement le fait qu'il soit psy. Et qu'en prime, il ait réussi à te faire mettre le pied ici.
Mais pourquoi il traîne par terre ce con ?
Encore beaucoup de pourquoi. Dont certains que tu as besoin d'effacer de ta mémoire, car ils appartiennent à une existence révolue. Tu te redresses en silence, tu te penches un peu pour voir si t'es pas en compagnie d'un cadavre – encore.
Mais non, il respire. Il est bien là. Tu pourrais tendre la main et vérifier encore un peu mieux, c'est particulièrement tentant puisque tu devines son épaule et sa nuque dénudées dépassant de sa veste utilisée comme couverture.
Mais quand tu touches imprudemment des gens qui dorment, ça se passe jamais bien. Tu ne voudrais pas encore te maudire pour les dix prochaines années. Donc tu l'observes juste, plus longuement que nécessaire. Ça te suffit, pour le moment. Ça éloigne les angoisses matinales. Les perpétuelles questions de vie et de mort. Les traumatismes d'un énième passé inconsistant.
Puis tu finis par te lever, pour partir dans une quête hasardeuse d'une pièce où te débarbouiller. Tu trouves assez rapidement les toilettes, et dieu merci, un lavabo, c'est plus que ce que tu demandais. Tu ouvres le robinet d'eau froide en grand pour étancher la soif qui irrite ta gorge et empâte ta langue, avant de carrément passer la tête sous le jet, histoire que les frissons parcourant ton dos te ramènent à la réalité.