fall'n'roll // ft. Yoshi

@foulques m. giesler

Il y a des jours comme ça, où Yoshi a besoin de s’aérer l’esprit, de sortir dehors et de découvrir de nouveaux endroits. Elle a besoin d’être seule aussi, se tenir loin du bruit et de toute interaction sociale. Même si maintenant, plus le temps passe et plus apprécie le contact humain, elle reste tout de même trop timide, trop réservée et surtout trop introvertie pour pouvoir supporter trop longtemps n’importe quelle conversation. Elle apprécie la compagnie mais elle aime par dessus tout le calme, se retrouver avec elle-même, sans risquer que quiconque finisse par la regarder de travers ou même la juger ou se moquer.

Mais à force de se promener ici et là, Yoshi commence à connaitre le Tokyo des Mort·es par cœur. Moins de découvertes se font, mais peu à peu, elle se trouve ses petits endroits fétiches et préférés, là où elle se sent bien et tranquille, plus loin et éloignés des gens, comme la rivière Sumida par exemple. Elle vient s’y perdre parfois, écouter le bruit de l’eau qui coule, observer les légers remous du courant ou les feuilles qui viennent tomber dans le flux.

Seulement, Yoshi n’a jamais vraiment de chance et bien souvent, rien ne se passe comme elle le souhaiterait. Ce jour-ci, il y a un peu plus de promeneurs dans les alentours et elle s’en tient éloignée du mieux qu’elle peut. Puis, elle reconnait une tête plutôt familière, qu’elle a déjà croisée plusieurs fois même si elle ne lui a jamais adressé la parole. Trop timide pour ça, et surtout trop intimidée face au téléphone qui semble filmer tout ce qu’iel fait. Yoshi lea regarde du coin de l’oeil, le plus discrètement possible, et elle est la première à assister au terrible drame de la chute du téléphone dans l’eau. Qui sait si c’est le karma ou bien la malchance de Yoshi qui déteint sur les autres autour, mais la jeune spectre ne préfère pas s’en préoccuper et en profite pour faire volte face et s’éloigner encore un peu…

Ce n’est pas la première fois qu’elle fuit cette personne, ce n’est pas très poli non plus et elle en a un peu honte à vrai dire. Néanmoins, il est hors de question d’être sur le devant de la caméra, alors autant ne pas attirer l’attention. Elle se fait petite, plus petite qu’elle ne l’est encore, mais elle a eu le malheur de regarder derrière elle, voir si la personne qu’elle fuit est toujours là, et c’est là que leurs regards se rencontrent. Elle détourne de nouveau le regard rapidement, mais c’est déjà trop tard.

Iel l’interpelle, elle comprend l’anglais, et c’est déjà trop tard pour fuir. Elle attend qu’elle vienne à sa rencontre, le regard vers le sol qui se relève timidement vers l’autre de temps en temps. Puis, elle tente, en anglais :

« B-… Bonjour…? » Elle l’entend déjà, son fort accent qui la complexe un peu trop, mais elle veut quand même bien faire un dernier effort, murmurant encore. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Puis, elle se tait de nouveau, attend qu’on lui parle. Yoshi se sent déjà prise au piège, elle ne sait pas pourquoi iel veut lui parler, à elle précisément. Mais cette fois-ci, elle prend son courage à deux mains, du moins du mieux qu’elle le peut, maladroitement et timidement surtout. C’est comme ça qu’elle est, Yoshi, et elle n’y peut rien.

@foulques m. giesler

Même si c’est déjà trop tard pour fuir, Yoshi se demande déjà pourquoi elle ne l’a pas fait. Elle ose timidement parler en anglais, mais entendre son terrible accent maladroit lui donne déjà envie de grimacer. Elle se retient, fuit seulement le regard du mieux qu’elle peut. Seulement, les mots tentés en japonais qui sortent de la bouche de l’autre personne qui vient à sa rencontre la surprennent, ça la rassure immédiatement et la réconforte aussi, qu’on puisse faire un effort pour elle en retour. Du coup, elle a la droit de parler en japonais, n’est-ce pas ?

« Oui, ça va… Et vous ? C’est joli, oui. »

De toute façon, même si elle reste tout aussi maladroite, c’est quand même plus facile pour Yoshi de se servir de sa langue maternelle. Elle profite de la mention de la rivière pour la regarder de nouveau, pour pouvoir détourner le regard encore facilement. Yoshi reste encore très mal à l’aise. Elle ne sait pas quoi dire, ne sait pas encore pourquoi cet·te inconnu·e au visage presque familier vient encore tenter de lui adresser la parole, cette fois-ci avec un début de conversation en récompense. À quoi tout ça va mener ? Le silence est peut-être pesant, mais Yoshi préfère écouter le ruissellement de l’eau à leurs côtés, mais une nouvelle question est posée, une supposition est tentée.

« Oh, euh… Oui, c’est possible. Je ne sors pas beaucoup, mais… Peut-être assez, pour que l’on se croise. »

Yoshi prend le temps de parler doucement, déjà par habitude, par timidité aussi, mais également parce que l’inconnue est étrangère. La situation est déjà assez stressante pour en plus rajouter un possible malentendu ou une incompréhension que la jeune japonaise ne pourrait définitivement pas savoir comment gérer tout ça, alors vaut mieux prévenir que guérir.

Malheureusement, à force de fuir du regard, la personne en face d’elle finit par comprendre son inquiétude. Comme un livre ouvert, difficile de cacher des choses, même aux inconnus. Cela crispe un peu Yoshi tout d’abord, mais elle finit par acquiescer silencieusement à l’affirmation. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter, tout va bien, elle ne cesse de se le répéter. Mais le silence revient, Yoshi rencontre difficilement le regard de l’autre qui attend patiemment quelque chose. Elle croise les mains derrière son dos, regarde rapidement vers le sol, il est temps de prendre son courage à deux mains… Alors, elle tente :

« Du coup… Vous avez l’air d’avoir besoin de quelque chose, je suppose, est-ce que je peux vous aider ? »

Ça y est, elle l’a fait ! Prête à soupirer de soulagement, mais au fond elle sait aussi que ce n’est pas forcément la meilleure aide que quiconque pourrait avoir… Mais elle peut au moins essayer. Qui ne tente rien, n’a rien après tout.

@foulques m. giesler

Quand elle fait face à quelqu’un, Yoshi ne sait jamais trop où regarder. C’est difficile pour elle de soutenir le regard trop longtemps, mais ce n’est pas poli non plus si elle regarde trop longtemps ailleurs. Quand l’inconnu·e (ou presque) lui pointe son téléphone, elle en profite pour le regarder, contempler le néant qui fait office d’écran. Elle remarque que l’appareil semble bien trop humide pour que cela paraisse normal, et elle devine qu’il a dû chuter dans l’eau. Puis, la question arrive et son regard se repose sur la visage familier. Elle est un peu tétanisée, parce qu’elle ne sait pas trop comment répondre. Elle ne s’y connait pas plus qu’une autre personne, mais surtout elle n’est pas très rassurée dans l’idée de pouvoir réparer quoi que ce soit. Yoshi, elle, ne sait que rater tout ce qu’elle entreprend et elle sait pertinemment que ce n’est pas la meilleure idée que de lui demander de l’aide. Mais comment refuser ? Comment expliquer tout ça surtout ?

« Euh… Je ne m’y connais pas trop, non. Désolée… Vous l’avez fait tomber dans l’eau, c’est ça ? Je crois qu’il faut faire sécher mais… Je ne sais plus comment. »

Elle se souvient avoir lu ou entendu ça quelque part, mais elle ne se souvient plus précisément le processus à faire pour. À force de s’intéresser à tout et n’importe quoi, Yoshi est plutôt cultivée sur beaucoup de sujets, mais il y a certaines choses qu’elle ne comprend pas encore. Elle ne peut pas tout retenir, surtout.

Un nouveau moment de silence qui gêne un peu Yoshi, surtout dans la façon dont l’inconnu·e la fixe, semble la scruter. Cette fois-ci, Yoshi ne peut s’empêcher de détourner le regard, de serrer ses mains entre elles comme pour se rassurer. Ça semble faire réagir car enfin, ladite Foulques finit par se présenter et expliquer la situation.

« Oh… Peut-être qu’on s’est déjà croisées. Je sors quelques fois me promener ou… » Elle s’arrête un instant, à plus regarder Foulques elle ne semble pas être un·e client·e. « Si vous êtes du genre à vous promener aussi, alors c’est possible. Mon prénom est Yoshi. »

À force de côtoyer des étrangèr·es, Yoshi s’est habituée à donner son prénom avant son nom de famille. C’est aussi plus facile à retenir pour les autres, vu qu’elle a la malchance maintenant d’être possiblement comparée à un petit dinosaure vert. Les deux se fixent encore un moment, Yoshi aimerait pouvoir quand même aider Foulques. Elle est du genre persévérante malgré tous ses échecs, alors elle propose quand même :

« Il faut peut-être envelopper le téléphone dans du tissu…? Ou devoir ouvrir l’appareil et sécher chaque élément… Je ne sais pas, mais on peut essayer ? Venez, s’il vous plait. »

Elle s’éloigne du cours d’eau pour s’installer sur un petit muret plus loin qui peut faire office de banc. Elle cherche dans son sac un tissu et en sort un qu’elle utilise normalement pour envelopper ses cristaux vierges pour éviter qu’ils s’entrechoquent entre eux, mais pour le moment tant pis. Elle les laisse au fond de son sac et vérifie qu’ils ne vont pas glisser ailleurs et sort le fameux tissu attendu, qu’elle tend à Foulques, pas très sûre d’elle néanmoins.

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Le morceau de tissu est accepté, et cela crée un léger sourire sur les lèvres de Yoshi, presque indistinctif. Elle se sent quand même un peu plus détendue, malgré la présence de le·a presque inconnu·e à ses côtés. Elle est contente et fière aussi en soit, de pouvoir aider quelqu’un, de pouvoir réussir à avoir une conversation avec une nouvelle rencontre. Cela la rend aussi un peu nostalgique, se rappeler à quel point il pouvait lui être difficile à l’époque de simplement soutenir le regard de quelqu’un d’autre. Il y a encore des efforts à faire, mais elle sait qu’elle s’est déjà améliorée et cela a un côté un peu gratifiant, rassurant aussi.

« De rien, ce n’est pas grand chose… »

Elle récupère le tissu et même s’il est maintenant humide, elle le plie soigneusement pour le ranger de nouveau dans son sac. Elle sait au fond que cela n’aura sûrement pas servi à grand chose, mais ce n’est pas très grave. C’est toujours mieux que rien et si Foulques n’est pas déjà parti, ça veut possiblement dire que sa compagnie peut être appréciée. Elle ose tourner la tête vers elle quand elle l’entend parler de destinée, que la situation ne peut pas être une coïncidence. Le sourire de Yoshi s’efface un peu déjà, se transformant en légère grimace et ses épaules se tendent. Cela lui rappelle sa maladresse, la malchance qui lui colle à la peau et avant qu’iel ne s’inquiète pour elle, elle lui doit quelques explications. Peut-être que se confier à quelqu’un peut potentiellement l’aider aussi, à libérer la parole, à plus oser :

« Peut-être quelque chose de sympa, j’espère… En tout cas, je n’ai jamais beaucoup de chance alors peut-être que j’ai influencé malgré moi, sur tout ça… »

Elle ne saurait même pas comment expliquer comment sa malchance pourrait se transférer sur le pauvre téléphone qui est tombé à l’eau, mais après tous ses échecs cuisants à tenter de réussir à utiliser son énergie ectoplasmique à bon escient, elle n’est plus vraiment étonnée si sa présence peut aussi porter préjudice. Elle détourne finalement le regard, elle ne veut pas forcément se dénigrer, mais c’est bien souvent inévitable.

Seulement, comme pour contrer ses propos, elle voit un chat errant passer près du banc. Cela suffit pour la distraire et la faire se lever du banc pour pouvoir s’approcher du chat. Elle s’accroupit et tend sa main pour pouvoir le caresser, mais l’animal semble hésiter, un peu timide vis à vis de la présence humaine. Yoshi fait déjà un peu la moue mais elle patiente encore un peu, jusqu’à ce que le chat finisse par quémander quelques caresses en se frottant contre ses doigts. Des fois, il suffit de persévérer. Après quelques grattouilles elle se retourne vers Foulques et demande curieusement :

« Est-ce que vous aimez aussi les animaux, Foulques…? »

Une question pourtant si anodine, mais qui demande malgré tout un effort particulier à Yoshi, juste pour vaincre un peu plus sa timidité, pour apprendre à connaitre les gens qui l’entourent.

@foulques m. giesler

Yoshi baisse rapidement la tête quand Foulques retourne le problème concernant sa malchance. Elle s’en veut un peu et pince ses lèvres entre elles pour ne pas laisser échapper d’autres maladresses et s’enfoncer encore plus dans quelque chose d’incertain et pas très clair, acquiesçant seulement tout en silence. Heureusement, un chat se présente devant elleux pour faire distraction. Elle ne peut pas résister aux félins et sans prévenir, elle se lève pour s’approcher de l’animal, espérer lui donner quelques caresses.

Le chat ne semble pas farouche et se laisse facilement apprivoiser et c’est suffisant pour qu’un nouveau sourire naisse sur les lèvres de Yoshi. De l’autre côté, Foulques s’approche vers elle pour observer le chat à son tour et répondre à la question que la plus jeune ose lui demander. Finalement, Yoshi regrette un peu la timidité qui l’obligeait à fuir dès qu’elle croisait Foulques ici et là. Elle se rend compte qu’iel est plus accueillant·e que la caméra qu’iel avait toujours avec elle. Cela confirme encore une fois à Yoshi que de nouvelles rencontres ne font jamais de mal, c’est même positif au final.

« Une tortue…? Cela doit être très mignon. Comment vous faites pour l’emmener avec vous, c’est une tortue terrestre ? » demande-t-elle curieusement. « Anatole, est-ce que c’est joli comme prénom… Je n’ai pas d’animaux de compagnie, mais je les aime beaucoup quand même… »

Ses dires sont confirmés avec les grosses caresses qu’elle offre gracieusement au chat qui se met maintenant sur le dos pour présenter son ventre. Cela réconforte un peu Yoshi, de voir que même un animal aussi mignon soit-il, peut lui donner sa confiance ainsi. Cela la rend un peu émotive aussi, d’autant plus quand sa nouvelle rencontre lui assure que l’animal voudrait bien être adopté par elle.

« Oh… Je ne sais pas si je pourrais. Il appartient peut-être à quelqu’un qui habite dans le coin et… Je ne sais pas si je pourrais adopter un animal de compagnie, j’aurais trop peur de ne pas assez bien m’occuper de lui. »

Elle adorerait pourtant, mais Yoshi n’a pas une grande confiance en elle. Elle sait déjà qu’elle n’est pas très douée pour s’occuper d’elle-même, alors d’un petit animal en plus… C’est quelque chose d’effrayant, stressant même. Elle préfère laisser ça à d’autres personnes plus compétentes, qui le méritent, comme Foulques. Elle veut quand même se montrer optimiste, peut-être que plus tard, elle passera le cap. Peut-être que plus tard, elle aura aussi le droit d’avoir un animal de compagnie ou du moins, qu’elle se laissera le droit.

« Peut-être plus tard… » chuchote-t-elle alors, plus pour se convaincre elle-même.

Elle finit par se relever, laissant le chat tranquille pour qu’il puisse retourner à ses occupations. Elle observe la rivière face à elles de nouveau, silencieuse un moment avant de prendre la parole de nouveau, un peu perdue dans ses pensées.

« Je suis désolée que votre téléphone soit foutu… J’aurais bien voulu voir une photo d’Anatole. J’espère que vous trouverez quelqu’un qui pourra le réparer. »

Quelqu’un de plus utile qu’elle, pour sûr.